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d'homme, la tête couverte d'une toque, et la barbe fourchue; l'autre, Jésus, à l'âge de douze ans, confondant les docteurs de la loi. Ce dernier était particulièrement estimé. Tous deux ont été rendus en 1815. François PORBUS, dit le Jeune, fils du précédent, naquit à Anvers, en 1570. C'est à tort qu'on l'a dit élève de son père: il n'avait que dix ans lorsque ce dernier mourut; toutefois, il surpassa son père dans le genre même où celui-ci excellait il n'eut peut-être pas moins de talent dans le genre historique. Après avoir long-temps voyagé pour se perfectionner par l'étude des chefs-d'œuvre que renfermaient les plus célèbres galeries de l'Europe, il vint à Paris, où sa renommée l'avait devancé, et où il fut très-occupé à peindre des portraits. Il était peu de cabinets d'amateurs dans lesquels il n'en existât. Pendant son séjour dans cette capitale, il fut chargé de peindre, pour l'hôtel de ville, deux tableaux dont les sujets sont tirés du règne de Louis XIII. L'un représente le Roi, encore enfant, assis sur son tróne, et recevant l'hommage des échevins; l'autre retrace la Majorité du roi. Tous les personnagesréunis dans ce tableau sont frappants de ressemblance et de vérité; la couleur en est belle et vigoureuse; les draperies sont simples, bien jetées; et ce n'est que dans quelques parties moins importantes, que se font encore remarquer les restes de cette roideur à laquelle n'avait point échappé son père, qui la tenait lui-même d'Albert Durer. Il avait fait, pour l'église de l'abbaye de Saint-Martin, de Tournai, un de ses meilleurs tableaux, représentant Jésus-Christ en croix, entre les

deux larrons. Le Musée du Louvre possède six tableaux de ce maître, dont deux d'histoire et quatre portraits. Ce sont : I. Une Cène, qu'il avait peinte pour l'église de St.Leu. Ce tableau est un des plus beaux de ce maître, et l'une des productions les plus précieuses de l'école flamande. II. Un Saint - François en extase, recevant les stygmates. Il ornait autrefois l'une des chapelles de l'église des Jacobins de la rue Saint-Honoré. III. Le Portrait en pied de la reine Marie de Médicis, grand tableau sur toile : cette princesse est debout devant son trône ; sa robe de velours bleu est parsemée de fleurs de lis d'or, et enrichie de pierreries et de perles. IV. Guillaume du Vair, garde-des-sceaux sous Louis XIII; petit portrait peint surbois. V. Petit portrait en pied de Henri iv. Il est debout, ganté et cuirassé; la main droite touche un casque posé sur une table que recouvre un tapis de velours rouge. Ce portrait est d'autant plus précieux qu'il paraît être un des derniers qui aient été faits d'après ce prince; il est remarquable par la finesse des détails et le précieux de l'exécution; cependant il le cède au suivant. VI. Henri IV, représenté en habit de velours noir, la main posée sur une table couverte d'un tapis rouge orné de galons d'or, et la gauche appuyée sur le côté. Ce portrait, dans lequel la petitesse des dimensions n'exclut pas l'étude des moindres dé tails, a été reproduit un grand nombre de fois par la gravure. La simplicité et le naturel de la pose frappent au premier coup d'œil; et le mérite de la vérité y est tellement prononcé, que ce portrait a servi et sert encore de type à tous ceux que l'on fait de Henri IV. L'exécution

n'en est pas moins admirable; et la finesse du pinceau, la perfection des étoffes, la vie répandue dans toute la figure, font de ce tableau un des ou vrages les plus précieux qui existent. L'air de bonté qui respire sur la phy. sionomie ajoute encore au mérite de la ressemblance. On ne connaît qu'un très-petit nombre de dessins de Fr. Porbus: ce sont des têtes sur vélin, à la pierre noire maniée en tout sens avec un peu de sanguine dans les carnations; ce qui les rend d'une vérité frappante. Ce peintre mourut à Paris en 1622, et fut enterré dans l'église, aujourd'hui détruite, des Petits-Augustins du faubourg Saint Germain. P-s.

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PORCACCHI (THOMAS), littéra teur savant et laborieux, né, vers 1530, à Castiglione - Aretino, dans la Toscane, annonça, dès sa première jeunesse, un goût très-vif pour l'étude. Voulant satisfaire sa curiosité, et acquérir de nouvelles connaissances, il visita les principales villes d'Italie, et fut accueilli partout avec les égards que l'on doit aux talents. Il s'arrêta quelque temps à Florence, puis à Bologne, et s'établit enfin à Venise, en 1559. S'étant lié d'une étroite amitié avec Gabriel Giolito, célèbre imprimeur (V.GIOLITO, XVII, 408), il lui suggéra l'idée de publier la Collection des anciens historiens grecs et latins, traduits en italien. Ce fut Porcacchi qui surveilla l'impression de ces deux précieuses collections, connues sous le nom de Collana greca et Collana latina (1). Il traduisit lui-même quelques-uns des ouvrages qui devaient y entrer, et dont il n'existait pas encore de versions; il revit

(1) On trouvera la liste des auteurs dont se composent les Collana, dans la Bibl. ital. de Haym, et dans le Dictionn. d'Osmont.

et corrigea le style de plusieurs, et les enrichit de préfaces, de notes et d'additions intéressantes. Cet infatigable éditeur a donné des réimpressions estimées d'un grand nombre d'ouvrages, tels que : l'Histoire de Milan, par Bernardin Corio; le Roland furieux de l'Arioste, l'Arcadie de Sannazar, les Lettres amoureuses de Parabosco, les OEuvres de Delminio, les Antiquités de Rome de Bernard Gamucci, l'Histoire d'Italie de Guichardin, les Facetie de Domenichi, les Azolani de Bembo, la Fabrica de Fr. Alunno; la traduction italienne de l'Imitation de Jésus-Christ, par frère Remi, florentin, refaite et corrigée, Venise, 1569, in-12, etc. Il se proposait de publier une nouvelle Collana, ou le Recueil des meilleurs sermons des plus célèbres prédicateurs; mais il n'en a paru qu'un seul volume, Venise, 1565, in - 8°., rare, suivant Haym (Voy. la Bibl. ital.) Porcacchi mourut, en 1585, à Venise, dans la maison du comte de Savorgnano, l'un de ses plus zélés protecteurs. Il était membre de l'académie des Occulti de Brescia; et il a inséré quelques vers latins dans le Recueil de cette société. Outre les Traductions de Dictys de Crète et de Darès, de Justin, de Quinte - Curce et de Pomponius-Mela, qui font partie des Collana; celle du cinquième livre de l'Eneide (en vers sciolti ), et quelques Opuscules, dont on trouvera les titres dans le tome 34 des Mémoires de Niceron, on a de Porcacchi: I. Lettere di tredeci uomini illustri raccolte, Venise, 1565, in8°. : ce Recueil eut quatre éditions dans le seizième siècle ; celle de 1582, qui est la quatrième, est la plus com. plète et la plus recherchée. II. Paralelli ed esempli simili, ibid., 1566,

in -4°. III. Il primo volume delle cagioni delle guerre antiche, ibid., 1566, in- 4°. On voit que l'auteur se proposait de continuer cet ouvrage; mais la suite n'a point paru. IV. La Nobiltà della città di Como, ibid., 1569, in - 4°. V. Le Isole più famose del mundo, ibid., 1572, in-fol.; 4o. éd., 1604, même format. Cet ouvrage, qui contient quelques descriptions bien faites, et qu'on peut lire encore avec intérêt, est orné de plans gravés par Jérôme Porro, artiste assez distingué. VI. Le attioni d' Arrigo III, re di Francia e di Polonia, ibid., 1574, in-4°. C'est la description de l'entrée solennelle de Henri III à Venise, et des fêtes qui lui furent offertes par le sénat. VII. Funerali antichi di diversi popoli et nationi, Venise, 1574, in-4°. de 109 pag.; ouvrage rare et recherché, principalement à cause des gravures (V. PORRO). On trouve quelques vers de Porcacchi dans le tome 1er des Delitiæ poëtar. italor. Ghilini a donné l'Eloge de Porcacchi, dans le tome 1er. du Teatro d'huomini letterati, p. 217. W-s. PORCARI (ÉTIENNE), gentilhomme romain, qui, en 1453, conjura contre Nicolas V pour rendre la liberté à sa patrie, montra dès sa jeunesse une admiration enthousiaste pour les héros de la Grèce et de l'ancienne Rome, et un desir ardent de les imiter. Beaucoup d'autres personnages du quinzième siècle, doués d'une imagination exaltée, partageaient les mêmes sentiments. La corruption de la morale publique, les crimes politiques dont l'exemple était trop fréquent, avaient détruit dans le vulgaire l'idée de la vertu. Des révolutions presque continuelles dans tous les états avaient accoutumé les peuples à ne regarder aucun gouver

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nement comme légitime; et les citoyens réputés les plus vertueux ne se faisaient pas scrupule de renverser par une conspiration l'autorité publi que sous laquelle ils vivaient. Étienne Porcari, dès sa tendre jeunesse, s'était proposé comme le plus digne objet de son ambition, de soustraire Rome à ses pontifes. La souveraineté des papes lui paraissait une usurpation récente et notoire; tous les vieillards de son temps avaient vu la république romaine se rétablir et recouvrer une espèce d'indépendance tandis que le Saint-Siége était fixé à Avignon: ils l'avaient vue se maintenir pendant le schisme, et n'avoir pu être soumise avant l'année 1420. Porcari lui-même avait applaudi, en 1434, aux efforts et aux succès du peuple romain, qui avait chassé Eugène IV, et réintégré l'autorité des sept bannerets chefs antiques de la république. Avant tout, il tenta de rendre libre son pays, de la manière la moins violente. Eugène IV était mort à Rome, le 23 février 1447; peu de pontifes s'étaient attiré plus d'ennemis: son obstination, sa dureté et son imprudence, avaient fait échouer toutes ses entreprises, en sorte que I'Église et l'état s'étaient également élevés contre lui. Aux funérailles de ce pape, Porcari, qui avait déja montré beaucoup d'éloquence, s'adressa au peuple romain assemblé. Il le pressa, par un discours pathétique, de secouer une tyrannie ruineuse et avilissante, et de profiter, pour cela, d'un interrègne, pendant lequel personne n'était appelé à défendre des droits usurpés. Le peuple témoigna d'abord qu'il approuvait ce discours: néanmoins un jurisconsulte y répondit en faisant valoir les droits et l'autorité du

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Saint-Siége; et le peuple, toujours plein d'espérance au moment d'une nouvelle élection, reconnut celle de Nicolas V il se soumit à ce souverain pontife, sans aucune difficulté. Nicolas, un des plus sages successeurs de saint Pierre, le protecteur des lettres et des arts, le père des chrétiens, et le défenseur des peuples, mérita et obtint l'amour de ses nouveaux sujets. Cependant, plus qu'aucun de ses prédécesseurs, il s'occupa d'étouffer les semences de rebellion, et d'anéantir le souvenir de la république. Il espéra de gagner, par des grâces, cet esprit indompté, et il nomma Etienne Porcari, podestat d'Anagni. Celui-ci, étant revenu à Rome après avoir exercé cet emploi, ne renonça point à son grand projet d'affranchir sa patrie. Les jeux de la place Navone avaient excité un tumulte dans Rome; il ne négligea rien pour communiquer aux séditieux son zèle et ses vues. Nicolas V, ayant apaisé cette sédition, exila Porcari à Bologne, en lui imposant l'obligation de se présenter chaque jour devant le gouverneur de la ville. Porçari, dans cet exil, ne perdit pas courage; son neveu, qu'il avait mis de moitié dans tous ses plans, et qui le secondait avec ardeur, rassembla leurs amis à Rome, et les engagea dans une conspiration dont Étienne Porcari devait être le chef. Trois cents soldats et quatre cents exilés furent rassemblés secrètement dans les maisons de ce gentilhomme et de ses adhérents : tous les conjurés furent invités à un grand repas, le 5janvier 1453; Porcari, qui avait réussi à s'échapper de Bologne, parut au milieu d'eux, revêtu d'une robe de pourpre et d'or. Avec cette éloquence propre à émouvoir la multitude, il rappela les droits des

Romains, et l'oppression qui les accablait: il exposa sa résolution de surprendre le pape et les cardinaux le lendemain devant les portes de la basilique de Saint-Pierre, comme ils s'y rendraient s'y rendraient pour célébrer l'Épiphanie, et, avec de tels otages entre les mains, de se faire livrer le château de Saint - Ange et les portes de Rome; de sonner la cloche d'alarme au Capitole, et de reconstituer la république par l'autorité de cette même assemblée populaire, à laquelle Colas de Rienzo, un siècle auparavant, avait inspiré son enthousiasme. Tous les auditeurs de Porcari déclaraient être prêts à le suivre, et à se dévouer pour cette entreprise; mais déjà il avait été trahi: le sénateur ou grand - juge, averti du rassemblement qui se trouvait dans sa maison, l'avait fait entourer par ses soldats; les satellites des conjurés, séparés d'eux, et ne recevant point d'ordres, ne purent les secourir. Étienne Porcari fut arrêté avec ses principaux complices. Son neveu eut la présence d'esprit et le courage de se jeter sur les soldats du pape, et de s'ouvrir un passage les armes à la main. A peine instruisiton une procédure sommaire contre le chef de cette conspiration : il fut pendu avec neuf de ses associés, et la tranquillité fut rendue à cette partie de l'Italie.

Z.

PORCHERON (DOM PLACIDE), bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, naquit, en 1652, à Châteauroux, petite ville du Berri, dont son père était avocat fiscal. Il embrassa la vie monastique à dixneuf ans, dans l'abbaye de SaintRemi de Reims, et consacra tous ses loisirs à l'étude de l'histoire, de la géographie et de la numismatique. Nommé bibliothécaire de

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il se

Saint-Germain-des-Prés montra digne de remplir cette place; fut associé à D. Mabillon, pour rédiger le Catalogue des manuscrits latins de la bibliothèque du Roi; eut part à l'édition des OEuvres de saint Hilaire, l'une des meilleures qu'aient publiées les Bénédictins; et mourut à Paris, le 14février 1694, à l'âge de quarante-deux ans. Dom Porcheron a publié: Maximes pour l'éducation d'un jeune seigneur, avec les instructions de l'empereur Basile pour Léon, son fils, 1690, in-12. La traduction est d'un anonyme; mais elle a été revue et retouchée par dom Porcheron.Enfin, c'est à dom Porcheron qu'on doit la première édition de l'Anonyme de Ravenne, d'après un manuscrit de la bibliothèque du Roi, sous ce titre : Anonymi Ravennatis, qui circa sæculum septimum vixit, de geographia libri quinque, ex cod. man. Bibl. regia, Paris, 1688, in-8°. Jacques Gronovius pu blia de nouveau cet ouvrage, à la suite de Pomponius-Mela, avec une préface qui contient des invectives peu sensées contre le premier éditeur et même contre les Français, et qu'Abrah. Gronovius a conservée dans l'édition qu'il a donnée, en 1722, du Pomponius - Mela de son père. Les Gronovius s'étaient servis d'un manuscrit de la bibl. de Leyde; on en connaît un troisième, à la bibliothèque du Vatican, dont les éditeurs anglais des Petits géographes ont publié les légères variantes dans le 3°. vol. de leur Collection; enfin Montfaucon en indique un quatrième dans la bibliothèque Ambrosienne de Milan. L'ouvrage de l'Anonyme, qu'il n'est plus permis de confondre avec Gui de Ravenne (V. Gui, XIX, 53), n'est qu'une compilation, faite sans le moindre talent, avec les lambeaux

de divers auteurs presque tous inconnus; le style qui fourmille de solécismes et de barbarismes, atteste l'ignorance du mal-adroit compilateur. Il avait intitulé son ouvrage : De cosmographia; c'est D. Porcheron qui trouva plus convenable le titre qu'on a rapporté plus haut; et c'est également lui qui divisa l'ouvrage en cinq livres, et les livres en articles ou paragraphes : deux points sur lesquels les Gronovius l'ont suivi. Le savant Astruc, après avoir observé que la plus grande partie des erreurs de l'Anonyme pourrait être corrigée à l'aide des Tables de Peutinger et de l'Itinéraire d'Antonin, témoigne sa surprise que D. Porcheron, qui connaissait la conformité du travail de l'Anonyme et des Tables, n'ait pas mieux profité de ce secours, dans le commentaire qu'il a

donné de cet auteur. Astruc aurait desiré que quelque savant géographe s'occupât de préparer une nouvelle édition de l'Anonyme en faisant usage des secours indiqués; et il a donné un modèle de ce travail dans l'examen critique de la description de la Gaule Narbonaise, par l'Anonyme, qui forme les chap. x1 et xii des Mémoires pour l'histoire natuturelle du Languedoc. A l'exemple d'Astruc, Schoepflin a analysé quelques passages de l'Anonyme de Ravenne, dans le tome rer. de l'Alsatia illustrata, p. 570, et suiv. Malgré toutes les imperfections et les erreurs signalées par Astruc, l'ouvrage de l'Anonyme est intéressant pour la géographie du moyen âge; et l'on doit savoir gré à D. Porcheron d'avoir le premier fait connaître cet auteur, dont il se proposait de donner une édition qui aurait été supérieure à celle de 1688, ainsi qu'on a pu le juger par le grand nombre de notes

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