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les bureaux, se mêla de finances, et parut rarement à la tribune. Après leg thermidor, il se rangea du parti des modérés, qui était réellement le sien, et fit décréter, le 8 juillet 1795, qu'il ne serait plus fait d'exé cutions sur la place Louis XV, qu'on appelait alors place de la Révolution. Envoyé en Belgique, à la fin de cette année, il s'occupa, avec beaucoup d'activité, d'assurer irrévocablement la réunion de ce pays à la France, en intimidant, par ses actes et ses proclamations, les partisans de l'Autriche. De retour à Paris, il rendit compte de sa mission à la Convention, et fit valoir les grands avantages que la France pouvait retirer de la conquête de ces belles provinces: il parla ensuite des moyens d'aliener les biens ecclésiastiques belges, et de divers objets d'administration. Elu membre du conseil des Cinq cents par la Convention, après des événements du 13 vendémiaire (5 octobre 1795), il en sortit en 1798, et fut réélu pour deux ans par les électeurs du département de la Seine. Buonaparte en fit ensuite un des membres de son tribunat: après la dissolution de ce corps, Portiez devint professeur et directeur des écoles de droit de Paris, place beaucoup au-dessus de ses médiocres talents et de son instruction très-bornée; mais il avait su faire parler de lui dans le public, et dans les journaux qui avaient alors une grande influence, en faisant prôner un Code diplomatique de sa façon, contenant le texte de tous les traités conclus avec la république française jusqu'à la paix d'Amiens : ce n'était qu'une maigre et sèche compilation de diverses pièces qu'il avait copiées dans le Moniteur. Les leçons du docteur furent souvent

l'objet de la critique de ses élèves. Il mourut à Paris le 5 mai 1810 (1). B-u.

PORTIUS. V. PORZIO.

PORTLAND (GUILLAUME BENTINK, comte DE), homme d'état et favori de Guillaume III, roi d'Angleterre, descendait d'une famille ancienne et distinguée des Provincesunies. Il était fils de Henri Bentink, seigneur de Diepenham, dont le frère avait le grade de général au service des états de Hollande. Guillaume Bentink naquit en 1648, et fut, dans sa jeunesse, attaché en qualité de page au prince Guillaume d'Orange, qui le nomma ensuite gentilhomme de sa chambre. En 1670, il accompagna ce prince en Angleterre, et fut reçu, ainsi que lui, docteur en droit à l'université d'Oxford. Le prince d'Orange ayant été attaqué de la petite - vérole en 1675, Bentink "ne quitta pas le chevet du lit du prince, tout le temps que dura sa maladie, et lui prodigua les soins les plus touchants (2). Ce dévouement était d'autant plus remarquable, que Bentink n'avait pas eu encore la petite-vérole, maladie regardée à cette époque non-seulement comme contagieuse,

(1) On a de Portiez de l'Oise: I. Code diplomatique, 1802-3, 4 vol. in-8°. II. Influence du gouver nement anglais sur la révolution française, 1804, in-8°. III. Essai rur Boileau-Despréaux, 1804, in8°. IV. Cours de législation administrative, 1808, 2 vol. in-8°. V. Discoars prononcé le jour de l'inauguration de la statue de S. M. impériale et royale, votée par la faculté de droit de Paris, 1809, in-4^. Portiez de l'Oise avait recueilli un grand nombre d'écrits sur la révolution de France: depuis longtemps on cherchait à vendre cette collection; et à cet effet, en 1817, la veuve fit imprimer un Cataloque d'une collection de pièces relatives à la révolution de France, avant et depuis 1789, jusqu'à l'an XII (1804) inclusivement, in-8°. de 3 pag. Malgré ce titre, ce n'est point un catalogue des ouvrages,

costs in sommaire ou table chronologique et métho

dique des matières principales qui en sont le sujet. Il parait que Portiez a publié, en 1795, un recueil de pièces concernant la réunion des provinces belgiques à la république française.

A. B-T.

(2) Le prince d'Orange n'oublia jamais cette marque d'attachement, et en conserva toute sa vie uue vive reconnaissance.

mais comme fort difficile à guérir. Bentink en fut en effet atteint et faillit y succomber. A peine rétabli, il reprit son service auprès de Guillaume, et l'accompagna à l'armée. En 1677, il fut envoyé auprès de Charles II, roi d'Angleterre, pour demander la main de la princesse Marie, fille aînée du duc d'York, depuis Jacques II; et il réussit dans cette négociation, malgré la répugnance que le duc d'York témoignait hautement pour une alliance avec Guillaume. Lorsque Jacques II monta sur le trone (février 1684), il demanda aux États-généraux de fairearrêter le duc de Monmouth, quise trouvait alors en Hollande et dont il craignait les projets, et de l'envoyer prisonnier en Angleterre. Mais le prince d'Orange, qui désapprouvait cette mesure rigoureuse, chargea secrètement Bentink de se rendre auprés du fils naturel de Charles II, pour offrir à ce seigneur l'argent dont il pourrait avoir besoin, et pour lui proposer de le mettre en état de paraître d'une manière convenable à son rang, s'il voulait faire une campagne en Hongrie. Jacques II ayant renouvelé ses instances, le duc de Monmouth fut obligé de s'éloigner, et se détermina à débarquer en Angleterre avec quelques amis qui lui étaient restés fidèles. Bentink fut, à cette occasion, député par le prince d'Orange, pour offrir à son beau-père l'assistance de ses troupes et de sa personne. Cette proposition fut mal accueillie, comme on devait naturellement s'y attendre; et Jacques II déclara à l'envoyé de Guillaume « que >> leur commun intérêt demandait » que son gendre ne quittât pas la » Hollande. >> Lorsque le prince d'Orange eut conçu le projet de faire une descente en Angleterre, Bentink

se rendit, par ses ordres, auprès de Frederic ler., électeur de Brandebourg, sous prétexte de le complimenter sur son avénement : le but réel de cette mission était de faire connaître à Frederic l'état des affaires en Angleterre et les projets que Guillaume avait formés, et de s'assurer des dispositions de l'électeur dans le cas où l'on aurait besoin de recourir à son appui. Ce prince s'étant montré favorablement disposé, Guillaume n'hésita plus. Bentink, qui avait été un des instruments les plus actifs daus les intrigues qui préparèrent le renversement de Jacques II, et qui commandait à cette époque le régiment hollandais des gardes à cheval, possédait toute la confiance du prince d'Orange. Par ses ordres, il fit équiper, avec le plus grand secret, cinq cents vaisseaux de transport, qui furent prêts dans le court espace de trois jours; et le prince s'embarqua sur une fregate de 30 canons, avec son confident. A peine le prince d'Orange fut-il arrivé en Angleterre avec ses troupes et les Anglais qui s'étaient réfugiés auprès de lui, que l'armée de Jacques II, dont les principaux chefs étaient gagnés, se débanda. Ce malheureux monarque, se voyant abandonné des serviteurs sur la fidélité desquels il avait le plus compté, et même de la princesse Anne sa propre fille, fut réduit à envoyer, par le comte Feversham, un message au prince d'Orange, pour demander d'être autorisé à se retirer à Rochester. Bentink reçut ordre d'arrêter Feversham. Il fut également chargé d'annoncer à Jacques II que Guillaume ne s'opposait pas à ce qu'il se rendît à Rochester, d'où le monarque détrô né s'embarqua ensuite pour la France. Le jour où le prince d'Orange

fut proclamé roi d'Angleterre sous le nom de Guillaume III (février 1689), Beutink fut nommé premier lord de la chambre, membre du con seil-privé, et chargé de la cassette particulière. Le 9 avril suivant, il entra à la chambre des pairs avec les titres de baron de Cirencester, vicomte Woodstock et de comte Portland. C'est sous ce dernier titre qu'il est le plus connu et que nous le désignerons désormais. On attribue en grande partie le gain de la bataille de la Boyne (1er juillet 1690), où le comte de Portlandcombattit vaillamment en qualité de lieutenant-général, au conseil qu'il donna au général Douglas, d'entremêler la cavalerie et l'infanterie, afin qu'elles pussent se soutenir réciproquement. Îl commandait, au mois d'août suivant, les forces anglaises qui attaquèrent et mirent en déroute les Irlandais, fortement retranchés en avant de Limerick, et contribua à la soumission de l'Irlande. Le comte de Portland assista, avec Guillaume, au congrès tenuà la Haye, au commencement de 1691, et fut employé activement dans toutes les guerres qui précédèrent la paix de Ris wick. Pour récompenser ses services, Guillaume III lui fit concession de plusieurs seigneuries dépendant de la principauté de Galles: mais l'aversion que le peuple anglais avait conçue contre le comte de Portland, (2) décida la chambre des communes à refuser son approbation à cet acte de munificence. Le roi fut contraint de rapporter sa concession, et il dédommagea son favori en lui faisant don de la maison royale de Theobalds et des terres qui en dépendaient.

(2) Entre autres reproches qu'on faisait au comte de Portland, on l'accusait d'avoir cherché à favoriser la Hollande, sa patrie, en faisant adopter des mesures qui devaient porter un préjudice notable au commerce de l'Angleterre.

En 1695, le comte de Portland fut accusé, avec plusieurs autres membres des deux chambres, de s'être laissé corrompre pour favoriser le projet d'établissement de la compagnie des Indes orientales: il résulta de la discussion qui eut lieu à ce sujet, qu'on lui avait bien offert cinquante mille livres sterling, mais qu'il les avait refusées avec indignation. L'année suivante, il fut élu chevalier de l'ordre de la Jarretière, et fait général de la cavalerie en 1697. Il eut, au mois de juin de cette dernière année, plusieurs conférences avec le maréchal de Boufflers, commandant l'armée française, près de Halle, dans un champ qui se trouvait placé entre les deux armées ennemies. Ces deux généraux y arrêtèrent des articles préliminaires qui préparèrent la paix conclue à Riswick au mois de septembre suivant. Il paraît qu'en 1698, le comte de Portland fut supplanté dans la faveur du roi Guillaume par Van Keppel, qui avait d'abord été page et ensuite secrétaire particulier de ce souverain. Pour mettre un terme aux marques trop fréquentes de la jalousie de Portland, Guillaume l'éfoigna par un exil honorable, en le nommant son ambassadeur extraordinaire auprès de la cour de France (janvier 1698 ). L'envoyé déploya, pour l'entrée solennelle qu'il fit à Paris, une magnificence telle, que la cour de France en fut elle-même étonnée. Peu de jours après avoir eu son audience publique, il se rendit à Versailles, et s'y arrêta quelque temps. Dans un entretien qu'il eut avec Louis XIV, Portland témoigna sa surprise de ce que le roi Jacques II était encore à Saint-Germain. Il fit observer que cette condescendance était une infraction aux promesses faites par le maréchal de Boufflers

parvenir à un traité de partage de la monarchie espagnole, au cas où le roi Charles II mourrait sans enfants. Après de longues discussions, les articles furent signés à Loo et Utrecht, en septembre 1698, par le comte de Portland et sir Joseph Williamson, au nom du roi d'Angleterre, et par les plénipotentiaires français. Les mêmes plénipotentiaires, et ceux des Provinces - unies, signèrent, à la Haye, le traité définitif, le 11 octobre suivant. Le comte de Portland prit part à une convention entre la France, l'Angleterre et les Étatsgénéraux, qui devait être jointe au traité (3) du 11 octobre 1698, dont elle expliquait ou modifiait quelques articles. La mort du prince électoral de Bavière, arrivée au mois de février 1699, dut amener des changements dans le traité de partage de la monarchie espagnole, puisqu'il ne restait plus que deux prétendants à cette succession éventuelle. Le comte

au roi Guillaume, dans leur conférence en Flandre; et quoique le maréchal niât le fait, Portland insista fort vivement à ce sujet. Louis XIV trancha la difficulté, en disant que, si le prince d'Orange ne cédait pas sur ce point, on renoncerait à toute idée de traiter avec lui. La conduite de l'ambassadeur anglais ayant été désavouée, il n'en fut plus question. Au mois de mars 1698, le comte de Portland ayant parlé, dans une conférence qu'il eut avec MM. de Torcy et de Pompone, du vif desir qu'avait le roi son maître de s'unir étroitement avec Louis XIV, les ministres français crurent devoir lui faire connaître que l'événement le plus capable de troubler la tranquillité de l'Europe, était celui de la mort du roi d'Espagne, dont la santé se trouvait fort délabrée. Suivant ces ministres, il était fort important que les cours de Versailles et de Londres se concertassent sur ce qu'il y aurait à faire dans une pareille conjoncture. Le comte de Portland répondit à ces ouvertures, d'une manière générale; et comme il paraissait, ou feignait de paraître peu au fait de la question si délicate qu'il s'agissait de traiter, Louis XIV chargea le comte de Tallard, son ambassadeur à Londres, de s'adresser directement au roi d'Angleterre. Au mois de juillet, Portland revint dans cette ville; mais, suivant Smollett, se trouvant totalement éclip sé dans la faveur de son souverain, par Van Keppel, qui venait d'être créé comted'Albemarle, il donna sa démission de tous ses emplois, malgré les instances que Guillaume lui fit à ce sujet. Il ne resta cependant pas long- tres compilateurs l'out entièrement passé sous silence:

temps dans l'inaction, et fut employé aux négociations suivies tant en Angleterre qu'en Hollande, pour

(3) D'après le traité du 11 oct., le royaume de Sicile avec les ports de Toscane, le marquisat de Fi al et la province de Guipuscoa, furent assurés au Dauphin, L'archiduc Charles devait avoir le duché de Milan; et le reste de la monarchie espagnole était adjugé à Joseph-Ferdinand, prince electoral de Bavière. Ce traite avait été fait à-peu-près dans l'esprit de celui du 19 janvier 1668, conclu à Vienne entre Louis XIV et l'empereur Léopold. Suivant les dispositions de ce dernier traité, qui était secret, et fut déposé en tre les mains du grand-duc de Toscane, qui ne devait s'en dessaisir qu'en même temps et en faveur des deux parties contractantes, le roi de France et ses héritiers devaient avoir tous les Pays-Bas espagno's,

la

Franche-Comté, les îles Philippines, le royaume de Navarre et ses dépendances, Roses et ses dépendances, les établissements espagnols sur la côte d'Afrique, avec les royaumes de Naples, de Sicile et leurs

dépendances; et l'empereur, les autres parties du royaume d'Espagne, les Indes Occidentales, les duchés de Milan, de Sienne, de Final, Porto-Longone, Porto-Ercole, Orbitello, avec les ports apparteDant à l'Espagne dans la mer de Toscane, jusqu'aux confins du royaume de Naples, l'ile de Sardaigue, les iles Baleares et les iles Canaries. Nous avons cru utile d'entrer dans quelques détails sur ce traité, parce que Dumont, Koch, Schoell, Flassan et les au

Torcy, dans ses Mémoires, en dit bien un mot; mais il lui donne par erreur la date de 1688. L'original de ce traité, redigé en latin, est signé par le prince d'Avesperg, au nom de l'empereur, et par le chevalier de Gremonville, au nom du roi de France.

de Portland, et son beau-frère, le comte de Jersey, furent chargés de suivre, au nom du roi Guillaume, la nouvelle négociation qui fut entamée à ce sujet entre les trois puissances qui avaient figuré dans le traité de 1698. Un premier projet, arrêté le 11 juin 1699, fut, après de longs débats, tant à Londres qu'à la Haye, changé en un traité définitif de partage, signé dans la première de ces villes, le 13 mars 1700, et dans la seconde, le 25 du même mois (4). L'année suivante, la chambre des communes blâma sévèrement les traités de partage conclus avec la France, sans que le parlement en eût eu connaissance. Elle déclara que le comte de Portland, et les autres signataires de ces traités, s'étaient rendus coupables du crime de haute-trahison, etc., et les traduisit devant la chambre - haute pour y être jugés. Mais, par suite de quelques discussions entre les deux chambres, celle des communes ne s'étant pas présentée pour soutenir son accusation, les pairs renvoyèrent de la plainte le comte de Portland et les autres personnages inculpés. Lorsque Guillaume III fut à toute extrémité, le comte de Portland, qui le quittait rarement, s'étant absenté un instant, fut rappelé par les ordres du prince, qui fit des efforts pour lui parler; mais ne pouvant proférer un seul mot, il prit la main du comte, la pressa sur son cœur avec les marques de la plus vive affection, et expira dans ses bras, le 8 mars 1702. Après la mort de Guil

(4) Dans ce dernier traité, le Dauphin devait avoir, de plus que dans celui de 1698, les duches de Lorraine et de Bar, que le duc de Lorraine consentait à céder en échange du duché de Milau. Si l'empereur accédait au traité, l'archiduc devait avoir en partage, l'Espagne, les Indes et les Pays-Bas. En cas de refus, les alliés devaient convenir du prince qu'ils juge raient à propos de substituer à l'archiduc (l'oyez CHARLES II).

laume, il paraît que Portland se retira en Hollande. En 1708, Portland fut envoyé par les Etats-généraux pour complimenter le roi de Prusse, qui traversait les Provinces - unies. A la fin de la même année, il retourna en Angleterre, et ne prit plus aucune part aux affaires publiques jusqu'à sa mort, qui eut lieu le 23 nov. 1709. Le comte de Portland avait eu de sa première femme, Anne, sœur du comte de Jersey, un fils qui succéda à sa pairie, fut créé duc, et mourut en 1726, capitaine-général et gouverneur de la Jamaïque. D-z-s.

PORTLAND (GUILLAUME-HENRI CAVENDISH, BENtink, 3o. duc de ), arrière-petit-fils du précédent, eut pour mère Marguerite Cavendish Harley, fille unique du comte d'Oxford, et naquit le 14 avril 1738. Après qu'il eut terminé ses études d'une manière brillante à l'université d'Oxford, son père le fit voyager dans différentes parties de l'Europe. Il était connu, à cette époque, sous le nom de marquis de Lichfield, et représenta, pendant plusieurs années, au parlement, le bourg de Weobly, dont sa famille dispose encore aujourd'hui. Il ne paraît pas qu'il s'y soit fait remarquer. A la mort de son père (1er. mai 1762), il fut rappelé pour le remplacer à la chambre des pairs, et se rangea du côté de l'opposition. En 1763, on trouve son nom parmi les membres de la minorité qui votèrent contre le bill sur le cidre; et il se joignit au duc de Grafton, pour signer la protestation de l'opposition contre cette taxe impopulaire. Il agit de la même manière, lorsqu'on discuta, dans la session suivante, les droits réclamés les Spar membres du parlement en matière de libelles. Le duc de Portland, qui s'était lié avec le marquis de Roc

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