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Et la pourpre des rois orné et ceint son épée
Qui jamais dans le sang n'avait été trempée.

Les enfans de Sion, de Tyr, de Madian,

Des cités dont l'orgueil règne aux pieds du Liban,
Des bords grands autrefois que le Jourdain arrose,
Où du Génézareth l'onde obscure repose,
D'un pontife adoré viennent suivre les lois.
A l'ombre des autels. Jéthro le fils des rois,
Sans avoir éprouvé les malheurs de la vie,
Voyait ses derniers jours couler dignes d'envie.
Son peuple était heureux. Tel l'antique olivier
Près d'un temple détruit levant un front altier,
Au milieu des frimas conserve sa verdure,
Nourrit une huile d'or toujours brillante et pure,
De l'oiseau consterné réjouit les concerts,
Lui montre le printems et brave les hivers,
Les guerriers honorés sur les rives fécondes
Que le Nil enrichit du tribut de ses ondes,
Dans ces vastes déserts qu'orna la main des arts,
Où des siècles surpris les monumens épars

Des héros des grands rois conservent la mémoire,
Et retracent encor les titres de leur gloire,

A la voix de la reine et des Dieux immortels,
Venaient de l'Orient défendre les autels.

Le neveu d'Odenat les appelle et les guide.
L'œil sur l'éclat du trône, ambitieux, perfidé,
Melliarez foule aux pieds la crainte et les remords
Et de la vertu même emprunte les dehors.

Dans le champ des palmiers les tentes sont dressées,
Et des retranchemens les lignes sont tracées.
La fureur des Romains élève les remparts,
Et sur les tours du camp place leurs étendards.
Bientôt la nuit des cieux va dérober la vue;
La pâle mort la suit et s'assied sur la nue.
A son aspect César exhorte ses soldats,
Et fixe au lendemain le signal des combats.

Romains, leur dit César, enfin le jour va luire,
Où vous allez marquer les bornes de l'Empire,
Du trône des Persans me frayer les chemins,
Vaincre l'Asie entière et régler ses destins.

Eh quoi ! de l'Occident les nations vaincues
Rampent sous les faisceaux dans la poudre abattues,
Et Sapor dans sa cour nous prépare des fers,
Et l'ennemi nous brave au fond de ses déserts!
Vous n'êtes point vengés et vous vivez encore!
Et sur le vil Persan, sur les fils de l'Aurore,
Vous n'avez point lancé l'épouvante et la mort!
Sur des lauriers flétris votre valeur s'endort!
Faut-il boire la honte, et la boire en silence?

Ah! mourons, s'il le faut, mais non pas sans vengeance.
Demain nous combattrons; oui, demain avec vous,
Je veux faire éclater ma haine et mon courroux;
Je veux voir notre affront vengé par la victoire :
Romains, j'en ai juré les siècles et la Gloire.

Zénobie à son tour appelle ses guerriers,

Et de son fiel ardent remplit leurs cœurs altiers.

Braves Palmyréens, amis, s'écria-t-elle,
Bientôt vous entendrez sonner l'heure immortelle,
Où des fils de l'Atlas, des Gaulois, des Germains,
De brigands inconnus, et d'esclaves Romains,
Je vais anéantir la horde sanguinaire.

Pourrai-je redouter leur glaive mercenaire,
Leur glaive tant de fois brisé par les Persans,
Dont vous seuls arrêtiez les drapeaux triomphans?
Aux décrets de César pourrai-je être asservie ?
Qu'ai-je après tout besoin du sceptre et de la vie,
Si je dois l'un et l'autre au seul nom de César,
Et si votre fortune est soumise à son char?
Regardez sur ces monts couverts de mausolées
De nos divins aïeux les ombres consolées,
S'élever vers le ciel, accepter nos sermens,
Fouler aux pieds la mort et planer sur les tems,
Contemplez les remparts et les tours de Palmyre;
Ces temples, ces tombeaux, ces murs, tout doit vous dire
Que le soleil lui-même a reçu notre foi;
Soyez dignes de vous, soyez dignes de moi.
De vos premiers succès conservez la mémoire.
Si le sort à nos vœux refuse la victoire,
Dédaignant la lumière, en paix dans le cercueil,
D'un vainqueur insolent vous braverez l'orgueil.

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Mais la nuit dans les airs règne, et les deux armées
De la soif des combats toujours plus enflammées,
Sans pouvoir se livrer aux erreurs du sommeil,
Respirent le carnage, attendent le soleil.

Tel dans le cirque immense où sa fureur captive
Tient du peuple romain l'assemblée attentive,
Cherchant son ennemi, le lion irrité

Sur l'arène un moment repose sa fierté,
Frémit de retenir l'ardeur qui le consume,

Et distille à longs flots sa bouillonnante écume.

SABATIER.

SUR LA MORT DE JOSÉPHINE H.....

AGÉE DE QUINZE MOIS.

AIMABLE fleur, si promptement flétrie,
Tu n'as fait que paraître au matin de la vie,
Et ta mère gémit de ne plus te revoir.

Aimable fleur, si promptement flétrie,
Tu ne connaîtras point les orages du soir.

J. M. BERNARD.

ÉNIGME.

SANS être bel esprit, je tiens certains bureaux
A Londres, à Cadix, à Manille, à Bordeaux.
Sur plus de mille objets ma puissance s'exerce,
Au besoin je pourrais en faire le commerce.
J'ai le plus grand respect pour les ambassadeurs
Et rançonne par fois messieurs les voyageurs.
De Thémis, l'an dernier, je reçus la balance,
Et déjà, cher lecteur, dans l'Empire de France,
Je vois avec orgueil des tribunaux, des cours,
Attacher à mon nom une grande importance.
Un sort aussi brillant durera-t-il toujours ?
Non; la paix dont l'Europe invoque la présence,
Que redoute l'Anglais, ainsi que maint greffier,
Va me borner bientôt à mon premier métier.

V. B. ( d'Agen. }

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LOGOGRIPHE

i

SUR mes neuf pieds, lecteur, je suis doux, violent,
Beau. vilain, gros, menu, triste, gai, froid, bouillant,
Hébreu, Grec, Espagnol, Arabe, Germanique,
Anglais, Français, Chinois, Egyptien, Gothique.
A sept réduit

Je fais du bruit.,
Et quand la flamme
Sort de mon ame
Le jour, la nuit,

Chacun me fuit.

V. B. (d'Agen.)

CHARADE.

Mon premier agite le cœur,
Et mon second le tranquillise;
Mon tout relève d'un auteur
La négligence ou la méprise.

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigmé est Laïs.

Celui du Logogriphe est Cruche, dans lequel on trouve: ruche. Celui de la Charade est Domfront.

LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

Pieces of Irish History illustrative, the condition of the catholics of Ireland, etc., ou Recueil de pièces concernant l'histoire d'Irlande, l'état des catholiques de cette île, l'origine, le développement du système politique des Irlandais-Unis, etc., etc.; par GUILLAUME JACQUES MAC-NEVEN et THOMAS ADDIS EMMER. In-8°. New-Yorck, 1807 (*).

Le gouvernement anglais qui, depuis six cents ans, torture l'Irlande, s'est toujours efforcé de dérober à la connaissance des autres peuples ses cruautés contre cette île martyrisée. Les moyens qu'il emploie sont de brûler les livres et les manuscrits dans lesquels on dévoile son administration tyrannique, d'inhumer tout vivans dans des cachots, ou d'envoyer à Botany-Bay les hommes dont il redoute l'influence à raison de leurs talens et de leur courage. De cette classe nombreuse quelques-uns ont échappé aux satellites du grand inqui siteur d'Angleterre, George III, et se sont réfugiés en France. Cependant sa majesté Britannique a daigné trèsgracieusement accorder à d'autres la faculté de se déporter eux-mêmes, pour toujours, hors des terres qui lui sont soumises. Ils ont trouvé un asile dans les EtatsUnis. Parmi ces respectables Irlandais, on compte les auteurs de l'ouvrage que nous annonçons. Etablis à New-Yorck, ils ont, par leurs vertus et leurs talens,

(*) Cet article, qui nous avait été envoyé il y a plus de deux ans par M. G**, membre de l'Institut, s'était égaré dans nos cartons : mais, depuis cette époque, le sort des catholiques irlandais n'ayant point changé, il n'est pas trop tard pour annoncer un ouvrage où l'on révèle les crimes commis par le gouvernement anglais contre la malheureuse Irlande. (Note des Rédacteurs.)

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