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kingham, se prononça, ainsi que cet homme d'état, contre les administrations de lord Bute et de George Grenville. Au mois de juillet 1765, le ministère Grenville ayant été diset le marquis de Rockingham ayant été nommé premier lord de la trésorerie (V. NEWCASTLE et Roc KINGHAM), le duc de Portland obtint le titre de grand-chambellan de la maison du roi. Il ne le conserva pas long-temps, et se retira l'année suivante, après la dissolution de l'administration à laquelle il était attaché. Pour empêcher que les amis du duc de Portland, dans le comté de Cumberland, ne fussent nommés à l'élection générale qui eut lieu en 1768, et pour punir en même temps ce seigneur de son opposition constante aux mesures du ministère, le duc de Grafton fit concéder par la couronne, à sir James Lowther, gendre de lord Bute, favori du roi, la forêt d'Inglewood, et le manoir de Carlisle, comme n'étant point énoncé textuellement sur l'acte de donation que le roi Guillaume III avait faite, au premier comte de Portland, d'un domaine considérable dans le Cumberland, quoique la famille Portland eût joui de ces deux annexes depuis plus de soixante et dix ans. Cette affaire fit beaucoup de bruit : le duc de Portland défendit avec chaleur ses intérêts; et tout ce que le ministère put gagner, ce fut de faire renvoyer la décision à une autre session. Les amis du duc de Portland furent élus; et, plus tard (1771), il obtint luimême, devant la cour des barons de l'échiquier, la justice qu'il avait droit d'espérer. Pendant tous les débats relatifs à la guerre d'Amérique, le duc de Portland continua de figurer parmi les membres les plus distingués de l'opposition. Lors.

que lord North cut été forcé de se retirer en 1782, le marquis de Rockingham lui succéda en qualité de premier lord de la trésorerie; et le duc de Portland fut compris dans la nouvelle administration, où il remplit les fonctions de 'lord-lieutenant d'Irlande. La mort du marquis de Rockingham, arrivée trois mois après son installation à la tête du ministère, et la nomination de lord Shelburne (depuis marquis de Lansdown), pour son successeur, firent rappeler le duc de Portland, du poste où on l'avait placé. Il paraît que son début dans l'administration des affaires d'Irlande lui avait concilié les suffrages des habitants de ce royaume. En avril 1783, il fit partie du ministère de la coalition, dont il était le chef apparent en sa qualité de premier lord de la trésorerie, mais dont les chefs véritables étaient Fox et lord North. Au mois de décembre de la même année, il reçut sa démission, ainsi que les autres membres du ministère (V. W. PITT ), et rentra de nouveau dans les rangs de l'opposition. Les amis communs de W. Pitt, et du duc de Portland, cherchèrent à rapprocher ces deux hommes d'état, dont la réunion eût donné plus de force au gouvernement: mais ce dernier refusa d'entendre à aucune espèce de conciliation, à moins que Pitt ne commençât par résigner son emploi ; et celui-ci ne voulut pas y consentir. Ce fut alors que le duc de Portland déclara hautement, qu'il ne siégerait jamais dans le cabinet avec ce jeune homme d'état; déclaration qu'on lui reprocha par la suite. Ils continuèrent donc de marcher dans des rangs opposés, jusqu'en 1792. A cette époque, le duc de Portland, et plusieurs des membres les plus distin

gués de l'opposition, craignant les conséquences que pouvaient entraîner les principes et les menées des démagogues anglais, crurent remplir un devoir, en se réunissant franchement au ministère, afin de l'aider à surmonter les obstacles qui entravaient sa marche et menaçaient de bouleverser la nation. Il fallut, sans doute, des motifs aussi graves pour décider le duc de Portland à abandonner ses anciens amis, les chefs de l'opposition en Angleterre se séparant fort rarement des membres avec lesquels ils ont coutume de voter, et remplaçant presque toujours en masse le ministère, lorsqu'ils parviennent à le culbuter (1). On ne doit donc point être étonné de voir le duc de Portland nommé, à cette époque (1792), chancelier de l'université d'Oxford, sans éprouver d'opposition de la part de Pitt, qui exerçait une grande influence sur ce corps savant. En 1794, le duc de PortJand vota pour la continuation de la guerre, et accepta le poste de sccrétaire-d'état de intérieur, et de lordlieutenant du comté de Nottingham. Une concession considérable de terres de la couronne, dans la paroisse de Mary-Bone, lui fut faite presqu'à la même époque; et son fils, lord Lichfield, obtint la lieutenance du comté de Middlesex. M. Addington, qui avait remplacé W. Pitt, comme chef du cabinet, au mois de février 1801, conserva au duc de Portland le poste de secrétaire-d'état de l'intérieur. Au mois de juillet suivant, ce seigneur sentant affaiblir sa santé,

(1) La démarche du duc de Portland était d'autant plus remarquable, qu'à une époque antérieure, où il était l'un des chefs de l'opposition, lord Aukland lui ayant écrit pour se justifier d'être passé dans le parti ministériel, il ne lui fit que cette courte réponse : « Monsieur, votre lettre est devant moi, >> bientôt elle sera derrière. >>

résigna cette place, pour se borner aux fonctions moins pénibles de président du conseil. Le 12 mai 1804, M. Addington fut forcé de présenter sa démission de l'office de chancelier de l'échiquier; et un nouveau ministère fut organisé par fut organisé par W. Pitt, qui s'y réserva la première place, en laissant an due de Portland celle qu'il occu pait sous son prédécesseur. Mais il ne l'exerça pas longtemps, par suite de la réconciliation qui eut lieu entre W. Pitt et M. Addington, en février 1805. Le duc de Portland fut sacrifié aux convenances du premier ministre, qui donna son poste à M. Addington, élevé en même temps à la pairie, sous le titre de vicomte Sidmouth. A la mort de Fox ( septembre 1806), les lords Howick et Grenville, qui lui avaient succédé, n'ayant pu s'accorder avec leurs collègues sur la manière d'envisager la question des catholiques, et le roi ayant manifesté une opinion très - prononcée contre toute modification à l'acte du test, un nouveau cabinet fut organise. Le duc de Portland obtint le poste important de premier lord de la trésorerie dans ce ministère, dont M. Percival, alors chancelier de l'échiquier, passait pour le chef effectif. Au mois de septembre 1809, les souffrances que la pierre faisait éprouver au duc de Portland, le forcèrent à donner sa démission. S'étant retiré à la campagne, il y mourut le 30 octobre suivant, après avoir subi l'opération. Quoique le duc de Portland ne fût ni un grand ministre, ni un grand orateur, on l'écoutait avec intérêt, parce qu'on était convaincu de ses bonnes intentions. Long-temps à la tête de l'opposition, sa vie se trouve liécà tous les événements d'une époque si fertile en incidents remarquables. Il a été l'un des nombreux

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écrivains auxquels on a successivement attribué les fameuses Lettres de Junius; et l'on a publié pour établir ce système, un volume intitulé: Letters to a nobleman, proving alate prime minister, the late duke of Portland, to have been Junius. (Voy. le Monthly Review, de septembre 1816, p. 11.) D--z-s. PORTUS (FRANÇOIS ), célèbre philologue, né dans l'ile de Candie, en 1511, resta, presqu'au sortir de l'enfance, sans parents et sans fortune, et fut envoyé par un ami de sa famille, à Padoue, où il s'appliqua, pendant six ans, à l'étude des lettres et de la philosophie. Privé de son bienfaiteur, il revint à Venise, fut admis à l'école des Jeunes Grecs, et bientôt mérita, par ses talents d'en être nommé le directeur. L'indécence avec laquelle il parlait des cérémonies de la religion, lui fit perdre cette place honorable. Il se rendit, en 1536, à Modène, et obtint la chaire de langue grecque; mais il refusa d'abord de signer la profession de foi qu'on exigeait de tous les fonctionnaires, et sortit même de la ville cependant il revint le surlendemain, fut admis, non sans difficulté, à souscrire la profession de foi, et rétabli dans sa chaire, qu'il remplit six années avec beaucoup de distinction. En quittant Modène, il vint à Ferrare, où il fut accueilli de la duchesse Renée de France, qui lui confia l'éducation de ses fils, et le chargea de la correspondance qu'elle entretenait avec Calvin, dont elle professait en secret les principes. Pendant son séjour à Ferrare, Portus s'acquit l'estime et l'amitié des savants, auxquels il rendit tous les services qui dépendaient de lui; il fut admis à l'académie des Filareti; et, à sa réception, il y prononça un

:

Discours à la louange de la langue grecque. La duchesse Renée, après la mort de son mari, quitta Ferrare pour revenir en France; et Portus, craignant d'être inquiété par le SaintOffice à raison de ses opinions religieuses, après avoir erré quelque temps dans le Frioul et les bailliages italiens, s'établit à Genève. Il fut reçu citoyen de cette ville, en 1562, et pourvu, la même année, de la chaire de grec. Le reste de sa vie fut partagé entre les devoirs de sa place et ses travaux philologiques, qui lui ont mérité la réputation d'un des meilleurs critiques de l'époque. 11 mourut à Genève, le 5 juin 1581. On a de lui des Notes ou des Corrections sur la Rhétorique d'Aristote, et les Traités d'Aphtonius, Hermogènes et Longin; sur Pin dare et les autres lyriques grecs; sur l'Anthologie; - sur Xenophon, Thucydide, etc. Il a traduit en latin le Traité d'Apollonius d'Alexandrie, De Syntaxi seu Correctione orationis;-les Hymnes et les Lettres de Synésius; Odes de saint Grégoire de Nazianze. Il a laissé des Remarques et des Additions pour le Lexique grec de Rob. Constantin. Enfin le fils de Portus, dont l'article suit, a publié six Discours de son père, avec quelques autres opuscules qu'il avait laissés inédits: In omnes Sophoclis tragoedias prolegomena; Sophoclis et Euripidis Collatio, etc., Morges, 1584, in-4o.; vol. rare et curieux. On conservait, dans la bibliothèque d'Este, des commentaires inédits de Fr. Portus sur les Olynthiaques, les Philippiques, et les autres discours de Démosthène, et sur deux Tragédies de Sophocle, etc. (Voyez la Storia della letter. italiana, de Tiraboschi.) W-s.

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les

PORTUS (EMILIUS), fils du précédent, né vers 1550, à Ferrare, n'eut point d'autre instituteur que son père, qui lui fit faire de grands et rapides progrès dans les langues, l'histoire et la littérature anciennes, et le disposa de bonne heure à suivre la carrière de l'enseignement: il quitta Genève après la mort de son père, accepta la chaire de grec à Lausanne, en 1581, et la remplit dix années, consacrant ses loisirs à préparer de nouvelles éditions des classiques grecs, qu'il enrichit de Notes et de Commentaires. Sa réputation le fit appeler, en 1592, à l'académie de Heidelberg, dont il soutint la réputation par son zèle et par ses nombreux travaux. Il mourut dans cette ville, en 1610, à l'âge de soixante ans. Outre des Editions annotées et corrigées, de l'Iliade d'Homère, des Tragédies d'Euripide, de Pindare, d'Aristophane, de la Rhétorique d'Aristote, de Thucydide et de Xénophon;-des Notes sur Onosander; -les Traductions latines du Commentaire de Proclus sur la théologie de Platon; du Dictionnaire de Suidas (V. KUSTER); de l'Histoire de Thucydide, et des Antiquités romaines de Denys d'Halicarnasse, on a d'Emilius: I. Oratio de variarum linguarum usu, necessitate, præstantiáque, etc., Cassel, 1611, in-4°. II. Dictionarium ionicum græco-latinum quod indicem in omnes Herodoti libros continet, Francfort, 1603, in-8°. ; rare et recherché. Ce petit dictionnaire a été réimprimé pour faire suite à l'édition d'Hérodote, Oxford, 1809, in-8°.; mais on peut le joindre à toutes les éditions indifféremment. III. Dictionarium doricum græco-latinum, quod Theocriti, Moschi, Bionis et Simmiæ variorum opusculorum in

terpretationem continet, ib., 1604,
in-8°., rare. IV. Pindaricum Lexi
con,
in quo non solùm dorismi Pin-
daro peculiares, sed etiam verba,
phrasesque non vulgares, et in aliis
lexicis omissæ declarantur, Hanau,
1604, in-8°.; rare. V. De priscá
Græcorum computatione, Heidel-
berg, 1604, in-8°. VI. De nihili
antiquitate et multiplici potestate,
Cassel, 1609, in-4°.
W-s.

PORUS, roi indien, n'est connu que par la guerre qu'il soutint contre Alexandre (V. ce nom,I, 502). Les historiens du héros macédonien, Diodore de Sicile, Plutarque, Arrien et Quinte-Curce, parlent de Porus, mais sans indiquer la date de sa naissance, ni celle de sa mort. Les rois ses prédécesseurs sont ignorés, ainsi que ses successeurs: son nom ne semble guère indien; cependant on suppose que La Hor, jadis Lo-Pore, était la capitale de ses états. Libanius, et Hellade de Byzance, cité dans la Bibliothèque de Photius ( p. 1579 ), disent qu'il était fils d'un barbier. On lui attribue une très haute stature, de sept pieds et demi, selon Diodore de Sicile; et on le peint comme aussi courageux que robuste. Porus se présente dans l'histoire en l'année 327 avant J.-C. Quand Alexandre lui fait signifier l'ordre de payer un tribut, et de venir à sa rencontre : Porus répond, dans Quinte-Curce, qu'il fera l'une de ces deux choses, qu'il ne manquera pas d'aller au devant du roi de Macédoine. En effet, il se porte sur les rives de l'Hydaspe, avec cinquante mille hommes d'infanterie, trois mille cavaliers, cent chariots et cent trente éléphants, à ce qu'assure Diodore: Quinte-Curce ne compte que quatre-vingt-cinq éléphants, trois cents chars, trente mille fantas

sins, et il ne fait pas mention de la cavalerie. Ambisarus, l'un des rois de l'Inde, était, suivant Diodore, le voisin et l'allié de Porus, et avait des forces égales aux siennes. Un autre prince indien, appelé Omphis par ce même auteur grec, et Mophis par Quinte-Curce, s'était mis au service d'Alexandre, et avait pris le nom de Taxile. Porus défendit contre ce Taxile et contre Alexandre, le pas sage de l'Hydaspe; et l'on raconte diversement les détails des combats qu'il y soutint. Toutefois il paraît que la rapidité du fleuve, la vigilance du roi indien, son activité, l'aspect formidable de son armée, obligèrent Alexandre à user de stratagèmes. Durant plusieurs nuits, il feignit de vouloir traverser l'Hydaspe sur différents points; et, chaque fois, les cris de ses troupes attiraient celles de son adversaire. A la fin Porus, voyant que toutes ces alertes étaient vaines, ne s'en inquiéta plus, et se contenta de laisser de faibles détachements sur la rive. Alors le roi de Macédoine courut à dix huit milles de son camp, et y passa le fleuve avec une partie considérable de ses troupes : il avait laissé l'autre, sous le commandement de Craterus, pour occuper le roi indien par des tentatives simulées. Ce fut, suivant Plutarque, au milieu de ces mouvements et de ces fatigues, qu'Alexandre s'écria: O Athéniens! qu'il m'en coûte pour obtenir vos éloges! Un fils de Porus, à la tête de deux mille cavaliers et de cent vingt chariots armés, essaya d'arrêter les ennemis; il périt dans la mêlée avec quatre cents de ses soldats. Ainsi le racontait le roi Ptolémée dans ses Mémoires; et Arrien préfère ee récit à celui d'Aristobule, portant que ce fils de Porus, suivi d'une

troupe nombreuse, et de soixante chars seulement, blessa le grand Alexandre et le cheval Bucéphale qui en mourut. Mais Porus lui-même ne tarda point à livrer une bataille plus décisive, où la fortune seconda mal son courage. Quoiqu'au milieu d'une plaine favorable au développement de ses forces, au mouvement de ses éléphants et de ses chariots, il avait déjà perdu presque tout espoir de succès, lorsque Craterus traversa l'Hydaspe et vint achever sa défaite. Monté sur le plus haut de ses éléphants, Porus donnait à son armée tous les ordres et tous les exemples qui auraient dû la rendre invincible. Alexandre fit pleuvoir sur lui d'innombrables traits, dont aucun ne manquait un but aussi visible que le colossal roi des Indiens. Porus soutint héroïquement cette attaque, jusqu'à ce que, perdant tout son sang, il se laissa tomber à terre. Son éléphant, si l'on en croit Plutarque, « montra en ce combat » une merveilleuse prudence natu»relle, et un grand soing de sauver >> le roy son maistre; car tant qu'il » le sentit encore fort, il repoussa >> tousiours courageusement et re» boutta ceulx qui luy couroient » sus: mais quand il apperçeut que, » pour les coups de traict et autres » bleceures qu'il avoit receues sur » son corps, le cueur luy commen>>ceoit à faillir, alors craignant qu'il >> ne tombast en terre, il se baissa >> tout bellement à genoux, et pre>>nant doulcement avec sa trompe >> les dards et les traicts qu'il avoit de» dans le corps, les luy tira tous l'un » après l'autre dehors. » (Trad. d'Amyot.) Dans Arrien, Porus n'est blessé qu'à l'épaule droite: une cuirasse a défendu le reste de son corps; et il ne descend point de son élé.

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