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présenter au parlement Tregony, dans le Cornouailles, et en 1775, Minehead, dans le comté de Sommerset. Pownall se montra, dans toutes les occasions, fort opposé aux mesures qui amenèrent la guerre avec l'Amérique. Les connaissances qu'on supposait qu'il avait acquises sur les affaires et la position de ce pays, le faisait toujours écouter avec attention. Il paraît qu'il avait une haute opinion de ses discours, qu'il envoyait en manuscrit au libraire Almon, pour les faire imprimer dans son Registre du parlement (Almon's Parliamentary register). On assure aussi que Pownall a coopéré au Mémorial Américain (American Remembrancer), du même libraire; ouvrage périodique, qui contient toutes les calomnies, comme tous les arguments, que l'on opposait aux mesures du gouvernement. A l'élection générale de 1780, il se retira du parlement, et résida, pendant ses dernières années, à Bath, où il est mort, le 25 février 1805. Le gouverneur Pownall pas-, sait en Angleterre, pour un esprit vigoureux et fort étendu. Il était àla-fois politique et antiquaire. Considéré sous l'un et l'autre rapport, il avait des connaissances variées, mais des opinions singulières. Ses ouvrages sont très-nombreux; le premier et le plus populaire est intitulé: Administration des colonies anglaises, 5c. édition, Londres, 1774, 2 vol. in-8°. II. Pamphlet ironique intitulé: Considérations sur l'indignité soufferte par la couronne, et sur le déshonneur qui a été causé à la nation, par le mariage de son altesse royale le duc de Cumberland avec une dame anglaise, 1772, in4°. III. Prix élevé du pain, 1774, in-8°. IV. Description topographi

XXXV.

que des États du centre de l'Amérique anglaise, 1776, in- fol., de 62 pag., avec une carte. V. Lettre à Adam Smith, 1776, in - 4o. Il y regarde l'argent, et non le travail, comme le signe représentatif de la richesse. VI. Le Dessèchement et la navigation concourant au même bat, 1776, in-8°. VII. Traité sur l'étude des antiquités, 1782, in-8°. VIII. Mémoire adressé aux souverains de l'Europe et de l'Atlantique, Londres, 1780, in-8°.; traduit en français, d'une manière trèsinfidèle, sous ce titre : Pensées sur la révolution de l'Amérique-unie, Amsterdam, 1781, in-8°. L'abbé Needham en a donné une autre traduction, avouée l'auteur, Lonpar dres et Bruxelles, 1781, in-8°. (Voy. l'Esprit des journaux, sept. et oct. 1781.) Les calculs du gouverneur Pownall sur la progression d'accroissement de la population des colonies, ont été jugés, par M. Warden, plus exacts que l'estimation faite, en 1774, par le congrès. IX. Mémoire adressé aux souverains de l'Amérique, Londres, 1784, in-8°. Dans une lettre écrite à M. Nichols, l'auouvrage. X. Proposition pour fonteur déclare que c'est son meilleur der, dans les universités, chaires d'architecture, de peinture et de sculpture, 1786. XI. Réponse à une lettre sur les Jute ou Viti. XII. Notices et Descriptions des antiquités de la romaine de la Gaule, maintenant province la Provence, le Dauphiné et le Languedoc, avec des Dissertations et un Appendice décrivant les bains des Romains et les thermes découverts en 1784 à Badenweiler, 1787, L'auteur y décrit un grand nombre in-4°. de 197 pag.; ouvrage curieux. de monuments inédits jusqu'alors,

des

et donne, sur ceux qui avaient déjà
été décrits, des explications nouvel
les, qui ne semblent pas toujours
exemptes de paradoxe (Voyez le
Journal des savants, d'août 1788
et novembre 1789). XIII. An anti-
quarian romance, indiquant une rou-
te par laquelle on peut découvrir
quel est le peuple le plus ancien de
l'Europe, 1795, in-8°. On trouve,
à la suite, une Réponse à Whita-
ker sur le passage des Alpes par An-
nibal. XIV. Descriptions et Expli-
cations des restes de quelques an-
tiquités romaines, découvertes en
faisant des fouilles dans la ville de
Bath en 1790, avec une gravure,
d'après des dessins faits sur place,
1795, in - 4o. XV. Considérations
sur la rareté et le prix élevé du
bled, etc., 1796. Pownall a donné
aussi plusieurs articles dans l'Ar-
chæologia, recueil publié par la
société des antiquaires, dont il fut
élu membre, en 1772. En 1765, la
société royale l'avait adinis dans son
sein. On lui attribue aussi les ouvra-
ges suivants : Le Droit, l'intérêt et
le devoir des gouvernements, rela-
tivement aux affaires des Indes
Orientales, 1781, in-8°.;- Mede-
cine intellectuelle ;-Essai sur la
nature de l'être, 1803, in - 4o.
Son frère John POWNALL, qui fut
aussi antiquaire, et enrichit l'Ar-
chéologie de quelques articles, mou-
rut le 17 juillet 1795. D-z-s et B-R j.
POYET (GUILLAUME), chance-
lier de France, né vers 1474, était
fils d'un avocat d'Angers. Après avoir
achevé ses études avec succès, il prit
ses degrés, et devint bientôt l'un des
oracles du barreau de Paris. Lors du
procès qu'intenta la duchesse d'An-
goulême au connétable de Bourbon,
Poyet, qui plaida pour cette prin-
cesse, déploya des talents qui lui

méritèrent la faveur de la cour.
Pourvu de la place d'avocat-général,
en 1531, il fut nommé, trois ans
après, président à mortier; et, en
1538, il remplaça Du Bourg, dans
la dignité de chancelier. Dans l'in-
tervalle, il avait rempli différentes
commissious honorables, de maniè
re à justifier la confiance du souve-
rain (1). En 1535, il avait été chargé
de réclamer les droits prétendus par
François Ier, sur une partie des
états du duc de Savoie; et, en 1537,
il avait signé la trève de Baumi, avec
la gouvernante des Pays-Bays. De-
venu chancelier, il ne songea qu'à se
maintenir dans ce poste important
par le dévouement le plus servile
aux volontés de la cour. A l'exemple
de Duprat, qu'il avait pris pour mo-
dèle, il imagina de nouvelles res-
sources pour remplir les coffres du
roi, et employa des moyens odieux
de se procurer de l'argent, avec
d'autant moins de scrupule qu'il re-
gardait François Ier. comme le maî-
tre des biens de ses sujets (V. Dʊ-
CHATEL, XII, 105). Poyet s'occu-
pa de la réforme de la justice, et pu-
blia, en 1539, la fameuse ordonnan-
ce de Villers Cotterets (2); elle conte-
nait de sages dispositions, telles que
la défense aux juges ecclésiastiques
de s'immiscer dans les causes civiles;
l'établissement des registres de bap-
têmes et de décès dans chaque pa-
roisse; et enfin, l'obligation de ne
plus employer que la langue fran-

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çaise dans les tribunaux mais elle en renfermait aussi de tellement rigoureuses pour les accusés (3), que le parlement refusa de l'enregistrer, sans un ordre exprès du roi. La cour était alors divisée en deux partis, dont le connétable de Montmorenci et l'amiral de Chabot étaient les chefs. Le connétable crut avoir trouvé l'occasion de perdre son rival, en jetant des soupçons sur la source de ses richesses. Poyet, qui s'était fait ordonner prêtre à l'âge de plus de soixante ans, consentit à devenir l'instrument de la haine du conné table, dans l'espoir d'obtenir, par sa protection, le chapeau de cardinal. Il se livra donc à l'examen le plus scrupuleux de la vie de Chabot, et le trouva coupable de vingtcinq délits, dont chacun emportait la peine capitale. La fierté avec laquelle l'amiral repoussa d'injustes soupçons, blessa le roi, qui donna l'ordre d'instruire son procès. Poyet, après avoir choisi les commissaires chargés de juger le malheureux Chabot, ne rougit pas de les présider luimême pour mieux assurer sa condamnation: il ne put cependant obtenir, de la faiblesse des juges, un arrêt tel qu'il l'aurait desiré ; et dans la copie qu'il en fit faire, il ajouta différentes dispositions aggravantes. Cette odieuse falsification fut reconnue; et l'amiral ne tarda pas d'être rétabli dans toutes ses dignités (Voy. CHABOT, VII, 602). La disgrace de Montmorenci, qui suivit de près, ne pouvait manquer d'entraîner celle de Poyet. Dans un moment d'humeur il s'était permis quelques réflexions libres et vraies sur les

(3) C'est cependant à tort qu'un éditeur de Voltaire attribue à Poyet l'introduction en France du supplice de la roue. Ce fut Ant. Du Bourg, son prédécesseur, qui fit rendre l'ordonnance à ce sujet.

abus qui résultent du pouvoir des femmes dans les cours; et la reine de Navarre s'était promis de s'en venger. D'un autre côté, la duchesse d'Estampes ne pardonnait point à Poyet l'acharnement avec lequel il avait poursuivi Chabot : les deux princesses se réunirent pour le perdre dans l'esprit du roi ; et il fut enfermé à la Bastille, le 2 août 1542. On donna les sceaux à Fr. de Montholon, qu'il avait eu pour contradicteur dans le procès de la duchesse d'Angoulême contre le connétable de Bourbon (V. MONTHOLON, XXIX, 580 ). Du fond de son cachot, Poyet eut la bassesse d'écrire à l'amiral Chabot, pour le prier d'oublier le passé, et lui demander sa protection. Après une captivité de trois ans, il fut enfin mis en jugement; et l'ordonnance qu'il avait rédigée, servit de base à la procédure. On accusa Poyet de beaucoup de malversations: le rọi lui-même déposa contre lui (4). It se trouva privé de la ressource qu'il avait ôtée aux accusés, de suspecter les témoins après la lecture de leurs dépositions. Quand il voulut se plaindre de cette rigueur, les juges lui répondirent que c'était son ouvrage (5). Au surplus, Poyet montra, dans le cours des débats, plus de fermeté qu'on ne devait en attendre de lui. Un jour l'avocat du roi lui ayant reproché sa morgue et son avarice, répondit qu'il remerciait la cour de l'avertir de ses imperfections, mais que ce n'étaient choses qui dussent être reprises par justice. Enfin un arrêt, rendu le 24 avril 1545, déclara Poyet privé de la charge de

il

(4) On a déjà remarqué que c'est le seul exemple d'un prince entendu contre un de ses sujets, dans un procès qui s'instruisait par ses ordres.

(5) Garnier prétend que Poyet répondit à ses juges: « Ah! quand je fis cette loi, je ne pensais pas >> me trouver où je suis. »

chancelier, et incapable de jamais tenir office royal; et en outre le condamna, pour ses malversations, à cent mille liv. d'amende envers le roi, et à tenir prison jusqu'à l'entier paiement de cette somme. Cet arrêt ne satisfit point le roi, qui dit aux membres du parlement, chargés de le lui porter: « Dans ma jeunesse, j'avais oui dire qu'un chancelier perdant son office, devait perdre la vie. » Poyet, après avoir payé l'amende, vint habiter l'hôtel de Nemours, et reprit les fonctions d'avocat consultant, non par nécessité (6), puisqu'il déclara lui-même, dans ses réponses aux interrogatoires, qu'il jouissait encore de dix mille liv. de rente et de deux abbayes, mais dans l'espoir de rentrer quelque jour dans les bonnes grâces du roi. Au milieu de ces rêves d'une folle ambition, Poyet mourut haï et méprisé, au mois d'avril 1548, et fut enterré dans l'église des Augustins, où l'on voyait son épitaphe. On lui a reproché d'avoir retardé l'établissement du Collége royal, poussé par sa basse envie contre les gens de lettres. Cependant Sadolet, son ami, et Postel, lui rendent un autre témoignage; mais, ajoute Gaillard, les voix désintéressées s'élèvent contre lui. (V. l'Histoire de François Ier. ) On peut consulter l'Histoire du chancelier Poyet, par l'historiographe sans gages et sans prétentions, 1776, in-8°., de 360 pages. C'est le Recueil des pièces originales de ce fameux procès, que l'auteur anonyme a fait précéder de Recherches sur l'antiquité et la dignité de

(6) Dans la première édit. de l'Histoire de François Ier., Gaillard dit que Poyet voulut, pou :éviter la misère, retourner à sa première profession d'avocat, etc.; mais il s'est rectifié dans la Contin ation de l'Histoire de France, par Velly.

l'office de chancelier. Le Portrait de Poyet a été gravé in-4°., par Stuerhelt. -François PoYET de la même famille, était prieur des dominicains d'Angoulême, lorsque l'amiral Coligni s'empara de cette ville. Les hérétiques n'ayant pu le gagner, ni triompher de lui dans la dispute, le firent périr dans la Charente, après lui avoir déchiré le dos et la poitrine avec des tenailles ardentes. W- -S.

POZZI (JEAN-BAPTISTE), peintre, natif de Milan, florissait sous le pontificat de Sixte-Quint. Il fut élève de Raffaellino da Reggio; et de tous les élèves de ce maître, c'est celui qui s'approcha le plus de son talent. Enthousiasmé pour le beau idéal, c'est vers cette partie si importante de l'art, qu'il dirigea toutes ses études; et il mérita, sous ce rapport, d'obtenir le surnom de Guide de cette époque. Il suffit, pour se convaincre de sa supériorité dans cette partie, de voir le Chœur d'anges, qu'il a peint dans l'église de Jésus, à Rome. Il n'avait que vingt-huit ans lorsqu'il

mourut.

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-Étienne Pozzi, peintre, naquit à Rome, en 1708, et fut successivement élève de Maratta et de Masucci. Il a exécuté, dans Rome, un grand nombre d'ouvrages, qui lui méritèrent la réputation d'un des meilleurs artistes de son temps. Son dessin est plus grandiose que celui de Masucci; et l'on peut dire que son coloris est aussi plus fort et plus vrai. La Mort de saint Joseph, qu'il a peinte dans l'église du Très-Saint Nom de Marie, et qui se trouve placée en regard de la Sainte Anne, l'une des meilleures peintures de ce dernier maître, est la de ce prenve que l'on vient d'avancer. On trouve de ses productions dans différentes églises de Rome, au Vatican et dans

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POZZI (JOSEPH-HIPPOLYTE), médecin et poète italien, né à Bologne, en 1697, s'appliqua à la médecine, prit le bonnet de docteur en 1717, et fut chargé de donner des leçons d'anatomie dans l'université de sa patrie. Il se trouvait à Rome, en 1740, lors de l'exaltation de Benoît XIV: ce pontife le fit son camérier d'honneur, et son médecin extraordinaire. Pozzi se livra aussi à la poésie: il écrivait des vers avec la plus grande facilité, et ne cessa d'en faire sa plus chère occupation jusqu'à sa mort, arrivée le 2 septembre 1752. Il fit imprimer, en 1732, deux Discours sur l'anatomie, et quelques Traités de cette science, rédigés dans la forme épistolaire. On trouve aussi de lui une Disserta. tion assez savante sur la grenade (de malo punico), dans le second vo. lume des actes de l'institut de Bologne. Le P. Benoît Casalini, minime, a donné une édition des poésies de Pozzi, Venise, 1776,3 vol. in-8°., à laquelle il a joint une Vie de l'auteur, assez étendue. Il y a un quatrième volume, qui contient ses poésies joyeuses ou plaisantes, sous la date de Londres, 1776, in-8°. — Son fils, dom Césaire-Joseph Pozzi, abbé du Mont-Olivet, mort, le 25 août 1782, âgé de soixante-quatre ans, eut de vifs démêlés avec l'Espagnol J.-B. Mugnoz, fut conservateur de la bibliothèque Imperiali

(1), et publia divers ouvrages, sur lesquels on peut consulter l'article étendu que lui a consacré le P. Belvisi, son confrère, dans le tome vii des Scrittori Bolognesi, p. 90 et suiv.

C. T-Y.

POZZO (MODESTA). V. FONTE (MODERATA).

POZZO (Le chevalier CASSIEN DEL), célèbre par sa riche collection d'antiquités romaines, né à Turin d'une famille ancienne et illustre, après avoir étudié le droit et l'histoire ecclésiastique, et obtenu la commanderie de l'ordre de saint Etienne, par son parent Charles-Antoine del Pozzo, archevêque de Pise, vint à Rome s'occuper de l'étude de l'histoire et de la littérature anciennes, où le portait son goût pour les monuments et les arts: il s'y forma un cabinet d'antiquités des plus considérables, en médailles, monnaies, sceaux, camées, statues, bas-reliefs, dessins, inscriptions, mosaïques, etc. retracés en détail dans 23 vol. in-fol., qui faisaient partie de sa collection. Mécène aussi instruit que généreux, il accueillit et sut estimer les artistes distingués, notamment le Poussin, qui jouit pleinement de son cabinet, après le retour du cardinal légat Barberini, que le commandeur del Pozzo avait accompagné en France et en Espagne. On doit à cet antiquaire les soins de conservation de la Mosaïque de Palestrine, et d'autres monuments de Rome. Il enrichit l'art, et son cabinet, de la première suite des Sept-Sacrements, dans le goût antique (Voy. POUSSIN). Il enrichit également la littérature, de la copie du Traité de peinture, manuscrit, de Léonard de Vinci, qu'il

(1) Cette riche Bibliothèque, sur laquelle on peut voir les articles FONTANINI et IMPERIALI, હૈ

été vendue à l'encan en 1793,

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