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BIOGRAPHIE GÉNÉRALE

DEPUIS

LES TEMPS LES PLUS RECULÉS
JUSQU'A NOS JOURS,

AVEC LES RENSEIGNEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

KT L'INDICATION DES SOURCES A CONSULTER ;

PUBLIÉE PAR

MM. FIRMIN DIDOT FRÈRES,

SOUS LA DIRECTION

DE M. LE D' HOEFER.

Tome Quarantième.

PARIS,

FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET CE, ÉDITEURS,

IMPRIMEURS-LIBRAIRES DE L'INSTITUT DE FRANCE,

RUE JACOB, 56.

M DCCC LXII.

Les éditeurs se réservent le droit de traduction et de reproduction à l'étranger.

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BIOGRAPHIE

GÉNÉRALE

DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS JUSQU'A NOS JOURS.

PHILOPONUS (Jean), Ιωάννης ὁ Φιλόπονος, grammairien et philosophe alexandrin, vivait dans le septième siècle après J.-C. Il fut surnommé Philoponus à cause de son application à l'étude; mais le travail ne lui donna pas le jugement qui lui manquait, et ses ouvrages sont plus remarquables par leur nombre que par leur mérite. Élève du philosophe Ammonius, il enseigna la grammaire à Alexandrie, et fut le dernier professeur d'une école célèbre. Son nom se rattache étrangement à un des faits les plus importants de son siècle. On raconte que lors de la prise d'Alexandrie par les Arabes en 639, Philoponus embrassa l'islamisme, et qu'il pria Amrou de lui donner la fameuse bibliothèque d'Alexandrie. Amrou en référa au calife Omar, qui fit la réponse bien connue, et la bibliothèque fut livrée aux flammes. Cette tradition est fort incertaine, et sinon fausse dans le fait essentiel (l'incendie d'un certain nombre de livres), du moins falsifiée dans ses détails. Au nombre des incidents fictifs, nous plaçons la conversion de Philoponus à l'islamisme. Le professeur alexandrin était sans doute un mauvais orthodoxe, puisqu'il fut le fondateur ou un des principaux promoteurs de l'hérésie des trithéistes; mais rien ne prouve qu'il ait abandonné ses maîtres favoris, Platon et Aristote, pour Mahomet et Omar. On ignore la date de sa mort. On a de lui des Commentaires sur la cosmogonie mosaique (Τῶν εἰς τὴν Μωϋσέως κοσμογονίαν ἐξηγητικῶν λόγοι ζ'), publiés en grec et en latin par Balthasar Corderius; Vienne, 1630, in-4°; Contre Proclus sur l'éternité du monde, publié par Victor Trincavellus; Venise, 1535, in-fol.; Des cinq dialectes de la langue grecque, publié en grec avec les écrits des autres grammairiens et le Thesaurus de Varinus; Venise, 1476, in-fol.; Collection de mots qui, suivant leur signification différente, reçoivent un accent différent, par ordre alphabétique, publié souvent à la fin de dictionNOUV. BIOGR. GÉNÉR. -T. XL.

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naires grecs; la seule édition séparée est celle de Erasme Schmid, Wittemberg, 1615, in-8°. Enfin on a de lui des Commentaires sur plusieurs ouvrages d'Aristote, savoir : In Analytica priora; Venise, 1536, in-fol.; — In Analytica posteriora; Venise, 1504, 1534, in-fol.;

In quatuor priores libros physicorum; Venise, 1535, in-fol.; In librum unicum Meteoróm, à la suite du comment. d'Olympiodore sur les Meteora; Venise, 1551, in-fol.; In libros III de Anima; Venise, 1553, in-fol.; In libros V de Generatione et interitu; Venise, 1527, in-fol.; In libros V de Generatione animalium; Venise, 1526, in-fol.; In libros XIV Metaphysicorum, trad. en latin par François Patrizzi, Ferrare, 1583, in-fol. Y.

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Fabricius, Bibliotheca græca, vol. X, p. 639. Cave, Historia litteraria, vol. I.

PHILOSTORGE ( Þiλostópyco;), historien ecclésiastique grec, fils de Carterius et d'Eulampia, né à Borissus, en Cappadoce, vers 360 après J.-C., mort vers 430. Il était âgé de vingt ans lorsque Eunomius fut expulsé de Césarée. Comme son père Carterius, il adopta avec ardeur les doctrines de cet hérésiarque. Il composa une Histoire ecclésiastique depuis l'hérésie d'Arius en 300, jusqu'à l'avénement de Valentinien à l'empire d'Occident en 425. Cet ouvrage contient douze livres qui commencent chacun par une des lettres du mot Φιλοστόργιος, de manière à former une sorte d'acrostiche. L'auteur ne perd aucune occasion d'exalter les ariens et les eunomiens, tandis qu'il rabaisse les partisans de l'orthodoxie, à l'exception de Grégoire de Nazianze. Photius l'accuse d'avoir grossièrement violé la vérité et prétend que son livre n'est pas une histoire mais un panégyrique des hérétiques. Malgré ces reproches plus ou moins fondés, Philostorge était un homme de savoir, instruit en géographie et en astronomie. Son style, suivant Photius, était élégant et figuré; mais sa narration manquait

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quelquefois de clarté, et ses figures n'étaient pas | auxquels sans doute il a lui-même ajouté : il écritoujours naturelles. Son Histoire ecclésiastique est perdue; mais Photius nous en a laissé un extrait étendu qui a été publié par Joc. Godefroy, Genève, 1643, in-4°; et d'une manière plus correcte par H. de Valois, Paris, 1673, avec l'Histoire ecclésiastique de Théodoret, Evagrius et Théodore; Reading en a donné une autre édition, Cambridge, 1720.

Y.

Fabricius, Bibliotheca græca, t. VII, p. 420. - Vossius, De historicis græcis, p. 313, etc. Schöll, Histoire de la litterature grecque.

PHILOSTRATE. Ce nom est commun à plusieurs personnages de l'antiquité, parmi lesquels on distingue :

PHILOSTRATE DE TYR, d'une époque inconnue, mais qui remonte au moins au premier siècle de l'ère chrétienne. Il est cité par Josèphe comme auteur d'Histoires phéniciennes et indiennes.

Fl. Joseph., Archæol. Jud., X, 11. — In Apion., p. 1045. PHILOSTRATE L'ÉGYPTIEN, sophiste du temps de César, qui appartenait à la secte académique et jouit d'une grande faveur auprès de Cléopâtre.

FI. Philostrat., Vit. Sophist., 1, 15.

PHILOSTRATE VERUS, sophiste de la fin du premier et du commencement du deuxième siècle de l'ère chrétienne. Suidas lui attribue plusieurs des ouvrages qu'on s'accorde à considérer comme appartenant à son fils (voy. l'article suivant); tels sont le dialogue intitulé Néron et le traité De la gymnastique.

Suidas, Lericon. - Kayser, Préface de son édition de Philostrate. - Miller, Journ. des Savants, 1849.

PHILOSTRATE (Flavius), sophiste du deuxiè me siècle de l'ère chrétienne, fils du précédent, et pour cette raison appelé par Suidas le second Philostrate: c'est le plus célèbre de tous. Il est resté sur lui fort peu de renseignements précis. On ne connaît au juste ni la date de sa naissance ni celle de sa mort. On sait seulement qu'il naquit à Lemnos, dans la première moitié du deuxième siècle de J.-C., qu'il enseigna la rhétorique à Athènes, ce qui lui a fait donner quelquefois le surnom d'Athénien; qu'il enseigna ensuite à Rome; qu'il sut se concilier la faveur de l'empereur Septime Sévère; qu'il fut du cercle de lettrés que réunissait autour d'elle l'impératrice Julia Domna, et qu'il accompagna cette princesse dans ses voyages; enfin qu'il vivait encore au troisième siècle, sous l'empereur Alexandre.

Son principal ouvrage est la Vie d'Apollonius de Tyane, qu'il écrivit sur la demande de Julia Domna. Philostrate dit avoir composé cette biographie d'après les Mémoires d'un certain Damis, qui avait été le compagnon de voyages du célèbre thaumaturge, et d'après des biographies antérieures, écrites l'une par Maxime d'Égées, l'autre par Méragène. On fait bon marché des documents historiques de Philostrate, quand on songe à tous les contes qu'ils lui ont fournis et

vait dans un temps et dans un pays fort amis du merveilleux, et il paraît évident qu'il avait dessein de composer non une histoire, mais un roman philosophique. Philostrate était un des rhéteurs les plus habiles du deuxième siècle de l'ère chrétienne; mais ce n'était qu'un rhéteur, et la plupart de ses ouvrages ont un caractère tout fictif. Jaloux de faire briller son talent, il cherche surtout des occasions de décrire; et dans ses descriptions, il s'inquiète peu de l'exactitude, mais se préoccupe beaucoup de l'agrément et de la vivacité des images. Le merveilleux tient une grande place dans cet ouvrage, dont le héros est représenté comme une incarnation du dieu Protée, et fait de nombreux mi

racles. Ce sont des démoniaques exorcisés, des malades guéris, des morts ressuscités, des ombres évoquées, des événements prédits longtemps à l'avance, etc., etc. Parce que Philostrate se plaît à revêtir ainsi son héros d'un caractère surnaturel, quelques critiques ont pensé que la Vie d'Apollonius de Tyane était une parodie des Évangiles. Cette supposition, qui a valu à cet ouvrage une certaine vogue au dix-huitième siècle, est aujourd'hui abandonnée comme un paradoxe plus ingénieux que solide. Le merveilleux qu'on trouve dans la Vie d'Apollonius de Tyane n'a rien de plus extraordinaire que le merveilleux qu'on trouve dans presque toutes les biographies fabuleuses de philosophes composées vers la même époque, par exemple les Vies de Pythagore par Jamblique et Porphyre. Ce qui sans doute a donné lieu à cette hypothèse, c'est que, sous Dioclétien, le sophiste Hiéroclès, réfuté bientôt par Eusèbe, entreprit de faire de ce livre une arme contre le christianisme; mais ce n'est pas à dire pour cela que tel eût été le dessein de Philostrate. Avant et même après que la Vie d'Apollonius eut reçu cette interprétation, elle comptait des admirateurs parmi les chrétiens aussi bien que parmi les païens. Sidoine Apollinaire (Epist., III, 3), et Cassiodore (Chronic.) en faisaient le plus grand éloge. On se demande en effet pourquoi, si l'ouvrage était une parodie des Évangiles, la satire eût été si indirecte et si dissimulée, surtout dans un temps où nul intérêt ne prescrivait ces ménagements: la religion chrétienne n'était pas encore la religion de l'empire. La Vie d'Apollonius n'est donc pas une œuvre de polémique anti-chrétienne; et si elle a une signification philosophique, ce n'est pas autre chose qu'un tableau embelli de la vie pythagoricienne, de l'ascétisme théurgique dont Apollonius est resté le type.

L'héroïque, ou dialogue sur les héros de la guerre de Troie, est, comme le précédent, un ouvrage d'un caractère fictif. Philostrate suppose un dialogue entre un navigateur phénicien et un vigneron d'Éléonte, fréquemment honoré de la visite et de l'entretien de l'ombre de Protésilas.

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