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in-12; compilation fort bien faite et estimée. IX. Le Portefeuille d'un homme de goût, ou l'Esprit de nos meilleurs poètes, 1765, 2 vol. in12; nouvelle édit. augmentée, 1770, 3 vol. in-12. X. Le Voyageur fran çais, 1765-1795, 42 vol. in-12. L'abbé de La Porte a rédigé les vingtsix premiers volumes; les tomes 27 et 28 sont de l'abbé de Fontenay, et les suivants de Domairon (V. ce nom). C'est un extrait, en forme de lettres, de tous les voyages connus; le style de cette compilation est agréable, et, malgré tous les défauts qu'on peut lui reprocher, elle eut un grand succès: elle a été traduite en espagnol par M. Estala, avec des augmentations, Madrid, 1796, 43 vol. in-8°. On en connaît aussi des versions allemande, hollandaise, russe, etc. XI. L'Esprit de l'Encyclopédie, 1768, 5 vol. in-12; c'est un choix d'articles tirés de ce grand dictionnaire. MM. Olivier et Bourlet de Vauxelles ont publié une compilation sous le même titre, 17981800, douze vol. in-8°.; et M. Hennequin vient d'en terminer une troisième en quinze volumes. XII. Histoire littéraire des femmes françaises, 1769, 5 vol. in-8°. XIII. Anecdotes dramatiques (avec Clément de Dijon), 1775, 3 vol. in8°. XIV. Dictionnaire dramatique (avec Chamfort), 1776, in -8°.: ces deux compilations sont estimées. XV. La Bibliothèque d'un homme de goût, 1777, 4 vol. in-12., D. Chandon avait publié, en 1772, une bibliographie sous le même titre;l'abbé de La Porte s'en empara, et y fit de nombreuses additions. Les erreurs et les omissions de l'un et de l'autre ont été corrigées et réparées, au moins en partie, dans la Nouvelle Bibliothèque d'un homme de goût, pu

bliée par MM. Barbier et Desessarts, 1808, 5 vol. in-8°. On doit encore au laborieux abbé de La Porte: Les Pensées de Massillon.-L'Esprit de Bourdaloue; - du P. Castel;-de l'abbé Desfontaines, avec une Préface de Cl. Mar. Giraud (Voy. ce nom). L'Esprit des monarques philosophes (Marc-Aurèle, Julien. Stanislas et Frédéric).—Les Pensées de l'abbé Prevost: mais c'est à tort que le nouveau Dict. histor. crit. et bibliogr. lui attribue l'Esprit de Fontenelle (par de Prémontval); l'Esprit de Marivaux (par de Lesbros), l'Esprit (lisez les Pensées) de J.-J. Rousseau (par Prault, le libraire ). Enfin l'abbé de La Porte est éditeur des Théatres de Régnard, de Legrand, de Crébillon; des OEuvres de l'abbé de Lattaignant, de SaintFoix; et des OEuvres complètes de Pope, trad. en français, 1779. On trouvera les titres de quelques compilations de l'abbé de La Porte, qu'on a

et

négligé de citer pour ne pas trop charger cet article, dans la France littéraire d'Ersch, et dans le Dictionnaire des anonymes de M. Barbier. W-s.

PORTE (SÉBASTIEN DE LA), neveu du précédent, fut d'abord avocat, et embrassa avec la plus extrême chaleur le parti de la révolution. Nommé Député du Haut-Rhin à l'assemblée législative, puis à la Convention, il s'y fit remarquer par la violence de ses opinions; vota pour la mort, contre l'appel et contre le sursis, dans le procès de Louis XVI, et fut ensuite envoyé à Lyon, où il se montra le digne collègue de Fonché et de Collot-d'Herbois; conconrut avec la plus odieuse fureur à la ruine de cette malheureuse cité; fit lui-même le rapport de ces désastres à la Convention, et proposa de par

tager les biens des rebelles entre les sans-culottes. A l'époque du 9 thermidor, La Porte, qui était au nombredes députés que Robespierre voulait sacrifier à ses nouveaux projets (V. ROBESPIERRE ), se rangea parmi ses ennemis, et se montra l'un des chefs les plus ardents du parti thermidorien. Il fut un des députés qui dirigèrent la force - armée contre les faubourgs révoltés, dans la journée du 4 prairial an11 (1795), et fut adjoint à Barras, dans la même fonction, à l'époque du 13 vendémiaire suivant. Il fut réélu membre du conseil des cinq - cents, par la Convention elle-même, au moment de sa dissolution; se fit peu remarquer dans cette assemblée, et alla ensuite habiter obscurément son département, où il est mort, en avril 1823, dans des sentiments de religion et de repentir tout-à-fait exemplaires. Il avait épousé une comédienne de Lyon.

Z.

PORTE (ARNAUD DE LA ), né, en 1737, d'une famille qui avait déjà donné plusieurs administrateurs à la marine et aux colonies, fut destiné, dès sa jeunesse, à la même carrière. Élevé, par les Jésuites, au college de Louis le-Grand, il annonça, de bonne heure, les qualités qui depuis le placèrent si haut dans l'estime publique et dans la confiance de son souverain. A vingt-trois ans, il fut chargé de diriger, dans les ports de Calais et de Boulogne, la construction d'une flotille destinée contre l'Angleterre. L'activité qu'il déploya dans cette mission, fut remarquée, et le fit passer avec rapidité par plusieurs grades. En 1770, il hérita, par la mort de son père, d'une charge de maître des comptes, à laquelle on réunit, pour le conserver dans l'administration de la ma

rine, celle d'ordonnateur à Bordeaux. De ce moment sa réputation ne cessa de s'accroître; et Sartines, son arrivée au ministère de la marine, en 1775, le proposa pour l'intendance du port de Brest. Le roi l'ayant nommé à ces importantes fonctions, il exécuta, avec un rare talent, une fermeté et un esprit de conciliation qui lui attirèrent la confiance générale, des changements difficiles, qui venaient d'être ordonnés dans l'administration des ports. Sous sa direction, et, l'on peut dire, grâce à son habileté, le port de Brest devint le centre des grandes opérations de la guerre d'Amérique, et le dépôt principal des forces navales qui, pendant cette guerre, se développérent avec autant d'éclat que de rapidité. Les personnages les plus distingués, qui accouraient à Brest pour y admirer le glorieux état de la marine française, prodiguaient à M. de La Porte les témoignages de leur estime; et Monseigneur le comte d'Artois y joignit lui-même son auguste suffrage. Bientôt après, M. de Castries, ayant été nommé ministre de la marine, appela près de lui La Porte, qui, sous le titre d'intendant-général de la marine, fut chargé de toute la direction des affaires de ce département. En 1783, il fut nommé, presqu'en même temps, maître-des-requêtes, intendant du commerce maritime et intendant des armées navales. Déjà la voix publique le désignait pour le ministère de la marine, lorsque la révolution, qui devait être si funeste à lui et à sa famille, déploya son sanglant étendard. Forcé de changer ses ministres, le roi voulait faire choix de M. de La Porte; et cette marque de la confiance de son souverain, faillit lui être fatale. Le courrier, parti de

Versailles avec sa nomination, fut arrêté en entrant dans Paris, conduit à la ville, dépouillé de ses dépêches, qui tombèrent entre les mains des factieux. Quelques hommes plus sages parvinrent à détourner l'attention de dessus ces dépêches; et la saisie n'eut aucune suite. Bientôt La Porte passa en Espagne: il était à Vittoria, en 1790; et il déplorait en silence les malheurs affreux dont il voyait sa patrie menacée, lorsqu'il reçut la lettre du roi, qui le nommait intendant de la liste civile, avec les attributions de secrétaire-d'état et de ministre de sa maison. Il n'hésita pas entre de trop justes craintes et un devoir sacré. Attaché dès ce moment au sort de son maître, il ne songea qu'à faire, sans bruit et sans éclat, le peu de bien possible dans des circonstances aussi cruelles, et malgré les calomnies et les attaques journalières qui furent le triste salaire de son dévouement et de sa fidélité. Cependant, en 1791, un libelle ayant été publié contre lui, le roi lui en parla; La Porte, découragé, supplia Louis XVI de le remplacer « Quoi! vous voudricz me quitter, lui dit le malheureux prince, avec émotion?»> La Porte ne répondit qu'en tombant à ses genoux, et en lui protestant un dévouement sans bornes: chaque jour lui fournissait l'occasion d'en donner de nouvelles preuves, comme de courir de nouveaux dangers. Au moment de son évasion, le roi l'avait désigné en secret pour faire partie du ministère qui devait être formé à Montmédi, et dont le baron de Breteuil était le chef. Dépositaire des secrets les plus augustes, placé comme intermédiaire entre le souverain et les sujets qui lui restaient fidèles, ou qui n'avaient point encore franchi

toutes les bornes du devoir; il était chargé des correspondances les plus délicates, et en butte aux soupçons et aux recherches continuelles des factieux. A leurs attaques réitérées, il opposait la fermeté d'un homme décidé à tout souffrir plutôt que de trahir ses devoirs. Ce fut ainsi qu'après le départ du roi pour Varennes, il refusa, à la barre même de l'assemblée nationale, de faire connaître la lettre que son malheureux maître venait de lui écrire. Il ne montra ni moins de dignité, ni moins de discrétion lorsqu'il eut à répondre sur une édition des Mémoires de Mme. de La Motte, édition que le roi fit acheter et brûler, tout entière, dans les fourneaux de la manufacture de Sèvres. Enfin, dans la fatale journée du 10 août, après l'envahissement, le massacre et l'embrasement qui eut lieu aux Tuileries, La Porte resta encore intrépide à son poste, afin que son absence ne devînt pas un titre d'accusation contre le roi. Questionné chez lui par deux envoyés des Jacobins, mandé et interrogé par l'assemblée nationale, il répondit avec un calme qui confondit ses accusateurs; et, chose singulière, on lui accorda les honneurs de la séance! Les jours suivants, de continuelles recherches furent faites dans ses bureaux et dans ses propres papiers. On n'en trouva pas un seul qui pût compromettre qui que ce fût. Dans ces moments terribles, avant de songer à sa sûreté, il avait porté toute sa sollicitude sur ce qui pouvait intéresser celle des autres. Tant de sagesse et de fermeté l'entourait d'un respect que ses ennemis mêmes ne pouvaient s'empêcher de ressentir; et il paraît qu'ils hésitèrent quelques jours à le choisir pour leur victime. Mais ils voulaient montrer au peuple

de grands coupables, et la perte de M. de La Porte fut décidée: arrêté le 13 août au moment même où la famille royale était conduite au Temple, interrogé à l'hôtel-de-ville par Billaud - Varennes, il fut transféré à l'Abbaye, et comparut, le 23, devant le tribunal révolutionnaire. Le calme de sa contenance, la noble franchise de ses réponses, déconcertèrent ses juges. On ne pourra pas le juger, disait la populace accourue au tribunal. L'interrogatoire dura toute la journée du 23, la nuit qui suivit, et la matinée du lendemain. Les jurés se trouvèrent partagés ; il est même douteux qu'il y ait eu contre lui la majorité requise. Il n'en fut pas moins condamné à mort, malgré les efforts de M. Julienne, avocat distingué, qui avait eu le courage de se charger de sa défense. La Porte entendit son arrêt sans faiblesse, mais non sans émotion; ses derniers moments, cal. mes et vertueux comme sa vie entière, furent partagés entre sa famille et son Dieu. La religion, compagne de toutes ses actions, vint encore, dans cette agonie terrible, soutenir son courage et ennoblir sa fin. Sa résignation, sa soumission aux volontés du ciel, la paix de son ame, sont empreintes, d'une manière aussi vive que touchante, dans une lettre qu'il écrivit après sa condamnation, et que sa famille conserve comme un gage de sa tendresse, comme un souvenir de ses vertus. Il n'a laissé qu'un fils, chef d'escadron dans la garde royale.

L-S-E. PORTE DU THEIL (FRANÇOISJEAN-GABRIEL DE LA), naquit à Paris, le 16 juillet 1742. Son père, doué des qualités qui font l'homme d'état, était entré de bonne heure dans la carrière politique; et, après avoir été employédans un grand nom

bre de négociations importantes, il négocia et signa, à Vienne, en 1736, la convention par laquelle la Lorraine fut cédée et réunie à la France. Il représenta encore cette puissance, avec le titre d'ambassadeur extraordinaire, au congrès d'Aixla-Chapelle, en 1748, et mourut le 17 août 1755. Son fils, sujet de cet article, après avoir fait d'excellentes études, malgré les avantages que lui promettait la carrière diplomatique, il suivit celle des armes, quoique son goût le portât vers la littérature et l'histoire; et, à l'âge de 14 ans, entra dans les chevau-légers de la garde du roi, où il servit pendant quelques années. De ce corps il passa dans le régiment des gardes françaises, où il fit plusieurs campagues notamment celle de 1762, pendant laquelle il se distingua parmi les officiers du corps d'élite des grenadiers et chasseurs de la maison du roi, et mérita la croix de Saint-Louis. Rentré dans ses foyers, après la paix, il reprit ses études favorites, auxquelles il avait toujours ménagé quelques moments, même au milieu des fatigues et des dangers de la guerre; et il s'y livra avec tant d'ardeur, que, peu de temps après, il eut traduit en français les Tragédies d'Eschyle, dont il publia l'Oreste, en 1770. Cette traduction, et plus encore les notes dont elle est accompagnée, et qui mon. trent autant d'érudition que de sagacité et de bonne critique, lui ouvrirent, cette même année, les portes de l'académie des inscriptions et belles-lettres. Il donna au public, en 1775, une traduction française des Hymnes de Gallimaque. L'année suivante, il partit, avec l'autorisation du gouvernement, en qualité de membre du comité des chartes établi pour la recherche des monuments historiques ; et il

alla recueillir, dans les riches dépôts littéraires de l'Italie, les pièces et documents authentiques inédits ou imparfaitement connus, qui concernent l'histoire de France, tant ecclésiastique que civile. Après un séjour de plusieurs années, il en rapporta dix-septà dix-huit mille pièces, dont la plupart sont propres à jeter un nouveau jour sur l'histoire générale de l'Europe, dans les treizième et quatorzième siècles. Un grand nombre de ces pièces sont imprimées dans le Recueil des chartes, actes et diplomes relatifs à l'histoire de France, qu'il devait publier conjointement avec M. de Bréquigny. Il parut seulement de ce Recueil, en 1791, trois volumes in-fol., dont les deux derniers, qui contiennent les Lettres, jusqu'alors inédites, du pape Innocent III, sont entièrement dus à M. Du Theil, et ajoutent deux nouveaux volumes à la Collection de Baluze (V. ce nom). Le reste des pièces qu'il avait rassemblées sont déposées, parmi les manuscrits, à la bibliothèque du Roi, où il serait à desirer qu'une main habile s'occupât de les mettre en œuvre. Il avait publié, quelques années auparavant, de concert avec Rochefort, une nouvelle édition du Théâtre des Grecs, par le P. Brumoy; et ce qui recommande particulièrement cette édition, c'est que La Porte Du Theil y

inséra sa Traduction entière d'Eschyle. Mais, toujours mécontent de tui-même quand il croyait pouvoir mieux faire, il recommença son travail, et publia, en 1794, le texte original du poète tragique, et une traduction si différente, et tellement améliorée, qu'on pourrait presque la regarder comme nouvelle. Il se proposait d'y joindre plusieurs volumes de notes et d'observations; il en avait

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même commencé l'impression: mais il ne l'a point achevée. Il a laissé incomplets et inédits, un Commentaire sur Athénée; un nouveau Recueil des fragments de Ménandre, et un Voyage pittoresque de Syrie et d'Egypte, in fol., dont il avait déjà fait imprimer une partie du texte, d'après les matériaux fournis par Cassas. On doit encore à ce savant une édition du texte du poème de Léandre et Héro, avec une traduction française, qui a le mérite de l'exactitude et de la fidélité. Il est vraisemblable que Du Theil aurait repris quelque jour la continuation des travaux dont il s'était dégoûté après s'en être occupé pendant long-temps, s'il n'avait pas donné la préférence à un travail plus utile, et dans lequel il pouvait déployer toute l'étendue de ses connaissances. Il fut chargé, par le gouvernement, de traduire en français, de concert avec M. Gossellin et M. Coray, la Géographie de Strabon, et de publier cette Traduction, accompagnée de notes et d'éclaircissements nécessaires pour faci liter l'intelligence d'un aussi important ouvrage. Des dix-sept livres dont il est composé, Du Theil en a traduit et commenté sept, savoir le premier et le second, le cinquième et le sixième, les neuvième, dixième et onzième. Il a fait précéder le neuvième d'une copie du texte mutilé de ce livre, tel qu'il est figure dans le manuscrit 1397 de la bibliothèque du Roi, le plus ancien manuscrit connu de Strabon. Du Theil s'est efforcé de le rétablir d'après le Lexique d'Etienne de Byzance, les Commentaires d'Eustathe et les Extraits de Gemistus Pletho (V. GEMISTE ). La mort l'a empêché de terminer son honorable tâche de la Traduction de Strabon, comme s'il eût été

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