Page images
PDF
EPUB

de ses brillantes mais funestes illusions.

[ocr errors]

en

PEPIN DE BELLISLE (N.), maître des requêtes, membre de la légion d'honneur, préfet du département de la Charente-Inférieure, naquit à Nantes, 1788, et commença la carrière des affaires publiques sous le gouvernement impérial par être auditeur au conseil-d'état, puis il devint intendant de Bilbao lors de la guerre d'Espagne. Son intégrité dans son administration lui acquit l'estime des habitans de cette contrée. Il fut nommé par le roi, après la première restauration en 1814, préfet du département des Côtes-du- Nord. « L'impartialité de sa conduite, dit M. Guizot dans une Notice sur ce fonctionnaire, sa fermeté avec les troupes étrangères qui s'étaient avancées jusqu'aux confins de son département, le rendirent cher à tous ses administrés : étranger à toute prévention, à toute faiblesse, il protégea ceux qui avaient besoin de protection, et ne flatta point ceux qui pouvaient lui nuire à lui-même. Il fut destitué, en 1816, sous le ministère de M. le comte de Vaublanc. Il avait fait faire, dans les Côtes-du-Nord, de rapides progrès aux écoles d'enseignement mutuel.» Après l'ordonnance du 5 septembre 1816, qui fut saluée par tous les amis de la monarchie constitutionnelle, comme une nouvelle ère de la liberté légale, M. Pepin de Bellisle devint successivement préfet des départemens de la Creuse, de la Dordogne, de la Sarthe et de la Charente-Inférieure. Il y rendit son administration recommandable, et s'y fit

constamment remarquer par son indépendance et sa justice. « Il a fait exécuter dans le dernier département, dit encore M. Guizot, que nous nous plaisons à citer,des travaux de dessèchement qui contribueront puissamment à la salubrité et à la prospérité du pays. Il s'occupait toujours avec zèle des établissemens et des entreprises qui pouvaient améliorer la situation du peuple, persuadé que ce sont là les souvenirs que doit laisser après lui un administrateur.» Atteint, malgré ses efforts pour le bien public, et son zèle pour le gouvernement constitutionnel, par une nouvelle destitution,il était rentré dans la vie privée, lorsqu'il mourut en septembre 1823 d'une inflammation de poitrine, n'ayant pas atteint sa 35° année. Deux mois avant sa mort, il avait épousé la nièce de M. de Girardin, membre de la chambre des députés.

PEPIN-DESGROUETTES ( P. A.), ancien avocat à Paris, adopta avec chaleur les principes de la révolution, et pour mieux se populariser il rédigea des Mémoires en faveur des forts et des marchandes des halles. Après la journée du 10 août 1792, il devint l'un des juges du tribunal institué pour juger ceux qui avaient participé à la défense du château. On le vit depuis figurer dans presque tous les mouvemens populaires, dont il n'était pas cependant l'homme le plus dangereux. Après l'explosion de la machine infernale du 3 nivôse an 9 (24 décembre 1800), PepinDesgrouettes fut compris sur la liste des personnes condamnées à la déportation. Il mourut aux îles

Séchelles dans le courant de 1803. PERALDI (MARIUS), député de l'île de Corse à l'assemblée législative, fut chargé, après la journée du 10 août 1792, de se rendre, conjointement avec Antonelle et Kersaint, à l'armée des Ardennes, que commandait le général La Fayette. La mission des commissaires était d'obtenir l'assentiment de l'armée en faveur de la révolution qui venait de s'opérer; mais le général, de concert avec la municipalité de Sedan, les prévint en ordonnant leur arrestation. Cependant cette mesure n'ayant pas rempli l'attente du général La Fayette, que l'insubordination des troupes força de s'expatrier, Peraldi et ses collègues recouvrèrent leur liberté ; le premier retourna en Corse à la fin de la session. Lorsque plus tard des troubles éclatèrent dans cette île, à l'effet de la soustraire à la domination française, Peraldi se réunit à Paoli, qui, soutenu par les Anglais, était à la tête des insurgés. L'arrivée des troupes françaises ayant forcé les Anglais d'évacuer la Corse, Peraldi, obligé de fuir avec Paoli, passa en Angleterre, où il mourut depuis.

PÉRARD (CHARLES-FRANÇOISJEAN), député à la convention nationale, montra de bonne heure un esprit indépendant. Jenne encore, il participa aux troubles de Bretagne, se mit ensuite à la tête de la jeunesse d'Angers, et entra dans la confédération de Pontivy. En 1792, député du département de Maine-et-Loire à la convention nationale, il vota dans le procès du roi avec la majorité. Quelque temps après, le brave général

Beysser, qui servait dans la Vendée, fut accusé devant la convention. Pérard, son ami, embrassa sa défense avec une chaleur et un zèle qui n'étaient pas sans danger; il s'offrit pour caution de sa conduite, dont il répondit sur sa tête. Ce généreux dévouement ne fit que retarder la mort de Beysser; rendu pour un temps à la liberté, il monta sur l'échafaud quelques mois après. A la suite du 9 thermidor an 2, Pérard, envoyé dans le département de l'Aisne pour y épurer les autorités constituées, s'acquitta de sa mission avec sagesse et impartialité, fit mettre en liberté un grand nombre de détenus, et, par le compte qu'il rendit de ses opérations, provoqua le rapport du décret qui déclarait la commune de Beauvais en état de rébellion. A la suite des journées de vendémiaire, il prononça un discours sur la nécessité de créer un triumvirat, ou commission extraordinaire de trois membres, pris dans les comités, pour présenter des mesures de gouvernement analogues aux circonstances présentes. Cette proposition ne fut point accueillie. Compris plus tard dans la liste des conventionnels qui furent exilés de Paris après la conspiration dite de Grenelle, Pérard se retira à l'hôpital de Saint-Cyr. II fut, depuis, chef de bureau au ministère de la police, et occupa, après le 18 brumaire an 8, la place de commissaire-général de police à Toulon. Mais rappelé à la suite de quelques altercations avec les autorités du département, il n'exerça aucune fonction publique jusqu'au 17 mai 1815. A cette

époque, il fut nommé lieutenantextraordinaire de police à Dieppe, et remplit cette place jusqu'au mois de juillet. Atteint comme votant par la loi du 12 janvier 1816, il a quitté la France.

PERCEVAL (N. DE), officier de génie avant la révolution; il ne servit pas sous la république, mais il occupa sous l'empire la place de commissaire- ordonnateur. C'est en cette qualité qu'il fit la campagne de 1813, où il fut fait prisonnier. M. de Perceval a été nommé, en 1814, commissaire-ordonnateur de la maison du roi; en 1815, commissaire-ordonnateur de la garde; en 1817, intendant militaire; et enfin, en 1820, secrétaire-général du ministère de la guerre. Il donna, en 1893, sa démission de ces dernières fonctions lorsque le baron de Damas remplaça le maréchal duc de Bellune après les événemens de la guerre d'Espagne de cette année. Devenu membre de la chambre des députés, M. de Perceval a siégé au centre droit, et a constamment voté avec le ministère. On ne l'a vu qu'une seule fois monter à la tribune: ce fut pour y faire l'apologie de M. de Latour-Maubourg, alors ministre, et pour s'opposer à la réduction du budget de la guerre. Sorti de la chambre en 1823, il n'a point été réélu l'année suivante.

PERCEVAL (SPENCER). (Voy. le Supplément du présent volume.) PERCIVAL (THOMAS), physicien anglais, naquit à Warington en 1740, fut élevé d'abord à l'école de cette ville, puis à celle d'Édimbourg, où il étudia la médecine avec tant de zèle et de suc

cès, qu'à peine âgé de 24 ans, il fut reçu membre de la société royale. Après plusieurs voyages et un séjour de quelque temps à Paris, à Hambourg, et particulièrement à Leyde, où on lui conféra le grade de docteur, il se fixa dans son pays natal en 1766. L'année suivante, il alla exercer la médecine à Manchester; il contribua, par ses excellens mémoires de physique et d'histoire naturelle, à la fondation de la société de Manchester, qui les a publiés dans ses Transactions. Médecin très-distingué, Percival s'est de plus fait un nom dans la littérature. On lit avec plaisir ses Instructions d'un père à ses enfans, et ses Dissertations morales et littéraires. Il mourut en 1804.

PERCY (PIERRE-FRANÇOIS, BARON), inspecteur-général du service de santé militaire, chirurgien en chef des armées, et commandant de la légion-d'honneur, naquit à Montagney, dans l'ancienne province de Franche-Comté, en 1754. D'éminens talens, des découvertes précieuses pour les progrès de son art, et une vie entière courageusement consacrée au soulagement des maux de l'humanité, lui ont mérité la reconnaissance et la vénération de ses concitoyens. Son père, aucien chirurgien-major d'un régiment, s'était retiré du service, mécontent de son sort, et avait décidé que son fils ne suivrait pas la même carrière. Il donna les plus grands soins à son éducation, et le jeune Percy fit d'excellentes études au collège de Besançon, où il remportait régulièrement chaque année les premiers prix.

Pour obéir à son père, il se livra avec ardeur à l'étude des mathématiques, devant entrer dans le corps royal du génie, mais un goût dominant l'entraînait vers la médecine, la chirurgie et les travaux anatomiques. Il fit bientôt de si grands progrès dans cette dernière partie, qu'il fut jugé digne de diriger les études des autres élèves, et d'enseigner lui-même. Il lui fut enfin permis d'embrasser l'état où il devait s'illustrer, et où il contribua depuis si puissamment à élever la chirurgie militaire française, au haut point de renommée dont elle jouit justement en Europe. En 1775, il fut promu.docteur en médecine par la faculté de Besançon, distinction que lui valurent à l'âge de 21 ans, ses travaux assidus et les prix qu'il avait remportés aux divers concours de cette faculté. Sa réception ne fut pas même chargée de tous les frais ordinaires, et se trouva presque gratuite. M. Percy fut attaché peu de temps après, à la gendarmerie de France, en qualité d'aide-chirurgien, et resta à ce poste près de 6 ans. Il publia plusieurs mémoires pendant cette époque, dont le premier fut destiné à prémunir le public contre l'usage inconsidéré d'un remède empirique alors en vogue, les Grains de vie, et un autre contre un ouvrage très-superficiel, sur l'Art des accouchemens, qui avait cependant valu à son auteur un des principaux emplois de la chirurgie militaire. M. Percy profita des leçons du célèbre Lafosse, alor hippiatre en chef de la gendarmerie, et acquit sous cet habile maître, une connaissance ap

profondie de l'art vétérinaire. Nommé, en 1782, chirurgienmajor du régiment de Berry cavalerie, il se rendit à ce corps, et tout en remplissant avec autant de zèle que de succès, ses nouvelles fonctions, il trouva le temps de concourir pour tous les prix que l'académie de chirurgie de Paris proposait. Ayant remporté successivement les premiers prix, sur les instrumeus tranchans, et particulièrement sur les ciseaux d'incision; sur la question tendant à restreindre le nombre des instrumens destinés à l'extraction des corps étrangers; sur les bistouris; sur les cautères, etc., l'académie se crut obligée de le prier de ne plus envoyer de pièces au concours, afin de laisser quelque espoir de succès à ses nombreux rivaux découragés par une supériorité aussi marquée, et elle le nomma en même temps son associé regnicole. Mais les palmes acadé miques dont il était chargé, quelque nombreuses qu'elles fussent, puisqu'il se vit couronner dans seize concours publics des principales académies de l'Europe, furent bien loin de suffire à la gloire de M. Percy, et en forment aussi la moindre partie. C'était dans les guerres sanglantes où la France se trouva bientôt engagée, c'était sur les champs du carnage et au milieu du feu le plus meurtrier, qu'il devait signaler son amour pour l'humanité. Bravant tous les dangers personnels, ou paraissant plutôt ignorer qu'il en existât pour lui, il prodiguait toutes les ressources de son art et de son génie, et volait, sous le canon même de l'ennemi, au secours de ses

1

frères d'armes atteints par le fer ou le feu. Ce n'était pas le général ou l'officier supérieur qu'il jugeait seuls dignes de ses soins, son habile main soulageait également les maux du guerrier des derniers rangs, et les soldats appelaient Percy leur père. Ce fut lui qui organisa le premier, à l'armée du Rhin, ce corps mobile de chirurgie militaire qui rendit, dès sa création, de si éminens services, et qui après avoir excité l'admiration et l'envie des armées coalisées, leur servit de modèle pour en organiser de pareils. Ce fut encore lui qui en Espagne, forma presque entièrement, à ses propres frais, un premier bataillon de soldats d'ambulance, et une compagnie spéciale de brancardiers qui, pourvus de brancards d'une construction nouvelle, inventée par lui, se transportaient partout pour relever les blessés. L'étranger se hâta aussi de profiter de cette institution, qui fut d'abord très-louée en France, et ensuite à peu près négligée. Après les désastres militaires de 1814, et la première entrée des coalisés à Paris, il se trouvait, sans compter les blessés français, plus de 12,000 Russes, Prussiens, Bavarois et étrangers de tous pays. qui avaient été mis hors de combat sous les murs de la capitale. Ils languissaient à peu près abandonnés, faute de chirurgiens suffisans, et manquaient à la fois d'asiles, de pansemens, de linge, et même de pain. M. Percy devint leur providence. Sur sa demande, les vastes abattoirs de Paris furent mis à sa disposition. Un appel fut fait aux généreux habitans de cette ville, qui s'em

pressèrent de fournir du linge, des couvertures, des matelas et des secours de toute espèce à leurs ennemis blessés, tandis que ceux de leurs camarades qui étaient restés sous les armes, pillaient et dévastaient les habitations des citoyens aux environs de la capitale, et que les cosaques vendaient à l'enchère dans les rues. le mobilier et les bestiaux qu'ils ne pouvaient emmener ou dévorer. En 36 heures, un service régulier fut établi dans ces abattoirs, et des milliers d'étrangers lui durent la prolongation de leur existence. Les souverains, en échange des soins de M. Percy pour la vie de leurs sujets, le récompensèrent magnifiquement par des cordons: il eut la décoration de l'ordre de Sainte-Anne de Russie, de l'aigle rouge de Prusse, du mérite de Bavière, etc., etc. En 1815, il fut appelé par ses concitoyens, et à l'unanimité des suffrages des électeurs de son département, à la chambre des représentans. Il ne parut qu'à un petit nombre des séances de la seconde chambre, et ne parla que pour ses enfans, les soldats malades. Ce n'était pas au milieu d'une assemblée délibérante, qu'il croyait sa présence le plus utile; il se rendit de nouveau à l'armée, et servit avec la plus haute distinction jusqu'après la bataille de Waterloo. Depuis cette époque, on ne trouve plas M. Percy à la tête de la chirurgie militaire française. Il faut sans doute supposer qu'il a demandé lui-même sa retraite, après la seconde rentrée du roi, pour se reposer de ses longs et honorables travaux. Il a enrichi les mémoires

« PreviousContinue »