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magne. POSSEL (Jean), fils du précédent, et que l'identité de nom a fait confondre souvent avec son père, était né, en 1565, à Rostock; il professa la littérature grecque à l'académie de cette ville, et mourut le 21 juin 1633. Outre des éditions augmentées de la Calligraphia, on lui doit: I. Apophthegmata ex Plutarcho et aliis selecta, inque locos communes redacta, gr. et lat., Wittemberg, 1595, in-8°. II. Hesiodi opera omnia, græcè et latinè, Francfort et Leipzig, 1601, 1603, 1615, in-8°. C'est probablement à Possel le fils qu'il faut attribuer l'Oratio de Reimondi Pellisonis et urbis Camberii laudibus, dont ni Moller ni Rotermund ne disent rien (V. PEL LISSON, XXXIII, 295, not. 1).

W-s. POSSELT (ERNEST-LOUIS), historien et publiciste, fils d'un conseillier aulique de Dourlach, dans le margraviat de Bade, et né dans cette ville en 1763, se distingua, dès ses premières études, aux gymnases de Dourlach et de Carlsruhe, puis à l'université des Goettingue, où il s'appliqua à la jurisprudence, à l'histoire et aux langues modernes. Ayant terminé ses cours de droit à Strasbourg, où il prit le degré de docteur, il revint dans sa patrie, et commença de pratiquer comme avocat. Mais, ne trouvant pas cette carrière à son goût, il sollicita et obtint la chaire de droit et d'éloquence au gymnase de Carlsruhe; il reçut en outre le titre de secrétaire-privé du margrave. Ce fut alors que, plein des auteurs anciens, il conçut l'idée de reproduire leur éloquence oratoire en l'appliquant aux intérêts de sa patrie. Il prononça des discours d'apparat sur l'historiographie allemande, sur Frédéric II, roi de Prusse, et sur le dévoue

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ment des quatre cents bourgeois de Pforzheim, qui, à la bataille de Wimpfen s'étaient dévoués, en 1622, pour empêcher l'armée austroespagnole de poursuivre le margrave de Bade dans sa fuite. Cette innovation aurait pu choquer le grand

nombre d'Allemands attachés aux formes anciennes, si les professeurs n'eussent pas joui alors d'une sorte de privilége: d'ailleurs la famille du margrave assistait aux séances où Posselt les prononçait; et l'orateur y avait prudemment entremêlé des hommages au prince. Ces discours jetèrent les fondements de sa réputation, et lui furent avantageux sou$ d'autres rapports. La ville de Pforz heim, pour le récompenser à la manière antique, lui donna le droit de bourgeoisie; et le gouvernement prussien, sensible à son panégyrique éloquent de Frédéric II, lui offrit des emplois. Cependant Posselt continua de séjourner dans le pays de Bade, où il était plus libre. En 1791, il obtint une place de bailli à Gernsbach, près de Rastadt. Comme cette fonction l'occupait peu, il put donner toute son attention aux grands événements qui se passaient en France. Il y porta toute la vivacité d'un jeune homme qui attend impatiemment, d'une époque nouvelle, l'amélioration des institutions sociales et du sort de l'humanité. Il se déclara chaudement pour le parti de la révolution, écrivit en latin les premières guerres des Français contre les coalisés, publia les actes du procès de l'infortuné Louis XVI, et commença son almanach de l'histoire de nos jours, qu'il continua pendant huit ans. Il y raconte, avec une sorte d'enthousiasme, les progrès de la révolution, et en peint, avec beaucoup de talent, les événements principaux.

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L'ouvrage ne pouvait manquer de produire un grand effet en Allemagne: on loua beaucoup l'écrivain; mais plusieurs voix blamèrent le publiciste. En 1795 il commença les Annales européennes ; cet ouvrage périodique, un des meilleurs sur l'histoire et la politique de cette époque, fut publié chez Cotta, à Tubingue. Ce libraire, lié d'amitié avec Posselt, lui proposa la rédaction d'un journal quotidien, sous le titre de Weltkunde. Il accepta cette offre, et en 1798, il serendit, à cet effet, à Tubingue; mais à peine cette feuille avait-elle paru pendant une année, qu'elle fut sup. primée à la demande de la cour de Vienne. Cependant M. Cotta la fit reparaître peu de jours après à Stuttgard, sous le titre d'Allgemeine Zeitung (1), et en confia la rédaction à L. F. Huber (V. ce nom, XXI, 6). On avait déjà dénoncé les articles de Posselt sur les opérations de l'armée autrichienne, au général Sztaray. Sur une nouvelle plainte, celui-ci voulut faire arrêter et traiter militairement l'indiscret journaliste: Posselt détourna l'orage, en envoyant à l'archiduc Charles l'écrit même sur lequel on fondait le motif de ce traitement, et qui en effet suffit pour le justifier. N'ayant plus de goût que pour la politique, Posselt donna, en 1796, sa démission, et ne se réserva que la moitié de son traitement, sous la promesse d'écrire l'histoire de Bade; promesse que pourtant il ne s'est point occupé de remplir. Il vécut dès-lors alternativement en diverses villes d'Allemagne, rédigeant les Annales euro

(1) Après avoir essuyé des difficultés à Stuttgard, la rédaction de l'Allegemeine Zeitung fut transférée à Ulm; et, lors de la réunion d'Ulm au royaume de Wurtemberg, elle passa à Augsbourg, où ce ournal se publie encore aujourd'hui.

péennes, auxquelles il doit principalement sa réputation, et qui alors étaient le meilleur ouvrage périodique allemand sur la politique. L'année même de sa démission, il fit connaissance avec le général Moreau, et le revit, en 1801, quand ce héros reparut en Souabe; il eut de longs entretiens avec lui, le suivit à Strasbourg, et passa quelque temps au quartier général, occupé de recueillir les documents de l'histoire de la fameuse retraite de Bavière: il inséra cette histoire dans les Annales européennes; on en fit, à Strasbourg, une traduction française avec des notes. Posselt continua, les années suivantes, de correspondre avec Moreau; mais lorsque ce général fut arrêté, en 1804, et accusé de haute trahison, lorsque le Moniteur parla de prétendues trames ourdies en Allemagne, Posselt, qui n'avait point caché ses liaisons avec le général français, et dont l'imagination vive était facilement ébranlée, se crut dans le plus grand danger, et disparut subitement du pays de Bade. Le funeste sort du duc d'Enghien ne devait pas en effet le rassurer beaucoup dans ce duché. Il avait épousé une fille d'une classe inférieure et sans éducation, mais qui passait pour une habile tireuse de cartes; on dit qu'elle était parvenue a faire partager cette chimère à son mari. Ce que Posselt lisait dans les cartes, ne faisait qu'augmenter la terreur dont il était saisi. Il ne se crut nulle part en sûreté, et voyagea d'une ville à l'autre. Arrivé, au mois de juin 1804, de Nuremberg à Heidelberg, il donna des marques d'une agitation extrême; et, dans la matinée du II, il se précipita par la croisée d'un 3o. étage sur le pavé de la rue, et expira quelques heures

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après. Sa mélancolie s'était longtemps nourrie dans la retraite, et dans l'isolement où il avait l'habitude de vivre. Il passait des mois entiers dans son cabinet, sans voir personne. Aucun auteur allemand n'a su écrire avec autant d'intérêt l'histoire du temps; et peu d'écrivains ont écrit comme lui sur l'histoire en général. Il avait fait une étude profonde des historiens anciens; et il ne connaissait pas moins bien la littérature des principales nations modernes. Cependant il sut se préserver de ce goût d'imitation servile qui avait si long-temps régné dans sa patrie: il voulait que les Allemands conservassent leur esprit original; et il en donna l'exemple par ses écrits, qui annoncent de l'originalité, de la profondeur, une grande facilité, mais trop de penchant à l'enthousiasme. En voici les titres: I. Magasin scientifique pour la propa. gation des lumières, Kehl (Leipzig) 785-88, t. 1-1. II. Discours sur l'historiographie allemande, prononcé au gymnase de Carlsruhe, Dourlach, 1786, in-8. III. Sur les ha rangues des illustres Romains, insérées dans les œuvres de leurs historiens, Kehl, 1786, in-8. Posselt défend, dans cette dissertation, la méthode des historiens anciens, d'attribuer de longs discours à leurs héros. Il croit que les généraux et les hommes d'état haranguaient en effet leurs subordonnés dans les grandes occasions; que ces harangues se conservaient par la voie de la sténographie, ou par les soins des orateurs mêmes; et que Tite-Live et Tacite ont pu en avoir des copies sous les yeux: quant à celles de TiteLive, il lui semble que cet historien en a trouvé un grand nombre dans les Annales anciennes qu'il cite fré

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quemment enfin Posselt pense que : les historiens n'ont fait qu'embellir la forme des discours originaux. IV. A Frederic le Grand, discours prononcé au premier jour anniversaire de sa mort, Carlsruhe, 1788, in-8°. V. Histoire des ligues des princes allemands, Leipzig, 1787; ouvrage fait à l'occasion de la ligue de la Prusse et des petits états d'Allemagne pour protéger la Bavière contre les projets de l'Autriche. VI. Discours sur la mort patriotique des 400 bourgeois de Pforzheim, Carlsruhe, 1788, in-8. Après avoir exalté le dévouement héroïque de ces bourgeois, l'orateur fait habilement allusion aux circonstances actuelles, et exhorte les Allemands, alors menacés par l'ambition de l'Autriche, à maintenir leur indépendance. VII. Histoire des Allemands, t. 1 et 11., Leipzig, 1789-90. Posselt n'a pas continue cet ouvrage, dont le but était de rendre l'histoire nationale plus populaire; un 3. volume a été ajouté, en 1805, par Politz. VIII. Remarques sur l'Histoire secrète de la cour de Berlin, par Mirabeau, Carlsruhe, 1789, in-8.o IX. Archives de l'histoire, de la politique et de la géographie ancienne et moderne, surtout de l'Allemagne, t. I et II. Memmingen, 1790-92. X. Histoire de Gustave III, roi de Suède, Carlsruhe, 1792; nouvelle édit., Giessen, 1805. Sous le rapport du style et de la composition, c'est un des meilleurs ouvrages de Posselt; mais la mort de Gustave était trop récente lorsque l'historien publia ce livre : le temps a mis au jour des documents qui lui ont manqué. Il a été traduit en français, par J. L. M., Genève, 1807, in-8°. XI. Histoire impartiale, complète et authentique du procès de Louis XVI., Bâle, t. 1 et 11. Cette

édition n'ayant pas été mise en circulation, il en fut commencé à Nuremberg, en 1802, une seconde, dont il n'a paru que le premier volume. XII. Almanach de l'hist⚫ire des der. niers temps, Nuremberg, 1794-1804, 10 vol., dont le dernier a été achevé par un autre écrivain. XIII. Annales européennes, Tubingue, 17951804, 10 années: après la mort de Posselt, ce journal a été continué par d'autres rédacteurs; et il se continue encore. Il contient de précieux matériaux sur l'histoire des guerres et d'autres événements de la révolution; une partie se compose pourtant d'extraits d'ouvrages français. XIV. Opuscules, recueil des DisCours et d'autres petits écrits de l'auteur, tels que l'Histoire de la ligue des princes, tirée des papiers de Frédéric II; et un Mémoire historique sur les postes en Allemagne. XV. Ewald Frederic, comte de Herzberg, avec des extraits de sa correspondance, Tubingue, 1798. La biographie d'Herzberg est faible; mais la correspondance du ministre prussien avec Posselt est intéressante. XVI. Dictionnaire de la révolution francaise, ou Recueil de notices biographiques, etc., t. 1, Nuremberg, 1802. XVII. Chronologischen Register, etc., ( Tables chronologiques de la révolution française, depuis l'ouver ture de la première assemblée des Notables, jusqu'à l'établissement consulaire, 22 fév. 1787, jusqu'au 15 décembre 1799). par E. L Pos selt, considérablement augmenté et continué par Ch. Jochmus, 3 v. La première partie de ce livre, jus qu'en 1794, est faite par Posselt, et fut d'abord insérée dans les AnRales europicanas. Lorsqu'elle fut imprimée séparément, M.Jochmus se chargea de la continuation; le

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tout est exécuté avec un grand soin. A chaque fait ou discours cité, on y renvoie au Moniteur ou aux autres journaux du temps. Le tome v qui doit terminer cet utile répertoire, n'a pas encore paru. Outre ces ouvrages, écrits en allemand, Posselt a publié : XVIII. Historia corporis evangelicorum, Kehl, 1784, in-8°. XIX. Systema jurium corporis evangelici, Strasbourg, 1786, in-8°. XX. De Virgilii Georgicis, Carlsruhe, 1786, in-8°. XXI. Bellum populi Gallici adversus Hungariæ Borussiæque reges eorumque socios, anno MDCCXCII, Goettingue, 1793, in-8°. Cet ouvrage fut traduit en allemand, et en français sous le titre d'Histoire de la guerre des Français contre les puissances coalisées de l'Europe, tome 1, Ronnebourg, 1802, in-8°; il fut continué en latin, par Rost Kehl, 1806. Posselt a traduit les Élégies d'Ovide, en vers;-l'Histoire de Charles XII par Voltaire, avec des corrections, Carlsruhe, 1791;-l'Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, par Condorcet; une Notice sur les ecrits de Syeyes, extraite de ses œuvres par OElsher, brochure qui n'a été tirée qu'à 24 exemplaires. Il avait été l'éditeur des OEuvres historiques et politiques de Gunderode, et il a re digé, dans le commencement de sa publication, le journal allemand: Allgemeine Zeitung. Son ami Schubart fit paraître, à Munich, en 1805, une Lettre sur la vie et le caractère de Posselt. Voy., pour l'indication de tous les écrits de Posselt, le 4o. volume du Dictionnaire des poètes et prosateurs allemands, par Joerdens. D-G. POSSEVIN (ANTOINE), jésuite, non moins célèbre par son habileté

dans les négociations que par ses
travaux littéraires, naquit, en 1534,
à Mantoue, d'une famille noble, mais
pauvre. Après avoir terminé ses étu-
des avec succès, il vint à Rome, à
l'âge de quinze ans, et fut chargé,
par le cardinal Hercule de Gonzague,
de l'éducation d'un de ses neveux (1).
Il suivit son élève à l'académie de
Ferrare, et ensuite à Padoue, où il
acquit bientôt l'estime et l'amitié de
Paul Manuce, de Barthel. Ricci, et
du savant Sigonio. La mère du jeu-
ne Gonzague, devenue veuve, ayant
rappelé son fils à Naples, Possevin
l'y accompagna, et fut récompensé
des soins qu'il lui avait donnés, par
la riche commanderie de Fossan,
dans le Piémont. Cependant, désa-
busé du monde, il avait formé le
projet d'embrasser la règle de saint
Ignace; mais il était retenu par le
desir de rendre ses talents utiles à
sa famille. Son directeur fixa ses irré-
solutions, et Possevin se rendit à Ro-
me, où il fut admis dans la Société,
en 1559. Il avait alors vingt-six ans :
à des connaissances aussi variées qu'é-
tendues, il joignait beaucoup de pru-
dence et de discernement; personne
n'était plus propre à contribuer aus
progrès de l'institut naissant. Ses su-
périeurs abrégèrent pour lui les
épreuves du noviciat, et le renvoyè-
rent à la cour du duc de Savoie, en
l'autorisant à tenir secrets les liens
qui l'attachaient à la Société, tant
qu'il le jugerait nécessaire. Le com-
mandeur de Fossan ( c'est le nom
sous lequel était alors connu Posse
vin), gagna bientôt la confiance du
duc de Savoie (Emanuel-Philibert);
il obtint de ce prince l'admission des
Jésuites dans ses états, et des mesu-

(1) François de Gonzague, fils de Ferrante, gouverneur du Milanez.

res sévères contre les Vaudois. Les
missions que Possevin fit d'abord
en Piémont et en Savoie, et ensuite
en France, étendirent promptement
sa réputation. Il eut la plus grande
part à l'établissement du collége d'A-
vignon, dont il fut le premier rec-
teur; et, malgré les efforts de ses en-
nemis et les dangers auxquels il fut
plusieurs fois exposé, il réussit à
étendre l'influence de la Société dans
tout le midi de la France et dans la
Normandie. Il remplissait, au collége
de Lyon, les fonctions de recteur,
quand il fut rappelé à Rome, en 1573,
pour l'élection du général Évrard
Mercurin, à laquelle il contribua,
et qui le nomma son secrétaire. Les
talents de Possevin, et son zèle pour
la foi catholique, lui méritèrent bien-
tôt l'estime du souverain pontife,
qui le chargea de différentes missions
importantes, en Allemagne, en Hon-
grie, en Suède et en Pologne. S'il
échoua dans la négociation dont il
avait été chargé pour le rétablisse-
ment du culte catholique en Suède
(V. JEAN III, XXI, 465 ), il n'en
rendit pas moins d'éminents services
à la religion par ses voyages dans le
nord de l'Europe, encore mal con-
nu, et où il parvint à faire ériger des
séminaires, des colléges, et des écoles
pour les enfants, privés jusqu'alors
de toute espèce d'instruction. Mais
de toutes les ambassades dont fut
honoré Possevin, la plus remarqua-
ble est celle de Russie. Le czar Iwan
IV, battu par les Polonais et les Sué-
dois, ligués contre lui, et menacé
dans sa capitale par les Tartares de
Crimée, eut recours à la médiation
du pape Grégoire x (V. IWAN,
XXI, 313). Possevin, chargé de ré-
tablir la paix entre le czar et le roi
de Pologne, leva toutes les difficul-
tés qui s'y opposaient, et revint à

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