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gion chrétienne (V. Saxii Onomast. 1, 375, 376). Nous voudrions partager ce doute; rnais il nous paraît trop peu fondé tout annonce que Porphyre avait, en effet, composé quinze livres sur cette matière. Lactance parle de trois livres seulement, qui étaient peut-être l'ouvrage de quel que autre Porphyre, dépeint par Lactance même sous les plus odieuses couleurs. C'est un brigand, un avare, un libertin, flétri par tous les vices, et qui emploie ses richesses à corrompre les juges aucun de ces traits ne peut convenir à un philosophe austère et enthousiaste, dont le caractère et les mœurs ont été

loués par ses contemporains, et même par les écrivains chrétiens, ses adversaires. Ainsi l'on peut douter qu'il soit celui qui est condamné, avec Arius, par les édits de Constantin et de Théodose, et dont les livres ont été brûlés au concile d'Ephèse, en 431. Nous n'oserions pourtant insister sur ce point; mais on a parfaitement reconnu la méprise où Baronius est tombé, en le confondant avec le poete latin Porphyrius Optatianus, quia vécu sous le règne de Constantin (V. OPTATIEN). Nous tenons d'ailleurs pour trèsprobable qu'au nombre des écrits du philosophe Porphyre, élève de Longin et de Plotin, se comptaient plusieurs livres qui ont été réfutés par Méthodius, Eusèbe, saint Cyrille, Théodoret, etc., et qui ne sont connus que par ces réfutations. Outre ces quinze livres, les ouvrages perdus de Porphyre sont au nombre de quarante-un. Nous n'indiquerons que les Histoires de la philosophie, en quatre livres, et de la philologie ou littérature, en cinq; sept livres de Questions diverses; sept sur Thucydide; sept sur les Ca

tégories d'Aristote; sept autres sur l'accord des doctrines d'Aristote et de Platon; un livre sur les statues ou images des dieux, et celui qui était adressé à Marcella. Quatre autres ouvrages du même écrivain n'ont point encore été publiés, mais se conservent manuscrits: un Manuel grammatical, des Scholies sur Homère, des Observations sur Platon, et un Traité des Vertus, autrement intitulé: Prolegomènes philosophiques. L'impression a répandu quatorze productions de Porphyre, qui n'ont point été réunies en un seul recueil. Il y a de l'instruction à puiser dans sa Vie de Pythagore, publiée en grec, à Altdorf, en 1610, in-4°.; en grec et en latin, à Rome, in-8°., en 1630; et à Utrecht, in4°., en 1707, par les soins de Lud. Kuster. La Vie de Plotin, quoique trop fabuleuse, se lit avec intérêt, dans les éditions des Ennéades de Plotin, et dans la Traduction française de Burigny. Cette version se trouve à la tête de celle que le même traducteur a donnée du Traité de l'Abstinence de la chair des animaux, Paris, 1747, in- 12. Maussac, dès 1622, avait traduit ce Traité dans la même langue, en un volume in8°., qui n'est plus d'aucun usage. Le texte grec avait paru à Florence, chez Bern. Junte, en 1548, in-fol. Il est accompagné d'une version latine et de notes, dans les éditions de 1655, à Cambridge, in-8°., et de 1767, in-4°., à Utrecht, édition revue par de Rhoer. L'ouvrage se recommande par des idées philosophiques, toujours clairement exprimées, et par une très-riche érudition. I suppose une connaissance profonde des mœurs, des croyances et des institutions religieuses de l'antiquité. Le Traité intitulé Isago

ge contient une explication assez peu lumineuse des cinq mots genre, espèce, difference, propre et accident; plusieurs fois imprimé en grec et en latin, avec l'Organum d'Aristote. Le Livre de Porphyre sur les Catégories, a influé, comme le précédent, sur la scholastique du moyen âge, ainsi que l'observe M. Buhle: il a été publié en grec, à Paris, en 1543, in-4°.; et traduit en latin, par Bern. Félicien, à Venise, in-fol., en 1546 et en 1566. C'est à une philosophie plus obscure encore qu'appartient l'Introduction aux choses intelligibles, extraite, comme il n'y paraît que trop, des leçons de Plotin. Marsile Ficin l'a traduite en langue latine: Holsténius s'est imposé la même tâche; et la meilleure édition est celle qu'il a fait paraître en grec et en latin, à Rome, en 1630, in-8°.; puis à Cambridge, en 1655, dans le même format. On ne possédait que trente- neuf chapitres de cet ouvrage; un manuscrit du Vatican en a fourni six de plus à Holstenius. Une Epître de Porphyre à Anebon le prophète (Ave

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popnen) se peut lire en grec et en latin, à la tête de l'édition des Mystères de Jamblique, édition de Gale, Londres, in-fol., 1678. Elle a pour objet la théurgie; et elle prouve, selon M. Degérando, que, jusqu'alors, les nouveaux Platoniciens ne rapportaient point l'origine de leur doctrine aux traditions mythologiques de l'Égypte, et qu'ils n'avaient point renoncé encore à tout usage de leur raison dans l'examen de leur théologie transcendante. Porphyre, en effet, déclare, dans cette Lettre, qu'il ne sait trop si toutes les opérations theurgiques ne seraient pas les produits arbitraires de l'énthousiasme religieux et d'une imagination active. Il n'existe que de fai

bles débris du Commentaire de cet auteur sur la physique d' Aristote; mais on a celui qu'il a rédigé sur le livre premier, et les sept premiers chapitres du second livre des Harmoniques de Ptolémée : il a été inséré, en grec et en latin, dans le tome

des OEuvres de Wallis, in-fol., Oxford, 1699. On y voit que la musique entrait dans la vaste sphère des connaissances de Porphyre. Malheureusement on a imprimé aussi (gr.lat., Bâle, 1559, in-fol.) ses Remarques sur le Tetrabible attribué à Ptolémée. Peut-être ce Commentaire n'est-il pas plus authentique que l'ouvrage même il serait un exemple de plus du degré d'affaiblissement où les esprits les plus élevés et les plus étendus peuvent descendre, entraînés par les erreurs de leur secte ou de leur siècle. Ce livre, puisqu'il faut le dire, traite des effets physiques et moraux des astres, de l'influence de leurs aspects, des pouvoirs attachés aux signes masculins et féminins, etc. Trois autres compositions de Porphyre tiennent à la littérature et à l'histoire. L'une consiste en trentedeux Questions sur Homère, imprimées d'abord à Rome, en 1518, in4°., puis à Venise, chez les Aldes, in-8°., en 1521; et plusieurs fois ensuite à Strasbourg, à Bâle, etc. Ce travail a contribué à jeter du jour sur plusieurs passages du poète grec, et sur divers points d'antiquités. La seconde est une Dissertation littéraire et philosophique (d'environ 12 pages), sur les onze vers (102-112) du xine. livre de l'Odyssée, où l'Antre des nymphes est décrit. Il y a là, suivant Porphyre, une allégorie qui recèle un profond mystère. Cet antre est le monde, dont la matière est ténébreuse, et dont la beauté résulte

de l'ordre que Dieu y a établi. Les Néréides auxquelles l'antre est consacré, sont les ames qui doivent habiter des corps; et ces corps sont représentés par les urnes et les cruches de pierre, où des essaims d'abeilles viennent déposer leur miel. Le travail des abeilles correspond aux opé rations des ames dans les corps. Les métiers de marbre où les nymphes tissent des robes de pourpre, figurent les os, sur lesquels s'étendent les nerfs et les veines. Les fontaines qui arrosent la grotte, tiennent la place des mers, des rivières et des étangs qui baignent le globe terrestre. Les deux pôles enfin sont retracés par les deux portes de l'antre, dont l'une tournée au nord, est ouverte aux humains, et l'autre au midi, réser vée aux immortels par l'une, les ames descendent ici-bas; par l'autre, elles retournent aux cieux. Mme. Dacier admire cette interprétation, et la déclare fort vraisemblable; Pope au contraire est persuadé qu'Homère n'a jamais songé à aucune de ces merveilles métaphysiques. Sans adopter les idées de Porphyre, on peut les trouver ingénieuses illes développe avec précision, et y rattache un grand nombre de faits et de détails instructifs. Cet opuscule est joint aux Questions sur Homère, dans les éditions ci-dessus indiquées; et il a été imprimé à part, à Utrecht, en 1765, in-4°., avec les versions latines de Holsténius et de Conr. Gesner, et les notes de R. M. Van Goens: en 1792, on a reproduit, à Leyde, cette édition, en la réunissant, sous le même volume, au traité de l'Abstinence, tel que de Rhoer l'avait imprimé en 1767: ce sont les deux plus curieux ouvrages qui nous restent de Porphyre. Son fragment sur le Styx a été conservé par Stobée; c'est une

explication de deux passages d'Homère; il est dans les éditions des Eglogues ou Mélanges physiques de Stobée, et accompagne l'Antre des Nymphes, dans les éditions de 1630 et 1655, données par Holsténius. Quant à une Interprétation morale des Voyages d'Ulysse, qui a été publiée sous le nom de Porphyre (gr. lat., Leyde, 1745, in-8°.), Harlès l'attribue avec raison à Nicéphore Grégoras, expressément nommé comme auteur de cet ouvrage, dans un manuscrit de Vienne. Porphyre avait à-la-fois cultivé la philosophie et les belles-lettres; deux genres d'études qui gagnent toujours à s'entraider, et dont les véritables progrès ne sont peut-être assez garantis que par leur association. Ses meilleurs ouvrages sont d'un littérateur très-instruit, et qui a profité de ses immenses lectures. On a droit de le conclure, non pas seulement de la multitude des livres qu'il cite, et dont Fabricius a donné une liste composée d'environ trois cents articles, mais surtout de l'extrême facilité avec laquelle il traite et aprofondit, quand il le veut, toutes les matières : histoire civile, histoire naturelle, logique et grammaire, poésie et musique, sciences morales; et, puisqu'il faut l'avouer, jusqu'aux sciences occultes. Il sait écrire avec élégance; et la précision de son style est souvent énergique. Brucker n'hésite point à dire qu'il eût été l'une des lumières de son siècle, et même l'un des premiers écrivains de l'antiquité, s'il n'eût puisé, à l'école de Plotin, un sombre et stérile enthousiasme. Ses livres de philosophie offrent un mélange assez confus des doctrines d'Orphée, de Pythagore, de Platon et d'Aristote. Fréret le place avec raison au nombre des Orphiques les

plus zélés, de ceux qui condamnaient les sacrifices sanglants, et conservaiert néanmoins le culte des dieux subalternes. Il croyait que tous les dieux étaient susceptibles de passions, ou sensibles du moins aux invocations et aux sacrifices des mortels; et, en ce point, il s'écartait du système de son maître Plotin, qui n'attribuait de passions qu'aux démons. Porphyre donne à ceux-ci des corps ignés ou aériens, et les met en contact avec les hommes. A vrai dire, il n'est, comme l'a remarqué M. Dégérando, presque aucune superstition païenne, dont il ne se fasse, de très-bonne-foi, l'apologiste. Il enseigne, d'ailleurs, que l'ame est la vie par essence; que la vie incorporelle est immortelle; qu'une substance incorporelle est partout où il lui plaît d'être; que néanmoins l'ame, l'intelligence et Dieu ont chacun leur manière particulière d'être partout. Il comparele phénomène de la sensation à l'harmonie produite par les cordes d'un instrument. Ce sont-là des spéculations un peu vagues: il n'en est pas moins vrai que la métaphysique de Porphyre est infiniment moins obscure que celle de Plotin. Il avait composé un livre pour prouver que l'objet conçu est hors de l'entendement. C'était, dit M. Dégérando, attaquer le pivot du système Plotinien: mais Porphyre n'avait eu pour but, à ce qu'il semble, que de provoquer une plus ample explication du prétendu principe; et il céda bientôt à l'autorité de son maître. On ne saurait donc le classer, comme philosophe, que dans l'école des Syncrétistes ce qui le distingue dans leurs rangs, c'est, d'une part, l'étude plus spéciale qu'il a faite de certains livres d'Aristote, et de l'autre, l'étendue de ses connaissances lit

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téraires. On pourrait ajouter qu'il ne professait point pour Platon une admiration très-haute; il a été accusé de l'avoir calomnié, et d'avoir aussi mal-parlé de Socrate, apparemment dans son histoire de la philosophie, l'un de ses ouvrages perdus. Il ne serait pas fort aisé de tirer de ceux qui subsistent un corps bien constant de doctrine philosophique; aussi Brucker s'est-il abstenu de rédiger un tel abrégé. Eunape, au surplus, nous apprend que, dans les dernières années de sa vie, Porphyre a rectifié ou modifié plusieurs de ses opinions. On a sur sa vie, la Notice d'Eunape, quelques lignes de Suidas, un travail considérable d'Holsténius, un Opuscule de Burigny, à la tête de la traduction du traité de l'Abstinence; enfin deux articles de Brucker et de Harlès, l'un dans le tome i de l'Histoire de la Philosophie, l'autre dans le tome v de la nouvelle édition de la Bibliothèque grecque de Fabricius. Harles n'a point reproduit la Vie de Porphyre par Holsténius, que Fabricius avait transcrite dans cette Bibliothèque grecque, en 1718, et qui,

bien que fort instructive, n'est pas exempte d'inexactitudes. D—n-u. PORPHYRIUS. V. OPTÁTIEN. PORPHYROGÉNÈTE. Voy. CONSTANTIN VII.

PORPORA (NICOLAS ), surnommé le Patriarche de l'harmonie, naquit à Naples, en 1685. Il devint, en peu de temps, l'élève le plus distingue du célèbre Scarlatti. Dès qu'il se sentit en état de faire usage des leçons de ce grand maître, il entreprit de voyager. Son opéra d'Ariane, qui eut le plus grand succès à Vienne, le fit bientôt connaître si avantageusement qu'il fut demandé à-la-fois par les théâtres de Londres et de Venise. Il n'avait pas trente-six ans, qu'il avait

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déjà composé plus de cinquante opé ras. La cour de Saxe, qui a toujours accordé une protection éclatante à l'art musical, offrit à Porpora la direction de la chapelle et du théâtre de Dresde. Les princesses voulurent recevoir de ses leçons; et ses succès, dans tous les genres, furent tels, que Hasse lui-même ne put dissimuler la jalousie qu'il en ressentait. Porpora acheva de le désespérer, en faisant disputer, et même enlever la palme du chant à la cantatrice Faustina, sa femme, par une jeune italienne, nommée Mengotti, qu'il s'était plu à former. Porpora fut invité à se rendre une seconde fois à Londres, par les amateurs de la musique italienne. Mais il y trouva un illustre rival, qui, indépendamment de son génie, avait pour lui l'opinion publique. Malgré les efforts que fit le fameux chanteur Farinelli, pour assurer le triomphe de la musique de Porpora, dont il se glorifiait d'être l'élève, les Anglais se prononcèrent pour Haendel, leur idole. Cet échec sembla refroidir le zèle du compositeur italien pour le théâtre; et il se mit à cultiver un genre tout nouveau pour lui. Il publia des sonates de violon, qui réunirent les suffrages des connaisseurs. Porpora était regardé comme un des premiers clavecinistes de son temps: c'était aussi un homme d'esprit; on cite plusieurs mots qui le prouvent. Des moines lui vantaient avec enthousiasme les vertus et la piété de leur organiste: « Je vois, répondit Porpora, >> que cet homme accomplit à la let » tre le précepte de l'Évangile; car »sa main gauche ne sait pas ce que >> fait la droite. >> Tous les ouvrages que Porpora composa pour le théâtre, sont tombés dans l'oubli; mais on conserve, aux archives de la Pie

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PORPORATI (CHARLES-ANTOINE), graveur, né à Turin, en 1741, se destina d'abord à l'architecture puis entra, quoique très-jeune, dans le corps des ingénieurs géographes de l'armée piémontaise. Au milieu des études sérieuses qu'exigeait la carrière qu'il avait embrassée, il se livrait à son goût pour le dessin, en copiant à la plume les plus belles estampes qui tombaient sous sa main. Le comte Bogin, ministre du roi de Sardaigne, témoin de ses dispositions, se plut à les encourager, et le chargea de tracer le dessin de la prise d'Asti. L'artiste, flatté de cette commission, ne se borna pas à exécuter le travail qu'on lui avait confié ; il entreprit de faire une eau-forte de son dessin, et réussit tellement que le roi lui accorda une pension, et l'envoya à Paris pour se perfectionner dans l'art de la gravure. Il y reçut des leçons de J.-G. Wille, de Chevillet et de Beauvarlet. Malgré la facilité qu'il aurait eue à suivre la manière de ses différents maîtres, il sut s'en faire une qui lui était propre, et qui lui a mérité le rang éminent qu'il occupe parmi les meilleurs graveurs du dix-huitième siècle. Le premier ouvrage qui le fit connaître, fut le Portrait de Charles-Emanuel III, roi de Sardaigne. Il ne pouvait mieux témoigner sa reconnaissance envers son bienfaiteur, qu'en lui consacrant, pour ainsi dire, les prémices de son burin. Sa Petite

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