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seurs et des imitateurs (V. DECKHERR, X, 640, et APROSIO, II, 341). L'auteur s'occupa de le perfectionner. Mais ayant appris que Baillet travaillait à un traité sur la même matière, il lui fit proposer ses notes manuscrites, sous la condition que l'ouvrage serait écrit en latin. Čette condition ne fut pas la seule cause du refus de Baillet, qui répondit que d'ailleurs il ne voulait parler que des auteurs dont on avait pris les noms pour publier des ouvrages auxquels ils étaient étrangers. Placcius alors fit un appel à tous les savants, et publia cet appel, sous ce titre Invitatio amica ad Antonium Magliabecchum, aliosque illustres et clarissimos litterariæ atque rei librariæ proceres, fautores, peritos, super symbolis, promissis partim et destinatis ad anonymos et pseudonymos detectos et detegendos, 1689, in-8°. Cette invitation ne fut pas stérile, et Placcius se disposait à donner sa seconde édition, lorsqu'il mourut. Il en chargea Van Mastricht, qui, pendant sept ans, chercha vainement un libraire qui voulût s'en charger. Ce fut avec le secours de Mathias Dreyer, chanoine de Hambourg, que l'ouvrage parut sous ce titre : Vincentii Placci Theatrum anonymorum et pseudonymorum, Hambourg, 1708, in-fol., deux parties. L'avis au lecteur et la vie de l'auteur sont de J. A. Fabricius; mais le Commentatio Editoris de summd et scopo operis, est signé Mathias Dreyerus. La première partie comprend les anonymes; la seconde, les pseudonymes. Le premier chapitre de la première partie traite De biblicis scriptoribus anonymis; et à la suite on trouve quinze chapitres et un Appendix tels qu'ils étaient dans la première édi

en

tion, le tout comprenant 617 articles. C'est après tout cela que vient le chapitre 2 des théologiens; le chapitre 3 est consacré aux jurisconsultes, le chapitre 4 aux médecins; les historiens, les philosophes, les moralistes, les philologues, les poètes, les auteurs allemands les belges, les anglais, les français, les italiens, ont chacun un chapitre; le 16. comprend les auteurs en diverses langues (elles sont au nombre de 19); enfin le 17. chapitre a été réservé aux Rabins, qui seuls ont fourni 519 articles: le total des 16 premiers chapitres est de 2,777 numéros, parmi lesquels il en est beaucoup qui sont doublés, et même sextuplés. La deuxième partie ou celle des pseudonymes, contient 2,930 articles ranges par ordre alphabétique des auteurs dont les livres portent les noms. Les traités de Deck herr, du P. Vinding, de Bayle, l'opuscule de Fr. Geisler, et une lettre de J.-Fr. Mayer (V. MAYER, XXVII, 613), sont suivis de deux tables: 1o. des ou vrages anonymes; 2°. des auteurs tant anonymes que pseudonymes. Les dix. sept divisions ou classes sous lesquelles sont rangés les ouvrages anonymes, sont un embarras pour celui qui a besoin de se servir du livre de Placcius. Si l'on ajoute à cela que les citations inutiles sont multipliées, que les titres des livres sont traduits en latin, que les noms des auteurs sont souvent défigurés, que souvent encore les ouvrages sont faussement attribués à tels auteurs, on est tenté d'approuver le jugement sévère de Prosper Marchand, qui l'appelle Mare magnum erratorum. L'ouvrage peut être consulté avec fruit; mais il faut que ce soit avec précau tion. On ne doit point, au reste, oublier que Placcius a, en quelque

sorte, ouvert la carrière; oe qui est un titre à l'indulgence, et à la reconnaissance du lecteur. Quelques corrections, ou additions à son travail sont données par J. Fabricius, dans son Historia bibliothecæ Fabricianæ, partie II, pag. 139-171. Les ouvrages de Heumann et Mylius, sont des suppléments au Theatrum de Placcius (V. MYLIUS, XXX, 513, et HEUMANN, xx, 332, article dont la note doit être annulée comine étant une faute ). Pour les livres français, Placcius ne dévolle guère que cinq cents anonymes: la seconde édition de l'ouvrage de M. Barbier, sur les anonymes et pseudonymes français et latins, dont le second volume a paru, contiendra environ vingt mille articles français. A. B-T. PLACE (PIERRE DE LA), en latin à Platea ou Plateanus (1), jurisconsulte et historien, était né, vers 1520, à Angoulême, d'une famille ancienne. Après avoir achevé ses études à l'université de Poitiers, avec beaucoup de distinction, il vint à Paris, et ne tarda pas à s'y faire connaître d'une manière avantageuse. Sur les instances de ses amis, il blia, en 1548, une Paraphrase de quelques titres des Institutes (2), qui fut très-bien reçue. Il avait été nommé, peu auparavant, avocat du roi à la cour des aides; et il en remplit les fonctions avec tant de zèle et de probité, que le roi Henri II l'éleva

pu

(1) Il ne faut pas confondre La Place avec Pierre Plateanus de Zwickau, mort le 29 janvier 1551, dont on a une Introduction à la grammaire latine, Bâle, 1538, in-8°., plusieurs fois réimprimée, des Lettres sur les Anabaptistes et le révolution de Munster, Leipzig, 1543, in-40.; - et trois livres d'Opuscules philosophiques et théologiques, Francfort, 1587, in-8°.

(2) Farnace remarque que La Place avait terminé cette Paraphrase des Institutes avant l'âge de vingtdeux ans; mais, qu'il ne voulut la publier qu'après l'avoir soumise à quelques-uns de ses confrères.

à la dignité de président de la même cour. Dans le temps que La Place achevait ses études à Poitiers, il avait eu plusieurs conférences avec Calvin, et il lui était resté, depuis, des doutes sur plusieurs articles controversés; mais ce ne fut qu'en 1560, qu'il commença de professer ouvertement les principes de la réforme. Les troubles qui éclaterent peu après, l'obligèrent de quitter Paris, où sa vie était menacée; il emmena sa famille dans une terre qu'il possédait en Picardie, et il y passa deux années, partageant son temps entre la lecture de l'Écriture sainte et l'étude. Lorsque le calme fut rétabli, La Place se présenta devant le roi; et, s'étant pleinement justifié, il fut réintégré dans ses fonctions. Dans le même temps, le prince de Condé, voulant lui donner une preuve de son estime, le fit surintendant de sa maison. Les catholiques et les testants étaient également mécontents de la paix jurée: de nouveaux troubles éclatèrent bientôt; et La Place. fut encore obligé de sortir de Paris. Cette fois, sa demeure fut saccagée, sa bibliothèque pillée, le séquestre mis sur ses revenus, et sa charge de président conférée à Étienne de Nully, qui ne rougit pas d'employer. les moyens les plus odieux pour la garder, quand le roi eut donné l'ordre de la rendre au titulaire. Il était impossible que La Place ne fût pas. enveloppé dans le massacre de la Saint-Barthelemi. Arrêté chez lui par le prévôt de l'hôtel, Seneçay, il fut remis à la garde de quatre archers, chargés en apparence de le conduire au roi; mais, à peine arrivé dans la ruede la Verrerie, il fut entouré par les assassins qui l'attendaient, et tomba percé de coups. Son cadavre, porté dans une écurie, près de

pro

l'hôtel-de-ville, fut jeté le lendemain (27 août, 1572), dans la rivière (3). Ainsi périt, à l'âge de cinquante et quel ques années, un magistrat qui avait mérité par ses talents et ses vertus, l'estime de François Ier. et de Henri II, et l'amitié de L'Hôpital. On a de lui: I. Paraphrasis in titulos institutionum imperialium de activnibus, exceptionibus et interdictis, etc., Paris, 1548, in-4°. II. Traité de la vocation et manière de vivre

à laquelle chacun est appelé, ibid., 1561, in-4°., 1574, in-8°. Ce livre est dédié à Charles IX on y trouve des vues saines et des réflexions judicieuses sur la nécessité de donner plus d'instruction aux enfants. III. Traité du droit usage de la philosophie morale avec la doctrine chrétienne, ibid., 1562, in-8°.; Leyde, Elzevier, 1658, in-12; cette jolie édition est augmentée d'une Épître de Jean Elzevier à François de La Place, petit-fils de l'auteur. IV. Les Commentaires de l'état de la religion et république sous les rois Henri II, François II et Charles IX, 1565, in-8°. C'est une espèce de journal des principaux événements arrivés en France depuis 1556 jusqu'en 1561, à la tenue du colloque de Poissi. Cet ouvrage, écrit avec assez de modération, est recherché des curieux, qui donnent la préférence à l'édition qu'on vient de citer. On croit que l'auteur l'avait continué;

(3) Un témoin oculaire nous a laissé le Récit détaillé de la mort du président de La Place; il a été inséré dans le recueil intitulé: De l'estat de la France sous Charles IX, tom. 1er., p. 300-303. On retrouve ce morceau dans les Pièces intéressantes et peu connues, pour servir à l'histoire et à la littérature, tom. III, 456-67( Voyez l'article P. A. de La PLACE ci-après); mais le nouvel éditeur l'a fait précéder d'une Notice abrégée, mais tresfautive, sur ce président : et il est d'autant plus inexcusable, qu'à défaut du Brief recueil de Farnace, qu'il avoue n'avoir pu se procurer, il avait sous les yeux le Dictionnaire de Bayle, dans lequel il aurait puisé des notions plus exactes.

mais tous ses manuscrits furent bruIes lors de la dispersion de sa bibliothèque. V. Traité de l'excellence de l'homme chrétien, 1572, in -8°., 1581, in-12: cette édition est augmentée du Brief recueil des principaux points de la vie de P. de La Place, par P. de Farnace. Bayle en a inséré plusieurs passages dans les notes de l'article qu'il a consacré à La Place. W-s.

PLACE (JOSUÉ DE LA), l'un des théologiens les plus renommés de l'église réformée de France, était issu d'une famille considérée de Bretagne. Son aïeul, son père, et quatre de ses frères, suivirent comme lui la carrière du ministère évangélique. Après avoir terminé de bonnes études à Saumur, La Place y enseigna lui-même la philosophie. L'église de Nantes l'appela bientôt à exercer dans son sein les fonctions pastorales. Il la quitta pour retourner prendre à Saumur une chaire de théologie; et, dans cette école, alors célèbre, il forma, avec Moïse Admyrault et Louis Capel, un triumvirat des plus distingués. Mais le synode de Charenton s'effaroucha, en 1642, de quelques idées de La Place, sur l'imputation du pêché originel, un peu divergentes de l'orthodoxie calvinienne; et, sans l'avoir entendu, mais aussi sans le nommer, on prit des mesures pour arrêter les progrès de sa doctrine. On n'y réussit pas : ainsi que cela arrive d'ordinaire l'opinion de La Place trouva, parmi les théologiens de France, de Hollande et de Suisse, des partisans zélés et d'amers antagonistes. L'amour de la paix, trait remarquable du caractère de La Place, l'empêcha de défendre ouvertement cette opinion. On peut consulter à ce sujet, l'Histoire ecclésiastique de Mosheim (trad..

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franç., édit. de Maestricht), tome v, pag. 384 et 446, et le Recueil des Synodes nationaux des églises réformées de France, par Aymon, tome 11, p. 680 et 750. La Place mourut à Saumur, en 1665, âgé de cinquante-neuf ans. Le recueil de ses OEuvres, en partie traduites du français, sous le titre de, Josua Placæi opera omnia, a paru à Franeker, en 1699, et il en a été fait une nouvelle édition, en 1703, en 3 vol. in4°. Le premier traite des types, de l'imputation du péché d'Adam, de l'ordre des décrets de Dieu, du libre arbitre; et il offre un Abrégé de théologie, non achevé par l'auteur. Le second a pour objet la divinité de Jésus-Christ, contre Socin. Le troisième réunit différents Traités contre le sacrifice de la messe, etc. La fameuse collection des Theses Salmurienses est en partie composée de celles de La Place. M-ON. PLACE (PIERRE-ANTOINE DE LA), l'un des écrivains les plus féconds et les plus médiocres du dix-huitième siècle, était né, en 1707, à Calais, d'une famille obscure (1). A l'âge de sept ans, on l'envoya à Saint-Omer, pour y étudier dans un college de Jésuites anglais. Il y apprit leur lanla seule qu'on parlât dans la maison; mais en même temps il désapprit si bien la sienne, qu'en sortant de de gollege, à l'âge de dixsept ans il fut, de son aveu, obligé de se remettre à l'étude du français, qu'il avait oublié. Il faut croire, ajoute Laharpe, qu'il ne fit pas de grands progrès dans cette étude; car

gue,

(Il avait la prétention de descendre du président La Place, dont on a vu l'article p. 4 ci-dessus; et il n'a inséré dans le Recueil des pièces intéressantes (. t. 111, 456), le Récit de la mort de P. La Place, que

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il a écrit toute sa vie le français comme le parlent ceux qui en ignorent les premiers principes. La Place n'ayant de vocation particulière pour aucune profession libérale, se décida pour le métier d'écrivain. Ses premiers essais furent à peine remarqués dans un temps où la littérature était presque le seul aliment de la curiosité publique. Piqué d'une telle indifférence, il imagina un moyen singulier d'attirer sur lui l'attention. Caché dans le fond d'une province, il fit écrire à Paris qu'il était mort. Cette nouvelle fut mise dans les Feuilles de l'abbé Desfontaines, avec une lettre d'un prétendu ami, qui s'étendait beaucoup sur la perte d'un jeune homme de si grande espérance: mais le stratagème fut bientôt découvert, et l'on en rit beaucoup (Laharpe, Correspond. littéraire). La connaissance que La Place avait de l'anglais fut la cause de sa petite fortune. Voltaire avait mis à la mode la littérature de ce pays, jusqu'alors peu connue en Europe; et La Place profita de la circonstance pour faire jouer, en 1746, la tragédie de Venise sauvée, assez fidèlement traduite d'Otway, qui eut un succès passager. Il était, dit Laharpe, accort, souple, actif, et de plus, homme de plaisir et de bonne chère: il s'était lie particulièrement, à ce dernier titre, avec Piron, Duclos, Collé, Crébillon fils, etc.; et ces liaisons lui donnèrent accès auprès du frère de la marquise de Pompadour. Il eut l'occasion de rendre un service à cette dame, en traduisant un libelle qui venait de paraître contre elle en anglais, et dont le ministere avait fait acheter en Hollande l'édition entière. Il obtint, pour récom

pour avoir l'occasion de rappeler quelques pièces pense, en 1762, le privilége du Mer

qui prouveraient, en effet, qu'il s'était fait reconnaître par cette famille.

cure; mais il ne le conserva que deux

ans. Les souscriptions étaient si fort diminuées, dans l'intervalle, que leur produit ne suffisait plus pour payer les pensions dont ce journal était chargé. On dit à ce sujet, que le Mercure était tombé sur la place. On lui réserva cependant une pension de cinq mille livres sur ce même Mercure, dont il avait occasionné la chute. Il quitta, bientôt après, Paris, et alla se consoler, à Bruxelles, des disgraces qu'il venait d'éprouver authéâtre. Mais, toujours tourmenté du besoin d'occuper de lui le public, qui s'obstinait à l'oublier, il revint, au bout de quelques années, se mettre aux gages des libraires ; et il ne cessa d'écrire qu'à sa mort, arrivée à Paris, dans les premiers jours de mai 1793. La Place se quafifiait du nom de doyen des gens de lettres; et l'on a prétendu qu'il se faisait le doyen d'un corps dont il n'était pas. Malgré toutes ses intrigues, il ne put jamais obtenir d'autre titre littéraire que celui de secrétaire de l'académie d'Arras, dont, sans doute, il ne remplissait pas les fonctions. Il était très - vain, grand habicur, et parlait sans cesse de lui on de ses ouvrages, qu'il aimait à citer longuement; mais il était bon homme au fond, très obligeant; et ses qualités faisaient passer sur ses ridicules. Il a composé lui-même son Epitaphe, dans laquelle il

dit que:

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Sans fortune, en dépit du sort,
Il a joui jusqu'à sa mort.

Ces deux vers (si l'on peut donner ce nom à deux lignes rimées) ne sont pas les plus mauvais qu'il ait produits, et doivent faire juger de son manque absolu de talent pour la poésie. On a de La Place: I. Des tragédies: Venise sauvée, en cinq actes, 1747, in-8°. Cette pièce, imi

teedel'anglais, d'Otway, quoique fort mal écrite, eut du succès, parce qu'il y avait de l'intérêt : elle n'est pas cependant restée au théâtre, parce que c'est absolument le même sujet que le Manlius de Lafosse, tragédie infiniment supérieure à l'ouvrage anglais dont elle est tirée ( Voyez la Correspondance de Laharpe).-Adèle de Ponthieu, en cinq actes, 1757. La représentation en fut différée pendant dix-huit mois; et La Place se. persuada que Voltaire, jaloux du succès de son premier ouvrage, cherchait à l'éloigner du théâtre. Il s'adressa au duc de Richelieu, qui donna des ordres si précis que la pièce fut apprise et jouée. La Place remercia son protecteur, par un quatrain dont voici le dernier vers:

Tu pris Minorque et fis jouer Adèle. -Jeanne d'Angleterre ; pièce trèsinférieure à la précédente, n'eut que quelques représentations. -Polyxè ne, pièce inconnue, citée dans le Journ. encyclop. II. Des comédies : le Veuvage trompeur, en trois actes; l'Epouse à la mode, en trois actes et en vers; Rennio et Alinde, ou les Amants sans le savoir, en deux actes et en prose: toutes ces pièces furent trouvées si peu dignes d'attention, qu'on dédaigna même de les critiquer, lors de leur courte aprition sur la scène; les Deux Cousines, en trois actes et en prose, imprimée, en 1746. in 8., mais non représentée. III, Des Traductions le Théatre anglais, Londres (Paris), 1745 - 48, 8 vol. in12. Cette version, moitié prose, moitié vers, est mauvaise. La prose est souvent plate, et les vers sont fort au-dessous de la prose (Laharpe, Correspond. litter. ) Le traducteur connaissait d'ailleurs assez mal la

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