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seulement sur l'histoire de Venise, mais encore sur celle de tous les états de l'Europe. Un des morceaux les plus importans de cette histoire, est le discours préliminaire sur l'état politique de la république de Venise, à l'époque de la révolution, et de la chute de la monarchie française.

La décadence de l'état de Venise, date selon l'auteur, de l'époque de la découverte du Cap de Bonne-Espérance, qui détruisit la source du commerce et des richesses de l'état, déjà épuisé par ses guerres continuelles avec la Porte. Il restait pourtant encore des ressources, dont on trouve ici un aperçu très-satisfaisant, et dont l'emploi aurait pu sauver l'état, si l'on s'était tenu à l'observation stricte d'une neutralité armée; mais, à l'époque de la révolution française, on abandonnait ce systême, pour suivre celui d'une neutralité non armée. Le point de vue principal de l'auteur est de montrer les causes qui ont fait adopter et conserver ce système nuisible, et d'indiquer même les personnes qui après l'avoir embrassé, l'ont défendu avec opiniâtreté. Ces personnes sont les Savj, dont plusieurs sont nommés par l'auteur, qui par faiblesse ou par perfidie, ne cominuniquèrent point au grand sénat, les rapports des ministres et des gouverneurs des provinees, qui auraient pu l'engager à prendre d'autres mesures.

"Il existe, dit-il, dans les archives » secrètes, unorte-feuille intitulé: » Communications non lues au sénat, » qui contiennent plus de cent dépêches, et un grand nombre de lettres communiquées par les inquisiteurs de l'état aux Savis, et que ces derniers » ont supprimées arbitrairement, sins les présenter au sénat. »,

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L'auteur parle avec beaucoup d'éloges des inquisiteurs de l'état, qui au fond firent leur possible pour sauver la chose publique; mais leur pouvoir étant borné, et ne se voyant pas secondés par le collège des Savi, leurs efforts restèrent sans aucun fruit pour le bien public.

Parmi les ministres vénitiens, on

distingue sur-tout Antonio Capello 1. ambassadeur à Madrid, et ensuite à Paris. Les rapports très-circonstanciés, sont imprimés dans le premier volume, pages à go, sous le titre de: origine della rivoluzione dall anno 1788 al p. giugno 1796.

Pour prévenir l'influence des principes révolutionnaires, la cour de Turin proposa au ministre vénitien, Rocco Sanferino, une coalition générale de tous les états italiens, en mettant de coté toute autre considération politique. Le rapport sur cette proposition, daté du 5 Novembre 1791, est inséré page 13, mais il fit aussi peu impression sur le collège des Savi, que les tentatives faites peu après, dans la même intention par les cabinets de Vienne et de Naples. Les inquisiteurs d'état firent de leur coté, tous leurs efforts, pour réveiller l'attention des Savi, sur l'esprit de révolte, qui commença à se manifester en Italie, mais avec aussi peu de succès, que la cour de Turin. Nous passons sous silence, un grand nombre d'autres détails, pour dire encore quelques mots des deux derniers volumes.

Le second volume, porte pour titre particulier; del progresso della rivoluzione dal 1. giugno 1796 al 12. marzo 1796. On y trouve une relation très-détaillée, des progrès de l'armée française en Italie, à commencer par la prise de Vérone. La révolution s'approcha à grands pas de Venise, on fit semblant de concentrer les forces de l'état, mais au fond on se Contenta d'observer une neutralité non armée; neutralita disarmata. ) Enfin, les villes de Bergame et de Brescia se déclarèrent pour la révolution; les pièces relatives à ces événemens se trouvent à la fin du second volume.

Le troisième volume intitulé: Consumazione della rivoluzione e caduta della republica di Venezia del 12 marzo sin al di 13 maggio 1797 contient les progrès ultérieurs des armées françaises, les négociations entamées à Leoben, la révolte des Véronais, et enfin, la révolution de Venise et la

chûte de cet état, consommé le 12 mai 1797.

Il est inutile de dire, que l'auteur ne ménage pas la France, et qu'il parle souvent en termes peu mesures des généraux qui ont commandé en Italie. Il parle même assez légèrement, sur la révolte de Vérone, en disant que les habitans tenaient à leur ancien

régime, et qu'ils avaient été forcés d'embrasser la révolution ; le massacre des Français qui se trouvaient à Vérone lors de l'insurrection, est passé sous silence.

En comparant les faits rapportés dans cette histoire, on ne saurait se défendre de l'idee que le gerne de la catastrophe de Venise Y existât depuis longtems, et qu'on eût pu le découvrir sans beaucoup de peine. Enfin, l'histo re de la chute de Venise, est une nouvelle confirmation du grand principe des véritables hommes d'état, que les demi-mesures, ne conduisent qu'à des résultats contraires, et que l'espionnage politique, en quelquefois les dangers, ne fait que paraliser le courage nécessaire pour résister aux maux qui menacent l'état, en entretenant la défiance entre les chefs.

découvrant

Storia imparziale della revoluzione francese, etc.; Histoire impartiale de la révolution française, ou le Moniteur français, traduit fidellement en italien, du 5 mai 1789, jusqu'à l'an 10. Tome I et II. in-8. Milan Giegler.

Cette traduction du moniteur paraît par cahiers, dont on publie deux à trois chaque mois.

Convocazione, operazioni e resultato della consulta straordinaria cisalpina, radunata in Lione'; Convocation, opérations et résultats de la consulte extraordinaire cisalpine, réunie à Lyon,

le 16 décembre 1801. in-8. Milan. 20 février 1802. 30 soldi.

On a recueilli dans ce volume toutes

les pièces officielles relatives aux travaux de la consulte cisalpine à Lyon, et à l'établissement du nouveau gouvernement de la république Italienne. On y a ajouté la nouvelle constitution, et la loi organique concernant le clergé.

BIOGRAPHIE.

Joh. C. Lavaters Lebensbeschreibung, etc.; Vie de J., G. Lavater, par George Gessner. T. II. 428 pag. in-8. Winterthur. Steiner. 1 rxd. 12 gr.

le premier volume de cet ouvrage Nous avons annoncé, dans son tems, qui offre de bons matériaux pour une Biographie de Lavater, car malgré le travail de M. Gessner, elle reste encore à faire. On trouve ici des notices

intéressantes sur la vie littéraire de Lavater, sur ses liaisons avec Mendelssohn, Hottinger, Teller, Semler etc., sor son entrevue avec l'empereur Joseph II, en 1779 à Waldshut, ses opinions sur le magnétisme animal, dont il espérait peut-être plus que Mesmer lui-même, en le regardant comme destiné à confirmer la doctrine des miracles. On a inséré dans ce volume, plusieurs réflexions de Lavater, sur la mort de sa mère, sur l'éducation, et sur l'influence et le pouvoir du diable, etc, qui prouvent que Lavater a toujours, suivi l'esprit de son tems, sans s'élever au dessus comme Herder Semler, et autres. Cette biographie sera terminée par un troisième volumes

malgré tous les défauts qu'elle offre on ne peut nier qu'elle présente quelque intérêt.

The life, adventures and opinions of colonel George Hanger; La vie, les aventures et les opi

nions du colonel Georges Hanger, écrite par lui-même. 2 vol. gr. in-8. de 339 et 474 p. Londres. Debrett 16 sh.

en

Le colonel Hanger a vécu longtems dans la société du prince de Galles, et s'est également distingué par la singularité de sa conduite, et par celle de ses opinions; nous trouvons ici, des preuves frappantes. La prison de Kings bench, où l'auteur est détenu pour dettes, lui a suggéré l'idée d'écrire sa biographie, dont les deux tiers sont remplis d'homélies et d'apologies de la Vénus vulgivaga et de ses prètresses, de la polygamie, de déclamation contre le mariage,etc. etqui peuvent servir de preuves à la corruption des mœurs de certaines classes de la société en Angleterre. Il est même possible, qu'à l'exemple

de ses confrères, le colonel ait souvent outré les récits, pour leur donner plus d'intérêt aux yeux de certains lecteurs. L'histoire de la belle Pamela de Norfolk, fille Bohemienne, avec laquelle l'auteur a vécu quelque-tems, et qui lui fut enlevée ensuite par un chaudronnier, est peut-être dans ce cas. Elle remplit près d'un quart de l'ouvrage, et peut avoir en quelque intérêt dans le tems, pour les amis de l'au

teur.

Indépendamment de ces historiettes, on trouve encore dans cet ouvrage, des traits de générosité de plusieurs vofeurs de grands chemins, racontés au commencement du second volume, et qui servent à caractériser les mœurs et les opinions du peuple de l'Angleterre. Enfin, les tableaux des deux prisons de Kingsbench et de Fleet prison, n'ont pas été tracés avec autant de vérité et de force depuis Fielding; en conservant ces morceaux et quelques autres, et en rejetant le reste, l'ouvrage sera lu avec intérêt, même chez l'étranger. Un pareil extrait a paru en allemand imprimé à Leipsic chez Hartknoch.

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Depuis quelques années, plusieurs auteurs se sont occupés de la statistique des différens pays de la Franconie. M. Schoepf publie ici celle de l'évéché de Wurzbourg, divisée en quinze sec→ tions, el composée d'après des maté– riaux puisés dans des sources authentiques.

L'origine de l'évêché et de la principauté de Wurtzbourg, son étendue, fait le sujet de la première section. La sa division ancienne et imoderne, etc.,

seconde traite des cartes et de l'étendue

de l'évêché et de la principauté. En 1788, le prince évêque fit commencer une carte de l'évêché, qui a été achevée en 1799, et sera publiée sous peu à Nuremberg.

La population fait l'objet de la troisième section, elle a été estimée d'après les listes de conscription, dont les tables sont jointes au texte. L'auteur y déploie une grande connaissance des meilleurs ouvrages modernes, sur la géographie et la statistique.

Dans la quatrième, l'auteur s'occupe de la constitution physique du pays, de ses montagnes, vallées, fleuves, rivières, lacs, poissons, etc. On trouve ici des notes très-précieuses et peu connues, de même que dans les deux sections suivantes, qui traitent des productions des trois règnes dans les pays de Wurtzbourg.

Les sept et huitième sections, ont pour objet l'industrie du pays, et les efforts du gouvernement pour l'encourager. L'auteur y parle des entreprises particulières qui ont pour objet de donner aux matériaux bruts, la préparation et la perfection nécessaire; des

efforts du gouvernement pour faire disparaître les obstacles qui s'opposent aux progrès de l'industrie; et des articles qui font l'objet du commerce d'exportation. Il a enrichi cette section, de notices sur les mesures, poids et aanages des pays, détails qui ne doivent jamais manquer dans une bonne statistique.

Dans la neuvième section, il est question des impositions, article intéressant dans le moment actuel, où l'on s'occupe de sécularisations et d'indem nités. La religion, la constitution du clergé, les chapitres et les couvens font l'objet de la dixième section.

La onzième et douzième se rapportent à l'instruction publique, à l'amélioration des écoles dans les villes et à la campagne, à l'établissement des écoles des filles, à l'éducation en général, aux progrès des sciences, aux réformes faites dans les universités, à l'état de l'imprimerie, de la littérature,

des arts, aux collections de tableaux,etc. Cette section pourrait être abrégée d'un bon tiers, en supprimant surtout les complimens qu'on fait aux auteurs du pays. Leurs ouvrages sont connus, c'est au public éclairé à juger de leur mérite. La treizième section, traite des fondations qui sont très-nombreuses dans la ville de Wurzbourg; la quatorzième du prince évêque, de ses titres, prérogatives, et de l'organisation du cabinet, et la quinzième et dernière, contient la liste des ouvrages consultés.

On distingue parmi les pièces justificatives, la troisième qui donne un aperçu des paroisses de l'évêché, de leurs patrons et de leurs succursales; la neuvième offre la description du cabinet d'histoire naturelle de Bonavita Blank, ex-provincial de l'ordre des Minorites, et la treizième, qui contient la liste des tribunaux et des endroits où ils siégent.

Ueber die schiksale der deutschen reichsstaatsverfassung etc.; Des changemens de la constitution de l'empire germanique,

par le Dr. Voss. in-8. Leipsic. Tauchniz. I rxd. 8 gr.

Cet ouvrage, écrit avec une connaisarrivés à la constitution de l'empire, sance parfaite de tous les changemens sera d'un grand intérêt dans les circonstances actuelles.

VOYAGES.

Meine Fussreise durch Schweden und Norwegen; Mon voyage à pied, par la Suède et la Norvège, par de la Tocnaye, accompagné d'observations et d'additions du traducteur allemand. Tome I. 352 p. in-8. Leipsic. Hartknoch. 1 rxd. 4 gr.

L'auteur commence son voyage en Irlande, qu'il a quitté avant l'époque de l'insurrection, pour passer en Ecosse dernière ville il se rend par Trollhatta, et de là à Gothembourg. De cette Jonkoping, Nykoeping et Nordkoping à Stokholm. Il quitte Stokholm au coeur de l'hiver, pour aller voir Gripswalde, Strenguaes, Eskilstuna, Arboga, Dylta, Oerebro, Upsala etc., et retourne dans la capitale de la Suède; il en part le printems suivant pour visiter Sala, Fahlun, la fabrique de Porphyre d'Elfdal, la Dalecarlie et arrive jusqu'aux frontières de la Norwège, termine ce volume.

où il

L'auteur ayant séjourné quelque tems dans chaque ville, et connaissant la langue suédoise, il lui a été facile de rassembler un grand nombre de faits intéressans, et d'en composer un ouvrage plus solide que sou voyage en Irlande. Nous allons en citer. quelques

uns.

A Gothembourg, on vend les bonnes années, près de 500,000 tonneaux d'harengs salés, et 30,000 tonneaux d'huile de harengs; un tonneau d'huile exige 10 à 12 tonneaux de harengs, chacun de 1000 à 1200 pièces.

Page 196; l'auteur s'occupe de la religion de Thor, des antiquités sué

doises, de l'histoire de la Suède, d'Odin Thor, Freya, de l'Edda etc. et page 226, on trouve des observations sur l'histoire, les mœurs et le langage des anciens habitans, sur la langue gothique et ses dialectes, sur celle de la Finlande et les caractères runiques. Ces observations n'offrent rien de nouveau, et l'auteur en se moquant des voyageurs qui écrivent d'après les autres, copie souvent lui-même ceux qui l'ont précédé sans les citer. Les carac tères runiques, sont actuellement reconnus pour appartenir à l'ancienne Jangue gothique, et on a trouvé en Suède, 1060 pierres avec des inscriptions de ce genre, dont le contenu offre peu d'intérêt.

Les observations sur la Dalecarlie, sont plus intéressantes; cependant, l'auteur se trompe en citant cette province comme la plus peuplée de l'Europe; il y a certains districts qui sont surcharges d'habitans, d'autres sont déserts et abandonnés.

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La fabrique de porphyre d'Elfdalen, est un établissement nouveau qui occupe 70 ouvriers; l'on y fabrique des vases de 2 à 300 écus. Le fond de cet établissement n'est que de 15000 écus.

En hiver, les Lapons arrivent dans la Dalecarlie pour fréquenter les foires, et poussent même jusqu'à Fahlun. Ceci ne peut s'entendre que des Lapons établis dans les environs de Raervas, qui possédent des troupeaux entiers de rennes, car les véritables Lapons nomades du nord quittent rarement leur pays.

Le cuivre qui se trouve en grande quantité dans les environs de Nordkoeping, est préparé selon l'auteur, dans une grande fabrique. Il paraît qu'il ne s'est pas donné la peine d'y entrer, car s'il l'eût fait, il aurait trouvé les vastes bâtimens de cette fabrique vuides, et occupés seulement par une dixaine d'ouvriers.

Le style de la traduction est facile et agréable, mais on remarque dans les noms Suédois, une ortographe fautive, et fondée seulement sur la prononciation, ce qui causerait beaucoup

de confusion dans la géographie, sí. chaque nation se permettait d'écrire les noms étrangers d'après sa propre prononciation.

Taschenbuch der Reisen, oder unterhaltende Darstellung der Enidekungen des achtzehnten Jahrhunderts; Manuel des voyages, ou tableau intéressant des découvertes faites dans le dixhuitième siècle, relativement aux peuples, aux pays et à leurs productions, par M. de Zimmermann. Seconde année on 1803. 304 p. in-12, avec 11 planches et une carte. Leipsic.. Gerhard Fleischer.

Le succès qu'a obtena ce manuel pour l'an 1802, a engagé l'auteur à en publier la continuation. Le nouvean volume qu'il offre au public, ne sera pas reçu avec moins d'empressement.

Le morceau qui sert d'instruction intitulé: Indes occidentales, peint les impressions que doit éprouver un voyageur sur sa route et à son arrivée aux Indes, en comparant le climat, les productions, les usages, etc. de l'Amérique, avec ceux de l'Europe qu'il vient de quitter. Après avoir parlé des saisons de cette partie du monde et de leurs influences, l'auteur décrit l'ouragan arrivé à la Martinique le 14 août 1766, celui qui eut lieu à la Jamaïque, en 1692, et la fertilité étonnante qui en fut la suite dans ces contrées.

A l'article des habitans des Indes l'auteur les divise: 1) en indigėnes, parmi lesquels se distinguent les anciens Caraïbes sauvages, dont il ne restait plus en 1763, qu'à-peu-près cent familles à St.-Vincent; en 1790 trenie familles à Saint-Domingue, et quelques individus à la Martinique et à Tabago. L'auteur montre, par plusieurs mots de leur langue, qu'elle a beaucoup de rapports avec l'Hébreu, le Chaldéen, le Samaritain et le Syrisque. 2) En étrangers, qui sont les

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