Page images
PDF
EPUB

shire; un Triomphe de Bacchus et d'Ariane, chez lord Ahsburnham; Persée et la tête de Méduse, appartenant à lord Gwydir; la Peste d'Athènes (celle probablement qui était à Rome, selon Cambry), aujour d'hui chez M. Hope. La Continence de Scipion, originairement de la collection de Morville, est à Strawberry. Hill, où est aussi un buste de la femme du Poussin, par Duquesnoi. A la galerie du marquis de Stafford, un Moise foulant aux pieds la couronne de Pharaon, un Frappement du rocher, gravés par Baudet, et les Sept Sacrements, peints pour M. de Chanteloup, gravés par B. Audran, Pesne, Dughet, etc.; le tout provenant de la galerie d'Orléans. A la galerie du duc de Rutland, les Sept Sacrements (dont l'un a été malheureusement incendié), peints pour le commandeur del Pozzo, gravés par Dughet et Châtillon; provenant de la collection de Bocca Paduli à Rome, où l'auteur de cet article les a vus encore en 1791. II. Outre les Estampes, évaluées à environ 300 pièces, dont les exemplaires se trouvent partout, et qui peuvent suppléer, pour la composition, à la vue des ta bleaux, rassemblés séparément dans les diverses contrées ci-dessus désignées, il existe un assez grand nombre de Descriptions faites avec intérêt, et des Remarques publiées par les biographes contemporains, ou par des maîtres de l'art et des amateurs distingués, concernant beaucoup de tableaux du Poussin, dont nous n'avons pu qu'indiquer les principaux traits. Les biographes ou écrivains du temps qui ont le mieux fait connaître l'esprit des ouvrages comme le caractère de ce grand maître, deux qualités que nous ne séparons point, sont: 1°. Bellori,

[ocr errors]

Vite de' Pittori, Scultori, etc., Rome, 1672, in-4°., avec un portrait du Poussin, en tête de sa Vie, gravé par Clouet, et ses Mesures de la statue d'Antinous, figurée et vue de face et de profil. Il a décrit succinctement la suite des Sept Sacrements, du chevalier del Pozzo; mais très-au long, et avec des détails qu'on croirait donnés sous la dictée de l'auteur, le tableau de l'ExtrêmeOnction, de la collection de M. de Chanteloup: il a développé de même le sujet, différemment composé, du Frappement du rocher, pour Gillier et pour Stella, ainsi que la Peste des Philistins. Il a moins détaillé une trentaine d'autres sujets, soit historiques, soit surtout allégoriques ou mythologiques.-20. Baldinucci, Noticie de' Professori del disegno, Florence, 1728, in-4o. (2o. tome.) Ce n'est guère qu'un abrégé biogra phique de Bellori, avec quelques réflexions. 3o. Passeri, Vite dei Pittori, etc., Rome, 1772, in-4o., édition de Bottari. L'auteur donne quelques anecdotes qui ne se trouvent pas chez les autres biographes contemporains. Il a bien décrit le tableau de la Cène de Saint - Germain. Dufourny avait un exemplaire manuscrit ancien de Passeri, plus ample que l'imprimé et avec des notes de Mariette. - 4o. Félibien, Entretiens sur les vies des Peintres, etc., Paris, 1669; 1685, 2 vol. in-4°. Il s'est attaché à donner, en suivant l'ordre chronologique des productions, l'histoire pittoresque du Poussin, mais dans un style qui est sans couleur, et dont la prolixité affaiblit l'intérêt. Il fait une ample description, non-seulement du Tableau de Rebecca, mais de ceux de la Manne et des Aveugles de Jéricho, sur lesquels il a

publié les Remarques de Lebrun, et celles de Sébastien Bourdon, ainsi que le jugement porté dans les Conférences de l'académie royale de peinture, en 1667. -5°. De Piles, Abrégé de la Vie des Peintres, Paris, 1699, in-12. Les principes généralement assez purs de l'auteur puisés dans les préceptes de son ami Dufresnoi, sont plus solides que ses jugements, dont la partialité à l'égard du Poussin doit être attribuée à sa prévention pour les écoles vénitienne et flamande. 6o. Charles Perrault, Eloges des hommes illustres du XVIIe siècle, Paris, 1696, in-fol. L'auteur s'est borné à un historique court et précis; mais le portrait mis en tête de l'Eloge du Poussin a été jugé, avec raison, fort peu ressemblant, quoique l'on eût déjà des gravures de Pesne, faites d'après le portrait vivant du peintre, suivant l'expression de Bonaventure d'Argonne. 6o. Fénelon, deux Dialogues sur la Peinture, à la suite de la Vie de Mignard, par de Monville, Amsterdam, 1731, in-12 : l'un entre Parrhasius et le Poussin, offre une peinture descriptive du tableau de Phocion dont le corps est porté hors de la ville d'Athènes par deux esclaves; l'autre, entre Léonard de Vinci et le Poussin, celle des Effets de la frayeur à la vue d'un homme qui fuit un serpent. 70. On trouve, dans le Recueil des OEuvres imprimées d'Abraham Bosse, des Remarques sur le Pous sin, sur les proportions, le caractère et le costume qu'il a observés. M. Gault en a donné un Fragment in téressant. Parmi les ouvrages plus modernes des écrivains, soit étrangers, soit français, qui ont publié des Observations générales ou particulières, et des Eloges ou des Noti

[ocr errors]
[ocr errors]

in

ces plus ou moins historiques, nous citerons: Storia pittorica della Italia, par Lanzi, Bassano, 1796. Le Poussin qui, par son long séjour en Italie, et par les sites et les fabriques de ses paysages, était, en quelque sorte, naturalisé italien, est apprécié, dans cet ouvrage, comme un parfait modèle à suivre pour les études à Rome. Lectures, ou Leçons de Fuesli, 4°. et 5e., concernant le Moïse exposé sur les eaux, la Peste des Philistins, le Testament d'Eudamidas et le Coriolan. - OEuvres de Reynolds, trad. de l'anglais, Paris, 1806, in-8°. Son cinquième Discours caractérise le génie de l'antique chez le Poussin, et l'esprit de ses compositions historiques et mythologiques. Mémoires sur la vie du Poussin, par Maria Graham, trad. de l'anglais, Paris, 1821, 8°. On trouve recueillis, dans ces Mémoires ou Mélanges, sans beaucoup d'ordre, plusieurs anecdotes de Passeri, plusieurs lettres du Poussin, que ne donne point Felibien, des indications de tableaux peu connus, des observations extraites de divers auteurs, et mêlées de vérités et de partialité: les Dialogues sur les deux tableaux déjà cités, y sont reproduits.-Histoire abrégée des Peintres espagnols, comprenant les œuvres des étrangers qui se trouvent en Espagne, traduite de Palomino Velasco, Paris, 1749, in-12. L'article du Poussin est fait avec concision, pour la partie biographique, mais non sans prévention pour ce qui concerne la peinture. On y indique, à Notre-Dame del Pilar de Sarragosse, une Vierge apparaissant à saint Jacques, que don Antonio de Ponz n'y a point vue. L'auteur a peut-être pris le lieu de l'apparition de la Vierge pour le lieu du tableau, dont un

-

seul est connu, au Musée de Paris. -Abrégé de la vie de quelques Peintres célèbres, par d'Argenville, 1745, in-4°.; 1762, in-8°. Les jugements de De Piles paraissent avoir influé sur ceux de l'auteur, comme l'école de Le Moine sur son goût, dans ce qu'il dit des maîtres et du chef principal de l'école française ancienne. Extraits d'ouvrages publiés sur la vie des Peintres (par Papillon de La Ferté), avec l'épigraphe tumulaire, ci-devant rapportée, de Bellori, Paris, 1776,in-8°. L'Extrait relatif au Poussin est judicieux et impartial. Il désigne quarantetrois tableaux de ce maître, que possédait alors le cabinet du Roi : c'est dix de plus qu'aujourd'hui; mais huit grands Paysages, entre autres, qu'on y comptait, en ont disparu. Essai sur la vie et les tableaux du Poussin, Rome (Paris), 1783; 2o. édit., an vii, avec le nom de l'auteur, Cambry, et suivie de notes. Cet Essai contient un historique succinct et des descriptions rapides, mais où l'enthousiasme n'exclut pas la réflexion, ni même la discussion. Eloge de Nicolas Poussin, qui a remporté le prix à l'académie de Rouen, par Nicolas Guibal, Paris, de l'imprimerie royale, 1783, in8°. L'auteur y loue, ou plutôt célèbre, d'un style animé, le peintre poète et philosophe, dans le Pous sin, quoique son ami Mengs eût été préconisé sous le dernier de ces titres. L'Eloge est suivi de quelques notes biographiques et littéraires.Eloge de Nicolas Poussin, par Nicolas Ruault, qui a remporté le prix de la société des sciences et arts d'Evreux, Paris, 1809, in-8°. Dans cet Eloge historique, accompagné de notes, plusieurs tableaux du Musée du Louvre et d'autres compositions

sont sagement appréciés par l'auteur. La similitude du nom lui a fait confondre M. de Chanteloup, le correspondant intime du Poussin, avec son frère Chambrai de Chanteloup. En parlant des peintres qui ont pris le Poussin pour modèle, et ramené ainsi la peinture à l'étude de l'antique, si négligée en France depuis plus d'un demi-siècle par les successeurs de Le Moine, il nomme Taillasson comme le seul des peintres vivants qui ait suivi la manière du Poussin; il oublie Peyron, qui vivait alors (Voy. ce nom), et qui a enfin ouvert les yeux à David, quoique celui-ci eût pu voir les anciennes gravures si multipliées du Poussin.-Manuel du Museum français (par F. E. de Toulongeon), Paris, Treuttel et Würtz, an x (1802). Le n°. 1, le seul qui ait paru, contient une analyse raisonnée et sentie des beautés qui tiennent surtout à l'expression et à la pensée, dans l'œuvre du Poussin, dont il décrit dix-neuf tableaux. Observations sur quelques grands Peintres, Paris, 1807, par Taillasson, qui, dans ses Remarquès sur les tableaux d'histoire et les paysages historiques du Poussin, dit que, les premiers fussent-ils détruits, les seconds suffiraient pour placer leur auteur au rang des plus grands peintres. Vie du Poussin, considéré comme chef de l'école française, suivie de Notes sur sa vie et ses ouvrages, de Mesures sur la statue d'Antinous, etc., Paris, Didot l'aîné, 1806, grd. in-8°., par M. Gault de SaintGermain, avec dix-neuf gravures de sujets la plupart du Musée. Ces Notes ont plus le caractère historique, que la vie elle-même, écrite dans un style souvent oratoire et même poétique. Elles contiennent quelques extraits curieux, entre autres un frag

ment alors inédit d'un manuscrit de Claude Nivelon, concernant les relations d'amitié et d'estime du Poussin et de Lebrun, qui ne cessa de témoigner l'obligation qu'il avait au premier d'avoir affermi ses pas dans la carrière de la peinture. Vie du Poussin, en tête de son OEuvre, par M. Castellan, 1811. Dans cette Vie, écrite avec réflexion et sentiment, l'auteur suit en partie l'historique de Bellori pour ce qui concerne la vie du Poussin à Rome; et il fait des Remarques et des Notes judicieuses sur ses tableaux, ses dessins et ses lettres. Il a consigné dans une de ces notes, au sujet de la statue de ce grand peintre, ordonnée par le gouvernement français, la pensée du statuaire Julien, qui a supposé le Poussin au moment où, frappé du trait sublime du testament d'Eudamidas, il sort du lit, s'entoure de son manteau, et trace sur une tablette l'esquisse de sa composition. Pour compléter cet article, nous ajouterons qu'un buste en l'hon neur du Poussin avait déjà été exé cuté en 1782, par Segla, l'un des artistes pensionnaires de l'académie de France, et aux frais d'un zélé amateur français, M. Seroux d'Agin court. D'après la lettre adressée par lui, en 1813, à M. Castellan, sur les recherches concernant la sépulture du Poussin; sa simple tombe, qui attendait, dit Bellori, un plus digne monument, et qui existait encore avec l'épitaphe en 1740, ne se trouwait plus en 1781. M. d'Agincourt était parvenu à se procurer au moins son extrait mortuaire, portant: Nicolò figlio di Giov. Poussin dell' diocesi d'Andely in Normandia, marito della signora Anna Romana, morì in età di 72 anni, etc. Le monument qu'il avait obtenu de

faire élever à la mémoire du célèbre peintre français, devait porter l'inscription, Pictori philosopho: mais celui de Mengs avait déjà reçu ce titre; et la simple épigraphe, mise au premier : Pictori Gallo, n'honore pas moins le buste du Poussin, placé à côté de Raphaël au Panthéon de Rome, qui est devenu à-la-fois un temple chrétien et un sanctuaire des grands hommes. G-CE.

POUSSIN (GASPAR OU GUASPRE). Voy. DUghet.

POUSSINES (PIERRE ), en latin Possinus, savant jésuite, était né, vers la fin de 1609, à Lauran, bourg du diocèse de Narbonne. Il fit ses études avec succès à Beziers; et, ayant embrassé la règle de saint Ignace, à l'âge de quinze ans, étudia la théologie, puis régenta quelque temps les humanités à Toulouse et à Montpellier. Les Traductions qu'il publia de quelques Opuscules de Nicétas, et des deux Discours du sophiste Polémon, l'ayant fait connaître, il fut envoyé, par ses supérieurs, à Paris, où il fut accueilli du P. Petau, qui l'admit au nombre de ses élèves, et lui donna de sages conseils pour la direction de ses études. Il revint à Toulouse, en 1642, y professa la rhétorique, pendant cinq ans, et fut ensuite chargé de l'explication des saintes Écritures. Malgré les devoirs que lui imposaient ces différentes fonctions, il trouva le loisir de publier de nouveaux ouvrages qui étendirent sa réputation. Appelé par le général à Rome, en 1654, il fut d'abord chargé de continuer l'Histoire de la société, interrompue par la mort du P. Sacchini (V. ce nom), et désigné ensuite pour remplir la chaire de l'Écriture sainte au collège Romain. La connaissance qu'il avait de la langue grecque, le

fit choisir pour en donner des leçons au prince Orsini, et à l'abbé Albani, depuis pape sous le nom de Clément XI. Il revint à Toulouse, vers la fin de 1682; et, malgré l'affaiblissement de sa santé, il continua de travailler à un grand ouvrage qu'il avait entrepris pour démontrer l'accomplissement des prophéties par le témoignage de l'histoire; mais avant de l'avoir terminé, il mourut, le 2 février 1686, dans sa soixantedix-neuvième année. Le P. Poussines entretenait une correspondance suivie avec la plupart des savants de l'Europe: malheureusement les lettres trouvées dans son cabinet, furent brûlées, par la fausse crainte de laisser percer des choses qui devaient rester inconnues. Il avait formé une belle suite de médailles, dont les plus précieuses passèrent dans le cabinet du P. Chamillart (Voy. ce nom). Outre les traductions latines de quelques Opuscules de Nicétas, Toulouse, 1637, et des Deux harangues de Polémon, dont on a parlé (V. POLEMON), on doit au P. Poussines les traductions des Lettres de saint Nil (V. ce nom); de la Chaine des Pères grecs sur saint Matthieu, Toulouse, 1646, in-fol.;

[ocr errors]

sur saint Marc, Rome, 1673, in-fol.; de la Harangue de l'empereur Léon à la louange de saint Nicolas, évêque de Myre, Toulouse, 1639; de l'Institution royale de Theophylacte; du Festin des vierges de Methodius (V. ce nom); et enfin, des Histoires d'Anne Comne ne, de Nicéphore Bryenne, et de J. Pachymère, qui font partie de la Byzantine. Le P. Poussines donna la traduction de l'Histoire d'Anne Comnène, sur un manuscrit que le chancelier Séguier avait fait venir de la bibliothèque du cardinal Barbe

rin: mais quand l'impression en fut terminée, le hasard fit retrouver un manuscrit bien meilleur que le premier; c'était celui que le savant Gujas avait envoyé au président Faur de Saint-Jorry. Le P. Poussines s'en servit pour faire des corrections à la marge de l'exemplaire de la Byzantine que possédait le college de Toulouse. Mais cet important manuscrit, dout M. Puget, conseiller au parlement de Toulouse, avait fait présent au P. Poussines, contenait, outre l'Histoire d'Anne Comnène, celle de Nicéphore de Bryenne; et dans le peu de temps qu'il le garda, il en donna une édition à la suite de Procope, d'autant plus précieuse que le manuscrit original est perdu (V. Bryenne). On doit encore au P. Poussines plus de deux cents Vies des saints de la Grèce, du Languedoc et de la Gascogne, dont il a enrichi le Recueil des Bollandistes, où l'on trouve de lui trois savantes Dissertations en forme de lettres au P. Papebrock, dans le Propylæum (V. PAPEBROCK): il a fourni plusieurs conciles, synodes ou actes anciens, à l'édition des Conciles du P. Labbe; il a traduit en latin les Lettres de saint FrançoisXavier; enfin, parmi ses ouvrages, dont on peut voir la liste dans la Bibl. soc. Jesu, on citera les suivants: I. De vitá Arnaldi Boreti, senatoris Tolosani, libri IV, Paris, 1639, in-8°. Le conseiller Boret était mort cinq ans auparavant, en odeur de sainteté. II. Diallacticon theogenealogicum sive de concordiá evangelistarum in genealogia Christi, Toulouse, 1646, in-fol. III. Orationes xx cum dissertationibus, ibid., 1654, in-8°. ; le style de ces harangues n'est point agréable. IV. Epistola de patria Paschasi Broeti, unius ex decem primis societ.

« PreviousContinue »