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deux provinces, dont tous les petits princes lui avaient résigné leurs états. En 1333, il attaqua Ferrare, par surprise, quoiqu'il eût donné l'investiture de cette ville au marquis d'Este. Après avoir battu les Ferrarais, le 6 février, à Consandoli, il assiégeait déjà cette ville, lorsqu'il fut surpris, le 14 avril, par les marquis d'Este, et son armée mise en déroute. L'avarice et l'ingratitude de Bertrand du Pouget rendirent cette défaite plus funeste pour lui qu'elle n'aurait dû l'être : presque tous les princes de Romagne, feudataires de l'Église, qui servaient dans son armée, furent faits prisonniers à cette bataille. Il refusa de les racheter ou de les échanger contre ses propres captifs; et les marquis d'Este profitèrent de ce refus: ils rendirent gratuitement la liberté à tous les princes feudataires; et ceux-ci, rentrant à l'improviste dans leurs petites principautés, les firent toutes révolter. Rimini, Forli, Césène, Ravenne et Cervia, prirent presqu'en même temps les armes contre l'Église. Le roi Jean, éprouvant de son côté des revers en Italie, quitta brusquement ce pays, après avoir vendu les villes qu'il possédait encore, aux anciens seigneurs qu'il y rétablit. Bologne, cependant, restait toujours à Bertrand du Pouget: il avait voulu en faire sa capitale, et il y avait bâti une forteresse, garnie de soldats languedociens; mais les Bolo-cueils. Il entra, en 1696, dans la nais, qu'il avait trompés long-temps congrégation de l'Oratoire. M. de en leur promettant que le pape vien- Colbert, avec qui il s'était lié dans drait se fixer au milieu d'eux leur cours de licence, l'attira, l'anavaient encore assez d'énergie pour née suivante, à Montpellier, et le secouer le joug. Les deux partis, qui s'étaient long temps combattus à Bologne, se réunirent pour reconquérir leur liberté; ils prirent les armes le 17 mars 1334, et vinrent

assiéger le légat dans sa forteresse. Bertrand du Pouget s'estima heureux de pouvoir recourir à la médiation des Florentins, qui, auparavant, avaient mis obstacle à ses projets ambitieux; il évacua Bologne et tout ce qui lui restait des états qu'il avait soumis en Italie. De retour à Avignon, il rassemblait de l'argent et des troupes pour une seconde expédition dans le pays où il avait aspiré à tant de grandeur; mais Jean XXII, son protecteur, étant mort, le cardinal cessa de jouer un rôle politique, et retomba dans l'obscurité. Il mourut le 8 janvier 1351, et fut inhumé dans l'église des Claristes du Pouget, qu'il avait fondée, en 1321 (1), dans le domaine de sou père ( in loco patrimoniali ). Ce monument fut détruit par les Calvinistes ; et l'on en voyait encore les débris au commencement de la révolution. S. S-1.

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POUGET (FRANÇOIS - AIMÉ), docteur de Sorbonue, naquit à Montpellier, le 28 août 1666. Etant vicaire de Saint Roch, à Paris, il fut appelé auprès du célèbre Lafontaine, qui se trouvait attaqué d'une grave maladie, et eut la principale part à sa conversion, dont il adressa la relation à l'abbé d'Olivet. Cette relation curieuse fut insérée dans le premier volume des Mémoires de littérature du P. Desmolets, d'où elle a passé dans d'autres Re

(1) La supérieure portait le titre d'abbesse, et était nommée par la famille du cardinal. Les Du Pouget de Nadaillac ont, jusqu'à l'époque de la révolution exercé le droit de cette nomination, conjointement avec la famille de Beaumont : ce qui prouve que le cardinal se nommait Du Pouget, et non de Poyet.

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mit à la tête de son séminaire. Ce prélat le prenait avec lui dans le cours de ses visites pastorales, et se servait utilement de ses lumières dans le gouvernement de son diocèse. Après plusieurs années de séjour dans sa patrie, le P. Pouget revint se fixer à Paris. Il y fit, avec beaucoup de distinction, des conférences publiques sur les cas de conscience, au séminaire de Saint-Magloire, et fut choisi par le cardinal de Noailles, pour être membre de la commission chargée de travailler à la réforme de la liturgie du diocèse de Paris. Ce fut dans ce séminaire qu'il mourut, le 14 avril 1723. L'ouvrage qui a rendu son nom célèbre, est le Catéchisme de Montpellier, composé par les ordres de M. de Colbert, pour l'instruction des nouveaux-convertis. Il est clair, solide et instructif. La doctrine de l'Église y est distinguée, avec précision, des questions controversées entre les théologiens. Dogme, morale, sacrements, prières, cérémonies, usages de l'Église, tout y est expliqué avec autant de simplicité que d'élégance. Ce catéchisme fut adopté dans toute la France, traduit dans toutes les langues des états catholiques; et il conserve encore sa réputation. La première édition est celle de Paris, 1702, 1 vol. in-4°. M. de Charency, successeur de M. de Colbert, fit imprimer séparément à Avignon, en 1745, le petit Catéchisme, qui était à la suite du grand. Les altérations qu'il y avait faites, déplurent à quelques-uns de ses collègues, et il le désavoua. Il y a un nombre considérable d'éditions du grand Catéchisme, dans plusieurs desquelles les éditeurs ont inséré des additions en divers sens, suivant leurs différentes opinions. Le P. Pouget, lui-même,

avait fait une addition dans celle de 1710: elle déplut à M. de Colbert, mais il fut convenu entre eux qu'elle serait supprimée dans la traduction latine qu'il en préparait lorsqu'il fut surpris par la inort. Le premier volume était déjà imprimé, et le second très-avancé. A peine l'auteur eut-il fermé les yeux, qu'elle fut saisie avec éclat, à la sollicitation du cardinal de Bissy, quoiqu'on eût obtenu le privilége du roi pour la rendre publique. L'imprimeur Simart n'eut la liberté de la mettre en circulation, qu'après que le docteur Claver, au refus de plusieurs autres censeurs > y eut mis des cartons en divers endroits. C'est ainsi qu'elle parut, en 1725, par les soins du P. Desmolets, sous le titre d'Institutiones catholicæ, 2 vol. in-fol. On y trouve, en entier, les passages de l'Écriture et des Pères, qui n'étaient qu'indiqués dans les éditions françaises. Cette édition a été réimprimée à Venise, en 1768. Voyez, sur les différentes éditions de ce Catéchisme, des Lettres curieuses qui parurent en 1768. Les autres ouvrages du P. Pouget sont : I. Lettre à M. de Colbert, sur la signature du formulaire. II. Lettre à M. le cardinal de Noailles sur la bulle Unigenitus. III. Instruction chrétienne sur la Prière, Paris, 1728, in-12. Ce n'est en général que la traduction des passages des Pères, tirés de son grand Catéchisme. IV. Instruction sur les principaux devoirs des chevaliers de Malte, Paris, 1712, in-12. Le P. Pouget n'en est à proprement parler que le réviseur et l'éditeur. V. Mémoire d'un docteur de Sorbonne, consulté par les commissaires du conseil de régence, chargés d'examiner les questions proposées par rapport au refus que le pape fait de donner des

bulles aux sujets nommés par le roi à divers évêchés. Ce Mémoire se trouve dans le premier volume des Avis aux princes catholiques, publiés en 1768. VI. Lettre au président Bon, à la suite de la Dissertation de ce dernier sur la soie des araignées. Le P. Pouget a laissé en manuscrit : Des Lettres adressées à M. Bonnet, général des Lazaristes, dans lesquelles il fait l'apologie du système de Law. Une Lettre à M. Perier, doyen du chapitre de Clermont, touchant la composition d'un nouveau Bréviaire.- Un travail sur le Bréviaire de Narbonne. T-D. POUHAT (JEAN-BAPTISTE), littérateur, né, vers 1630, à Nozeroi, petite ville du comté de Bourgogne, s'appliqua à l'étude de la jurisprudence, et fut reçu avocat à Dole. Ses talents l'ayant bientôt fait connaître, il fut député par le parlement à la cour de Madrid, pour défendre les intérêts de la province. Il revint, en 1671, à Dole, remplir la place de secrétaire de Quiñones, nommé gouverneur du comté c'était la première fois qu'un étranger occupait cette place importante; et Quiñonès ne tarda pas à s'apercevoir qu'il ne parviendrait jamais à dissiper les préventions qu'avait fait naître son arrivée dans le pays. Connaissant les liaisons de Pouhat avec les principaux mécontents, il lui ôta son emploi pour le donner à un Espagnol; et cette mesure anima encore la haine qu'on portait au gouverneur. Dès-lors Pouhat embrassa ouvertement le parti de la France; et il contribua de tout son pouvoir à préparer les esprits à se soumettre à Louis XIV. Ce prince le récompensa de son zèle, par une place de conseiller au parlement, dont le brevet lui fut expédié par le

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XXXV.

roi, de son camp de la Loye (près Dole), le jour même qu'il rétablit la cour souveraine de justice (17 juin 1674). Pouhat remplit cette charge avec zèle; et ayant obtenu la permission de s'en démettre à raison de ses infirmités, il se retira à Montbozon près de Vesoul, où il mourut, en 1705, à l'âge de 75 ans. Outre quelques pièces de vers restées inédites, on a de lui un poème latin, intitulé: Ludovici magni Galliar. Regis panegyricus, Besançon, 1664, in-4°. W,$.

POUILLY (JEAN-SIMON LEVESQUE DE ), de l'académie des inscriptions, et de celle de Châlonssur-Marne, naquit à Reims, le 8 mai 1734. Il était fils de Louis-Jean Levesque de Pouilly, magistrat estimé(V. LEVESQUE, tom. XXIV, p. 377); et son éducation fut cultivée avec soin. Il venait à peine d'atteindre sa seizième année, lorsqu'il perdit un père, qui l'aimait tendrement, mais dont les deux frères, Burigny et Champeaux, qui avaient formé avec lui cette espèce de triumvirat que l'histoire littéraire offre si rarement (V. BURIGNY), achevèrent de diriger le jeune Pouilly dans ses études. Dès qu'elles furent terminées, Burigny, membre de l'académie des inscriptions, le fit venirà Paris, où il le mit en relation avec les gens de lettres les plus célèbres, et l'introduisit dans la société de Mesdames Geoffrin, Dubocage et Dupin, qui rénnissaient chez elles les personnes les plus distinguées par leur esprit et leurs talents. Encouragé dans ses premiers essais littéraires par Mably, qui l'engageait à ne traiter que l'histoire, le jeune Pouilly débuta par un Eloge de Rogier, lieutenant des habitants de Reims, qu'il fit paraître en 1755, et par la Vie du chancelier L'Hôpital, dont son on

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de l'intérieur, que pour l'embellissement des promenades publiques. A l'ouverture des assemblées provinciales, il fut élu syndic du clergé et de la noblesse de Champagne, et dès-lors obligé de renoncer à son office de lieutenant-général du bailliage, qui était devenu incompatible avec les fonctions du syndi cat. Les troubles de la révolution ayant éclaté en 1789, Pouilly se retira dans les environs de Genève, où son oncle Champeaux avait laissé d'honorables souvenirs. Il eut occasion de s'y lier avec le célèbre naturaliste Bonnet. Le calme ayant enfin succédé aux orages de la révolution, Pouilly revint en France, et fut nommé associé correspondant de l'Institut. Depuis cette époque, il vécut à Reims, retiré dans le sein de sa famille; et il y cultivait en paix les lettres et les beaux-arts, qu'il aimait avec passion. Il a terminé sa carrière le 24 mars 1820. On a de lui: I. L'Eloge de Jean Rogier, lieutenant des habitants de Reims, publiéen 1755. II. La Vie du chancelier de L'Hôpital, 1764, in-12, et 1774, in-8°. Voltaire, et Fréron, dans son Année littéraire (tome III, page 143), en ont fait l'éloge. III. Une Dissertation en deux Mémoires (insérés dans ceux de l'académie des inscriptions, tome xxxix, pages 566 et 590), sur la naissance et les progrès de la jurisdiction temporelle des Eglises, depuis l'eta

cle parut satisfait, mais qu'il ne se pressa point de publier. Après avoir essayé de suivre la carrière diplomatique, sous les auspices de son oncle Champeaux, envoyé de France près du cercle de la Basse-Saxe, au commencement de la guerre de SeptAns, il rentra dans sa patrie lors de la destitution de ce dernier, et revint à Reims pour occuper la place de lieutenant-général du bailliage, qu'il remplit avec distinction pendant près de trente années. «< Durant l'exercice » de cette place, dit l'auteur d'une >> très-bonne notice sur M. de Pouilly, il eut occasion de produire un » Mémoire important dans une af» faire de droit public français, qui » intéressait non-seulement la ville » de Reims, mais toutes celles dont >> la seigneurie directe n'apparte»> nait point au roi. Pouilly y dé>> fendit, avec succès, les intérêts de »sa province, et y développa les >> droits de l'autorité souveraine, et >> la nature de ceux que pouvait alors » réclamer la féodalité. Aussi les » pairs, malgré l'autorité dont jouis»saient les puissants adversaires du » Mémoire, se crurent-ils obligés » d'abandonner une cause que la rai» son et la politique désavouaient » également. » On publia deux éditions de ce mémoire, dont il est fait une mention honorable dans le Recueil des ordonnances. Pouilly fut nommé, en 1768, membre de l'académie des inscriptions; conseiller-d'état, en 1777; enfin, ses concitoyens l'ap-blissement de la monarchie, juspelèrent en 1782, à diriger les affaires de la ville, en qualité de lieutenant des habitants. Reims lui a l'obligation d'avoir acquitté une grande partie des dettes de la ville. Pendant son administration, d'utiles travaux furent entrepris par ses soins, tant pour la salubrité

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qu'au commencement du quatorzième siècle, 1770. IV. L'Eloge de Charles Bonnet, imprimé chez P. Heubach, etc., Lausanne, 1794, in8°. V. Théorie de l'imagination, contenant l'analyse des sentiments agréables ou pénibles, vertueux ou vicieux, qui ont leur principe dans le

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perspicacité, les caractérisaient l'uni et l'autre ; également infatigables dans leurs veilles, également habiles dans le droit coutumier, ils avaient le même zèle pour les progrès de la Science. Pothier était plus profondément versé dans la législation romaine, dont son émule n'avait point fait une étude aussi particulière; sa renommée fut plus étendue, plus populaire, parce qu'il composa des traités sur presque toutes les parties du droit, et que ces nombreux écrits étaient d'un usage plus génénéral. Poulain-Duparc écrivit moins; et le temps qu'il donnait à la consultation ne lui permettait pas de se consacrer à une tâche aussi vaste que celle à laquelle Pothier dévoua sa vie entière. Il n'eut en vue, dans ses ouvrages, que l'utilité de sa province, et n'envisagea que la jurisprudence de son parlement. Mais s'il reste inférieur, comme écrivain, au professeur d'Orléans, il le sur passa peut-être dans la carrière de l'enseignement : il eut une élocution plus facile, et se prononça dans ses décisions avec plus d'assurance. Il mourut, en 1782, à Rennes, où il était né en 1701. Voici la liste'de ses ouvrages: I. Observations sur les écrits du président Perchambault de la Bigotière, in-12. II. Coutumes générales de Bretagne, et usements locaux de cette province, Rennes, 1745, et années suivantes, 3 vol. in-4°. C'est un travail complet, où l'auteur a fondu avec ordre les meilleures observations de ses devanciers, et où il a donné des développements qui n'ont rien laissé à faire à ses successeurs. III. Journal des arrêts du parlement de Bretagne, recueil estimé, précieux surtout par les discours de Lachalotais, qui y sont conservés, 5 vol.

travail de l'imaginatiou, Paris, Bernard, 1803, in-12. On distingue dans cet ouvrage un ton soutenu de raison, de délicatesse et de philosophie. J-B. POULAIN-DUPARC (AUGUSTINMARIE ), frère du littérateur Poulain de Saint-Foix, embrassa la même profession que son père, Poulain de Belair, avocat distingué à Rennes, auteur d'une traduction abrégée du Commentaire de D'Argentré sur la coutume de Bretagne. Formé par les leçons et l'exemple d'un tel maître, Poulain-Duparc hérita de sa réputation, et tarda peu à le surpasser. Ses débuts au barreau avaient été brillants; et il obtenait dans la plaidoirie la même supériorité que dans le cabinet: mais l'étendue de ses connaissances semblait l'appeler aux fonctions de l'enseignement, 'autant que son desir de se rendre doublement utile à ses concitoyens. Il abandonna donc les luttes judiciaires aux athlètes plus jeunes, se réservant de reparaître dans l'arène en des occasions d'éclat; il continua d'être l'oracle de sa province, et partagea sa vie entre les travaux de la consultation et ceux de la chaire de droit civil dans sa ville natale. L'autorité des conseils par lesquels il éclairait les familles sur leurs intérêts, donnait un nouveau lustre à ses savantes leçons; le grand nombre d'élèves qu'il initiait aux mystères de la jurisprudence, hérissée alors de difficultés, d'incertitudes et d'incohérences, proclamaient la haute capacité du maître. Il n'avait qu'un rival, et c'est nommer Pothier. Tous les deux portaient une méthode et une clarté précieuses dans l'exposition de leurs doctrines un grand sens, une admirable justesse d'idées, une mémoire féconde, une heureuse

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