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vol. in-12; l'une par Gueudeville, en style libre, est-il dit, naturel, naïf, avec des réflexions enjouées de critique, d'antiquités, de morale et de politique; l'autre, plus lisible, par de Limiers, qui employa, sans y rien changer, le travail de madame Dacier sur trois de ces comédies, et qui avait profité aussi de celui de Goste sur les Captifs. Depuis 1719, il n'a été publié aucune version française de Plaute, jusqu'en 1803, où celle de la Mostellaria fut donnée par Dotteville. Cet essai, quoique très-heureux, laisse encore voir combien il est difficile de rendre en prose française un auteur qui a contribué à créer la langue poétique des Romains. On dit que l'abbé Lemonnier, connu par son excellente Traduction de Térence, s'était occupé de celle de Plaute; il est fort à regretter qu'on n'ait rien retrouvé de ce travail. La version de la Mostellaria, par Dotteville, a été insérée, sauf de légers changements, dans le Théâtre complet des latins, qui se publie depuis 1820. Les huit premiers volumes de cetestimable Recueil contiennent, avec le texte de Plaute, une Traduction com plète, qui est due à M. Levée, et des observations littéraires, par MM. Amaury et Alexandre Duval. Ainsi, depuis le renouvellement des lettres jusqu'à nos jours, on n'a jamais cessé d'étudier, d'imiter, d'expliquer, de traduire celui des anciens poètes comiques dont il nous reste le plus d'ouvrages, et qui, à notre avis, était le plus digne en effet d'exercer, par ses exemples, quelque influence sur la comédie moderne. M. Lemercier á mis en scène Plaute lui-même, dans une pièce en trois actes et en vers, où sont retracés, avec certaines circonstancès de sa vie, les principaux caractèrés de son talent. D-N-U.

PLAUTIEN (FULVIUS PLAUTIANUS), favori de l'empereur Sévère, était né dans l'Afrique, de parents obscurs. Dans sa jeunesse, il embrassa la profession des armes, qui menaît alors à la fortune: mais la violence de son caractère l'arrêta dans une carrière qu'il aurait pu parcourir honorablement. Exilé par Pertinax, alors proconsul d'Afrique, il eut recours à l'amitié de Sévère, son compatriote, et peut-être même son parent. Quelques historiens assurent qu'il acheta sa protection par d'infames complaisances: en effet, dit Crevier, l'attachement que Sévère lui porta, ressemble fort à une passion. Quoi qu'il en soit, Sévère se chargea de la fortune de Plautien; et, dès qu'il fut arrivé à l'empire, il le créa préfet du prétoire. Dans cette place importante, Plautien put donner un libre cours à ses affreux penchants; il encouragea Sévère, qui balançait à proscrire les parents et les amis de Pescennius (Voy. ce nom ), et s'appropria leurs dépouilles. Feignant un zèle extrême pour la personne de l'empereur, il imagina des complots, et immola un grand nombre de victimes dans l'unique but d'accroître ses richesses. Bientôt, dans tout l'empire, il n'y eut aucune ville qui ne s'empressåt d'offrir un tribut au favori, dont l'insatiable cupidité dépouillait jusqu'aux autels et aux temples, des trésors dont la piété des peuples les avait décorés. Son orgueil et son insolence égalaient son avarice; il se faisait rendre les honneurs réservés au souverain : les sénateurs et les soldats juraient par sa fortune; et partout les citoyens adressaient des prières aux dieux pour sa conservation. Le sénat don nait l'exemple de toutes les adula

tions; et dès qu'il eut fait élever une statue dans Rome à l'indigne favori, les principales villes s'empressèrent de lui ériger des monuments comme à l'empereur et aux princes ses fils. Enivré de cette haute prospérité, Plautien se crut tout permis. Dion, écrivain contemporain, rapporte de lui des actes de tyrannie qui sont à peine croyables: il ne souffrait point qu'on l'approchât, s'il n'en avait accordé la permission; lorsqu'il paraissait dans les rues, on criait de ne pas se trouver sur son passage, de se détourner et de baisser les yeux. La gloutonnerie était le moindre de ses vices; il chargeait tellement son estomac de vin et de viandes, que, comme Vitellius, il était obligé de se soulager par les vomissements. Il surpassait par ses débauches les hommes les plus corrompus; et ce pendant il était si jaloux de sa femme, qu'il la tenait renfermée, ne lui permettant jamais de voir personne, pas même l'impératrice. Dans les voyages qu'il faisait avec l'empereur, il se réservait le meilleur logement; et sa table était mieux servie que celle de Sévère, qu'on eût pris, non pour le souverain, mais pour le ministre. A la fin, Sévère parut ouvrir les yeux sur les excès de son favori: blessé de la multitude de statues élevées de toutes parts au préfet du prétoire, il en fit abattre et fondre quelques-unes. On crut Plautien perdu dans l'esprit de son maître; et la haine qu'il inspirait éclata d'autant plus qu'elle avait été plus longtemps comprimée. Dans toutes les provinces ses statues furent renversées, et son nom fut couvert de malé dictions. Mais Plautien rentra bientôt en grâce; et tous ceux qui s'étaient montrés ses ennemis, éprouvèrent l'effet de sa vengeance. Sévère com

bla son ministre de plus de faveurs qu'il n'avait encore fait; il le désigna consul, et l'autorisa, ce qui était sans exemple, à compter les ornements consulaires qui lui avaient été décernés autrefois pour un premier consulat; enfin, il lui permit de cumuler avec cette charge celle de préfet du prétoire. Il semble que Sévère aurait desiré de l'avoir pour son successeur. Dans une occasion, il écrivait: « J'aime Plautien jusqu'à sou» haiter de mourir avant lui. » Sévère fit épouser à Caracalla la fille de son favori; le mariage fut célébré avec une pompe extraordinaire. Mais Caracalla détestait Plautien autant que son père l'aimait. N'ayant consenti qu'à regret à épouser Plautilla, il ne témoigna pour il ne témoigna pour elle que de l'éloignement, et il déclarait tout haut que le premier usage qu'il ferait de sa puissance, scrait de se débarrasser du père et de la fille. Plautien sentit le danger de sa position; crut l'éloigner en faisant observer toutes les démarches de Caracalla', dont la haine s'accrut contre lui. Profitant d'un refroidissement de Sévère à l'égard de son ministre, Caracalla le fit avertir que Plautien avait formé l'odieux projet de lui ôter la vie. Sévère manda sur - le - champ Plautien, et lui reprocha d'avoir pu oublier ses bienfaits au point de conspirer contre ses jours. Plautien surpris, se disposait à se justifier; mais Caracalla se jeta sur lui, et l'aurait poignardé, si son père ne l'en eût empêché. Alors le jeune prince donna l'ordre à un soldat de tuer Plautien, qui fut égorgé, sans que Sévère tentât de s'y opposer. Cet événement se passa dans les premiers jours de l'an 205. Le corps de Plautien fut jeté dans la rue, et abandonné aux insultes de la populace; mais

Sévère, par un acte de pitié pour ce ministre malheureux, ordonna qu'on lui rendît les honneurs de la sépulture. W-s. PLAUTILLA (FULVIA), fille du précédent, était mariée, depuis vingt mois, à Caracalla, lorsqu'elle fut reléguée, avec son frère Plautius, dans l'île de Lipari, où ils languirent dans la misère, jusqu'à ce que Caracalla, devenu empereur, les fit égorger. Cette princesse était trèsbelle; mais ses manières dures et hau. taines avaient achevé de la rendre odieuse à Caracalla, qui ne l'avait épousée qu'à regret. Il n'avait pas eu toujours pour elle de l'éloignement. Une médaille de cette princesse, publiée récemment par M.Mionnet, por. te au revers les mots Felix Venus avec la figure de la déesse. Plautilla avait eu de son mariage, un fils mort au berceau, et une fille, que l'impitoyable Caracalla fit poignarder avec sa mère. On a des médailles de cette princesse, en toute sorte de métaux: les plus rares, selon Beauvais, sont celles en gr. bronze de coin romain (V.l'Hist. abrég. des empereurs, 309; et l'ouvrage de M. Mionnet, Sur le degré de rareté des médailles grecques et romaines). W-s.

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PLAYFAIR (JEAN), mathématicien et géologue anglais, naquit, 1749, au village de Benvie, en Ecosse, où son père était ministre de paroisse. Celui-ci lui enseigna les humanités, et l'envoya ensuite à l'université de Saint Andrews, où Playfer devint le disciple et l'ami du docteur Wilkie, mathématicien et poète. Ses progrès lui firent obtenir une bourse et la protection du chancelier Kinnoul. Comme il acquit quelque réputation en mathématiques on cut recours à lui dans les contestations sur les arpenta

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ges; et le premier argent qu'il toucha lui fut donné pour des calculs relatifs à l'Almanach d'Edinbourg il avait alors dix-neuf ans. Ayant obtenu la faculté de prêcher, il assista son père infirme dans ses fonctions ecclésiastiques; et, à la mort de celui-ci, en 1772, lord Gray donna la cure au fils, après avoir gagné un procès contre le roi, sur le droit contesté de la présentation à cette place. L'historien Robertson s'était prononcé, dans cette affaire, en faveur de Playfair, qu'il estimait beaucoup. Le jeune ministre instruisit ses frères cadets, et se chargea d'une éducation particulière à Edinbourg, où il fut bientôt avantageusement connu d'Adam Smith, de Blair, Hutton, Ferguson, et des autres professeurs. Lorsqu'en 1784, la société royale d'Edinbourg fut créée, Playfair en fut nommé membre, puis secrétaire. Vers le même temps, il obtint la chaire de mathématiques à l'université de cette ville. Il enseigna cette science avec beaucoup de clarté et de méthode. En 1796, il publia son premier ouvrage, les Elements de la géométrie, auquel il fit succéder une édition d'Euclide, qui, malgré celle de Simpson, estimée en Angleterre, eut du succès. Il coopéra trèsassidument aux travaux de la société royale, et fournit plusieurs Mémoires au Recueil de ses Transac

tions. Étant intimement lié avec le docteur Hutton, et faisant partie d'un petit comité qui s'assemblait après les séances de la société royale, pour manger dés huîtres et parler de sciences, il prit insensiblement goût aux systèmes de géologie, qui occupaient beaucoup son ami Hutton; et, lorsqu'après la mort de ce savant, sa Théorie de la terre, publiée peu de temps auparavant, fut attaquée avec

aigreur, Playfair en entreprit la défense (Vindication of the Huttonian Theory). Deluc à son tour attaqua Playfair; et, comme les théories de ce genre reposent sur des conjectures plus ou moins probables, un nouveau champion aurait pu attaquer aussi le système de Deluc. Un autre sujet fit prendre la plume à Playfair ayant été appelé à la chaire de philosophie naturelle, il fut remplacé par M. Leslie; mais les ministres presbytériens d'Edinbourg s'opposèrent à ce choix, prétendant que Leslie avait professé des opinions dangereuses. Playfair défendit son successeur à la chaire de mathématiques. Il écrivit une Réfutation, où il accusa le clergé de la ville de vouloir accaparer les places de professeurs, et exercer sur l'université une suprématie aussi nuisible à cet établissement qu'au clergé même. Ce Mé moire décida les magistrats à confirmer la place à Leslie, malgré les cris du clergé. Playfair publia ensuite un livre élémentaire pour son cours de philosophic (Outlines of natural philosophy, 1812). En été, il faisait des excursions géologiques, ordinairement dans la compagnie de lord Web Seymour. En 1816, il entreprit, presque septuagénaire, un voyage aux Alpes et en Italie, toujours pour ses études de géologie. Depuis son retour, sa santé déclina sensiblement. Il n'a publié aucun ré sultat des observations faites durant ce voyage, si ce n'est un Mémoire sur la vitesse avec laquelle le bois coupé descend des Alpes vers un des lacs, dans un espace de neuf milles anglais. Parmi ses derniers travaux, il faut citer ses Expériences sur les rayons qui passent par une étroite ouverture, dans un lieu obscur, et son Discours préliminaire pour la

seconde partie des Suppléments à l'Encyclopédie britannique. Playfair mourut, le 19 juillet 1819, d'une strangurie, dont il souffrait depuis quelque temps. Toute l'université, la Société royale, les magistrats de la ville, assistèrent à son convoi; mais on n'y vit point le clergé, qui peut-être lui gardait rancune. Playfair était généralement estimé. Il avait pris soin de sa famille ; et, n'étant pas marié, il avait élevé les fils d'un frère décédé. Ses amis l'appelaient le d'Alembert d'Edinbourg. Il était président de la Société astronomique d'Edinbourg, membre de la Société royale de Londres, et l'un des rédacteurs de la Revue d'Edinburg. En 1822 on a publié dans cette ville 2 volumes du recueil de ses OEuvres. Ils comprennent les Mémoires et articles qu'il avait insérés dans quelques vol. des Transactions de la Société d'Edinbourg, et dans l'Edinburg- Review, des Notices biographiques sur Hutton, Stewart et Robinson, et son Aperçu de la Théorie d'Hutton. Toute la collection de ses OEuvres doit former 4 volumes. D-G.

PLELO (LOUIS - ROBERT - HIPPOlyte de Brehan, comte DE), diplomate français, né, en 1699, d'une ancienne famille de Bretagne embrassa la profession des armes et obtint un régiment de son nom. Il profita des loisirs de la paix pour cultiver les lettres, et acquit en même temps, par l'étude de l'histoire et des traités, une connaissance aprofondie des intérêts des différentes cours de l'Europe. Nommé, en 1729, à l'ambassade de Danemark, il remplissait cette place quand la Russie et l'Autriche se coalisèrent pour écarter Stanislas Leczinski du trône de Pologne, où ce prince venait

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d'être appelé pour la seconde fois. Stanislas, obligé de quitter Varsovie, s'était retiré à Dantzig, où il attendait les secours que la France lui promettait cette ville ne tarda pas d'être investie par quarante mille Russes, que commandait Munnich (Voyez ce nom ). Il eût fallu, dit Voltaire, afin de tenir la balance égale, que la France eût envoyé par mer une nombrense armée; mais l'Angleterre n'aurait pas vu ces préparatifs sans se déclarer. Le cardinal de Fleury, qui ménageait l'Angleterre, ne voulut ni avoir la honte d'abandonner le beau père de Louis XV, ni hasarder de grandes forces pour le secourir. Il fit partir, sous les ordres du comte de La Motte, une escadre, qui portait quinze cents hommes de débarquement. La Motte, après avoir reconnu les dispositions des assiégeants, ne crut pas devoir hasarder un combat avec des forces si inégales,et vint mouiller avec sa flotte dans le port de Copenhague. Mais le comte de Plelo, indigné d'une pusillanimité qu'il regardait comme une tache à l'honneur national, résolut de secourir Dantzig on de périr. Il connaissait tous les dangers de cette entreprise. Avant de s'embarquer, il écrivit au ministre des affaires étrangères, pour lui recommander sa femme et ses enfants. Il arrive devant Dantzig avec sa petite troupe, augmentée de cent Français, qui avaient demandé à le suivre, et ordonne aussitôt l'attaque du camp des Russes. En un instant les palissades sont arrachées, les fossés comblés ; et Plelo s'élance, à la tête de ses soldats, par la brèche qu'ils viennent de pratiquer. Les Russes épouvantés se retirent en désordre tous ceux qui osent résister tombent sous le fer des Français.

Plelo était près des murs de la place, lorsqu'il fut criblé de balles, le 27 mai 1734. Sa mort obligea les Français à se replier; et, après s'être défendus vaillamment plusieurs jours, accablés par le nombre, ils capitulèrent. On les conduisit à Pétersbourg, où l'impératrice Anne rendit les plus grands honneurs à leur bravoure. L'héroïsme de Plelo a été célébré par la plupart des écrivains; mais M. de Flassan trouve que son généreux dévouement ne peut justifier entièrement sa conduite. « Le vrai mérite, dit-il, cst dans l'exercice du devoir; et le devoir, loin d'appeler le comte de Plelo à Dantzig, l'obligeait à rester en Danemark. »(V. l'Hist. de la diplomatie, 6o. époque, liv. III.) A des sentiments héroïques dignes d'une meilleure fortune, Plelo joignait le goût des lettres et de la philosophie. Il faisait avec méthode des recherches savantes et des observations astronomiques (Voyez le Recueil de l'Académie royale des sciences): il cultivait même avec succès la poésie. On a de lui des pièces légères, pleines de délicatesse et de naïveté; la plus connue est une Idylle intitulée : la Manière de prendre les oiseaux, insérée dans le Portefeuille d'un homme de goût, compilation de l'abbé de La Porte (V. PORTE ). On trouve de lui plusieurs Lettres, en français, en latin et en danois, adressées à André Bussæus, dans la Bibliothèque danoise, 2o. part., pag. 434-44. La Place en rapporte une, assez longue, en vers mêlés de prose, dans ses Pièces intéressantes, 111, 282-310. Plelo avait formé une bibliothèque précieuse, qui passa au duc d'Aiguillon, son gendre. W-s.

PLEMP (CORNEILLE, fils de GISBERT), poète latin, né à Amsterdam,

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