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le sujet (1). Dans la première, l'auteur a dépeint les dangers du jeu ; la seconde renferme une leçon pour les parents qui n'écoutent que leur tendresse, ou une aversion également aveugle, pour leurs enfants; la troisième, intitulée Misopon, est une satire de l'oisiveté; la suivante montre le résultat des vocatious forcées ; et enfin la dernière, qui a pour titre Philedon, est le retour à la vertu d'un jeune homme désabusé des vains plaisirs du monde. On peut consulter, pour plus de détails, l'Eloge du P. Porée, dans les Mémoires de Trévoux, mars, 1741; une Lettre de Bougeant à l'évêque de Marseille, dans le tome 1x des Amusements du cœur et de l'esprit, et le Parnasse français de Titon du Tillet, p. 725-32. Le Portrait de Porée a été gravé par Baléchou, form. in-4°.

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PORÉE (CHARLES - GABRIEL), frère du précédent, cultiva la littérature à son exemple, mais avec moins de réputation et de succès. Rebuté par la sévérité de ses premiers maîtres, en terminant ses cours il avait renoncé à l'étude; mais ayant eu le malheur, à vingt-cinq ans, de se casser une jambe, la lecture devint sa seule ressource contre l'ennui pendant sa convalescence. Dès qu'il fut rétabli, voulant réparer le temps perdu pour son instruction, il entra dans la congrégation de l'Oratoire, d'où son frère le fit sortir bientôt après pour occuper la place de bibliothécairede Fénélon. Après la mort de l'illus tre prélat, il fut nommé curé dans un

(1) Quoique le P. Porée eût, selon l'usage établi, fait entrer les représentations dramatiques dans le cours de l'instruction des colleges, il etait loin d'approuver les theâtres, comme on le voit par son discours sur ce sujet : De Theatro, oratio, prononcé le 13 mars 1733, et dont on peut voir l'analyse dans les Lettres sur les spectacles, par Desprez de Boissy, 6e. édit., tom. II, p. 201.

village d'Auvergne, et se dévoua tout entier aux pénibles fonctions du saint ministère. En 1728, le roi le nomma chanoine de la cathédrale de Baïeux; mais, au bout de deux ans, il résigna ce bénéfice pour accepter la cure de Louvigni, qui le rapprochait de sa famille, et qu'il administia jusqu'à ce que son grand âge le forçât de demander à être déchargé d'un fardeau trop pesant. Il revint alors à Caen, fut nommé chanoine honoraire du Saint-Sépulchre, et se partagea entre les exercices de son état, et l'étude devenue pour lui le premier besoin. Il mourut en cette ville, le 17 juin 1770, à quatre-vingt cinq ans. L'abbé Porée était, depuis trente ans, l'un des principaux ornements de l'académie de Cacn: il lut, dans les séances publiques de cette société, un grand nombre de Dissertations, parmi lesquelles on distingue celles qui ont pour objet la Fabrication du cidre, la Conservation du linge, etc. Il a travaillé aux Nouvelles littéraires de Caen, journal dont il a paru 3 vol. in-8°., de 1742 à 1744; enfin, on a de lui I. Histoire de D. Ranucio d'Alètes, écrite par lui-même, Venise (Rouen ), 1736, 2 vol. in-12. C'est un tableau satirique des mœurs des moines relâchés, et des désordres de leurs couvents. II. Le Pour et le Contre de la possession des filles de Landes, diocèse de Baïeux, Antioche (Rouen), 1738, in-8°.; il fut aidé dans ce travail par le docteur Dudonet de Caen, médecin fort éclairé. III. La Mandarinade, ou Histoire comique du Mandarinat de l'abbé de Saint Martin, la Haye, 1738, 3 vol. in-12, rare ; la première partie de cet ouvrage plaisant et singulier, a été réimprimée à Caen, en 1769, in-8°. C'est un Recueil de pièces en prose et en vers,

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relatives à l'abbé de Saint-Martin, homme recommandable par sa piété et par son zèle pour le progrès des sciences, mais d'une crédulité qui ne peut être comparée qu'à celle du petit Poinsinet (V. ce nom). Des plaisants lui annoncèrent un jour qu'ils étaient députés vers lui par le roi de Siam, pour lui offrir le titre de son premier mandarin ; et il avait fait tous les préparatifs de son départ pour Siam, quand on parvint à le désabuser (V. Michel de SAINTMARTIN ). IV. Lettres sur la sépulture dans les églises, Caen, 1745, in-12. Ces lettres, au nombre de quatre, sont écrites d'une manière intéres. sante; on doit remarquer que l'abbé Porée est l'un des premiers qui se soient élevés contre l'usage d'inhumer dans les églises, abus qui subsista encore long-temps après. Il a laissé, pour une nouvelle édition du Dictionnaire de Trévoux, de nombreuses corrections et additions, qui sont entre les mains de M. P. A. Lair, son petit-neveu, secrétaire de la société d'agriculture de Caen (V. LAIR, dans la Biographie des Hommes vivants).

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PORMORANT (ALEXANDRECOLAS DE), né à Orléans, au commencement du dix-septième siècle, fut nommé, en 1640, curé de NotreDame de la ville de Calais, où s'étant fait connaître par de vrais services, il devintabbé commendataire de l'abbaye de la Madelène de Pleine-Selve, au diocèse de Bordeaux. Talents et fortune, tout, dès-lors, fut consacré par Pormorant à l'instruction de la jeunesse, pour laquelle il travailla jusqu'au 18 septembre 1675, époque de sa mort. On voit encore sa pierre de sépulture dans l'église de Saint Marceau d'Orléans, où il fut enterré. Il nous reste de lui: I. Le Triomphe

de la Charité, contenant l'institution, les réglements et exercices de la compagnie des dames de la Charité, établie en l'église paroissiale de Calais, Paris, Huré, 1640. II. Idée de la Famille de Saint Joseph, établie au faubourg Saint-Victor de Paris, sous la protection du roi et de la reine régente, pour nourrir charitablement, et élever chrétiennement et civilement, les enfants des nobles et honnêtes familles incommodes; pour retirer ceux qui sont sans condition, et former entre eux de bons maîtres d'école ecclésiastiques au service du diocèse, Paris, Targa, 1644, in-12. Sauval, dans ses Antiquités de Paris, nous donne lieu de croire que l'établissement de Saint-Joseph ne fut qu'éphémère, puisque, dès 1644, on en retira les quarante-cinq garçons qui s'y trouvaient, pour les placer dans la maison de la Providence, instituée par M. de Gondi, archevêque de Paris. III. Factum pour l'abbé de Pormorant, contre René Radique, au sujet de l'administration de l'hôtel-dieu de Checi, en 1654, que nous citons ici, parce que ce singulier mémoire est en vers français. IV. Il est de tradition que l'abbé de Pormorant a publié plusieurs autres ouvrages de piété, et surtout des réponses apologétiques à la censure que la Sorbonne fit de son Idée sur l'établissement de Saint-Joseph; mais, excepté sa Lettre à M. d'Albi, nous ignorons jusqu'au titre des autres. P-D.

PORPHYRE, écrivain grec du troisième siècle, portait d'abord le nom de Malchus, qui signifiait roi dans la langue syriaque: Eunape commence par cette observation sa courte notice sur ce philosophe; et il ajoute que Longin l'ayant pour élève, changea ce nom en Porphyre, équivalent

de Purpuratus, revêtu de la pourpre; traduction dont il existe quelques autres exemples. Porphyre a traduit lui-même son nom de Malk ou Malchus par Baasus. Il y a des dictionnaires qui le font naitre en 223: c'est 233 qu'il faut lire; car il nous apprend lui-même qu'il avait trente ans quand Plotin ( Voyez ce nom), en avait cinquante-neuf, c'est -adire, en 263. Quelle était sa patrie? Eunape indique la ville de Tyr, la capitale des Pheniciens; mais saint Jérôme l'a déclaré Batanéote, et ce mot a fort tourmenté les interprètes. S'agit-il de Béten ou Basan en Palestine, comme le suppose Baronius? Faut-il voir dans Batanéote une altération de Bus, Bithynien; ou de Biolávatos, scélérat; ou de Baλavεón, curieux, affairé; ou de Botave wins, mangeur d'herbes, selon le régime de Pythagore, ou bien l'équivalent de nouveau Battus et l'expression de la battologie, de la prolixité reprochée quelquefois à Porphyre ? Ni cette dernière hypothèse, proposée par Gundling, ni les précédentes, imaginées par Sirmond, Holstenius, Tannegui Lefebvre, Heumann, etc., ne nous semblent assez plausibles; et nous trouverions une explication plus immédiate du terme employé par saint Jérôme, dans ce que dit Etienne de Byzance, d'un bourg de Syrie, appelé Batanea, et peuplé d'une colonie Tyrienne: il se pourrait que, né en ce lieu, Porphyre eût pris, pour se réhausser, le nom de Tyrien, et que saint Jérôme l'eût replacé dans son bourg natal. Toutefois il vaut mieux, peutêtre, s'en tenir à l'indication d'Eunape, puisque Longin et Jamblique disent aussi que Porphyre était de Tyr. Envoyé de très-bonne heure aux écoles, par son père Malchus,

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maître le savant

il eut d'abord pour Origène: Eusèbe l'assure en citant un texte de Porphyre lui-même; mais lorsque Vincent de Lérins rapporte que l'élève vint exprès à Alexandrie pour écouter Origène, il y a là une erreur que Tillemont (Mémoires, III, 517,518) a relevée: Origène, dès 231, c'est-à-dire, avant la naissance de Porphyre, était sorti d'Alexandrie, pour n'y plus rentrer: il convient donc de substituer ici à cette ville, ou Césarée en Palestine, ou bien Tyr, patrie de Porphyre et dernier séjour d'Origène. Après les leçons de ce docteur, Porphyre reçut, dans Athènes celles du grammairien Apollonius, puis celles de Longin, qui lui inspira le goût des belleslettres son dernier maître fut le métaphysicien Plotin, qui ne donnait pas, à beaucoup près, une aussi bonne direction aux études de la jeunesse. Vossius, trompé par Suidas, compte mal-à-propos Amélius (V. ce nom, II, 35, 36), parmi les maîtres de Porphyre. Amelius et Aquilinus ne furent que ses condisciples, ainsi que nous l'apprenons d'Eunape, qui les traite d'auteurs médiocres, quoique Porphyre ait daigné les louer l'un et l'autre. Eunape leur associe Origène; mais le personnage célèbre sous ce nom (V. XXXII, 71-76) était né quarantehuit ans avant Porphyre, et par conséquent n'a jamais pu être son condisciple: c'est apparemment de quélque autre Origène qu'Eunape veut parler. Porphyre eut à son tour des élèves, entre lesquels on a cité Jamblique, Théodore d'Asine, Chrysoarius, Nemertius, etc. Jamblique (V. ce nom, XXI, 386-388) est le seul qui ait conservé de la renommée. Les autres faits de la vie de Porphyre n'ont pas tous été parfaitement éclair

cis, même par Holsténius: il vint à Rome, vers l'an 253, à l'âge de vingt ans; retourna en Asie, ou en Égypte; revint à Rome, en 263; y suivit les leçons de Plotin, et tomba, d'un enthousiasme exalté, dans une mélancolie profonde : c'était, de l'aveu de Brucker, l'effet naturel de la philosophie transcendante. Si nous en croyons Eunape, Porphyre avait renoncé à ses amis, et pris en haine son propre corps ; il ne pouvait plus tolérer le langage humain, ni supporter la vie mortelle. Il résolut, du moins, de quitter Rome, et se rendit à Lilybée, l'un des trois promontoires de la Sicile, qui regardent l'Afrique : là, solitaire, inaccessible, et se refusant presque toute nourriture comme tout commerce avec les hommes, il ne vivait plus que pour soupirer et s'éteindre. Plotin, qui s'intéressait toujours à lui, suivit ses traces, ou le fit chercher ; et survenant, dit Eunape, au moment même où Porphyre allait défaillir, il lui adressa d'éloquentes paroles qui retinrent son ame prête à s'échapper, et le déterminèrent à ranimer son corps. Cette relation ne s'accorde pas très-bien avec celle que Porphyre lui-même a laissée; car on y lit qu'il ne quitta Rome, que par le conseil de Plotin, et dans l'espoir de trouver, près de Lilybée, un fort aimable homme qui s'appelait Probus. Quoi qu'il en soit, Plotin, par ses discours ou par ses lettres, ou de quelque autre manière, réconcilia Porphyre avec la vie qu'il lui avait appris à mépriser, et qu'il lui avait rendue si odieuse. De retour à Rome, Porphyre reprit, sous Plotin, ses études philosophiques, se remit à recueillir ou rédiger les livres de son maître, et à expliquer la doctrine plotinienne à ceux qui la trouvaient obscure. Eunape l'ap

pelle un Mercure intermédiaire entre Plotin et les mortels : « Il semblait » fait, dit M. Degérando, pour être » le traducteur et l'interprète d'un >> philosophe qui avait grand besoin » d'un tel auxiliaire. » Cependant Porphyre nous dit que, s'étant attaché à Probus en Sicile, et ayant perdu la fantaisie de mourir, il fut privé du bonheur de vivre auprès de Plotin jusqu'à la mort de ce philosophe. Soit en Sicile, soit à Rome, Porphyre n'était pas tellement guéri de son délire, qu'il ne continuât de se livrer aux rêveries de la magie platonicienne : il se félicitait d'être initié à une science qui, par le moyen des génies, procurait aux humains tout ce qu'ils pouvaient desirer d'utile et d'agréable. Il bénissait la théurgie, qui lui avait gagné l'amitié de ces dieux intermédiaires ; et il trouvait, dans leur commerce, d'inexprimables délices, au milieu des chagrins et des orages de la vie. Déjà il avait entendu un oracle, et chassé un mauvais démon: il finit par voir Dieu en personne. C'est lui qui l'affirme : « Dieu apparut à Plotin, dit-il, et il >> eut la communication intime de cet » être suprême : j'ai été aussi assez » heureux pour m'approcher une fois » en ma vie de l'Etre divin et pour >> m'unir à lui; j'avais alors soixante>> huit ans. » Il est difficile de déterminer les lieux qu'habita Porphyre dans le cours des trente années qui précédèrent cette vision, parce que ses propres témoignages se concilient assez mal avec ceux d'Eunape et des autres écrivains du quatrième siècle. Ils le font rester à Rome jusqu'à la mort de Plotin, en 270; de là, passer en Sicile ou bien en Bithynie. Ils le conduisent à Carthage, sans rien dire de ce qu'il y a pu faire, sinon qu'il y mit beaucoup de soin à élever une

perdrix. Ce fait-là, du moins, il le rapporte lui-même. Eusèbe cite un texte où Porphyre raconte qu'il était l'un des sept convives réunis chez Longin, dans un repas où l'on s'entretint de littérature, et où l'on prouva qu'Éphore, Théopompe, Menandre, Hypéride et Sophocle avaient été des plagiaires. Holsténius croit que ce festin fut donné à Athènes après l'an 270, et que par conséquent Porphyre a fait un séjour dans cette ville depuis cette époque. Mais Brucker et Harlès observent que Longin est mort en 273; qu'il est fort difficile d'accorder cette rencontre de Longin et de Porphyre à Athènes dans les deux ou trois années précédentes, avec ce qu'on sait de la vie de l'un et l'autre ; qu'il est donc probable que ce repas est d'une date fort antérieure. On croit ainsi, contre l'avis de Holsténius, que Porphyre alla vieillir en Syrie; et, d'après le témoignage d'Eunape, qu'il est venu mourir à Rome, quoique saint Jérôme le dise enterré en Sicile.Il s'était marié, dans un âge assez avancé, à une veuve appelée Marcella, qui avait cinq enfants, et à la quelle il a dédié un livre. (1) Pour lui, il n'a point laissé d'enfants. Bien qu'Eunape écrive qu'il atteignit l'extrême vieillesse, on a lieu de penser qu'il termina sa carrière en 303,304, ou 305, âgé de soixante-dix ans ou tout au plus soixante-douze. Ce qui embarrasse le plus son histoire, c'est la diversité des traditions relatives à `ses démêlés avec les chrétiens. Les uns l'ont supposé juif de naissance;

(1) Ce traité, retrouvé dans la bibliothèque ambrosienne, a eté publié pour la première fois par l'abbé Mai, Milan, 1816, in-8°. C'est une longue

c'est une erreur démentie par trop de témoignages. Il est vrai seulement qu'il avait connaissance des livres sacrés de cette nation; il cite l'un des premiers versets de la Genèse (l'esprit de Dieu était porté sur les eaux; c. 10 de Antro Nymph.); il avait lu l'historien Josèphe : et cependant c'est d'après Théophraste qu'il parle des usages du peuple juif, d'une manière peu exacte, ainsi que l'a rcmarqué Burigny.Saint Augustin croit qu'il avait été chrétien; et l'historien Socrates l'assure, en ajoutant qu'il abjura sa croyance par ressentiment contre des chrétiens qui l'avaient battu à Césarée. On allègue aussi les leçons que, dans son enfance, il avait reçues d'Origène; mais ni ces leçons, ni le récit de Socrates, ne sont des preuves suffisantes, aux yeux de Brucker, de Burigny et de Harlès; et l'on persiste à contester le christianisme et l'abjuration de Porphyre, même depuis que Siber a publié (t. 1. Misc. Lips.) sa dissertation intitulée : Apostasia Porphyrii vera. Il serait plus aisé de résoudre cette question, si l'on possédait ses livres contre le christianisme. Eusèbe, saint Jérôme et saint Augustin disent qu'il les composa en Sicile; et c'est sans aucun fondement que Baronius suppose qu'il les écrivit en Bithynie. On a prétendu aussi qu'il les avait faits à Ï'occasion des édits de Dioclétien contre les chrétiens entre les raisons que le P. Pagi oppose à cette conjecture, l'une est tirée de la date même de cette persécution, qui ne commença qu'en 302, peu de temps avant la mort de Porphyre. Quelques autres modernes, en citant le P. Pagi, vont plus loin que lui: ils doutent que Porphyre de Tyr, le dis

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épitre philosophique, sur laquelle M. Raoul-Ro- ciple de Plotin, soit le même que

chette a donné un curieux article dans le Journal des savants d'avril 1817.

l'auteur de ces livres contre la reli

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