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ple près de l'obélisque, et celle de la Rotonde. Mais les fontaines qui font le plus d'honneur à son talent dans ce genre de monument, sont celle du Capitole et celle qui fait face au palais Mattei. Cette dernière consiste en quatre figures d'hommes nus et de fonte, servant de supports à un bassin élevé. Leur attitude est assez extraordinaire : leurs pieds posent sur des dauphins qui jettent de l'eau dans des coquilles. Le dernier ouvrage de Della Porta est la villa Aldobrandine, à Frascati, construite sous le pontificat de Clément VIII, et à qui son heureuse situation a fait donner le nom de Belvedère. Le petit palais qu'il y éleva pour le cardinal Aldobrandini, est d'une architecture fort agréable. Della Porta, revenant un jour de Frascati, avec ce cardinal, fut attaqué d'une colique violente, causée par la quantité de la quantité de glaces et de melons qu'il avait mangés. Il se gêna long-temps, par respect pour son éminence; et fut cependant obligé de descendre de carà la porte de Saint-Jean-deLatran, où il mourut, au bout de quelques minutes, âgé d'environ soixante-cinq ans.

rosse,

A-s.

PORTA (Frère GUILLAUME DELLA), neveu du précédent, et sculpteur habile, naquit à Porlizza, dans le diocèse de Côme. Il eut pour premier maître son oncle Jacques; mais ce fut l'étude des chefs-d'œuvre de Léonard de Vinci qui lui fit faire les plus grands progrès dans l'art du dessin; et il alla se perfectionner à Gènes, sous Perino del Vaga, qui ne tarda pas à ressentir pour son élève la plus tendre amitié, et qui, par la suite, le traita toujours comme un frère. Il desirait même lui faire épouser une de ses filles; mais Guillaume avait résolu d'embrasser l'état ecclé

siastique; il refusa cette offre, et se rendit à Rome. Dans cette ville, il se lia presque soudainement d'amitié avec Sébastien del Piombo, et obtint l'estime de Michel-Ange. Parmi les travaux qui font le plus d'honneur à ses talents, on ne doit pas oublier la restauration des jambes du fameux Hercule Farnèse, qui se trouve maintenant à Naples. Il l'exécuta avec une telle supériorité, que les jambes antiques ayant, par la suite, été découvertes, Michel-Ange voulut qu'on laissât subsister celles que Della Porta y avait substituées. Frà Sébastien étant mort en 1547, Della Porta obtint la charge de piombo, ou scelleur, que cet artiste possédait, et fut choisi pour exécuter le mausolée du pape Paul III. Il déploya, dans ce travail, où il fut aidé des conseils d'Annibal Caro, le talent d'un maître consommé. C'est surtout dans la figure de la Justice, qu'il se montra l'égal de Michel-Ange. Cette statue, dont la nudité contrastait trop avec sa destination dans l'église de SaintPierre, a depuis été couverte d'une draperie en bronze. Le chevalier Jean-Baptiste Della PORTA, parent et élève du précédent, naquit à Porlizza, en 1542. Il se fit connaître comme un des plus habiles sculpteurs de son temps, ct fut fréquemment employé par la famille Farnese, qui lui fit obtenir l'ordre de chevalier de l'Eperon d'or. Il vivait avec le plus grand faste, et parvint à réunir une quantité considérable d'antiquités, dont il faisait un commerce fort lucratif. Il existe, à Rome, quelquesuns de ses travaux, parmi lesquels on cite, la statue colossale en marbre de Saint Dominique, placée dans l'église de Sainte-Marie - Majeure, et surtout le groupe de Jésus-Christ donnant les clefs à saint Pierre, que

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l'on voit dans l'église de Sainte-Pudentienne. Il travailla davantage pour Notre-Dame de Lorette; et il mourut à Rome, en 1 1597. C'est par erreur que le Dizionario Istorico de Bassano rapporte sa mort à l'année 1547. Thomas della PORTA, frère du précédent, et ainsi que lui élève de Guillaume, se fit connaître comme sculpteur. C'est lui qui fit les modèles des statues de Saint Pierre et de Saint Paul, que l'on coula en bronze, et qui furent placées sur les colonnes Antonine et Trajane. Cet ouvrage lui fit le plus grand honneur. On lui doit encore un groupe en marbre d'un seul morceau, placé dans l'église de Saint-Ambroise al Corso, et qui représente J.-C. descendu de la croix, et entouré de plusieurs saints personnages.

P-s.

PORTA (FRA BARTOLOMEO ). Voy. BACCIO DELLA PORTA.

PORTAIL (DU). V. DUPORTAIL. PORTA LEONE (ABRAHAMARIÉ), médecin juif, naquit à Mantoue, en 1542. Son père David, son aïeul, son bisaïeul, s'étaient fait une grande réputation dans l'art de guérir: il desira de marcher sur leurs traces, et embrassa la même profession. Il commença ses études préliminaires sous d'excellents maîtres; il apprit de Meir de Padoue, et de Joseph Zarka, la langue des saintes Ecritures; de Joseph Sinaïte, les constitutions de la Mischna et de Maïmonide, les commentaires du Pentateuque et des prophètes; de Jacob de Fano, le Talmud et les dé cisions légales. Après quelques années de séjour à Bologne, il retourna dans sa ville natale, où il se lia d'amitié avec deux de ses plus célèbres compatriotes, Juda et Abraham. II passa peu après à Pavie, y étudia la philosophie d'Aristote, la médecine

XXXV.

le

d'Hippocrate et de Galien, la langue arabe, et s'y fit recevoir docteur, en 1563. Trois ans après, il fut agrégé au collége des médecins de Mantoue. Le duc Guillaume de Gonzague se l'attacha dans la suite, et lui donna des marques fréquentes de sa bienveillance. Porta Leone mourut en 1612, à l'âge de soixante-onze ans. Nous avons de lui: I. Dialogi de auro, Venise, 1584, in - 4o.: dans ces dialogues, publiés à la sollicitation du duc de Mantoue, l'auteur traite de la manière d'employer l'or dáns la médecine. II. Consulti medici. III. Cure di malattie; ce livre est inédit comme le précédent. IV. Sciltè agghibborim (Boucliers des forts), Mantoue, 1612, in-fol. : cet ouvrage a fait la réputation de Porta Leone. Les antiquités hébraïques et sacrées, principalement ce qui rcgarde le temple et sa structure, sanctuaire, l'autel, le chandelier à sept branches, la table des pains de proposition et les vases, les vêtements des prêtres et des lévites, leurs offices, le pectoral, l'éphod, les pierres précieuses, leurs différentes proprietés, le chant et la musique, les instruments à vent et à cordes, les sacrifices et les oblations, les fêtes, les prières, les cantiques, la lecture de la loi, y sont discutés et aprofondis avec beaucoup de savoir et d'érudition. Dans trois autres Maghinìm (Boucliers), qui forment un Appendice, l'auteur développe ce qui a rapport aux prières de chaque jour et des fêtes principales de l'année, aux hymnes, aux divisions de la Bible, etc. il termine son travail par une longue Dissertation sur la langue hebraïque, ses beautés, son caractère, ses lettres, ses points, ses accents, ses couronnes, la manière de commencer et de clore les sections du

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texte sacré, enfin sur l'art typographique. On trouve, à la feuille 183 verso, une bien singulière opinion sur ce dernier point: Porta Leone fait remonter l'origine de l'imprimerie aux premiers temps du monde; il croit en découvrir des traces dans çes exclamations de Job, C. xix, pag. 23, 24: « Qui m'accordera que » mes paroles soient écrites? Qui me » donnera qu'elles soient tracées dans » un livre? qu'elles soient gravées » sur une lame de plomb avec une » plume de fer, ou sur la pierre avec le ciseau ? » Jean-Bernard de Rossi n'a pas dédaigné de réfuter de pareilles visions dans ses Annales hebræo-typographiques du quinzième siècle (Dissertation préliminaire, S. IV, pag. 7). Les Sciltè agghibborim, écrits pour l'instruction des trois fils de Porta Leone, leur sont aussi dédiés. Cet ouvrage est également estimé des Juifs et des Chrétiens. Ugolino a inséré dans son Trésor des antiquités sacrées (tomes IX, XI, XIII, XXXII), en hébreu et en latin, les chapitres qui regardent le temple, les encensements, les habits sacerdotaux et la musique. Ikenio en avait entrepris une traduction italienne; mais il n'en a donné qu'une partie, au grand regret des savants, qui attendaient avec empressement l'accomplissement de ses promesses. Rossi lui accorde des éloges tout particuliers, et relève son rare mérite avec beaucoup de complaisance. Voyez Dizionario storico degli autori ebrei.

L-B-E.

PORTALIS (JEAN-ETIENNE-MARIE), né au Beausset en Provence, le 1er avril 1746, porta dans la profession du barreau une grande vivacité d'esprit, un desir passionné de s'instruire, et une mémoire qui tenait du prodige. A peine âgé de vingt

deux ans, il recueillit les applaudissements du parlement d'Aix, et se plaça, dès son début, parmi les jurisconsultes dont les lumières et l'intégrité recevaient un nouvel éclat de leur mérite oratoire. Il se rendit célèbre par plusieurs Mémoires, notamment par celui qui fat imprimé, en 1770, sous le titre de Consultation sur la validité des mariages des protestants en France, et auquel travailla son confrère Pazery. A cette époque, où la gloire du premier corps judiciaire de la capitale se réfléchissait sur plusieurs tribunaux de province, éclairés par de bons esprits, on vit le jeune avocat provençal se mesurer avec deux hommes d'un talent dissemblable, mais qui s'étaient rendus tous les deux célèbres dans la polémique : l'un était Beaumarchais, armé, contre le légataire de Pâris Duverney, défendu par Portalis, des traits qui avaient immolé au mépris public Goëzman et ses maladroits défenseurs; l'autre était le fougueux Mirabeau, qui plaidait, en présence de l'archiduc d'Autriche, frère de Marie - Antoinette, contre la demande en séparation de corps, formée par sa femme. Portalis soutenait les intérêts de Mme. de Mirabeau; et les faits que déroulait son mâle adversaire, semblaient devoir l'accabler. Un moyen adroit le fit triompher. Mirabeau, emporté par sa chaleur naturelle, affirma qu'il avait ménagé une épouse coupable, et qu'elle ne devait qu'à sa générosité d'avoir échappé à la confusion dont pouvaient la couvrir des preuves multipliées qu'il avait en main. Portalis le défia de produire ces griefs; et l'irritable orateur donna aussitôt lecture aux juges de plusieurs lettres qui compromettaient étrangement l'honneur de sa compa

gne. L'avocat de Mme. de Mirabeau releva cet éclat scandaleux: il établit l'impossibilité de la cohabitation de sa cliente avec un mari qui s'était porté à un tel excès envers elle; et la séparation fut prononcée. Portalis avait été placé, malgré sa jeunesse, à la tête de l'administration de sa province; et sa capacité dans les fonctions administratives avait répondu à l'attente générale. Il revint au barreau avec un nouvel éclat; le caractère distinctif de son talent était d'agrandir tout ce qu'il touchait, et d'élever jusqu'aux considérations les plus élevées du droit public, les questions d'intérêt privé qu'il était appelé à traiter. Lorsqu'en 1788, M. l'archevêque de Sens tenta de bouleverser la coustitution politique de la monarchie, Portalis se déclara le courageux défenseur des institutions, et surtout des priviléges de la Provence. Il publia, à cette époque, deux petits écrits qui eurent un grand succès. Le 1er. était intitulé: Lettre des avocats au parlement d'Aix, à Mr. le garde des sceaux; le 2me., Examen impartial des Edits du 8 mai 1788. Quand la révolution éclata, sa modé ration, et la mesure qui formait la base de son caractère, l'éloignèrent du rôle auquel l'auraient appelé ses talents, mais ne l'empêchèrent pas d'être en butte à la persécution révolutionnaire. Retiré à la campagne dès 1790, il fut forcé de quitter cet asile en 1792. Il se réfugia à Lyon, et n'échappa, en 1793, à une mort certaine, que par une prompte fuite. Il vint à Paris, où il fut mis en prison. Il n'en sortit que long-temps après le 9 thermidor. La progression alarmante de nos agitations politiques lui fit chercher une retraite où il pût librement se livrer à l'étude

ses

et au besoin de la méditation. La France, enfin plus calme, commençait à essayer les formes républicaines. Lors de l'établissement de la constitution de l'an III, le département de la Seine jeta les yeux sur Portalis pour le représenter au Conseil des anciens. Son esprit conciliateur, vues sages, l'accent persuasif de son éloquence, lui donnèrent de nombreux amis, sans qu'il réussît néanmoius à rallier les groupes divisés qui se combattaient dans cette assemblée. Opposé au Directoire, dont la politique ambiguë luttait contre la faiblesse de son institution, il exposa les dangers et l'inconstitutionnalité de la participation aux droits de l'élection, qu'on proposait d'accorder à cette autorité; il défendit l'indépendance des électeurs, la représenta comme incompatible avec toute formule de serment qu'on voudrait leur imposer, et s'éleva contre la création d'un ministère de la police. On l'entendit solliciter avec force l'abrogation de plusieurs lois immorales, promulguées dans le cours des fureurs révolutionnaires; repousser une mesure qui tendait à dépouiller, de leur vivant, les ascendants d'émigrés ; appuyer le rétablissement de la contrainte par corps en matière civile; s'opposer avec force au rétablissement des sociétés populaires, et présenter un rapport lumineux sur le divorce. Une résolution violente, ayant été adoptée par le Conseil des cinq cents contre les prêtres non assermentés, fut portée au Conseil des anciens. L'assemblée, sur les observations de Portalis, refusa l'impression d'une virulente diatribe prononcée par Creuzé-Latouche contre le clerge; il n'obtint ce succès, vivement disputé, qu'à l'appel nominal. Le lendemain

il retraça les rigueurs exercées contre les ministres du culte catholique, fit sentir tout l'odieux d'une semblable oppression, et réclama en leur faveur l'application tardive des principes de tolérance si hautement prêchés au nom de la philosophie. La résolution proposée fut rejetée; les prêtres fidèles restés en France furent préservés de la déportation, et l'assemblée vota l'impression à six exemplaires du Discours qui l'avait entraînée. Dans une occasion non moins solennelle, lorsque des émigrés français furent poussés par un naufrage sur les côtes de Calais, Portalis fit un appel touchant à l'humanité de ses collègues, et obtint que le code de mort ne leur fût point appliqué. Lorsque le Directoire eut résolu, au 18 fructidor, de mutiler la représentation nationale, il fut inscrit sur les tables de proscrip. tion; mais, prévenu à temps, il se réfugia en Allemagne, où il consola, par sa gaîté inaltérable, les compagnons de son exil. Rappelé après le 18 brumaire, il fut nommé commissaire du gouvernement près le conseil des prises. Dans cette nouvelle position il fit prévaloir les véritables principes du droit des gens en cette matière: ses conclusions furent accueillies dans toute l'Europe comme une preuve du retour de la France à des principes de modération et de justice. Sa nomination en avait été gage il entra presqu'aussitôt au conseil d'état. Membre de la commission chargée de la rédaction d'un code civil pour la France, il soutint avec habileté les principes du droit romain, prit une part importante aux discussions du conseil-d'état, et développa, devant le corps législatif, les motifs de différents titres du code. Le Discours préliminaire où il a ex

le

posé les principes qui ont présidé à ce grand travail, est plein de vues saines et comparable à la célèbre préface du livre de Domat. Ce morceau n'a cependant pas échappé à la critique assez vive de M. de Montlosier, qui l'attaqua dans une brochure publiée en 1801 (1). Portalis fut chargé de soutenir, au nom du gouvernement consulaire, la discussion du projet de loi qui rétablissait des tribunaux spéciaux en matière criminelle, proposition qui éprouva une forte opposition dans le sein du Tribunat. Dans ce même temps, Buonaparte ayant conçu le projet du rétablissement de la religion catholique en France, jeta les yeux sur Portalis pour l'exécuter, et le chargea de la direction de toutes les affaires concernant les cultes. L'entreprise était difficile : il fallait, sans effaroucher les ennemis de la religion, alors si puissants, ramener les esprits religieux trop justement alarmés; terminer un schisme que la plus cruelle persécution avait aigri; reconnaître les droits du souverain pontife, sans porter atteinte à ceux du magistrat politique ; faire prévaloir l'autorité ecclésiastique jusque-là méconnue, en prévenant l'oppression des individus; disposer à se soumettre, au nom de la religion, des prélats en opposition avec la puissance qui gouvernait l'état, et les amener même à faire au bien public le sacrifice de leurs siéges; enfin tirer de sa ruine l'Église gallicane, et appeler le choix du gouvernement sur les sujets les plus dignes par leur piété, leur doctrine et leur zèle. Tout cela fut

(1) M. de Montlosier voulait refaire la société, lorsqu'il ne s'agissait que de donner à la société. telle que la révolution l'avait faite, des leis qu'elle pût supporter. P-IS.

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