dans sa destinée de laisser incomplètes la plupart de ses entreprises littéraires. Les travaux particuliers de La Porte Du Theil ne nuisaient point à ceux auxquels il était tenu comme membre d'un corps littéraire. On a de lui, dans les Recueils de l'académie des belles-lettres et de l'Institut, ainsi que dans les Notices des manuscrits de la bibliothèque du Roi, un grand nombre de Mémoires pleins d'érudition et de critique, ayant pour objet, les uns des points de l'histoire et de la littérature ancienne, les autres de l'histoire du moyen âge (Voy. Ingeburge, XXI, 214 ). Il trouvait encore le temps de passer chaque jour quatre à cinq heures à la bibliothèque du Roi, dont il était l'un des conservateurs, et de contribuer, avec ses collègues, au dépouillement et au classement des nombreux manuscrits, avec un zèle et une activitéqui auraient pu faire croire que c'était-là son unique occupation. Il en a fait connaître un grand nombre, par les divers morceaux qu'il a donnés dans la Collection des Notices et Extraits de ces manuscrits. Parmi ses ouvrages, on ne doit pas oublier l'édition du Liber ignium, 1804, in-4°. (V. MARCUS GRECUS.) Il avait été nommé officier de la Légion d'honneur. La Porte Du Theil est mort le 28 mai 1815, après une maladie longue et doulou reuse, qu'il souffrit avec la fermeté et la résignation que donnent une conscience pure et une piété solide et éclairée. C'est à ce sentiment qu'il faut rapporter le courage qu'il eut de brûler l'édition entière d'une Traduction de Pétrone, qu'il avait eu la faiblesse d'entreprendre, et qu'il fit imprimer avec le texte, accompagné d'un savant Commentaire qui l'avait long-temps occupé. Il était sur le point de publier cet ouvrage (en 1800), lorsque le baron de SainteCroix lui représenta que le scandale et le mal que produirait ce livre ne seraient pas compensés par le léger avantage qu'en pourrait retirer l'érudition. Du Theil en convint, et ne balança pas à supprimer tous les exemplaires (V. PÉTRONE). D-ER. PORTELANCE ( DE), né en 1732, prétendait descendre d'une famille distinguée d'Irlande, dépouillée de tous ses biens par Cromwell et son parti: il avait un oncle, chanoine de Saint-Honoré à Paris, grand directeur d'ames, et médiocrement estimé. Portelance, à l'âge de 19 ans, composa une pièce intitulée : Antipater, qu'il ailait lire dans toutes les sociétés de Paris. Il fut, suivant l'usage, accablé d'éloges, qui l'enorgueillirent tellement, qu'il ne voulut écouter aucun conseil, ni faire quelques changements que demandaient ses amis et les comédiens. La pièce, jouée le 25 novembre 1751, fut universellement huée; et, s'il faut en croire Palissot, ce fut à un tel excès, qu'elle donna lieu à une espèce de proverbe : lorsqu'on voulait parler d'une pièce très-maltraitée du public, on disait qu'elle avait été sifflée comme Antipater. L'auteur se réfugia dans les petits spectacles, et donna au théatre de la Foire, Totinet (parodie de Tithon et l'Aurore) encore avait-il pour collaborateur Poinsinet (V. page 137 ci-dessus). Une riche veuve, que ses succès de societé avaient séduite, l'épousa, et le fit son héritier. A l'occasion de la succession, il eut à soutenir un procès contre un nommé Tranel, qui avait pris pour avocat le célèbre Linguet. Portelance plaida lui-même sa cause, en 1773, et rédigea, en 1780, un Mémoire qui eut sa beaucoup de succès. Il se retira au château de Montaseau; et depuis long-temps, il était aveugle, lorsqu'il finit sa carrière en 1821. Quelques Dictionnaires historiques le font mou. rir dès le 19 décembre 1779. Voici pourquoi et comment cette erreur s'est commise: M. Ersch, dans France littéraire, tom. III, pag. 38, mit, par un lapsus calami, à l'article de Portelance, la date de la mort de l'abbé de La Porte, dont l'article précédait. Desessarts, dans le tome v de ses Siècles littéraires, répéta cette faute, qui n'a pas manqué d'être copiée dans le Dictionnaire universel, etc., de 1810. Le nouveau Dictionnaire histor. crit. et bibliogr. place vaguement cette mort vers la fin du dix-huitième siècle. Cependant, en 1810 même, Portelance avait donné signe d'existence. Ximénès ayant pris alors le titre de doyen des poètes tragiques, Portelance lui disputa ce titre, et prétendit que Ximénès, quoique son aîné de cinq ou six ans, n'avait été sifflé que treize mois après lui, puisqu'Epicharis, sa première pièce, n'avait étéjouée que le 2 janvier 1753. On a de Portelance: I. Antipater, tragédie en cinq actes et en vers, 1753, in-8°., imprimée avec une critique, qui est de l'auteur luimême. Cette pièce, disait Collé, n'est pourtant pas médiocre; elle est détestable. II. Le Temple de Mémoire, poème, 1753, in- 12. III. (Avec Poinsinet), Totinet, opéra-comique, 1753, in-8°. IV. (Avec Patu), les Adieux du goût (V. PATU, XXXIII, 153). V. A Trompeur trompeur et demi, comédie en trois actes et en vers libres, représentée et imprimée à Manheim. VI. ( Avec l'abbé Regley et de Caux), Journal des Journaux, ou Précis des principaux ouvrages périodiques de l'Europe, Manheim, 1760,2 vol.in-8°., compre nant depuisjanvier jusques et compris avril. Le chevalier de Mouhy, dans son Abrégé de l'histoire du Théatre Français, lui attribue « plusieurs >> autres pièces jouées à l'Opéra-Co mique et en province, qui y ont » été fort accueillies. » Ces ouvrages, s'ils existent ou s'ils ont existé, ne pro. curèrent pas une grande gloire à leur auteur. Mais il est nommé une fois dans le second chant de la Dunciade de Palissot; et c'est peut-être son plus grand titre à l'immortalité. A. B-T. PORTENAU (ODERIC DE). Voy. ODERIC. PORTES (PHILIPPE DES ). V. DESPORTES. PORTEUS (BEILBY ), évêque anglican de Londres, né à York, cn 1731, d'une famille qui était venue de la Virginie s'y établir, était le plus jeune de dix-neuf frères. Il étudia au college du Christ, à Cambridge, et y eut des succès tant dans la littérature que dans les mathématiques. Une médaille d'or et une place de boursier furent la récompense de ses travaux. Après avoir terminé son cours d'études, il se chargea de la conduite de quelques jeunes gens et reçut l'ordination suivant le rit anglican. Un sermon qu'il prêcha le fit connaître de l'archevêque de Canterbury, Secker, qui le nomma son chapelain, et lui procura quelques bénéfices. La reine, femme de George III, ayant goûté ses discours, Ini obtint des places avantageuses. Lors des mouvements quieurent lieu dansle clergé anglican pour faire supprimer la souscription aux trente-neuf articles de la confession de foi, Portens se déclara pour une révision de ces articles; mais il fut d'avis de s'en rapporter au jugement des évêques de l'Église établie. En 1776, la reine le fit nommer à l'évêché de Chester. Un de ses premiers actes dans son épiscopat, fut une exhortation pour recommander d'observer le vendre di-saint. Il s'étonnait que l'Église anglicane n'eût pas conservé une pratique si ancienne dans l'Église catholique, et que les luthériens mêmes ont respectée. Cet écrit fut réimprimé et distribué par les soins de la Société pour répandre la connaissance du christianisme; cependant un ministre de la secte des Baptistes, Robert Robinson, entreprit de tourner en ridicule la proposition de l'évêque, dans un pamphlet intitulé: Histoire et Mystère du vendredi saint. Porteus vota dans la chambre des pairs, en 1779, pour le bill en faveur des ministres dissidents. Il fut un des plus zélés pour faire abolir la traite des nègres, et pour établir les écoles du dimanche. A la mort de l'évêque Lowth, en 1787, il fut transféré sur le siége de Londres, et continua de paraître dans la chaire. Dans le carême de 1798, il commença une suite de discours sur la vérité de l'histoire de l'Évangile, et la divinité de la mission de J.-C. Ces discours furent prononcés tous les vendredis, dans l'église Saint-James à Westminster, et furent continués les années suivantes. Porteus était bienfaisant envers les pauvres, et modéré envers les dissidents: cependant étant évêque de Londres, il montra quel que sévérité pour un archidiacre qui avait avancé, dans un sermon, et ensuite publié, des choses contraires aux 39 articles. Dans le parlement il vota toujours dans le sens du ministère. Il mourut le 14 mai 1808(1), à Fulham, où il s'était retiré pour changer d'air : par son testament, il légua sa bibliothèque à ses successeurs; il fit aussi quelques fondations pour le soulagement des ecclésiastiques pauvres, pour l'encouragement des études à Cambridge, et pour assurer des médailles d'or à l'auteur de la meilleure dissertation latine sur les preuves principales du christianisme, et d'une autre dissertation en anglais sur la morale de l'Évangile. Les écrits de Porteus, précédés de sa Vie, ont été recueillis en 1811 parson neveu Robert Hodgson; ce sont, outre quelques essais de poésie : I. Un Sermon prêché à Cambridge, en 1761, et publié ensuite sous ce titre : le Caractère de David; c'est une réponse à un pamphlet anonyme : l'Histoire de l'homme selon le cœur de Dieu. II. Lettre aux habitants de Manchester, sur les derniers tremblements de terre. III. Courte réfutation des erreurs de l'Église de Rome, in-12, 1781; c'est un extrait des ouvrages de Secker. Les catholiques y ont fait plusieurs réponses, parmi lesquelles nous ne citerons que l'excellent ouvrage de M. Milner, la Fin de la controverse religieuse, 1818, in-8°., qui vient d'être traduit en français, et publié sous le titre d'Excellence de la religion, 1823, 2 vol. in-8°. IV. Sermons sur différents sujets, 1783, in-8°.; ils roulent principalement sur les preuves de la révélation: il en parut un 2o. vol. en 1794. V. Lettres au clergé de Chester, sur les écoles du dimanche. VI. Essai sur un plan pour civiliser et convertir les nègres. VII. Lettres aux colons anglais dans les Antilles. VIII. Discours sur l'évangile de saint Mathieu, 1802, 2 vol. in-8°. IX. Abrégé des principales preuves de la vérité et de la divinité de la révélation, destiné prin 30 cipalement pour la jeunesse, 1800. X. Lettres au clergé de Londres, sur la négligence à se mettre à genoux dans l'église quand la liturgie l'ordonne, 1804. XI. Les Bienfaits du christianisme, etc., prouvés par l'histoire, 1806; trad. en français, sous ce titre : Heureux effets du christianisme sur la félicité temporelle du genre humain, etc., suivi des Principales preuves, etc., 1808, in-12, 227 pag., Paris, Galignani. Porteus publia encore des Mandements et des Sermons détachés, et la vie de l'archevêque Secker, à la tête de l'édition des œuvres de ce prelat. On a donné, en 1815, en anglais : Beautés du docteur Porteus, avec des notes et un portrait; et, deux années plus tard, Sermons tirés des leçons de l'évêque Porteus, 1817, Londres, in-8°. P-C-T. PORTHAN (HENRI-GABRIEL), le seul savant remarquable que la Finlande ait produit jusqu'à présent, a fourni plusieurs travaux propres à éclaircir l'histoire politique, morale et littéraire de sa patrie. Il était professeur d'éloquence à l'université d'A bo, conseiller de chancellerie, et membre de l'académie des belleslettres et d'histoire à Stockholm. Il publia le Chronicon episcoporum Finlandensium, de Justen, avec des notes. De 1761 à 1778 il fit paraître, à l'imprimerie d'Abo, d'intéressantes dissertations académiques sur la poésie des Finnois. Il donna, sous la même forme, en 1773 et années suivantes : Historia bibliothecæ reg. acad. Abvensis, 23 numéros, in-4°.; morceau précieux pour les bibliographes. Le recueil des Mémoires de l'académie royale des belles-lettres, histoire et antiquités de Stockholm, renferme aussi de lui d'ex. cellents mémoires sur les peuples du PORTHMANN (JULES-LOUISMELCHIOR), fils d'un imprimeur de Paris, a droit d'être compté parmi les auteurs précoces; il n'avait que onze ans quand il fit son premier ouvrage, et n'en avait pas vingt quand il prit l'établissement de son père. Mort à l'âge de vingt-neuf ans, le 29 fé. vrier 1820, il est auteur de quelques ouvrages: I. Réflexions sur les dangers et la gloire attachés aux travaux littéraires, 1802, in-8°., tiré à vingt exemplaires. II. Essai sur les persécutions que la religion catholique a éprouvées en France pendant la révolution, 1805, in-8°. Il n'y avait point encore de censeurs légalement organisés. Il existait, on du moins, le sénatus-consulte du 28 thermidor avait seulement créé, une commission sénatoriale et dérisoire de la liberté de la presse : mais la presse était déjà asservie. L'imprimeur, père de l'auteur, non-seulement cut ordre de ne mettre en circulation aucun exemplaire; il lui fut même défendu de vendre l'édition à un épicier. On la brûla dans l'intérieur de la maison. Un seul exemplaire incomplet a été préservé des flammes : il ne contient que le texte et le commencement des notes. III. Eloge de Corneille par un jeune Français, 1808, in-8°., anonyme, qui ne fut pas envoyé au concours de l'Institut. IV. Manuel des pasteurs ou Recueil des maximes et des écrits condé pour la partie théologique, de père de Portiez ayant acquis quel 1 |