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quarante ans ses Discours dans sa mé moire. Ce ne fut qu'en 1776 qu'il céda aux instances réitérées de son neveu, l'abbé Poulle, vicaire-général de Saint-Malo (1): il consentit, plus que septuagénaire, à dicter onze de ces Discours; employa quatre ou cinq mois à les retoucher; et ils parurent la même année, Paris, 1778, 2 vol. in-12. Ce Recueil contient aussi le Panegyrique de saint Louis (imprimé d'abord in-4°., 1748), et le Discours sur la prise d'habit de Mme. de Rupelmonde, publié en 1752, in12. Le tout a été depuis réimprimé, Paris, 1781, et Lyon, 1818. L'abbé Poulle mourut, le 8 novembre 1781, à l'âge de soixante-dix-neuf ans, sans avoir presque éprouvé d'affaiblissement dans ses facultés morales et intellectuelles. Son Eloge (par le baron de Sainte-Croix), Avignon, 1783, in-8°., est suivi de sa Lettre au cardinal de Bernis et de la liste de ses ouvrages. On trouve encore dans les Mémoires de l'Athénée de Vaucluse, Avignon, 1804, un Éloge de l'abbé Poulle, par l'abbé Denis Michel, aujourd'hui grand-vicaire d'Avignon. Il rapporte quatre beaux vers d'une tragédie d'Annibal, commencée par l'abbé Poulle, alors fort jeune.

Z.

POULLET, voyageur français du dix-septième siècle, parcourut le Levant: il partit de Paris, de compagnie avec Quiclet, qui a publié aussi une relation de ses courses. Ils s'embarquèrent à Marseille; mais, sur quelques différends, ils se séparèrent à

(1) C'est par errour qu'on a dit dans quelques journaux qu'un nommé Poulle, augustin, qui avait tenté d'assassiner l'abbé Syeyes, en 1797, etait ne

Constantinople. Poullet alla ensuite à Smyrne, et sejoignant à une caravane, visita Tocat, Erzeroum, Cars, Erivan, Tauris, Kom et Ispahan. Il paraît qu'il était chargé de quelque mission relative à l'art militaire. En quittant cette capitale, il revint à Tauris : la crainte d'être arrêté par le pacha d'Erzeroum, lui fit prendre la route du Kurdistan, quoique le pays fût trèsdangereux à cause des brigandages des habitants. Il passa, sans accident, par Maram, Coï, Cohat et Van. Au sortir de cette ville, il s'égara; et, après bien des fatigues, il atteignit Hordicha; puis, après avoir traversé Tatoua et Betlis, entra dans Diarbekr. Sa curiosité le porta ensuite en Syrie, à Jérusalem, et en Egypte, d'où il revint en Syrie; et prenant la mer à Alexandrette, il attérit à Marseille. Ayant, comme il le dit, une aversion mortelle de revenir à París, il alla en Italie. Il se trouvait à Rome, à l'époque où le duc de Créqui exigeait de la cour papale la réparation de l'insulte que lui avait faite la garde de S. S. Le récit des voyages de Poullet, a paru sous ce titre : Nouvelles relations du Levant, qui contiennent diverses Remarques fort curieuses, non encore observées, touchant la religion, les mœurs et la politique de plusieurs peuples, avec une description exacte de l'empire des Turcs en Europe, et plusieurs choses curieuses remarquées pendant huit années de séjour; et une Dissertation sur le commerce des Anglais et des Hollandais dans le Levant, Paris, 1668, 2 vol. in-12 avec cartes et figures. Malgré le titre pompeux de ce livre, c'est un des plus

veu de l'abbé Poulle. Le neveu du célèbre prédi- insignifiants qui ait été publié sur les

cateur du roi, ancien prévôt d'Orange, émigra en 1780, et n'est rentré en France qu'en 1802; il n'y ent jamais aucun rapport entre ces deux individus : l'un était d'Avignon, et l'autre de Dragni

gnan.

pays dont il y est question. Cependant Poullet avait passé par des routes peu fréquentées, surtout en allant

de Tauris à Diarbekr; mais il s'occupa moins de géographie que de politique. Il se perd tellement dans ses raisonnements, qu'il a oublié d'indiquer la date de son départ, et celle de son retour; Beckmann l'a déjà observé dans son Histoire littéraire des voyages, en ajoutant que deux lettres écrites d'Ispahan à Poullet, pendant qu'il était en Perse, l'une par le P. Raphaël, en déc. 1659, l'autre par le P. Gabriel de Chinon, en septembre 1660, donnent quelques lumières sur ce point. Mais ce docte professeur n'a pas fait attention à la particularité du départ de Poullet avec Quiclet; or celui-ci dit qu'il quitta Venise, le 23 décembre 1657, pour aller à Raguse. Ainsi, ces deux voyageurs étaient partis de Paris, en 1654. L'affaire de la garde corse eut lieu en 1662. Les vues et les cartes qui se trouvent dans le livre de Poullet, sont aussi médiocres que le reste. Mais si cet auteur était doué de peu de capacité, il était pourvu d'un grand fond d'amourpropre ; il contredit à tort et à travers les voyageurs qui l'ont précédé; enfin, dans la préface de son premier volume, il parle avec complaisance de sa manière d'écrire. Effectivement elle est curieuse, et on peut la citer pour modèle du galimathias double. Ses contemporains en jugèrent probablement de même; car, dans un avis au lecteur, placé en tête du second volume, et présenté sous la forme d'une allégorie, l'auteur convient qu'on lui avait fait des reproches sur ce que son style était trop figuré pour une relation de voyage. C'etait défiguré qu'il fallait dire. E-s. POULLETIER DE LA SALLE (FRANÇOIS-PAUL-LYON), fils de l'inLendant de la généralité de Lyon, na

quit le 30 septembre 1719. Il fut tenu sur les fonts de baptême au nom de la ville de Lyon; ce qui explique pourquoi il en portait le nom. Ses parents, le destinant à la magistrature, lui obtinrent une charge de maître-des-requêtes; mais Poulletier refusa de l'exercer, se rejetant sur sa grande jeunesse et son inexpérience. La plus grande partie du temps destiné à faire son droit, avait été consacrée par lui à l'étude de la médecine; et, tout contrariés que furent ses parents de cette disposition, il leur fallut céder: mais on plaignait l'intendant de Lyon d'avoir un fils qui voulût se ravaler à être médecin. « Poulletier, dit Vicq-d'Azyr qui a >> fait son Eloge, établit dans les >> faubourgs de Paris trois hospices, » où les pauvres étaient reçus et trai»tés à ses dépens. Là, sous la di>> rection des médecins et chirur» giens les plus habiles, il apprit à >> connaître la nature et les diverses

périodes des maladies. Les jours » étaient employés à la visite de ces >> maisons; les nuits l'étaient à l'é>>tude; et tout son temps se passait » à bien faire. » Il était en relation d'amitié avec Jussieu, Astruc, Rouelle, Boulduc, Macquer, Levret, Sue, Fourcroy. Il coopéra au Diction naire de chimie de Macquer, mais ne voulut pas être nommé. Il avait commencé un grand nombre d'essais et d'écrits; mais, comme la plupart des personnes riches, il n'en acheva Parmi ces derniers, Vicq-d'Azyr signale un Essai sur les accidents qui sont causés par l'épanchement de l'air ou des gaz dans les différentes cavités du corps humain quoique complet à l'époque où il a été fait, cet écrit aurait besoin d'un supplément ou complément, si on le publiait aujourd'hui.

que

très

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- peu.

Ses manuscrits furent remis au docteur Jeanroi, son ami (V. JEANROI, XXI, 521). « Dans les premiers » mois de 1787, on s'aperçut que la » santé de Poulletier se dérangeait. >> Il éprouva ce qui arrive surtout >> aux personnes faiblement consti» tuées. Les forces de tous les or» ganes diminuant en même propor» tion, le dépérissement se fait d'u» ne manière insensible, et la mort » survient, sans qu'aucune affection » grave ait paru la précéder. Ce fut >> ainsi que M. Poulletier succomba, » au mois de mars de cette année, » dit Vicq-d'Azyr, dans son Eloge, prononcé à la société de médecine, le 26 août 1788. Ce n'est donc pas en 1787, comme le dit le Dict. histor., critiq. et bibliographique, mais en 1788, qu'il faut placer la mort de Poulletier. S'il restait quelques doutes, ils seraient levés par ce qu'on lit à la page 368 du Journal de Paris du 24 mars 1788. Un seul ouvrage de Poulletier a été imprimé; c'est sa Traduction de la Pharmacopée du college royal des médecins de Londres, sur la seconde édition donnée avec des remarques, par le docteur Pemberton (V. ce nom, XXX, 307), augmentée de plusieurs notes et observations, etc., 1761-71, 2 vol. in- 4°. On annonçait un troisième et dernier volume, qui n'a point paru. Poulletier était associé libre de la société royale de médecine; et le Journal de Paris, du 24 mars 1788, lui donne la qualité d'ancien président du grand conseil. A. B-T.

Abrégé chronologique de l'histoire de Lyon, Lyon, 1767, in-40. Cette histoire ne va pas, pour les faits, audelà de 1764; cependant la liste des prévôts des marchands y est donnée jusqu'en 1767. III. Histoire de l'Église de Lyon, Lyon, 1770, in-4°., de 600 pages. Cet ouvrage eût aussi pu être intitulé: Histoire des évêques et archevêques de Lyon. Près de cent pages sont consacrées à Malvin de Montazet, qui occupait le siége de Lyon quand l'auteur publia son livre. IV. Histoire de l'établissement des moines mendiants, 1767, in-8°. V.Mœurs et coutumes des Français, 1769, 2 vol. in-8°. A. B-T.

POUPÉE ou POUPPÉ DESPORTES (J.-B.) Voy. DESPORTES.

POUPET (CHARLES DE), seigneur de la Chaux, né, vers 1470, à Poligni, descendait d'une ancienne et noble famille, qui a fourni des capitaines et des magistrats distingués donné trois évêques àl'église de Challon, et s'est éteinte dans la mai-son de La Baume. Guillaume de Poupet, son père, receveur-genéral des finances de Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, et depuis maître d'hôtel de Charles-le-Téméraire, envoya ses deux fils (1) à Paris, et confia leur éducation aux plus habiles maîtres. Le jeune Charles puisa, dans leurs leçons, le goût des lettres qu'il sut conserver, même au milieu de la vie des cours, alors si agitée. A vingt-cinq ans il fut présenté au roi Charles VIII, qui le décora du titre de son chambellan. Il accompagna ce prince dans son expédition à Naples, et signala sa bravoure en

POULLIN DE LUMINA (ETIEN NE-JOSEPH), né à Orléans, négociant à Lyon, mort en 1772, a laissé: I. Histoire de la guerre contre les Anglais, depuis 1745 jusqu'à présent, qutation d'un prélat instruit, et zélé pour les droits Genève, 1759-60, 2 vol. in-8°. II.

(1) Jean de POUPET, frère cadet de Charles, prit le doctorat ès droits à l'université de Paris, fut nommé évêque de Challon en 1504, assista, en 1511 au concile de Pise, et mourut, en 1531, avec la rede son église,

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différentes rencontres. Fidèle au malheur, le seigneur de la Chaux n'abandonna point Charles dans ses revers. Mais, après la mort de ce prince, dégagé de ses serments, il passa au service de Philippe Ier., roi de Castille. L'empereur Maximilien récompensa son dévoûment à la maison d'Autriche, en le nommant, en 1511, grand-bailli d'Aval, place importante, qui mettait sous ses ordres toutes les forces militaires du comté de Bourgogne. Il fut l'un des conseillers de la régence établie en Flandre pendant la minorité de Charles-Quint, et associé à celle du cardinal Ximènes, en Espagne. Envoyé ambassadeur à Rome, après la mort de Léon X, il contribua beaucoup à faire tomber le choix des cardinaux sur le précepteur de Charles-Quint, qui prit le nom d'Adrien VI (V. ce nom). Le seigneur de la Chaux avait été désigné pour surveiller l'éducation de l'archiduc Ferdinand; il fut employé depuis dans diverses négociations, et s'en tira toujours habilement. Il revint enfin au comté de Bourgogne, comblé d'honneurs, mais accablé d'infirmités, et mourut peu après, à Poligni, au mois de mai 1529. Ses restes furent déposés dans l'église collégiale de cette ville, où sa famille avait son tombeau. II était assis dans un fauteuil, le sabre à la main, et revêtu des marques de ses dignités (V. les Mémoires de Chevalier sur Poligni, 11, 459). II avait formé, dans son château, une bibliothèque précieuse pour le temps. On en a tiré les Mémoires d'Olivier de La Marche, et une Chronique anonyme de Flandre, que Denis Sauvage a publiés à Lyon, en 1562 (V. La MARCHE et D. SAUVAGE). Dunod, qui fait un bel éloge du seigneur de La Chaux (Histoire du

y

dit

comté de Bourgogne, 1, 158), qu'il recommanda surtout à ses enfants de s'appliquer aux sciences et d'honorer ceux qui en faisaient profession. Guillaume de PouPET, l'un de ses fils, répondit aux intentions de son père, en se décla rant le protecteur des savants et des littérateurs de la province. Après avoir fait d'excellentes études à Paris, il fut nommé chanoine de Besançon et pourvu de riches bénéfices, dont il employa les revenus à favoriser les jeunes gens qui montraient des dispositions pour les lettres. Ses connaissances dans le droit canon' lui méritèrent l'honneur d'être consulté souvent par la cour de Rome. Il fut nommé protonotaire apostolique, membre du conseil-d'état de Flandre, maître des requêtes au parlement de Dole, etc. Il mourut le 18 octobre 1583, dans un âge avancé, et fut inhumé dans son abbaye de Baume, où l'on voyait naguère son tombeau.-Jean de POUPET, frere de Guillaume, avait épousé Antoinette de Montmartin, l'une des dames les plus spirituelles de son siècle (V. MONTMARTIN, XXX, W-s. P. I. POUPLINIÈRE (A.-J.-J. LERICHE de la ). Voy. POPELINIÈRE, P. 402 ci-dessus.

POURBUS. Voy. PORBUS.

POURCHOT (EDME), l'un des plus célèbres professeurs de philosophie qu'ait eus l'université de Paris, naquit, en 1651, à Poilli, dans le diocèse de Sens, de parents obscurs, fit ses humanités à Auxerre, et vint achever ses études à Paris, au collége des Grassins. En terminant ses cours, il reçut le degré de maître-èsarts, après un brillant examen. Au nombre de ses auditeurs se trouvait l'abbé Le Tourneux, pieux et savant ecclésiastique: charmé des disposi

le

tions de Pourchot, il voulut devenir son guide, lui conseilla d'apprendre grec, et de se familiariser avec les auteurs latins, sans négliger la philosophie, à laquelle il lui conseilla de rapporter toutes ses études; etille fit agréer par Arnauld comme répétiteur de son neveu l'abbé de Pompone. En 1677, Pourchot, à peine âgé de vingt-six ans, fut nommé profeseur de philosophie au college des Grassins. Nourri de la lecture des ouvrages de Descartes, il osa braver les préjugés qui régnaient alors dans l'école, et adopta le premier un mode d'enseignement basé sur la droite raison et le bon sens. Sa réputation attira bientôt à ses leçons une foule d'élèves, dout les progrès attestèrent la supériorité de sa méthode. L'étude de la physique, si négligée à cette époque, lui parut le complément nécessaire du cours de philosophie; et pour faciliter l'intelligence des principes de cette science, le premier en France, il en fit précéder l'étude par celle de la géométrie. Les succès qu'obtenait Pourchot ne ponvaient manquer d'éveiller l'envie : il eut pour antagonistes ou pour adversaires les professeurs mêmes de l'université; et tandis qu'on applaudissait de toutes parts au zèle de l'habile maître, il était dénoncé au parlement comme un impie: mais Ï'Arrêt burlesque dressé par Boileau fit justice des ennemis de la nouvelle philosophie; et Pourchot put continuer tranquillement ses leçons. Du college des Grassins, il passa, comme professeur, au college des QuatreNations, nouvellement fondé; et peu après, il fit paraître ses Institutions philosophiques. Ne voulant pas affichertrop de mépris pour les questions agitées avant lui dans l'école, il les recueillit séparément, et les joignit à

son ouvrage sous le titre de: Series disputationum scholasticarum (1). Cette marque de déférence satisfit, ou du moins apaisa, ses adversaires : mais la vérité devait finir par triompher; et la Philosophie de Pourchot remplaça, peu-à-peu, dans les colléges, les obscures doctrines du péripatétisme. Fénélon fit proposer à Pourchot de le mettre au nombre des instituteurs des enfants de France; mais Bossuet le détourna d'accepter une placé à la cour, en lui montrant que la carrière moins brillante de l'enseignement public était infiniment plus utile. Après vingt-six ans de professorat, Pourchot donna sa démission de la chaire de philosophie: ce fut alors qu'il étudia l'hébreu ; et bientôt il fut en état d'enseigner cette langue aux jeunes théologiens. Il ouvrit un cours an college de SterBarbe, pour lequel il adopta la méthode de Masclef, comme plus facile; et il contribua beaucoup ainsi au snccès de cet ouvrage, vivement critiqué par D. Guarin et d'autres hébraïsants (Voy. MASCLEF). Les talents de Pourchot et la pureté de ses mœurs lui méritèrent de nombreux amis: Racine, Boileau, Massillon, Montfaucon, Baillet, Dupin, Santeul, etc., formaient sa société la plus habituelle. Il trouvait, dans la culture des lettres, un délassement à des travaux plus sérieux. Il intervint dans la sorte de dispute à laquelle donnèrent lieu les Odes de Grenan et de Coffin sur les vins de Bourgogne et de Champagne (V. GRENAN): il composa des Hymnes à la louange de saint Edme, son patron, et rédigea, de concert avec un docteur de Sorbonne, son ami, un nouvel Office pour la fête de ce saint. Mal

(1) On assure que Pourchot nommait ce recueil, en plaisantant, le sottisier.

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