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phant seulement il se dispose à la retraite. Taxile alors s'approche de lui, et l'exhorte à se soumettre au vainqueur. Porus, indigné de ce conseil, retrouverait assez de force pour tuer le lâche roi qui le lui donne, si celui-ci ne se hâtait de fuir. Dans Quinte-Curce, ce n'est pas Taxile, mais son frère qui remplit cette mission; et Porus, en s'écriant qu'il reconnaît la voix d'un traître, lance un dard, le seul qui lui reste, et en perce d'outre en outre la poitrine du frère de Taxile. Alexandre en est informé, et n'en ressent pas de colère: il détache un autre Indien, qu'Arrien appelle Méroé, et dont les autres historiens ne parlent pas. Ce Méroé, ancien ami de Porus, l'aborde, le fait boire, et l'amène auprès du conquérant. L'armée indienne s'était débandée, croyant son chef mort elle laissait au pouvoir des Macédoniens, neuf mille prisonniers, quatre-vingts éléphants, et le champ de bataille couvert de douze mille cadavres ; c'est Diodore de Sicile qui fournit ces nombres, en comprenant parmi les morts deux fils de Porus, apparemment dis tincts de celui qui avait péri dans le premier combat. Justin suppose un combat singulier entre Alexandre et Porus le conquérant, dont le cheval est blessé, tombe à terre; mais le roi indien est pris, ayant reçu des blessures graves. Chez Quinte-Curce, Alexandre, à qui l'on apporte, du champ de la grande bataille, le corps de Porus, croit que ce prince ne vit ce prince ne vit plus, et ordonne de le dépouiller : l'éléphants'y oppose, et se met en devoir de se recharger du corps de son maître; Porus ouvre les yeux où sa fierté respire encore: Quel délire, lui dit Alexandre, t'entraînait à me résister? Que ne suivais-tu l'exemple de

Ce

Taxile? mais enfin, dis moi ce que je dois ordonner de ton sort? que te conseille, répondit Porus, cette journée même, où tu viens de voir à quoi tient la fortune d'un monarque aussi puissant que moi. La réponse rapportée par Arrien est plus célèbre; c'est celle que Racine a mise sur la scène : Comment prétendez-vous que je vous traite?

En roi. Mais il y a, même dans ces mots français, comme dans le grec, ὅτι ΒΑΣΙΛΙΚΩΣ μοὶ κρῇσαι, une équivoque qui a été remarquée par M. Gillies. Cet écrivain anglais est persuadé que le sens du texte d'Arrien est qu'Alexandre doit traiter Porus comme il appartient à un roi de traiter un vaincu; et il allègue, en preuve de cette interprétation, la réplique d'Alexandre : Je ferai, en effet, ce qui convient à ma dignité; idée que Racine a probablement vou. lu exprimer par le vers suivant:

Eh bien! c'est donc en roi qu'il faut que je vous traite.

Quoi qu'il en soit, Arrien représente Porus comme encore plein de vie, malgré ses fatigues, sa soif et ses blessures: Méroé le conduit vers Alexandre; celui-ci marche à sa rencontre, admire sa taille, sa beauté, sa vaillance, et le comble d'honneurs. Les quatre historiens s'accordent à dire qu'il conserva son royaume, et qu'il obtint, au moins antant que Taxile, les bonnes grâces du conquérant. Après la mort de Cœnus, il fut établi roi de toutes les contrees indiennes qu'Alexandre avait conquises, et entre lesquelles la province des Glauses contenait, à elle seule, trente-sept villes. Alexandre n'avait pas soumis la nation des Tabrésiens, dont le roi, nommé Xandramès par Diodore de Sicile, disposait de quatre mille éléphants dressés

aux combats. Ce nombre semblaitexcessif à Alexandre: Porus lui en certifia l'exactitude, en ajoutant, qu'au surplus Xandramès n'était qu'un vil personnage, fils d'un barbier, et placé sur le trône par la feue reine, à laquelle il avait eu le bonheur de plaire, et qui s'était débarrassée de son premier mari pour l'épouser. Quinte-Curce rapporte ces mêmes détails, mais en écrivant Aggramès au lieu de Xandramès, et en réduisant le nombre des éléphants à trois mille. Il serait étrange que Porus reprochât à ce prince sa naissance obscure, si Porus avait eu lui-même un barbier pour père, ainsi que l'ont dit Hellade de Byzance et Libanius. Il y a là, sans doute, quelque confusion, quelque méprise; et, en général, les variétés, les contradictions même qu'on vient de remarquer entre les traditions relatives à Porus, rendent toute son histoire fort suspecte. Porus se reconnaît à ses formes athlétiques, et à sa contenance assurée, dans l'un des ouvrages du peintre Lebrun mais l'amant de la reine Axiane, que Racine a mis sur la scè ne, ne ressemble guère au plus audacieux rival d'Alexandre-le-Grand. Arrien (p. 381 et 384 de l'édition gr.-lat. de 1757, in-8°.), fait connaître un deuxième PORUS, préfet dans l'Inde, et mortel ennemi du premier. Pendant que celui-ci était en guerre avec Alexandre, l'autre Porus secondait les Macédoniens: mais irrité de la réconciliation qui avait suivi la bataille de l'Hydaspe, et jaloux des faveurs prodiguées au vaincu, il déserta la province qu'il gouvernait, et se révolta contre le vain queur. Alexandre fit marcher des troupes pour le réduire, et ordonna de le livrer au Porus qui a été le principal sujet de cet article. D-N-U.

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PORZIO (LUC-ANTOINE ), en latin PORTIUS, médecin napolitain, né à Pasitano, près d'Amalfi, en 1639, enseignait la médecine à Rome, en 1672, et y publia en 1681, in-12, un écrit intitulé: Paraphrasis in Hippocratis librum de veteri mediciná; et un autre sous ce titre : Erasistratus sive de sanguinis missione, in 12, Rome, 1682; Venise, 1683. Après avoir traversé l'Italic et séjourné quelque temps sur les terres de Venise, Porzio se rendit à Vienne, à l'occasion de la guerre contre les Turcs. Sans avoir exercé la médecine dans l'armée autrichienne ou dans celle des alliés, il eut occasion de conférer avec tant de militaires, et de traiter tant de malades, au retour de leurs campagnes, et après le siége de Vienne, qu'il fut en état de

composer un ouvrage estimable sur la conservation de la santé des gens de guerre. Ce ne sont pas précisément des préceptes applicables dans tous les lieux. On y examine plus spécialement les causes qui produisent habituellement les maladies sur les points qui avaient été le théâtre de la guerre; on indique les moyens de prévenir ces maladies, et de les guérir quand elles sont développécs. Il est intitulé: De militis in cas tris sanitate tuendá, Vienne, 1685, in-8°.; Naples, 1701, 1728, in-8°.; la Haye, 1739, in-8°.; Leyde, 1741, in-8°. On a joint à l'édition de la Haye un traité de Jean Valentin Willis: Tractatus medicus de morbis castrensibus internis. L'ouvrage de Porzio, dont nous parlons, a été traduit en français (par Eidous), sous le titre de Médecine militaire, Paris, 1744, in-12. Ce professeur, de retour à Naples, publia les ouvrages suivants : I. Opusculaet

Fragmenta de tumoribus, Naples, 1701, in-12. II. De motu corporum et nonnullis fontibus mineralibus, ibid., 1704, in-12. Porzio enseignait encore à Naples en 1711, et il y mourut le 10 mai 1723. La collection de ses ouvrages a paru dans sa patrie sous ce titre : Opera omnia medica, philosophica et mathematica inunum collecta, Naples, 1736, 2 vol. in-4°. D-G-s. POSADAS (FRANÇOIS), domini. cain espagnol, né à Cordoue en 1644, montra, dès l'âge le plus tendre, un goût particulier pour la piété, lequel se fortifia encore par l'exemple que chaque jour lui en donnait sa famille. Doué d'un bon naturel et de dispositions heureuses, il fit ses premières études avec beaucoup de distinction. Il eût pu espérer dans le monde un établissement avantageux; mais un vif desir le portait à se consacrer à Dieu il choisit l'ordre de Saint-Dominique. Pendant le noviciat, sa vocation fut mise à de rudes épreuves; et il eut à supporter de longues humiliations. Après sa profession, il s'appliqua avec beaucoup d'ardeur à l'étude de la philosophie, de la théologie et de l'Écriture sainte. Il y fit de si grands progrès, que, dès qu'il eut reçu la prêtrise, ses supérieurs le chargerent d'enseigner ces diverses sciences emploi qu'il remplit avec succès, pendant plusieurs années. Le ministère de la prédication étant un des principaux devoirs de l'institut qu'il avait embrassé, il s'y était préparé avec soin. Aussi fut-il, dès son début, suivi de nombreux auditeurs, soit à Cordoue, soit dans diverses autres villes d'Espagne, où il annonça la parole divine. Le caractère de son éloquence était l'onction; et sa vie sainte et pénitente ajoutait à l'au

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torité de ses prédications. Il donnait des missions dans les prisons, dans les hôpitaux, et allait partout chercher les pécheurs, pour les ramener à Dieu. Quelquefois même il prêchait sur les places publiques; et toujours la foule l'entourait. Il employait à la direction des consciences ou à la composition d'ouvrages pieux, le temps que lui laissaient ses autres travaux apostoliques. Quoi. qu'il fût recherche et consulté par des personnages d'un haut rang, son humilité lui fit refuser l'évêché de Ciudad-Rodrigo, auquel le roi d'Espagne l'avait nommé, et même ceux d'Algheri et de Cadix. Rien n'égalait sa charité; il affectionnait particulièrement les pauvres, et se plaisait à les catéchiser, à entendre leurs confessions, à les consoler. Toute l'Espagne le regardait comme un saint. Le père Posadas mourut presque subitement, à Cordoue, le 20 septembre 1713 (1). Il avait célébré la messe le matin. Dès-lors, la voix publique réclama pour lui les honneurs de la canonisation; et des informations furent commencées pour y procéder. Il se passa néanmoins un temps assez considérable avant que cette affaire, reprise plusieurs fois, fût consommée. Enfin, le 4 août 1804, Pie VII déclara que Posadas avait pratiqué les vertus chrétiennes dans un degré héroïque. Le 5 mai 1817, le même pape proclama deux miracles opéres par l'intercession de ce saint religieux; et, le 8 septembre, il prononça qu'on pouvait procéder à sa béatification; ce qui fut exécuté. On en célébra la fête à Rome, le 20 septembre 1818.

(1)Suivant Moréri, le P. Posadas était né en 1659, et il mourut en 1720; les dates employées dans cet article, extraites de l'Ami de la religion, ont paru plus sûres. Voy. ce journal, tom. XXVII, p. 211.

On a de Posadas: I. Le Triomphe de la chasteté contre les erreurs de Molinos, in-40. II. La Vie de saint Dominique, in - 4o. III. Des Sermons doctrinaux, 2 vol. in-4°. IV. Des Traités de théologie mystique, restés manuscrits, et qui pourraient former six vol. in -4°. Un religieux de son ordre a écrit la Vie de ce serviteur de Dieu, et l'a publiée en un gros volume in-4°. Vincent de Castro a donné un Abrégé de la même Vie, Rome, 1818, in-12. L-Y.

POSIDONIUS, philosophe stoïcien, était natif d'Apamée. Ses ouvrages sont perdus; tout ce qu'on sait de sa vie, c'est qu'il fut contemporain de Pompée et de Cicéron, qui, au premier livre de la Nature des Dieux, l'appelle son maître et son ami (familiaris noster à quo instituti fuimus). C'est à Rhodes que Posidonius établit son école. Pompée, en revenant de Syrie, voulut entendre une de ses leçons. Le philosophe était alors fort tour.. menté d'un accès de goutte. Pompée voulut au moins le visiter; et le philosophe, reconnaissant, commença un discours où il exposait les dogmes principaux de sa secte. La douleur le forçant de s'interrompre, il s'écria: O goutte! tu ne me réduiras point à convenir que tu sois un mal. Le nouveau Dictionnaire histor., crit. et bibliogr. distingue le philosophe d'Apamée, visité par Pompée, du mathématicien d'Alexandrie; mais ces deux Posidonius auraient donc été contemporains car l'ami de Cicéron était bien certainement mathématicien il avait construit une sphère qui représentait les mouvements annuels et diurnes du soleil, de la lune des planètes et des étoiles fixes. Le système astronomique exposé par

XXXV.

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Cicéron, dans les Dialogues sur la Nature des Dieux, ne peut être l'ouvrage que du mathématicien; mais ce mathématicien demeurait à Rhodes : il y put observer que l'étoile Canopus, invisible dans le reste de la Grèce, ne faisait que raser l'horizon, et se couchait presque aussitôt; mais à Alexandrie, l'étoile, au méridien, paraissait élevée de 7 d. 2. De ces données fort incertaines, et que la réfraction altérait au moins d'un demi-degré, Posidonius conclut que les deux villes étant sous le même méridien, la différence entre leurs parallèles était de 7 d. 2, ou du 48me de la circonférence; et qu'ainsi le contour du méridien devait être de 48 fois 5000 stades, ou 240,000 stades, le degré de C66 stades et deux tiers; enfin que le diamètre de la terre devait être de 80,000 stades. Mais les deux villes n'étaient pas sous le même méridien; les passages au méridien, dans des temps où l'on n'avait aucune idée de la réfraction, ne pouvaient donner qu'une idée très-inexacte de l'arc entre les parallèles. La distance terrestre que Posidonius supposait de 5000 stades, n'était pas tout-à-fait de 4000 suivant Strabon. Aussi, de cette prétendue mesure, d'autres ont tiré un degré de 500 stades. De ce que sous le tropique d'été à Syène, au jour du solstice, l'espace sans ombre, à midi, était de 300 stades, Posidonius essaic encore de déduire le diamètre du soleil; et Cléomède, qui développe les raisonnements de son auteur, finit dire que par le diamètre du soleil est au moins dix mille fois aussi grand que celui de la terre; ce qui serait fort exagéré, puisqu'il faudrait réduire ce nombre à celui de 10 environ. Nous aimons à croire que ce mauvais calcul est de

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Cléomède, et non de Posidonius (à moins que Posidonius n'ait comparé les disques et non les contours). Au total, toutes ces mesures, ces observations et les conséquences qu'on en a voulu tirer, ne méritent pas de fixer un moment l'attention des astronomes. Posidonius disait que si nous pouvions, comme Lyncée, voir le soleil à travers les murs et les rochers, il nous paraîtrait plus petit et plus éloigné. Sur la foi des habitants des côtes d'Espagne, il disait encore que le soleil parait plus grand quand il se couche dans la mer, et qu'on entend alors un bruit semblable à celui d'un fer rouge qu'on plongerait dans l'eau. Strabon a le bon esprit de traiter de conte ridicule ce récit, qui a pourtant été répété par Florus. Posidonius a parlé fort en détail des phénomènes des marées il a dit que les mouvements de l'Océan suivent les mouvements du ciel, et qu'ils ont des périodes diurnes, mensuelles et annuelles, comme la lune. La remarque était juste; et Posidonius avait en son pouvoir tous les moyens nécessaires pour la constater. On a recueilli les fragments épars de Posidonius sous ce titre : Posidonii Rhodii reliquiæ doctrinæ, collegit atque illustravit James Bake; accedit Wittembachii adnotatio, 1810. Ces passages sont, pour la plupart, extraits de Cléomède et de Strabon. Ses principaux ouvrages avaient pour titres: De astrologia universa; De cælestibus; De sublimibus; De terrestribus et geographicis: le reste concerne l'histoire, la morale et la philosophie. Aussi Bake et Wyttem bach ne parlent que d'un Posidonius, qui demeurait à Rhodes, et qui était philosophe et mathématicien. Voyez, pour de plus grands détails, les extraits de Cléomède et

de Strabon, l'article Posidonius, et celui de Cicéron, au tome i de notre Histoire de l'astronomie ancienne. D-L-E.

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POSSEL (JEAN), savant philologue, naquit en 1528, à Parchim, dans le duché de Mecklembourg. Après avoir terminé ses études, il fut admis au saint ministère, et, peu de temps après, pourvu de la chaire de littérature grecque à l'académie de Rostock; il la remplit avec beaucoup de distinction, et mourut le 15 août 1591. Outre une Paraphrase, en vers grecs, des Evangiles, on a de Possel: 1. Syntaxis græca, Wittemberg, 1560, in-8°. On en connaît au moins 28 éditions, jusqu'à celle de Leipzig 1693. II. Calligraphia oratoria linguæ græcæ, Francfort, 1582, in8°. C'est un choix d'exemples tires des meilleurs auteurs, avec des explications. L'ouvrage n'eut pas d'abord tout le succès qu'il méritait ; et les libraires chargés de la vente furent obligés de renouveler plusieurs fois le frontispice avant d'avoir vu s'écou ler la première édition. Il a été réimprimé, depuis la mort de l'auteur, augmenté d'une troisième partie, et de deux tables ou index, l'un grec, l'autre latin, pour faciliter les recherches; et les catalogues en citent des éditions de Francfort, Hanau, Paris, Genève, etc., enfin de Padoue, 1692, in-8°. L'abbé Giacometti, professeur à l'université de Padoue, à qui l'on doit cette dernière édition, ayant supprimé du frontispice le nom de Possel, mutilé la préface, et retouché toutes les pièces préliminaires, s'est fait accuser, peut-être injustement, de plagiat. III. Familiarium colloquiorum libellus, gr. lat., Wittemberg, 1586, in-8°.; Londres, 1652, in-12; et au moins dix autres éditions imprimées en Alle

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