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son arrivée, par tous les savants; et pendant son séjour, il fut admis à l'académie des Lincei. Malgré la promesse que le pape avait exigée de lui, à son retour à Naples, il n'en continua pas moins de se livrer à son goût pour les sciences physiques. Il avait formé, dans sa maison, et avec l'aide de son frère, un riche cabinet, qu'il se faisait un honneur d'offrir à l'admiration des étrangers, et que visita plusieurs fois notre savant Peiresc, qui se loue beaucoup de l'accueil de Porta (Voy. la Vie de Peiresc, par Gassendi, 1, 21) (1). Il habitait, pendant la belle saison, une campagne près de Naples (2), où il avait rassemblé et se plaisait à cultiver des arbustes et des plantes étrangères. Son goût pour les sciences l'avait détourné de la littérature mais il y revenait assez volontiers; et, dans sa vieillesse, il composa plusieurs pièces de théâtre, dont la plupart furent représentées avec succès. L'envie n'eut pas le pouvoir de troubler la tranquillité dont Porta jouissait. Il ne descendit jamais jusqu'à répondre aux critiques de ses ignobles adversaires, laissaut à ses amis ou à ses élèves le soin de prendre sa défense. Il n'avait point voulu se marier, sans doute dans la crainte que d'autres affections ne diminuassent son amitié pour son frère. Il mourut à Naples, le 4 février 1615, et fut inhumé dans une chapelle de marbre blanc, qu'il avait fait construire dans l'église Saint-Laurent. Malgré les rêveries de Porta, les puérilités et les bizarreries il dont fourmillent ses ouvrages, on ne

ples lui offrait pour son instruc-
tion, il résolut de voyager, dans l'u-
nique but d'acquérir de nouvelles
connaissances. Il parcourut l'Italie,
la France et l'Espagne, visitant les
bibliothèques, conversant avec les
savants et les ouvriers les plus habi-
les, et notant tout ce qui lui semblait
remarquable. Porta devait être, à
quinze ans, un prodige d'érudition,
s'il est vrai qu'à cet âge il avait déjà
composé les premiers livres de sa
Magie naturelle. Il ne doit pas pa-
raître étonnant qu'il eût encore tous
les préjugés de son siècle, dont il ne
put jamais se débarrasser entière-
ment; et qu'il partageât la confiance
de ses plus illustres contemporains
dans les chimères de l'astrologiejudi-
ciaire, la puissance des esprits, etc.
Il avait un penchant décidé pour le
merveilleux; et, dans la direction
de ses études, il donna presque tou-
jours la préférence aux choses bi-
zarres ou singulières. De retour à Na-
ples,il devint l'un des fondateurs de l'a
cadémie des Otiosi; et, peu de temps
après, il établit dans sa maison une
autre académie, qu'il nomma de'
Secreti, dans laquelle personne n'é-
tait reçu s'il ne s'en était rendu di-
gne par la découverte de quelque se-
cret utile à la médecine ou à la phi-
losophie naturelle. Le nom mysté-
rieux de la nouvelle académie excita
d'injustes soupçons. On imagina que
ceux qui la composaient ne pou-
vaient s'occuper, dans leurs assem-
blées clandestines, que des arts ma-
giques. Porta fut obligé de se trans-
porter à Rome pour se justifier;
y réussit aisément : mais le pape
Paul III crut devoir supprimer
l'académie, et défendre à son chef
de se mêler à l'avenir d'arts illici-
tes. Porta connu depuis long-
temps à Rome, avait été accueilli, à

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(1) Peiresc observa que Jean-Baptiste, quoique beaucoup plus âgé que son frère, le traitait néanmoins avec la déference que l'on moutre pour un père.

(2) C'était à l'Arenella, où la maison de Porta est encore connue sous le nom de Villa di duo Porta, parce que les deux frères l'habitaient ensemble.

caves,

peut nier qu'il n'ait rendu de grands services aux sciences physiques et naturelles, dont il contribua, plus qu'aucun de ses contemporains, à répandre le goût. On lui doit la découverte de la chambre obscure, ainsi qu'un grand nombre d'expériences d'optique très-curieuses; et il s'était lié d'une amitié particulière avec le fameux Fra-Paolo, qui avait, sur cette matière, des connaissances fort étendues. Il approcha plus encore que le célèbre Maurolyco (Voy. ce XXVII, 566) de la véritable théorie de la vision (Voy. l'Histoire des mathématiques de Montucla, 1, 698 et suiv.) Il a beaucoup écrit sur les miroirs planes, convexes, conet leurs divers effets, et particulièrement sur le miroir ardent, se flattant de pouvoir en fabriquer un qui brûlerait à quelque distance que ce fût. Mais, de toutes ses découvertes, la plus importante serait celle du télescope, s'il en était réellement l'inventeur. Plusieurs écrivains, entre autres Wolf, la lui attribuent, d'après un passage dans lequel Porta parle de l'effet des lentilles concaves et convexes, suivant leur position (Magie naturelle, xvII, 10): mais il n'indique pas la manière de les placer dans un tube; et il n'a jamais essayé de fabriquer cet instrument, dont il ne paraît pas même qu'il ait eu une idée nette. Ainsi l'on n'est pas fondé à ravir à Galilée la gloire de l'invention du télescope (V. GALILÉE, XVI, 332), pour en faire honneur au physicien de Naples. Les principaux ouvrages de Porta (3) sont: I. Magia naturalis libri xx, Naples, 1589, in-fol., première éd.

(3) On a cru devoir se contenter de citer les principales éditions de chaque ouvrage. Duchesne a donné les dates et les formats de toutes celles qui nent parvenues à sa connaissance.

complète. Celle de Naples, 1558, in-fol., très-rare, ne contient que trois livres; et celle d'Anvers, Plantin, 1560 ou 1561, in-8°., quatre. Il existe un grand nombre de réimpressions de l'édition complète de Naples, parmi lesquelles on en distingue deux de Leyde, petit in-8°. : la première, de 1644, ornée du portrait de l'auteur faisant l'expérience de l'épée saillante hors du miroir concave; et la seconde, de 1651, qui est très-jolie. Cet ouvrage a été traduit en italien, par Sarnelli, Naples, 1677, in-4°.; et en allemand, par Chr. Peganius (Rautner), Nuremberg, 1680, in-8°.; 1713-14, 2 v. in-4°. Les quatre premiers livres ont été traduits en français par un anonyme, Lyon, 1565, in-8°.; Paris, 1570, in-16; et, depuis, par Lazare Meyssonier (4): mais Gabr.-Henri Duchesne, mort en 1822, a laissé une Traduction complète de cet important ouvrage, qu'il se proposait de publier, avec des notes critiques et historiques. Parmi beaucoup de faits puérils et de secrets ridicules, compilés sans jugement, des auteurs anciens et modernes, on y trouve une foule d'observations intéressantes sur la lumière, les miroirs, les lunettes, dont Porta a perfectionné la fabrication; sur les feux d'artifice, la statique, la mécanique, etc. II. De furtivis litterarum notis vulgò de ziferis, Naples, 1563, in-4°. Les éditions suivantes sont augmentées d'un cinquième livre. C'est un Traité des chiffres ou des différentes méthodes employées pour cacher sa pensée en écrivant. L'auteur y indique jusqu'à cent quatre-vingts procédés

(4) Suivant Duchesne, la traduction de la Magie naturelle, Lyon, 1650, in-12, est littéralement la même que celle de Paris, 1570. Ainsi Laz. Meysso nier ne serait qu'un plagiaire.

différents d'écriture secrète, et met sur la voie pour les multiplier à l'infini. Dans les dernières éditions, l'ouvrage est intitulé: De occultis litterarum notis. III. Phytognomonica, Naples, 1583 ou 1588, in fol.; réimprimé plusieurs fois in-8°. C'est un Traité des propriétés des plantes et des moyens d'en découvrir les vertus, par leur analogie avec les différentes parties du corps des animaux. Adanson trouve ce système ingénieux, et prétend que l'ouvrage de Porta contient au moins autant de vérités que de faussetés (Voyez les Familles des plantes, d'Adanson, préf. x1). IV. De humaná physiognomid libri 1, Sorrento (Vicus Acquensis), 1586, in- fol., fig.; bonne édition de cet ouvrage singulier, qui a été réimprimé un grand nombre de fois, dans tous les formats. L'auteur l'a traduit lui-même en italien; il en existe une traduction française par Ruault, dont le style a été rajeuni dans l'édition de Paris, 1808, in-8°. Après avoir établi l'influence des affections de l'ame sur le corps, Porta traite des différences de chaque partie du corps, et indique les signes auxquels on peut reconnaître les caractères des individus. Il a beaucoup profité des observations d'Aristote,de Polémon et d'A. damantius; mais il a fait aussi beaucoup de remarques curieuses. Dans les figures dont il a décoré son ouvrage, il met en parallèle la tête de Vitellius avec celle d'un hibou, et la tête de Platon avec celle d'un chien de chasse, etc. Lavater a beaucoup adopté d'idées de Porta, qu'il a développées dans son Traité de physiognomonie (V.LAVATER). Robert, dans le second volume de sa Mégalanthropogénésie, donne un extrait étendu de ce livre de Porta, et y com

pare ce qu'Aristote a écrit sur le même sujet. V. Villæ libri x11, Francfort, 1592, in-4°. Cet ouvrage, fruit des loisirs de Porta, contient beaucoup d'observations utiles. Le premier livre traite de l'agriculture en général et de l'établissement de la ferme; le second, des bois de construction; le troisième, des arbres à fruit qui croissent spontanément dans les forêts; le quatrième, des soins que l'on doit aux arbres, et des différentes sortes de greffes; le cinquième, du jardin fruitier ou verger (Pomarium); le sixième, de la culture de l'olivier; les deux suivants, de la vigne; le neuvième, des fleurs; le dixième, des plantes potagères; le onzième, des céréales; et enfin, le douzième, des prairies. C'est, comme on le voit, un ouvrage dans le de la Maison Rustique; genre mais Duchesne suppose à tort que c'est Porta qui en a donné le plan et l'idée (V. Ch. ESTIENNE, XIII, 391). VI. De refractione optices parte libri 1x, Naples, 1593, in -4°., fig. L'auteur traite, dans celui-ci, d'un grand nombre d'objets relatifs à l'optique, comme de la réfraction en général, de celle d'un globe de verre, de l'anatomie de l'œil et de ses différentes parties, etc.; mais, ajoute Montucla, on n'y trouve, en général, sur tous ces objets, que des choses vagues et inexactes, entremêlées cependant de quelques observations justes. VII. Pneumaticorum libri tres; cum duobus libris curvilineorum elementorum, Naples, 1601, in-4°. Cet ouvrage renferme beaucoup de détails sur les machines hydrauliques et leur construction. Dans le dernier voyage que l'auteur fit à Rome, il publia une nouvelle édition de sa Géométrie curviligne (Rome, 1610, in-4°.), augmentée d'un troisième livre con

tenant des recherches sur la quadrature du cercle, problème dont Porta se flattait d'avoir rendu la solution plus facile (Voy. l' Ouvrage de Montucla). VIII. De cœlesti physiognomonia libri vi, ibid., 1601, in-4°. Il s'y déclare contre les chimères de l'astrologie judiciaire; mais il continue néanmoins d'attribuer une grande influence aux corps célestes. IX. Ars reminiscendi, Naples, 1602, in-4°. C'est un Recueil de tous les moyens pratiqués par les anciens pour soulager et fortifier la mémoire. X. De distillatione, Rome, 1608, in-4°., fig.; Strasbourg, 1609, même format, trad. en allemand; ouvrage curieux en ce qu'il peut donner une idéc exacte de l'état de la chimie dans le seizième siècle. XI. De munitione libri tres, Naples, 1608, in -4°.; c'est un Traité des fortifications. XII. De aëris transmutationibus libri quatuor, ibid., 1609, in 4°. C'est, dit M. Musset Pathay, le premier ouvrage de météorologie dans lequel on trouve quelques idées saines (Voy. la Bibliog. agronomique, p. 51). XIII. Enfin, on citera de Porta ses Ouvrages dramatiques, qui consistent en quatorze Comédies, deux Tragédies et une Tragi-Comédie.Toutes ses comédies sont écrites en prose; les principales sont: Olympie; la Fantesca, ou la femme de chambre; la Trappolaria, ou la Supercherie (5); les deux Frères rivaux; la Soeur supposée; la Chiappinaria, ou l'Ours supposé; la Carbonaria, ou les faux Nègres; la Cintia (6), etc. Les Comédies de

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(5) Le principal personnage de cette pièce est un valet nommé Trappola.

(6) Duchesne, à la fin de sa Notice, donné une longue analyse de ces huit comédies; mais il ne connaissait pas les cinq suivantes: Il Moro, la Foriosa, PAstrologo, la Turca, i Simili. Il ne parle pas non plus de la 20.partie des Lettres de Stanislas Rescius, bénédictin polonais, secrétaire du cardinal Hosius,

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Porta ont été réunies en 4 vol. in-12, Naples, 1726. Apostolo Zéno souhaitait qu'on complétât son théâtre, en réimprimant dans un volume, le George et l'Ulysse, tragédies et la Pénélope, tragi-comédie, trois pièces dont les anciennes éditions sont extrêmement rares. Tous les ouvrages de Porta, qu'on vient de citer, ont été analysés par H. Gabr. Duchesne, à la suite de sa Notice historique sur ce célèbre physicien, Paris, 1801, in-8°. de 383 pag. Cette Notice, d'ailleurs très-incomplète, n'est point exempte d'erreurs. L'article qu'on trouve sur Porta dans le 43o. volume des Mémoires de Niceron, est rempli de méprises que Mercier Saint - Léger n'a pas eu le loisir de relever (Voy. Notice sur Schott, pag. 28). On s'est aidé, pour la rédaction de celui-ci, des biographes italiens, et surtout des différents passages de la Storia della letteratura de Tiraboschi. W-s.

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PORTA (JACQUES DELLA ), architecte, né à Milan, vers le commencement du seizième siècle, travailla, dans sa jeunesse, sous le Gobbio, sculpteur, et s'occupa à faire des bas-reliefs de stuc; il étudia ensuite l'architecture chez Vignole. Ses progrès rapides lui méritèrent la place d'architecte de Saint Pierre; et sa grande réputation le fit choisir pour achever le Capitole, que son maître avait continué après MichelAnge. Il a construit le grand perron à degrés rampants, par lesquels on y arrive, et la balustrade, qui porte les statues de Castor et de Pollux, les trophées de Marius, ou plutôt de Trajan, et la Colonne milliaire. Sous Grégoire XIII, Della Porta fit éle

que Porta fit imprimer à Naples (1598, in-8°. de 331 pag.), sans la permission de l'auteur (Voy. la Biblioth. Zaluski, 1, 92).

ver, sur ses dessins, la chapelle Grégorienne, dont l'ordonnance est fort belle, et qui coûta au pape quatrevirgt mille écus; le petit temple charmant des Grecs, dans la rue du Babouin; l'église de Notre-Dame de Monti, et une partie de celle des Florentins, au haut de la Strada Giulia. En 1531, Jacques Della Porta fut appelé à Gènes, pour construire dans le dôme la belle chapelle de saint Jean-Baptiste. L'autel est isolé au milieu de quatre colonnes de porphyre, dont les piédestaux furent ornés, par son neveu Guillaume, de figures de prophètes en bas-relief d'un très-bon goût. La voûte de la coupole de SaintPierre, chef-d'œuvre de l'esprit humain, fut faite par ses soins et ceux de Dominique Fontana, d'après les plans de Michel Ange, du temps de Sixte V, auquel les embellissements de Rome ont procuré l'immortalité. Tout le corps de l'édifice était fini: le tambour de la coupole, achevé, attendait depuis vingtquatre ans la voûte dont il devait être couronné. Della Porta, aidé de Fontana, après avoir obtenu du pape la permission de faire la courbe de la voûte plus elliptique qu'elle n'était dans le modèle de MichelAnge, afin de lui donner plus de grâce, commença cet ouvrage, le 15 juillet 1588, avec tant de célérité, en y occupant constamment six cents ouvriers, qu'il l'acheva en novembre 1590. Della Porta n'employa, dans la coupole de SaintPierre, que des cintres de bois, qui réussirent avec une surprenante facilité. Il trouva la construction des piliers élevés par Bramante, trop lé gère; il en fortifia les fondements, à l'exemple de Michel-Ange et de SanGallo, et il fit entourer le dôme de

pe

cercles de fer. Il travailla ensuite à l'église du Jésus, sur le plan de Vignole, et y mit, en 1575, la dernière main. Il y bâtit aussi les deux petites chapelles en rotonde, l'une de la Vierge, et l'autre de saint Françoisd'Assise, ornées de colonnes et de sculpture. Le principal mérite de la façade de cette église, est d'être construite de pierre de travertin. Vignole en avait laissé un plan d'un meilleur goût, auquel on aurait dû donner la préférence. Della Porta éleva encore la façade de Saint-Pierre-aux-Liens, et, près des trois fontaines, deux tits temples, dont un de saint Paul, et l'autre nommé Della Scala del cielo. Le premier, d'une architecture mâle et bien profilée, a un portail d'ordre ionique, avec un grand piedestal, et surmonté d'un attique que couronne un fronton circulaire. Le plan du second est de Vignole; on en cstime la décoration. La Minerve renferme le tombeau du cardinal Alexandrin, neveu de Pie IV, et celui du cardinal Pucci, tous deux exécutés sur les dessins de Della Porta. On regarde comme un de ses meilleurs ouvrages la façade de Saint Louis des Français. Della Porta eut la conduite du bâtiment de la Sapience, qui est fort régulier, et a la forme d'un carré-long. Il fit aussi construire les fenêtres supérieures du palais Farnèse, et la façade du milieu, du côté de la partie du couchant, où l'on voit deux belles galeries, l'une de plain-pied, et l'autre au dernier étage. Sans nous arrêter à quantité d'ouvrages que Della Porta exécuta ou commença seulement, nous nous bornerons à dire qu'on lui doit le dessin du palais Chigi, qu'après lui Maderne continua; ceux de plusieurs fontaines pour la place Navone, la place Colonna, celle du Peu

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