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ouvrages réunis comprennent une plus grande quantité de plantes qu'il n'en avait encore été publié par aucun auteur, et plus de 2700 figures: ils obtinrent beaucoup de vogue lors de leur publication; ils sont encore recherchés, et peuvent être consultés avec fruit. Quelques auteurs parlent d'une édition des ouvrages de Plukenet, publiée en 1720. Ce ne sont que des exemplaires des anciennes edi. tions, auxquelles on a mis de nou veaux titres. Celle de 1769, formant 6 tomes en 4 vol., augmentée de quelques planches qui manquaient dans plusieurs exemplaires de la quatrième partie du Phytographia, est surtout préférable à cause des tables qui y ont été ajoutées : il est bon d'y joindre aussi l'Índex Linnæanus (Voy. GISEKE); on y trouve plusieurs Notes tirées des manuscrits de Plukenet. Nous avons déjà vu un exemple de la vanité de ce botaniste. Ses différentes Préfaces sont empreintes du même défaut. Dans celle de l'Almagestum, il parle du zèle qui le dévore; de là l'anagramme à-peu-près exacte de son nom: Ut pene nullus sic ardeo. Il secompare à une lumière (lucerna); et le dessin, qui est avec son portrait, en tête du Phytographia, le représente assis à une table, travaillant à la lueur d'un flambeau, et porte pour légende Aliis inserviendo consumor. C'est probablement cette estime outrée de lui-même, qui lui fit critiquer, d'abord avec peu de ménagement, puis avec beaucoup d'aigreur, les écrits de Sloane et Petiver, par lesquels il ne paraît pas avoir été provoqué. Ces taches dans le caractère de Plukenet, et les défauts de ses livres, ne doivent pas empêcher de reconnaître les services qu'il a rendus, et les sacrifices dont ils ont

été accompagnés. Tous ses ouvrages ont été imprimés, et les planches gravées, à ses frais, sauf un secours peu considérable qu'il reçut de quelques-uns de ses protecteurs et amis, pour la publication de l'Amaltheum. Il parle avec reconnaissance et avec éloge de ceux auxquels il a eu des obligations: l'évêque Compton, Courten, Petiver, Sherard, Cunningham, Uvedale, etc. Enfin, nous rendrons justice aux sentiments religieux de cet auteur, qui ne parle jamais de la magnificence de la nature sans payer un tribut d'hommages à la Divinité. On ignore l'année précise de la mort de Plukenet; mais elle doit peu s'éloigner de 1710. Son herbier fut acquis par Sloane, du cabinet duquel il a passé au Muséum britannique (1). Plukenet dit (Préface du Phytographia), qu'il était composé de 8000 espèces: depuis 1691 jusqu'à sa mort, le nombre en avait sans doute été fort augmenté par les cadeaux des nombreux savants et voyageurs, avec lesquels il était en relation. Gette collection est précieuse, comme contenant les types des descriptions de Plukenet. Sa vie a été écrite dans le Cyclopædia de Rees, par sir J.-E. Smith, président de la société linnéenne, dans la bibliothèque duquel étaient conservés les manuscrits et dessins originaux de Plukenet. Plumier a consacré à ce botaniste, le genre Plukenetia, de la famille des euphorbiacées. D-u.

PLUMIER (CHARLES), botaniste, né à Marseille, en 1646, entra dans l'ordre des Minimes, à l'âge de seize ans, après avoir fait de brillantes

(1) Une partie de cet herbier se trouvait encore entre les mains de Philip. Carteret Webb, à la mort

duquel il fut vendu avec la bibliothèque de ce savaut antiquaire. C'est ce que nous apprend Hirsching (Hist. litt. Handbuch, VIII, 1,96), d'après une note de Dryander.

études. Il se consacra aux sciences physiques et mathématiques, et au dessin, apprit à tourner, et à fabriquer des instruments de physique. Ayant été envoyé à Rome, dans le couvent de la Trinité-du-Mont, il assista au cours de botanique de Sergeant, minime comme lui, et d'Onophriis, médecin romain. Entraîné par leurs leçons, et par ses conversations avec Boccone, il embrassa l'étude de la botanique avec ardeur, au préjudice des mathématiques, qui avaient fait jusque-là sa principale occupation. Rappelé en Provence, il obtint de ses supérieurs la permission de visiter les côtes pour y recueillir des plantes. Il fit alors connaissance avec Tournefort, et, ainsi que Garidel, l'accompagna dans ses herborisations. Il réunit une grande quantité de plantes dont il avait dessiné la plupart; et il se proposait d'en faire un nouveau Pinax. C'est à cette époque que Begon, intendant des galères à Marseille, chargé par le roi de trouver un naturaliste qui voulût visiter les possessions françaises dans les Antilles, pour y recueillir des objets d'histoire naturelle, en fit la proposition à Surian, en l'invitant à chercher un savant capable de l'aider dans l'exécution de ce dessein. Surian communiqua ce projet à Plumier, qui accepta cette inission avec empressement; et ils partirent en 1689. Si l'on en croit le P. Labat, ils se brouillèrent au bout de 18 mois, et se séparèrent. Ce fut à son retour qu'il publia son premier ouvrage. Le succès de ce voyage, et l'émulation excitée les résultats connus de celui de Sloane, engagèrent le roi à envoyer une seconde fois Plumier dans les mêmes établissements. Ce nouveau voyage fut également productif. Il vit fré

par

quemment, pendant ses deux séjours à la Martinique, le P. Labat, qui lui fut fort utile. Encouragé par ses premières découvertes, et les récompenses du gouvernement, Plumier passa une troisième fois en Amérique. Pendant ces trois voyages, il fit des courses multipliées dans les îles dela Guadeloupe, de la Martinique, surtout de Saint-Domingue, enfin sur le continent voisin, où il recueillit un grand nombre d'objets des trois règnes. Plumier, plein de force et de zèle, pouvait rendre encore de très-grands services aux sciences. Fagon, desirant connaître l'arbre qui produit le quinquina, le détermina aisément à faire le voyagedu Pérou, pour le découvrir et le dessiner. Plumier se rendit en 1704, au port de Sainte-Marie près de Cadix, où il devait s'embarquer pour la 4. fois; mais il y fut attaqué d'une pleurésie, dont il mourut, à l'âge de 58 ans. Plumier est undes voyageurs-naturalistes les plus laborieux, et qui ont le plus fait pour les sciences naturelles ; surtout pour la botanique. On en trouve la preuve dans le compte que nous alIons rendre de ses travaux (1). I. Des-cription des plantes de l'Amérique, Paris, 1693, un vol. in - fol., 108 planches. Ce premier ouvrage fut, par la protection de Seignelay et de Pontchartrain, imprimé, et ses dessins furent gravés aux frais du gouvernement. Il se divise en trois parties; la première comprend des fougères; la deuxième, des arum, des dracontium, des saururus; la troisième, des plantes grimpantes, parmi lesquelles on remarque onze grenadilles. Cette publication produisit un grand effet

(1) Il avait, dans un naufrage, perdu ses plantes et tous ses objets d'histoire naturelle; mais il avait sauvé tous ses manuscrits et dessins, qui se trouvaien sur un autre bâtiment.

dans le monde savant. Presque tous les objets en étaient nouveaux. Les des criptions, faites en français, sont trèsdétaillées. Les dessins surtout sont fort remarquables. La plupart sont au simple trait ; d'autres sont terminés en partie. II. Nova plantarum Americanarum genera, Paris, 1703, I vol. in-4°. Cet ouvrage doit être regardé comme le fruit des Institutions de Tournefort, à qui Plumier avoue avoir de grandes obligations: 106 genres de plantes d'Amérique, auxquels sont rapportées environ 700 espèces, y sont décrits, et les caractères tirés de la fleur et du fruit. Ces descriptions sont accompagnées de 40 planches de détails analytiques, aussi précis que le permettait alors l'état de la science. La plus grande partie de ces genres étaient nouveaux, et ils sont désignés par des noms du pays, ou des noms d'hommes célèbres, surtout de botanistes. Plumier a le plus contribué à établir le principe qui exclut de la nomenclature des genres, les mots significatifs. III. Traité des fougères de l'Amérique, Paris, 1705, 1 vol. in-fol., avec 172 planches, dont 6 contiennent des lycopodes, des champignons, des fucus et des zoophytes. On y retrouve toutes les fougères du premier ouvrage. La préface et les descriptions sont en latin et en français. Ce magnifique recueil est un des plus beaux monuments d'habileté et de patience qu'on puisse citer Ce ne sont plus de simples traits ou contours avec les principales nervures; c'est ou la plante entière ou un énorme rameau avec les ombres, les nervures, la fruetification, les poils, les écailles, etc.; letoutexécuté avec une abondance, on dirait presque avec un luxe d'exactitude, et une netteté, qui n'ont peutêtre amais été surpassés dans les des

sins de ce genre. On prétend que ses dessins sont, en général, un peu plus grands que nature; ce qui provient de ce qu'il les calquait sur les plantes pour les contours. Nous croyons inutile de parler de son opinion sur les fleurs et les fruits des fougères. Mais nous ferons observer qu'il confirme dans sa Préface, d'après des expériences multipliées, celle qu'avaient avancée Pison, et avant lui Césalpin, sur les vertus communes aux plantes congénères, et qui, depuis, a reçu tant de développements. Il nous reste à faire connaître les nombreux manuscrits de Plumier, qui se trouvent à la bibliothèque du Roi (cabinet des estampes, Ja., 4262), et à celle du Jardin du Roi. La première collection se compose de 21 volumes in-fol., et un in-4°., sur lesquels nous donnerons quelques détails. I-V.Penu botanicum ex omni plantarum genere adstructum. Le er contient 262 dessins de plantes, dont environ 190 sont nommées et décrites. Le 2. se compose de 251 dessins sans description: quelquesuns ne sont pas achevés. En général, ils sont fort bons, et dignes des Fougè res: plusieurs pourraient, même à présent, servir de modèles. Les plantes y sont placées sans ordre. Le 3o. a 237 dessins sans description: ce volume est moins remarquable. Le 4. n'offre également que des dessins, qui peuvent être au nombre de 250, sur 205 feuilles. Enfin, le 5o. comprend 241 dessins, et les descriptions en latin: elles renferment beaucoup de details sur la synonymie. L'auteur y a joint des remarques en français. Quelques dessins y sont coloriés, mais avec peu de succès, comme dans l'ouvrage suivant. VI. Area umbelliferarum, seu plantæ umbelliferæ, quas in horto

regio demonstrabat clar. D. Jos. P. Tournefort. Il n'y a point de descriptions, et les plantes ne sont pas toutes nommées; mais il serait aisé de les déterminer. Ce volume est un des plus précieux; il contient 179 dessins, dont 132 représentent des plantes complètes, avec quelques analyses. C'est le recueil le plus curieux d'ombellifères que nous possédions. Plusieurs sont d'une très-belle exécution; le reste n'offre que des feuilles ou des fragments. VII-VIII. Hortus botanicus ex singulis plantarum generibus, ad leges Institutionum constitutis singulari et vulgatiori specie consitus. Area 1a., anno S. 1702; area 2a., anno S. 1703-1704. Le 1er. vol. renferme 249 dessins, et le 2o. 251, y com pris quelques zoophytes. Des descriptions latines accompagnent ces 500 dessins, qui sont en partie fort remarquables. IX. Botanicum medicum, seu officinalium plantarum Opus inceptum anno Dni. 1700, contenant 706 pages et 482 descriptions par ordre alphabétique, tirées en général de J. Bauhin, Ray, etc., surtout de Tournefort. On y trouve aussi l'indication des vertus des plantes et des recettes, d'après Etmuller, etc. X. Mêmes titre et année, 506 pages, descriptions en latin, et 503 dessins, dont quelques-uns sont coloriés. Ils représentent des plantes du er. volume, et sont plus petits et moins bons que la plupart des précédents. XI. Botanographia Americana, gr. in-fol. Ce volume ne contient que des dessins: on en compte 248, dont quelquesuns sont d'une très-grande dimension, et d'une très-belle exécution. On y trouve plusieurs fougères. XII. Descriptiones plantarum ex America: 380 plantes sont décrites dans

usus.

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ce volume d'environ 280 pages. Il y a plus de 50 fougères. XIII. Botanographia Americana (1 vol. infol., en parties ). La re. partie est le texte latin de la Description des plantes de l'Amérique ; la 2o., intitulée, Botanicum Americanum, est le texte français du même ouvrage; la 3o., sous le titre de Botanographia Americana, offre des descriptions de plantes. XIV. De naturalibus Antillarum, vol. in4°., de 94 pages, comprenant 142 descriptions en latin, de divers objets. XV. Solum, Salum, Cœlum Americanum, seu plantarum, piscium, volucrumque insulis Antillis et San - Dominicana naturalium, icones et descriptiones. Ce lume contient 92 pages de descriptions, et 160 dessins de plantes, de poissons et d'oiseaux. Plusieurs n'ont que quelques traits : ils sont,au total, peu intéressants. La préface, écrite en latin, est beaucoup plus importante. XVI. Poissons, oiseaux, lézards, serpents et insectes: vol. composé de dessins; on y compte 157 poissons, 22 oiseaux, I serpent, 6 lézards, et quelques insectes. Plusieurs poissons sont dessinés avec un soin extrême. Les autres objets ne sont représentés que par quelques traits. XVII. Poissons d'Amérique volume renfermant plus de 100 poissons enluminés, avec beaucoup de détails anatomiques, quelques serpents et insectes; enfin, un dessin représentant la macreuse. XVIII. Con chylia Americana. Ce volume offre 291 coquilles, en grande partie coloriées, et dessinées, comme les poissons du 16o. volume, avec le plus grand soin. XIX. Ornithographia Americana, quadrupedia et volatilia continens. Les descriptions, en latin et en français, sont ac

: un

compagnées de 96 feuilles représentant 3 quadrupèdes et 105 oiseaux, la plupart coloriés. Tous les objets n'y sont pas décrits. On y trouve encore de nombreux détails anatomiques: ceux qui ont pour objet l'onocrotalus leucophæus, occupent seuls 9 pages de dessins. XX. Oiseaux: 92 feuilles, dont 9 de détails, offrant aussi une chauve-souris et deux scolopendres. Tous les objets ne sont pas nommés. Il y a peu de dessins coloriés; seulement quelques notes en français, pour aider à colorier. XXI. Tetrapodes: 85 feuilles, comprenant des serpents, des lézards, des crabes, onze espèces de tortues, et une grande quantité de détails, accompagnés de descriptions. XXII. Poissons et Coquilles : 116 feuilles; on y voit un éléphant, quelques mélanges, près de 80 poissons, et 131 coquilles, avec quelques notes en français. La bibliothèque du Jardin du roi possède neuf autres manuscrits du même auteur. Les huit premiers renferment des dessins de plantes et leurs descriptions, au nombre de plus de 1200. Nous ne croyons pas devoir donner beaucoup de détails sur cette collection, parce que c'est d'elle que sont tirés les 419 dessins que Burmann a fait graver, et qui peuvent en donner une idée. Les volumes 3, 5,7 et 8 sont plus particulièrement remarquables; les nombreuses fougères qu'on y trouve, les convolvulacées, surtout soixante-une feuilles (7o. volume) consacrées à quatre espèces de palmiers, et à des détails, méritent une attention particulière. Le cinquième est également curieux par de nombreux détails, et par les dessins originaux des analyses de quatre-vingt-quatorze genres, sur cent six que renferme le

XXXV.

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pu

Nova genera. Le 9o. volume est un grand in-fol. composé de 27 feuilles, sur lesquelles sont figures 35 oiseaux, entre autres plusieurs perroquets et l'oiseau du paradis. Cette collection est digne de celle du Cabinet des estampes. Les descriptions, et 685 dessins de plantes-, ont été copiés par Ant. de Jussieu. Cette copie est entre les mains de M. de Jussieu. Il résulte de ces détails, que nous possédons de Plumier plus de 4,300 dessins de plantes, et plus de 1,200 dessins d'autres objets d'histoire naturelle. Nous ne pensons pas qu'aucun artiste en ait jamais exécuté une aussi grande quantité. Nous avons cité les trois ouvrages ou Recueils bliés en France: un quatrième a paru en pays étranger. Boerhaave fit copier 508 dessins de plantes par Aubriet, sous la direction de Vaillant. Après la mort de Boerhaave, ces dessins furent achetés 100 florins par Jean Burmann; celui-ci en fit graver la plus grande partie (419), et les publia sous le titre de Plantarun Americanarum fasciculi 1-10, qui parurent successivement de 1755 à 1760, en 262 planches in - fol., accompagnées de descriptions, etc. (Voy. BURMANN. ) Le catalogue de Banks contient l'annonce de 312 dessins de plantes, et de quelques autres objets, par Plumier, achetés à la vente du comte de Bute. Enfin Bloch, dans la préface de la sixième partie de son Ichtyologie, parle d'un manuscrit de Plumier, qu'il avait acheté à Berlin, un encan. Il est intitulé: Zoographia Americana pisces et volatilia continens, 169 pag. in fol., avec des dessins, dont il ne dit point le nombre. Il parle avec beaucoup d'éloges de ces dessins, faits, dit-il, avec tant de soin, qu'on peut caractériser cha

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