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gré les occupations que lui donnait la charge de syndic de l'université, Pourchot travaillait sans cesse à perfectionner ses Institutions philosophiques; et il était au moment d'en publier la quatrième édition, lorsqu'il perdit la vue. Il survécut près de deux ans à cet accident, et mourut, le 22 juin 1734, âgé de quatrevingt-trois ans. Il fut inhumé dans le cimetière de la paroisse SaintEtienne-du-Mont, où l'amitié lui fit ériger une tombe décorée d'une épitaphe composée par Coffin. Pourchot avait été sept fois recteur, et il était depuis quarante ans syndic de l'université. Gibert, avec lequel il avait eu une dispute sur une question de philosophie qui paraîtrait aujourd'hui fort indifférente (2), lui succéda dans le syndicat, et, en prenant possession de cette place, prononça son Eloge. Pourchot légua toutes ses épargnes à l'université, pour fonder, au collége des Grassins, une chaire de grec, et une bourse en faveur des pauvres écoliers de son pays natal. Outre les Institutions philosophiques, dont la meilleure édition est celle de Paris, 1734, in-4°., ou 5 vol. in-12, publiée par Martin, depuis professeur en droit, élève et parent de Pourchot, on a de lui des Mémoires pour l'université, dont on trouvera les titres dans la Biblioth. historique de la France, et dans le Dict. de Moréri, édit. de 1759, qui contient l'éloge de ce digne professeur. On a le portrait de Pourchot, gravé par Desrochers, in-8°.

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-S.

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POURFOUR DU PETIT. Voy. PETIT, XXXIII, 500.

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POURTALES (JACQUES-LOUIS DE), fils de Jérémie de Pourtalès naquit le 9 août 1722, à Neuchâtel en Suisse, où sa famille, originaire du midi de la France, s'était établie depuis la révocation de l'édit de Nantes. Il fut, dès sa première jeunesse, voué au commerce. En 1753, il fonda, sous son nom, un établissement dont le siége principal fut à Neuchâtel, mais qui avait des comptoirs dans toutes les grandes places de l'Europe, et étendait ses relations et ses affaires dans les contrées les plus éloignées. Ayant confié la signature de sa maison à un grand nombre d'associés, il sut ainsi se multiplier en quelque sorte lui-même, intéresser beaucoup d'hommes de talent à des affaires trop vastes pour qu'une seule tête eût les embrasser; et il eut l'art de les choisir avec un tact si sûr, qu'il n'eut presque jamais à se repentir d'une aussi grande confiance. Plein de simplicité dans ses manières, de droiture et de probité, il avait conquis l'estime gé nérale ; et il eut le rare privilége d'acquérir une immense fortune sans exciter l'envie de personne : il l'aurait d'ailleurs désarmée par le noble usage qu'il fit de ses richesses, développant l'industrie de son pays natal, créant la prospérité d'une population nombreuse, fondant à Neuchâtel un hôpital, où les malades sont reçus sans distinction de religion et de patrie (1). Cet honorable négociant expira au sein de sa famille, sans agonie et sans douleur, le 20 mars 1814. Lorsqu'en cette même année le roi de Prusse vint reprendre

(1) Voy. son Testament, inséré dans le Conservateur suisse, t. VIII, p. 174 et 328.

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POUSANT, ou plus exactement POUZANT POSDOS, historien arménien, dont le véritable nom est Faustus de Byzance, était Grec de naissance. Il vivait vers la fin du quatrième siècle de notre ère, et professait l'état ecclésiastique: il vint s'établir en Arménie, où il fut évêque du pays des Saharhouniens, situé dans la partie orientale de l'Arménie, vers les bords du Cyrus. Cet historien était sans doute né à Constantinople; et c'est de l'ancienne dénomination de cette ville, qu'il tirait le surnom qui le distingue. Les circonstances de sa vie nous sont entièrement inconnues. Il nous a laissé quelque chose de plus intéressant: son Histoire d'Arménie. C'est un monument important, par son antiquité d'abord, puisque c'est un des plus anciens ouvrages qui existent en arménien, et ensuite parce qu'il contient le récit très-circonstancié des événements arrivés pendant une époque de l'histoire, sur laquelle nous possédons très-peu de renseignements. Le récit des mêmes faits est contenu dans une partie du troisième livre de l'histoire de Moïse de Khoren ; mais ils y sont rapportés avec une extrême brièveté, qui nuit autant à la clarté qu'à l'exactitude : aussi Faustus de Byzance, dans sa narration, est-il souvent en contradiction avec Moïse de Khoren. Comme ce dernier est devenu classi

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que chez les Arméniens, son témoiguage a prévalu. Cependant les détails dans lesquels entre Faustus font mieux connaître la marche des événements, la situation politique de l'Arménie dans le quatrième siècle, et la nature des rapports de ce royau me avec les Persans et les Romains. Ce qui doit décider surtout à lui accorder une grande confiance, c'est la conformité de ses récits avec ceux d'Ammien Marcellin, historien dont la véracité est reconnue, et qui vivait à la même époque. Avec l'auteur arménien, on peut, en beaucoup de points, éclaircir et compléter l'historien latin. Tout ce qu'on doit reprocher à Faustus, c'est un certain esprit d'exagération, qui lui fait grossir prodigieusement les armées des Persans, et affaiblir outre mesure celle des Arméniens, pour augmenter la gloire ou pour affaiblir d'autant la honte de ces derniers. Le style de Faustus est fort mauvais il est lourd, pénible, prolixe, embarrassé; en un mot, il est facile, en le lisant, de reconnaître que cet auteur n'était arménien. Son ouvraappelé ordinairement par les Arméniens Pouzantaran, était divisé en six livres il n'en reste plus que les quatre derniers. Le texte arménien a été imprimé à Constantinople, en 1730, en un vol. in4°., de 396 pages; il est rare. Le troisième livre contient le récit des événements arrivés sous les règnes de Chosroès II et de Diran II (316-340 de J.-C.) On trouve, dans le quatrième, l'Histoire du voyage d'Arsace II, depuis l'an 340 jusqu'en 370. Le cinquième renferme les règnes de Bab ou Para, de Varaztad, d'Arsace III et de son frère Vagharschah, avec la régence du général Manuel, prince des Mamigo

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niens. Le sixième livre (ou plutôt son abrégé) offre seulement le récit des premiers événements du règne de Chosroès III, qui monta sur le trône en l'an 387. Deux chapitres du troisième livre de cet ouvrage ont été traduits en français par F. Martin, et insérés dans le Magasin encyclopédiqué de septembre 1811.

S. M-N.

POUSSIN (NICOLAS), l'un des plus grands peintres d'histoire, sous le rapport poétique, moral, drama tique, et que la richesse des compositions et la beauté des expressions ont fait surnommer le peintre des gens d'esprit, naquit aux Andelys, en 1594. Il était originaire de Soissons, et le fils d'un gentilhomme dont les services militaires, sous Charles IX, Henri III et Henri IV, avaient épuisé la fortune. Cependant, à l'aide de la médiocre pension de son père, il suivit la carrière ordinaire des études; mais en même temps il montra un tel goût pour le dessin, que, durant les leçons, il ne cessait, quoique réprimandé par ses maîtres, de tracer, non vaguement, mais avec proportion, des figures sur les marges de ses livres ou sur les murs de la classe. Quintin Varin, peintre d'Amiens, dont on a vu, à la cathédrale de cette ville et dans les églises de Paris, des tableaux assez estimés pour le temps, eut le mérite de reconnaître et de développer les dispositions du Poussin, en l'encourageant et lui donnant des soins. Le jeune élève apprit de lui, entre autres procédés, à peindre en détrempe, avec d'autant plus de facilité, qu'une conception vive, jointe à un sentiment juste des rapports, le portait à exprimer, rapidement et avec un certain goût, ce qu'il voyait et imaginait. La sphère de ses

idées s'étendant, une imitation mécanique et servile ne pouvait lui suffire: il se rendit, à dix - huit ans, dans la capitale, à l'insu de son père. Recommandé par son seul talent, il trouva, dans un jeune gentilhomme de Poitiers, un amateur de peinture, qui l'accueillit et lui procura les moyens de s'instruire. Mais dans la disette des peintres d'histoire, l'art, qui avait été importé d'Italie, dégénérait presqu'en naissant. Ni Jean Cousin, ni Freminet, n'avaient formé d'écoles. De l'atelier de Ferdinand Elle de Malines, peintre de portraits, le Poussin eut bientôt passé dans celui de Lallemant, peintre lorrain; mais ce dernier, en composant l'histoire, travaillait de pratique il ne retint pas longtemps notre studieux artiste. Un auteur de Mémoires sur la vie du Ponssin (Maria Graham ) a confondu les époques, en avançant que ce fut alors qu'il connut, chez Lallemant, Philippe Champagne, trop jeune encore, et qui ne vint à Paris qu'en 1621. Mais il fit, par le gentilhomme poitevin, une connaissance trèsutile, celle d'un mathématicien du roi aux galeries du Louvre, possesseur d'une belle collection de gra vures d'après Raphaël et Jules-Romain, et même de dessins originaux de ces deux maîtres. La pureté de correction du premier, et la fierté de dessin du second, devinrent l'objet des études du Poussin: ce fut véritablement là sa première école, et la source où il puisa, suivant Bellori, le lait de la peinture, et la vie de l'expression. Malheureusement, ayant cédé, par reconnaissance, aux promesses de son jeune protecteur, il l'accompagna dans le Poitou: mais la mère du gentilhomme ne vit dans le peintre

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qu'un pur domestique; et, au lieu de travaux d'embellissement, le Poussin fut chargé, par la dame, des soins économiques du château. Dégoûté de cet emploi, il repartit, en parcourant la province. Il est probable qu'il peignit des paysages, ainsi que des portraits sur sa route: mais qu'il ait peint en Bretagne les sites dont parle une Notice moderne sur Clisson, parce qu'on a cru y reconnaître des paysages du Pous sin; ces sites eussent trop écarté du but notre voyageur pédestre qui ne s'arrêtait pour travailler, que dans la vue de se rapprocher de la capitale. On sait qu'il fit, en revenant, quelques Bacchanales pour le château du comte de Chiverny, et deux tableaux d'égli-se pour les Capucins de Blois. A son arrivée à Paris, une maladie de fatigue et d'épuisement l'ayant rappelé dans sa ville natale pour s'y rétablir, il ne reprit le chemin de la capitale qu'avec le projet d'aller à Rome se perfectionner. Il tenta vainement deux fois ce voyage. La première fois, il parvint jusqu'à Florence: mais c'était probablement avant les préparatifs ordonnés, en 1620, par Côme II, pour les fiançailles du jeune duc, époque à laquelle il eût pu être occupé, à Florence, avec Jac ques Stella, qui n'y vint point antérieurement, comme le suppose Papillon de la Ferté. La deuxième fois, il ne dépassa pas Lyon, où, après avoir abandonné gaîment à la Fortune, comme il le disait, son dernier écu, il resta jusqu'à ce qu'il eût acquitté en tableaux une dette contractée avec un marchand. Ce fut à son retour de Florence, que logeant à Paris, au College de Laon, il connut Philippe Champagne, qui vint y demeurer, et qui profita de ses

XXXV.

conseils, après avoir quitté l'atelier de Lallemant. Ils furent employés ensemble sous un sieur Duchesne, autre artiste médiocre, chargé de diriger les travaux de peinture au Luxembourg. Mais la médiocrité jalouse ne les occupa guère l'un et l'autre, et surtout le premier, qu'à de petits ouvrages secondaires; ce qui laissait à peine percer le mérite du Poussin. Ce grand artiste était destiné à ne devoir son élévation qu'à lui-même. Après son voyage de Lyon, ayant concouru, en 1623, pour une suite de tableaux demandés par le College des Jésuites à propos de la canonisation de leur fondateur, la grande habitude qu'il avait acquise dans la peinture en détrempe, lui fit produire, en moins d'une semaine, six tableaux, qui, sans être terminés dans les détails, furent préférés, pour la grandeur des conceptions et la vivacité des expressions, à ceux de ses concurrents. Ces peintures où déjà brillait le génie poétique, attirèrent les regards du cavalier Marin, qui connut le Poussin, non à Rome, comme le dit le Dictionnaire historique, crit. et bibliograph., mais à Paris même, lui offrit un logement, et l'occupa aux dessins de sujets tirés de son poème d'Adonis. Quelque inconvenance, dit Baldinucci, qu'il y eût pour un cavalier de la cour de Rome de publier un tel poème, et d'employer le talent naissant d'un artiste à en rendre la licence aimable, cette étude donna occasion au Poussin de cultiver la poétique de la peinture, et d'en employer les fictions les plus gaies, quoique avec réserve, à ses compositions; ce qui dut influer sur son talent: et, quoique porté au genre grave et sérieux, il sut réunir la grâce à la décence, et lier étroitement la Poé

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sie à sa sœur, sans que ses images mythologiques offrent le caractère trop libre des écrits du poète. Quel que fût le desir du Poussin de suivre Marini, qui retournait à Rome et eût voulu l'emmener, il crut devoir terminer auparavant, pour la corporation des orfèvres, un tableau de la Mort de la Vierge, qu'on a vu longtemps placé dans une simple chapelle de l'église de Notre-Dame, et au lieu duquel se trouve aujourd'hui un tableau moderne de la Vierge au tombeau. Enfin il entreprit, pour la troisième fois, le voyage de Rome, où il arriva au printemps de 1624. L'étude de la poésie et de l'histoire avait, en exerçant son imagination et son jugement, accru en lui le desir de voir, dans la terre classique des arts, se réaliser les conceptions des poètes et les récits des historiens. Le Poussin rejoignit à Rome Marini, mais ne put jouir long-temps du plaisir de visiter les monuments avec son ami. Le poète, en partant pour Naples, où il mourut, le recommanda, par l'entremise de Marcello Sacchetti, aux bonnes grâces du cardinal Barberini, neveu du pape Urbain VIII. Mais, par un nouveau contre-temps, le prompt départ du le prompt départ du cardinal pour ses légations de France et d'Espagne, laissa le Poussin à lui-même; et la protection du légat lui valut seulement l'entrée du Musée Barberin. Ainsi, l'homme de génie qui avait été présenté à la cour du prélat, comme ayant una furia di diavolo, fut contraint de donner deux tableaux de Batailles pour quelques écus. La copie d'un Prophète, qu'il avait peint pour une très-modique somme, fut vendue, par un artiste du pays, à un prix double de l'original. Cependant, tandis que l'école du Guide, bran

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che bâtarde de celle des Carraches, et qui ne s'est que trop long-temps propagée en Italie et en France remplaçait l'école d'Annibal, par de faux agréments ou une brillante facilité, et proscrivait son plus dige rejeton; le Poussin, associé, par l'infortune au sculpteur flamand François Duquesnoi, allait avec lui, dit Bellori, étudier les antiques, et les modeler, pour en enrichir ses tableaux: il se préparait à venger le Dominiquin. L'Algarde, ami du Flamand, devint probablement celui du peintre français, qui a pu mesurer, avec cet ami, la statue d'Antinous, suivant ce que rapporte Felibien d'après un Mémoire de Jean Dughet, sans qu'il faille induire d'une erreur de Bellori à ce sujet, que les dessins donnés par celui-ci des mesures de cette statue soient inexacts. Le Poussin dut étudier surtout les belles formes d'enfants, avec Duquesnoi, qui a excellé, à cet égard, dans ses figures entières, comme l'Algarde dans ses bas-reliefs. L'un et l'autre cherchaient le bon goût de l'antique, en y associant quelquefois ou y ramenant les formes de la nature et celles même de l'art, d'après les conseils du Poussin. C'est dans cette vue qu'il considérait, avec eux, à la Villa Ludovisi, les Jeux d'Enfants ou d'Amours, du Titien, meilleur coloriste que dessinateur, sans les prendre servilement pour modeles. Il estimait beaucoup le faire de ce grand peintre, de même que sa manière de toucher le paysage, dont il a sans doute profité. Ses compositions dans le genre érotique, et même ses sujets de Vierges de ce tempslà, ont pu se ressentir de ses premières impressions. Mais il craignait trop, disait-il, que le charme du coloris lui fit oublier ou négliger la

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