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Fille au chien, 'qu'il grava d'après le tableau de Greuze, ne fit qu'ajouter à sa réputation, à laquelle Suzanne au bain, d'après Santerre vint mettre le sceau. Cette dernière gravure fut sou morceau de réception à l'académie, qui l'admit au nombre de ses membres, en 1773. Ce qu'il y a de remarquable dans sa réception, c'est qu'elle précéda de deux ans celle de Beauvarlet qui avait été l'un de ses premiers maîtres. L'amour de la patrie le rappela en Piémont; et, aussitôt après son arrivée, l'académie de Turin le reçut dans son sein, et le roi le nomma professeur de gravure. Peu de temps après, le roi de Naples l'appela dans sa capitale, pour y fonder une école de cet art; et l'établissement qu'il y fonda remplit parfaitement le but de son institution. Il employa quatre années de son séjour à Naples, pour graver, d'après Raphaël, le tableau de la Vierge au lapin, qui fait partie du cabinet du Roi. Ce prince voulut se réserver exclusivement la propriété de ce cuivre. Porporati exécuta, à Naples, un Petit médaillon au pointillé, de la reine de France, Marie-Antoinette; mais cet ou vrage est resté inédit. En 1 1797, il revint à Turin pour terminer sa planche du Bain de Leda, d'après le Corrége. Ce fut son dernier ouvrage. L'âge et le travail avaient affaibli sa vue. Obligé de renoncer à l'exercice de son art, il s'en dédommagea par le soin de former des élèves auxquels il se plaisait à prodiguer ses leçons. Porporati est un des graveurs italiens modernes qui ont le plus contribué aux progrès de ce bel art. Jusqu'à lui, ces artistes s'étaient bornés à perfectionner les gravures à l'eau-forte Porporati leur montra tout ce que le travail bien dirigé

du burin pouvait ajouter de charme à leur procédé. Ses différentes gravures offrent des beautés nombreuses et du premier ordre. Ou y admire la pureté du travail, la délicatesse des chairs, la grâce et l'expression des têtes, et l'harmonie de l'ensemble. On pourrait cependant lui reprocher un peu de monotonie dans la manière dont les accessoires sont traités : les bois, les terrains, les draperies, les animaux, tout est exécuté du même travail, et sans variété dans le maniement du burin. Mais ces légers défauts n'empêchent pas que Porporati ne doive être mis au u rang des plus habiles graveurs du dernier siècle, et regardé comme un des professeurs les plus éclairés de l'école moderne. Il est mort à Turin, le 16 juin 1816. On peut voir, dans le Manuel de l'Amateur d'estampes, de M. Joubert, le détail de 15 planches dues au burin de cet artiste.

P-s. PORQUET (Pierre - CharlesFRANÇOIS), né à Vire, le 12 janvier 1728, de parents peu favorisés de la fortune, fit ses premières études au college de sa ville natale, qui comptait alors d'excellents professeurs de langue latine, la seule qu'on y enseignât. Après avoir terminé ses humanités, le jeune Porquet, qui était entré dans les ordres, suivit l'exemple de quelques uns de ses compatriotes qui allaient chercher, à Paris, ou une éducation à faire, ou une place de répétiteur dans un collége. Il y fut attiré par un Virois, alors célèbre, l'abbé Asselin, principal du collège d'Harcourt, qui le plaça maître particulier dans sa mar

son,

lui donna les moyens de se procurer un revenu supérieur à ses besoins, et de se faire connaître des familles, dont il élevait ensuite les

enfants. L'éducation de l'abbé, depuis chevalier de Bouflers, lui valut la protection de la mère de son élève, qui le fit entrer dans la maison du roi de Pologne, comme aumônier. L'abbé Porquet partit pour Lunéville. Laharpe prétend que la première fois qu'il parut au dîner de Stanislas, dans ses nouvelles fonctions, il ne savait pas son Benedicite, ce qui scandalisa le monarque au point qu'il ne voulait pas le conserver. Les instances de sa protectrice, la marquise de Bouflers, lui rendirent l'intérêt du roi. Pendant la vie de ce prince, l'abbé Porquet vécut à la cour de Lunéville, où régnaient les lettres, les sciences, la paix et le bon heur; bien vu des hommes, surtout des gens de lettres, qu'il avait le grand art de faire briller; et goûté des femmes, qu'il était toujours prêt à servir et à célébrer en vers; sa petite taille de quatre pieds et demi, son air méthodique et com. passé, l'extrême proprété et l'arrangement toujours uniforme de son rabat, de sa perruque, de sa cu lotte luisante, étant souvent pour elles un sujet d'amusement. Il n'avait que le souffle, et il avait dit de lui-même : Je suis comme empaille dans ma peau. Ce mot donna lieu à la piquante plaisanterie de la marquise de Bouflers, qui fit ainsi par

ler l'abbé :

Hélas! quel est mon sort!
L'eau me fait mal, le vin m'enivre;
Le café fort

Me met à la mort:

L'amour seul me fait vivre.

Après la mort de Stanislas, l'abbé Porquet vécut à Paris dans les cercles les plus brillants de cette heureuse époque. Mme. de Bouflers lui conserva toujours le plus tendre intérêt, et l'admit dans ses réunions les

plus intimes. Mais la révolution, en enlevant ses amis, le priva aussi de ses moyens d'existence. Sa fortune était placée sur l'état : il la perdit. Il paraît même qu'il fut réduit à solliciter des secours de la Convention. Il fallait qu'il fut sans ressources pour en venir là. Cette assemblée, par décret du 4 septembre 1795, lui accorda quinze cents francs. Façonné de bonne heure à vivre économiquement, mais non à se passer du nécessaire, il ne put supporter un revers si complet. La plus profonde mélancolie s'empara de son esprit, et lui inspira un dégoût absolu de la vie. On a cru qu'une philosophie, fausse dans ses principes et dangereuse dans ses conséquences, avait pu fortifier en lui l'idée de sedébarrasser du malheur et de l'indigence, par une mort volontaire; et l'on a supposé qu'il avait avancé le terme de ses jours: mais, cette assertion n'étant nullement prouvée, on doit la rejeter. Toujours est il vrai que, le 22 novembre 1796, il fut trouvé mort dans son lit, où la veille il s'était couché bien portant. L'abbé Porquet n'a point laissé la réputation d'un grand poète; mais on ne peut lui refuser celle d'un poète aimable, moins connu qu'il ne mérite de l'être. Ses vers, disséminés dans l'Almanach des Muses où il signait quelquefois le Petit Vieillard, dans le Journal de Freron, et dans quelques autres recueils, ont une tournure originale et piquante: ils sont tous remarquables par l'élégance, la pureté et la correction. Il ne s'exerça jamais que sur des sujets légers et de peu d'étendue; mais le travail se montre un peu trop dans ses compositions, et il-manque souvent de naturel. Lui-même, dans son épitaphe, a reconnu son exactitude minutieuse:

D'un écrivain soigneux'il eut tous les scrupules;
Il aprofondit l'art des points et des virgules;
Il pesa, calcula tout le fin du métier;
Et sur le laconisme il fit un tome entier.

On a encore de lui son Discours de ré-
ception à l'académie de Nanci, pro-
noncé en 1746, et des Réflexions sur
l'usure. On trouve, dans le Magasin
encyclopédique, 1807, tomes II et
III, une Notice étendue sur l'abbé
Porquet.
L. R-E.

PORRÉE (GILEERT DE LA). V. GILBERT.

PORRO (PIERRE-PAUL), imprimeur, né, vers la fin du quinzième siècle, à Milan, mérite d'occuper une place dans l'histoire de la typographie, parce qu'il est un des premiers qui aient employé des caractères arabes (1). Il exerça d'abord, avec son père, la profession d'orfèvre et de bijoutier à Turin, et se distingua par son adresse à graver et à ciseler les métaux. Il établit ensuite, en société avec Galeazzo, son frère, une imprimerie, d'où sortit, en 1514, un livre liturgique (Corale), que Porro dédia au duc de Savoie Charles III, par une Épître qui contient des détails assez intéressants sur cet artiste. Quelque temps après, il se rendit à Gènes, sur la demande d'Augustin Giustiniani, évêque de Nebbio; et il y imprima le Psautier pentaglotte, en 1516, in-fol. Ce psautier est, sous le rapport typographique, un chef-d'œuvre dont il n'existait pas de modèle (Voyez GIUSTINIANI, XVII, 481).

(1) La première imprimerie dans laquelle ou se soit servi de caractères arabes, est celle qui fut établie à Fano, par Grégoire Giorgi, sous la protection et aux frais du pape Jules II; il en sortit, en 1514, un opuscule ascetique, en arabe (Les sept heures canoniales ), dont la biblioth. de Modène possède un exemplaire. Voyez la description de ce livre, extrêmement rare, dans la Bibliotheca arabica de Schnurrer, no. 235. C'est donc à tort que le nouveau Dict. hist. crit. et bibliogr. attribue à Porro (qu'il appelle Porrus ) l'honneur d'avoir imprimé le premier un livre arabe.

XXXV.

Porro, de retour à Turin, con tinua d'exercer son art; mais on ignore l'époque de sa mort. La marque de. cet imprimeur est un porreau couronné entre deux P : allusion puérile à son nom, et qui est bien dans l'esprit du temps. W-s.

PORRO (JÉRÔME), graveur, né à Padoue, vers 1520, a travaillé dans plusieurs villes d'Italie, et particulièrement à Venise. Il a gravé les Vues des îles les plus célèbres du monde, de Porcacchi, imprimées à Venise, en 1572 et 1604, un volume in-folio. On lui doit aussi les 58 cartes du Ptolémée de Ruscelli; les Portraits qui accompagnent la Vie des Visconti, ducs de Milan, par Scipion Barbuò Soncino; un Recueil de statues antiques. Ce fut lui qui grava les planches de l'édition, devenue très-rare aujourd'hui, du Roland furieux, imprimée à Venise, en 1548. Il a aussi gravé, avec beaucoup de délicatesse et de goût, une centaine de vignettes pour les Imprese degli uomini illustri, de Camillo Camilli. Son dernier ouvrage est le livre de Thomas Porcacchi (Voy. ce nom), intitulé: I funerali antichi di diversi popoli e nazioni, imprimé à Venise, en 1574. Les gravures qui l'accompagnent sont des tailles de bois d'une savante exécution, et qui font rechercher le texte. A Parme, on conserve de cet artiste une estampe du Christ, que l'on admire comme un chefd'œuvre de patience et d'industrie. La gravure comprend la Passion selon saint Jean, écrite si menu, et disposée de telle manière, que cette écriture forme les traits de la gravure, et qu'on a besoin du secours de la loupe pour la lire. Ce n'est pas le seul exemple de patience qu'il ait donné. Quoique privé d'un œil, il avait exécuté différentes planches,

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noncer à un dessein qui n'aurait d'autre résultat que de diviser deux nations faites pour s'estimer dèslors le roi d'Etrurie cessa d'accorder à Tarquin une protection dont celui-ci s'était d'ailleurs montré peu digne (Voyez TARQUIN le Superbe). Porsenna favorisa la culture des arts dans ses états, et se fit construire, près de Clusium, sa capitale, un tombeau si vaste, qu'on ne pouvait y pénétrer sans prendre des précautions pour retrouver son chemin. Il y fut enterré, selon M. Varron, à qui Pline a emprunté la description de ce monument, qu'il termine en reprochant à Porsenna d'avoir épuisé ses trésors, moins pour sa gloire que pour celle de son architecte (V. Pline, liv. xxxvi, chap. 13, à la fin).

W-s.

les caractères avec de la craie sur une planche, ou sur du sable avec le doigt. A l'âge de neuf ans, : Richard Porson et son frère Thomas furent envoyés à l'école du village, tenue par M. Summers, qui leur enseigna l'anglais, l'écriture, la théorie de l'arithmétique et les éléments de la langue latine. L'élève surpassa bientôt le maître dans l'art de l'écriture, où ce dernier était cependant fort habile. Il resta pendant trois ans chez cet instituteur; et chaque soir, pendant tout ce temps, il devait répéter par cœur, à son père, les leçons et les devoirs de la journée. M. Hewit, recteur de la paroisse, fut bientôt instruit des progrès de Porson, et voulut bien se charger du soin de le diriger dans ses études. A peine eutil atteint sa quatorzième année, que M. Norris, hommeriche et généreux, ayant entendu parler de Porson comme d'un sujet distingué, le plaça, en 1774, au collège d'Eton, avec le produit d'une souscription remplie en grande partie par lui-même. Auparavant, il s'était assuré par un examen sévère, que le jeune élève n'était point au-dessous de ce qu'en publiait la renommée. Porson se fit remarquer dans ce collége par la supériorité de son intelligence et par une mé moire extraordinaire. Un jour que l'on devait expliquer une ode d'Horace, un écoliersubstitua un livre anglais à la place de l'auteur latin. Le maître l'appela pour faire l'explication, et les autres écoliers se réjouissaient d'avance de son embarras. Mais Porson, qui savait son Horace par cœur avant de venir à Eton, récita le latin, donna la construction et la traduction du latin en anglais, de la 10o. ode du 1er. livre, comme s'il cût eu réellement l'auteur entre les mains. Le maître, remarquant quel

PORSON (RICHARD), célèbre helléniste anglais, naquit à East-Ruston, dans le duché de Norfolk, le jour de Noël 1759. Son père, Huggin Porson, simple clerc de cette paroisse, né dans une condition obscure, et privé des avantages que donne une éducation commencée de bonne heure, avait pour méthode, dès qu'il apercevait la première lueur d'intelligence dans ses enfants, (trois garçons et une fille ), de fixer leur attention. Il enseigna donc à Richard, leur aîné, toutes les règles communes de l'arithmétique, sans livre, sans planchette, sans plume et sans crayon ; et cependant, avant l'âge de neuf ans, l'enfant était déjà arrivé aux racines cubes. Richard dut à cette méthodela mémoire excellente qu'il conserva toute sa vie, et qui lui donna la facilité d'enrichir son esprit de tous les trésors de la littérature ancienne et moderne. Son père lui montra à lire et à écrire en même temps; il lui faisait former

ques signes d'étonnement et de gaîté sur la figure de ses écoliers, soupçonna quelque chose d'extraordinaire, et demanda quelle édition d'Horace Porson avait sous les yeux. « J'ai » étudié la leçon de l'édition du Dauphin, répond l'élève pour éviter >> une réponse directe.-Čela est fort » singulier, réplique le maître, car >> vous me paraissez lire de l'autre » côté de la page; voyons votre » livre. » La vérité fut alors découverte ; et le maître, au lieu de montrer du mécontentement, dit qu'il serait très-heureux d'avoir plusieurs élèves qui sussent se tirer aussi bien d'une pareille difficulté. Ce trait fait concevoir à quel degré dut être portée à la longue cette précieuse faculté de son esprit; mais on conviendra qu'il lui fallut de fortes dispositions naturelles, et un exercice continuel pour s'assurer la possession d'un tel avantage. Il disait un jour à un de ses amis : « Je ne me souviens

» de rien que de ce que j'ai transcrit » trois fois, ou lu au moins six; » faites de même, vous aurez une >> aussi bonne mémoire. » Il se montra dans tous les temps le chaud défenseur d'une méthode qui est aussi sûre qu'elle est importante dans le cours de l'éducation. Il soutenait que la supériorité de l'intelligence et des talents n'était pas due autant à la différence des organes, qu'à la manière dont on dirigeait l'éducation. Un homme tel que Porson n'aurait jamais manqué d'être distingué par la force et la finesse de son esprit dans toutes les circonstances: mais on ne peut douter que les habitudes de ses premières années n'aient beau coup contribué à la ténacité et à la précision de sa mémoire. Au collége d'Eton, il se rendit cher à ses condisciples, qu'il aidait dans la compo

sition de leurs devoirs, et qu'il divertissait par de petits drames de son invention. La mort de son protecteur porta un coup sensible à sa constitution déjà délicate, et fit craindre qu'il ne fût obligé de quitter le college. Heureusement, au moyen d'une nouvelle souscription, remplie par quelques amis de M. Norris, son éducation ne fut point interrompue. Il entra au college de la Trinité de Cambridge, comme sous-gradué, vers la fin de 1777. On lui conseilla d'abord d'enseigner les mathématiques, dans lesquelles on crut que, d'après les exercices de sa jeunesse, il était appelé à se distinguer: mais il ne tira aucun parti de ce genre de connaissances. Il étudia les auteurs classiques avec ardeur, obtint une des médailles d'or distribuées annuellement à ceux qui font le plus de progrès dans la littérature ancienne, et fut en conséquence choisi boursier, en 1781. Il lut, à cette époque, avec attention les ouvrages de Dawes et de Bentley, dont, par la suite, il avait coutume de dire qu'il avait appris tout ce qu'il savait comme critique. N'étant encore que bachelier junior ès-arts, il fut élu associé du collége, par une honorable exception, en 1782. Trois ans après, il reçut le degré de maître ès-arts. Porson ne put se décider à prendre les ordres, et fit l'abandon de sa prebende, en 1791. Ses sentiments religieux le rapprochant des unitaires, il lui répugnait de souscrire les articles de l'Eglise anglicane. Ses principes et sa conduite décelaient un homme vraiment pieux; mais son caractère était d'une trempe qui ne lui permettait de supporter aucune chaî ne. Dans le temps où beaucoup de personnes allaient examiner le faux ma

nuscrit de Shakspeare, un ami de

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