Page images
PDF
EPUB

sur les Tables de Peutinger, trouvées dans ses papiers.

W-s.

PORCHETTI SALVAGIO ( en latin DE SILVATICIS), savant professeur d'hébreu, naquit à Gènes, dans le treizième siècle. Sa famille tenait un rang distingué parmi les sénateurs de la république. Il entra dans l'ordre des Chartreux, qu'il édifia par sa piété et par son amour du travail. Il avait étudié l'hébreu, lorsqu'il était dans le monde; il continua cette étude dans le silence du cloître. Il mourut en 1315, suivant l'opinion la plus commune. Il a laissé: I. Victoria adversus impios Hebræos ex sacris litteris, tum ex dictis Talmud, ac cabalistarum, et aliorum omnium authorum quos Hebræi recipiunt, monstratur veritas catholicæ fidei, Paris, 1620, in-fol. Nous devons à Augustin Giustiniani, évêque de Nebbio, la publication de cet ouvrage, qu'il eut beaucoup de peine à mettre en ordre, et qu'il dédia à Guillaume Petit, évêque de Troyes, confesseur du roi. Si l'on voulait s'en rapporter à l'éditeur, le livre de Porchetti serait le meilleur qui eût encore paru jusqu'alors dans ce geure; mais si l'on adopte le jugement un peu sévère de quelques critiques, et notamment de l'abbé Houteville, on rabattra beaucoup de cette bonne opinion. Le pieux chartreux, dit celui-ci, montra plus de zèle que de force, et servit moins sa cause qu'elle ne le servit ellemême. Porchetti a puisé son érudition rabbinique dans le Pugio fidei de Raimond Martin, dominicain catalan, mort en 1286 (Paris, 1651; Leipzig, 1687, in- fol. ) Tout le monde en demeure d'accord; et il en convient lui-même en ces termes : A Raimundo Martino sumpsi hujus libelli materiam in plerisque com

avec

pilandi. On a prétendu, d'après le père Morin, que Pierre Galatin, mineur observantin, mort en 1532, avait copié Porchetti dans son ouvrage intitulé: De Arcanis catholicæ veritatis libri XII, de l'imprimerie de Soncini, 1518; Bâle, 1550, 1561, 1591; Paris, 1602; Francfort, 1602, 1612, 1672, in-fol. ; et qu'il avait gardé sur son plagiat un coupable silence. Sans vouloir le disculper de son ingratitude, nous dirons, Carpzov et quelques autres savants, qu'il est probable que Porchetti et Galatin ont également puisé dans Raimond Martin, et que c'est-là ce qui produit cet air de ressemblance qu'on remarque dans leurs écrits. Il existe un assez grand nombre d'ouvrages polémiques, composés par des rabbins, sous le titre de Victoria (Nizzacoù). Nous sommes portés à croire qu'ils sont principalement dirigés contre celui de Porchetti, quoique cet auteur n'y soit pas nommé. II. De entibus trinis et unis, inédit. III. De sanctissimá Virgine Maria, inédit. Voyez Morozzo: Theatrum chronol. sacri Cartusiensis ordinis, Turin, 1681, in-fol.; -Bartolocci; Supplement. ad biblioth. rabbinic. ;-et Wolf, qui en parle dans tous les volumes de sa Bibliothèque hébraïque. L-B-E.

PORCQ (JEAN LE), prêtre de l'Oratoire, né dans le diocèse de Boulogne, professa, pendant cinquante ans, la théologie à Saumur, dans l'école célèbre qu'y avait formée la congrégation de l'Oratoire, et qui a produit plusieurs sujets distingués. Le Porcq était très-opposé à la doctrine de Jansénius, et il la combattit dans le livre suivant : Les sentiments de saint Augustin sur la gráce, opposés à ceux de Jansénius, 1682, in-4o. Cet ouvrage, tout dogmatique, est divisé

en deux parties: l'une, des preuves; fautre, des objections: il est dédié au roi, et muni de l'approbation d'un évêque et de plusieurs docteurs. En 1700, Le Porcq en donna une seconde édition, augmentée; il rend compte de ces augmentations dans la préface, et répond à quelques reproches de ses adversaires. Ceux-ci ne l'ont pas ménagé, et ils parlent avec beaucoup de mépris de son livre, qui ne nous a point paru mériter un jugement si sévère. C'est un ouvrage de controverse sans aucune personnalité; l'auteur s'occupe même très peu des personnes, et se borne à traiter le fond des questions, et à montrer que Jansenius a mal entendu saint Augustin, et que la doctrine du saint docteur est entièrement opposée à celle du théologien moderne. Le P. Le Porcq mourut à Saumur, le 5 avril 1722, étant alors dans sa quatre-vingt-sixième année. « C'était, dit Goujet lui-même, un homme de beaucoup de piété.» Le même Goujet raconte de Le Porcq des choses assez ridicules, mais très-peu vraisembla bles; voyez la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du dix-huitième siècle, tome II, pag. 385. Il est vrai que le livre du P. Le Porcq lui suscita des ennemis dans sa congrégation; mais ce livre, qui n'offre qu'une discussion modérée, ne devait pas blesser des gens sages et de bonne-foi. Le ton seul dont l'auteur parle d'un de ses critiques, dans la préface de l'édition de 1700, annonce un hom me qui voulait éviter tout ce qui res sent l'esprit de parti. On ne sait pour. quoi Dupin n'a pas cité Le Porcq dans sa Table des ouvrages, à la fin du ivme, vol. de son Histoire ecclesiastique duxr11 siècle. P-C-T. PORDAGE (JEAN). V. Jeanne LEADE.

[ocr errors]

PORDENONE (Le chevalier JEANANTOINE LICINIO, dit LE ), peintre d'histoire, fut surnommé ainsi du nom de la ville de Pordenone, dans le Frioul, où il naquit en 1483. Le véritable nom de sa famille était Sacchiense Corticelli; mais un de ses frères, dans un mouvement de colère, l'ayant blessé à une main, il renonça à tous les noms de sa famille, et se fit appeler Regillo. Il étudia d'abord la peinture à Udine, et tâcha d'imiter Pellegrino di San Daniello: la vue des tableaux du Giorgion, plus en harmonie avec son propre génie, lui enseigna bientôt la route qu'il devait suivre. Les imitateurs du Giorgion ont plus ou moins approché de sa manière : Pordenone retraça encore le carac tère de son modèle; et il serait difficile de trouver, dans toute l'école vénitienne un artiste d'un talent plus décidé, plus fier et plus élevé. Cependant il était peu connu dans son pays même; et le tableau où il a peint sa famille, que possède le prince Borghèse, est le seul ouvrage un peu considérable de ce maître, qui existe dans cette par-' tie de l'Italie. Une de ses productions les plus remarquables se voit à Brescia ; c'est la Résurrection du Lazare. On en rencontre quelquesunes dans le Frioul; mais toutes ne sont point également authentiques. On n'a pas les mêmes doutes sur deux tableaux qu'il a peints pour sa ville natale, et dont il a laissé une description dans des Mémoires manuscrits qui existent à la bibliothèque d'Ernest Mottensi, à Pordenone. Le premier est une Sainte Famille et Saint Christophe, peint en 1515, d'une couleur admirable, mais dont le dessin offre quelques incorrections; l'autre est Saint Marc,

27

accompagné d'autres Saints, qui consacre un prêtre. Il a été peint en 1535, et Licinio convient lui-même que son ouvrage n'était point terminé. Une Annonciation qu'il avait faite pour l'église de Saint Pierre martyr, à Udine, était bien supérieure; mais on la confia, pour la restaurer, à un peintre mal-habile, qui l'a entièrement gâtée. Le tableau qu'on regarde comme son chef-d'œuvre est le Saint Laurent Giustiniani, environné de plusieurs autres Saints, qu'il avait peint pour l'église de Sainte Marie dell' Orto, à Venise. On y admire une figure de saint Jean-Baptiste, dont les nus sont dessinés avec toute la correction des plus grands maîtres, et une de saint Augustin, dont le bras semble sortir de la toile ce jeu de perspective a été répété par l'artiste dans plusieurs autres ouvrages. Ce beau tableau a fait long-temps partie du Musée du Louvre, dont il n'était pas un des moindres ornements: il avait été cédé à la France par le traité de Campo-Formio; il a été rendu, en 1815. Les connaisseurs font encore le plus grand cas du tableau du Mariage de Sainte-Catherine, que cet artiste peignit à Plaisance où il s'était établi. Mais c'est surtout dans la peinture à fresque que Licinio a déployé tout son génie. Beaucoup de châteaux et de villes du Frioul n'ont plus d'autres titres à la curiosité des voyageurs que les ouvrages dont il les a enrichis. Ses tableaux les mieux conservés en ce genre, sont ceux qui existent dans l'église du dôme à Crémone, et à Sainte Marie di Campagna, à Plaisance. Dans ses peintures à fresque, il n'est pas toujours également correct et étudié; et il montre en général un plus beau choix de nature dans les figures d'hommes que

dans celles de femmes. Mais dans tout ce qu'il a fait, cn remarque un esprit d'une conception vigoureuse, plein de variété, de hardiesse et de facilité; un artiste qui affronte toutes les difficultés de l'art, qui ne craint pas les raccourcis les plus neufs et les plus hardis, et qui sait détacher ses figures de ses fonds par les contrastes les plus frappants. A Venise, il parut se surpasser luimême. La rivalité, ou plutôt l'inimitié qui existait entre lui et le Titien, était un aiguillon qui l'excitait jour et nuit. Il poussait son inimitié si loin, qu'il peignait, l'épée au côté, et une rondache près de lui. Cette rivalité ne fut pas sans fruit pour le Titien: c'est ainsi que Raphaël même profita de ses différends avec MichelAnge; et, comme chez ces deux derniers maîtres, l'un prévalut par la force, l'autre l'emporta par la grâce; ou, pour mieux dire, le Titien rechercha la nature plus que l'idéal, tandis que, dans le Pordenone, la nature est quelquefois sacrifiée à la manière. L'école vénitienne, si féconde en peintres habiles, le regarde comme le second de ses maîtres. Il eut même, de son temps, une foule de partisans qui le préféraient au premier; car la multitude est surtout frappée par les grands effets et la magie du clairobscur, qualités dans lesquelles le Pordenone était supérieur, et fut le précurseur du Guerchin. Ce grand artiste fut comblé d'honneurs par Charles-Quint, qui lui accorda le titre de chevalier. Hercule II, duc de Ferrare, l'appela près de lui, pour peindre des cartons qu'il voulait faire exécuter en tapisseries, et qui représentaient les Travaux d'Hercule. Le Pordenone se rendit à cette invitation, en 1540; mais, à peine arrivé à la cour du prince, il mourut empoi

[ocr errors]

que

sonnné, dit-on, par des rivaux jaloux. Le duc lui fit faire des obsèques magnifiques. Son portrait peint par lui-même, existe dans la galerie de Florence. J. Licinius, Trojen, Fialetti, Al. Gatti, etc., ont gravé d'après ce maître. Bernardino LICINIO, également surnommé le PORDENONE, parent du précédent, et son élève, naquit au commencement du seizième siècle. Il avait peint pour les conventuels de Venise, d'après une ancienne composition, un tableau entièrement dans le style de son maître, et qui n'en était pas indigne. Il existe aussi, dans plusieurs galeries, des portraits de Bernardino leur mérite a fait attribuer au premier des Pordenones. Jules LICI NIO, neveu et élève du Pordenone, naquit en 1500. Il était contemporain des Bassans. Jaloux de se perfectionner dans son art, il partit pour Rome, où il étudia les ouvrages des grands maîtres. De retour à Venise, il exécuta plusieurs fresques, que l'on comparait à celles de son oncle. En 1556, il peignit en concurrence du Schiavone, de Paul Véronèse, et de plusieurs autres habiles artistes, trois tableaux ronds dans la bibliothèque de Saint-Marc à Venise. Il fut alors appelé à Augsbourg, par les magistrats de cette ville. où il peignit plusieurs fresques fort belles, et reçut le surnom de Romain, pour le distinguer des autres Licinio. Cet artiste mourut à Augsbourg, en 1561. Jean-Antoine LICINIO, son frère, fut également élève de son oncle. On le connaît plus particulièrement sous le nom de Sacchiense. Quoiqu'il ait joui d'une réputation assez grande, ses ouvrages sont presqu'inconnus. Il doit en exister à Come, où il a long-temps résidé, et où il mourut en 1576. Ps.

[ocr errors]

PORÉE (CHARLES), célèbre jesuite, né en 1675, à Vendes, près de Caen, embrassa la règle de saint Ignace, à l'âge de dix-sept ans, ét professa d'abord les humanités, puis la rhétorique, à Rennes, avec un succès qui fixa l'attention de ses supérieurs. Appelé peu de temps après à Paris, il fut chargé de la direction du pensionnat; et quoique cette occupation le détournât beaucoup de ses études, il fit de rapides progrès dans la théologie, et s'essaya dans la carrière de la prédica tión, de manière à donner une idée avantageuse de ses talents. Il avait un vif desir de se consacrer aux missions dans la Chine; mais il fut nommé (1708) à la chaire de rhétorique qu'avaient illustrée les Petau, les Cossart, La Rue, et plus récemment Jouvanci. Porée se montra le digne successeur de ces hommes justement célèbres; et peut-être même les a-t-il tous surpassés dans l'art de former les jeunes gens. Il s'appliquait à connaître les penchants de ses élèves démêlait leurs dispositions; et, parlant sans cesse à leur cœur, savait leur inspirer, en même temps, l'amourdes lettres et de la vertu. Ses dîsciples demeurèrent ses amis; et tous se faisaient un devoir de le consulter dans les occasions importantes de la vie, et de se diriger d'après ses conseils. Voltaire, dont il avait deviné le talent et encouragé les premiers essais, après être sorti du collége, continua de lui soumettre ses ouvrages. En lui adressant les tragédies d'OEdipe et de Mérope, il lui écrivit deux lettres qui font autant d'honneur au maître qu'à l'élève. Plusieurs années après la mort de l'illustre professeur, Voltaire écrivait au P. de La Tour: « Rien n'effacera » de mon cœur la mémoire du P.

Porée, qui est également chère à > tous ceux qui ont étudié sous lui. Jamais homme ne rendit l'étude » et la vertu plus aimables. Les heu»res de ses leçons étaient pour nous » des heures délicieuses; et j'aurais > voulu qu'il eût été établi dans Paris » comme dans Athènes, qu'on pût » assister à tout âge à de telles le»çons : je serais revenu souvent les >> entendre. » Doué des qualités qui plaisent dans le monde, le P. Porée semblait le fuir. Il ne sortait presque jamais, et seulement quand il ne pouvait pas s'en dispenser. Il partageait tous ses instants entre l'étude, la prière, et les devoirs de sa place, qu'il remplit avec un zèle que l'âge même ne put ralentir. Il mourut regretté généralement, le 11 janvier 1741, âgé de soixante-six ans, dont il avait consacré trente-trois à l'enseignement. Le P. Baudory fut son successeur (V.BAUDORY, III, 541). Sa latinité, dit l'abbé Sabatier, est moins pure et moins élégante que celle de Jouvanci; en revanche il avait plus d'esprit, plus d'élévation, plus de fécondité, un style plus vif, et surtout plus nourri de pensées (Voy. Les trois Siècles de la Littérature). Le P. Porée était éloquent, mais dans le goût de Sénèque ; il recherche les expressions ingénieuses, les idées saillantes, et laisse trop souvent apercevoir le rhéteur. Sans cesse occupé de ses élèves, il avait composé pour eux des plaidoyers, dont sa modestie nous a privés, et des pièces de théâtre qu'il ne voulut jamais donner au public, malgré les applaudissements des juges éclairés devant qui elles furent représentées. Ce fut malgré lui que parut, en 1735, un Recueil de ses Harangues latines, en 2 vol. in-12. Depuis la mort de Porée, le P. Cl. Griffet remplit le

vœu de tous les amateurs des lettres, en publiant une nouvelle édition de ces Discours (Orationes), augmentée de plusieurs morceaux inédits, Paris, 1747, trois vol. in-12. Ce Recueil contient six Harangues sacrées; sept Discours prononcés par le P. Porée, dans des occasions d'éclat, et douze Discours académiques. On y a joint la traduction française, par Manoury, de l' Oraison funebre de Louis XIV, pièce qui fut le sujet d'une polémique très-vive entre Porée et Grenan (Voy. GRENAN, XVIII, 445); et celle de deux autres Discours de Porée, par le P. Brumoy, l'un sur cette question: Lequel de l'état monarchique ou du républicain est le plus propre à former des héros? et le deuxième Sur les spectacles. Un autre Discours de Porée, dans lequel il se propose de venger les Français du reproche de légèreté, a été traduit par Rossel, et publié dans le septième volume des Mélanges de littérature de Mme. d'Arconville. Le P. Griffet avait fait précéder la nouvelle édition des Harangues de Porée, du Recueil de ses Tragédies, Paris, 1745, in-12. Ce volume contient une Vie de l'auteur, écrite avec élégance et concision; il renferme six pièces : Brutus; le Martyre de St. Hermenigilde; la mort de l'empereur Maurice; Sennacherib, roi d'Assyrie; Seby-Myrza, fils d'Abbas, de Perse (V. ABBAS, I, 34), et le Martyre de saint. Agapit. Ces deux dernières tragédies sont en trois actes avec des intermèdes en vers français, qui furent mis en musique par Campra. Le volume des comédies (Fabulæ dramatica), qui complète le recueil des ouvrages de Porée, parut en 1749, in-12. Elles sont en prose, et précédées de prologues en vers français, qui en expliquent

roi

[ocr errors]
« PreviousContinue »