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» des mains, ont été abattus. » Ce mausolée est aujourd'hui dans l'église de Saint-Denis. Avant que ces beaux ouvrages eussent mis le sceau à la réputation de Ponzio, le cardinal d'Amboise l'avait pris en affection, et l'avait fait son sculpteur particulier. C'est pour répondre aux vues de ce ministre, qu'il orna le château de Gaillon de sculptures extrêmement précieuses. C'est encore à cet artiste que l'on doit la Statue en bronze d'Alber Pio, prince de Carpi, mort à Paris, en 1530. Il est représenté couvert de son armure, et couché sur un lit de repos, entouré de ses livres, avec l'attitude d'un homme enseveli dans sa lecture. Ce monument fut posé en 1535. C'est à tort qu'on attribue à Ponzio les Statues de Charles Maigné et d'André Blondel; ces deux figures appartiennent à un sculpteur français, nom. mé Jacquio Ponce, auquel on doit les figures d'enfants qui décorent le tombeau de François Ier. Ponzio est aussi l'auteur d'une Statue de Charlemagne, dont le Bernin faisait le plus grand cas. Malgré les grands talents que déploya ce statuaire, il n'est pas suffisamment connu; et c'est à la réunion de plusieurs de ses ouvrages, dans le Musée des monuments français, qu'il doit la justice tardive, mais bien méritée, qu'on lui a enfin rendue, et qui ont fait voir en lui un des artistes qui, à cette époque, s'approchèrent le plus des Jean Goujon et des Germain Pilon. P-s. PONZONI, famille illustre de Crémone, dirigeait le parti Gibelin dans cette ville, en opposition aux Cavalcabò, chefs du parti Guelfe. Les Ponzoni parvinrent, à deux reprises, à la souveraineté dans leur patrie. En 1318, Ponzino Ponzoni chassa de Crémoue le marquis Ca

ans

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valcabò; et il commença dès-lors à y exercer la souveraineté, tantôt en son propre nom, tantôt au nom des princes de la maison Visconti, ses alliés. En 1331, il prit le titre de lieutenant du roi Jean de Bohème; mais, en reconnaissant la souveraineté du roi aventurier, il ne s'était dépouillé d'aucune des prérogatives du pouvoir suprême. La ruine du roi de Bohème entraîna la sienne; il fut obligé, le 15 juillet 1334, de livrer Crémone à Azzo Visconti; dès-lors cette ville demeura soumise aux seigneurs de Milan, qui, craignant le crédit des Ponzoni, les tinrent exilés de leur patrie. La minorité des deux derniers Visconti, rendit aux Ponzoni, au bout de soixante-dix l'autorité dont ils avaient été dépouillés. Jean Ponzoni, alors chef de cette famille, rentra, le 30 mai 1403, dans Crémone, à la tête de ses partisans; il expulsa les officiers des Visconti, rendit la liberté à tous les prisonniers, entre autres à Ugolin Cavalcabò, chef de la faction long-temps rivale de la sienne, et le fit proclamer seigneur. Mais il eut bientôt sujet de se repentir de sa générosité: dès le mois de juillet, Cavalcabò chassa les Gibelins de Crémone; et l'on assure qu'en même temps il fit empoisonner Jean de Ponzoni son libérateur. Frédéric PONZONI, Secrétaire du pape Alexandre IV, florissait en 1286, et laissa quelques ouvrages théologiques. Jacques PoNZONI, Secrétaire du duc de Milan, mort nonagénaire, 1542, commenta Bartole, et donna un Traité De memoria locali. S. S-1.

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en

POOL RACHEL VAN ), peintre, née à Amsterdam, en 1664, était fille du célèbre anatomiste Ruysch. Son goût pour le dessin se manifesta dès son enfance; on la

voyait, sans maître et sans étude, copier les tableaux ou les gravures dont les beautés l'avaient frappée. Son père, voulant seconder des dispositions aussi rares, la confia aux soins de Guillaume Van Aelst, célèbre peintre de fleurs et de fruits. En peu d'années la jeune Rachel égala son maître; et, dès ce moment, elle ne voulut plus d'autre guide que la nature. Elle fit de nouveaux progrès, et mérita d'être regardée dans son genre, comme la plus habile artiste de cette époque. Sa réputation se répandit dans toute l'Europe. Renfermée dans son atelier, elle seule paraissait ignorer les succès qu'elle obtenait. Un jeune peintre, nommé Juriaen Van Pool, trouva le moyen de s'introduire chez elle: il avait du talent, il était aimable; il réussit à s'en faire aimer, et l'épousa, en 1695; mais les soins du ménage ne détournèrent jamais Rachel de ses travaux favoris. En 1701, elle fut admise, ainsi que son mari, dans la société académique de la Haye, à laquelle elle fit hommage, pour son morceau de réception, d'un tableau très - précieux représentant une Rose blanche, une rouge, un chardon, et d'autres fleurs. Dès ce moment, on voulut avoir de ses productions dans toutes les contrées de l'Europe. L'électeur palatin, JeanGuillaume, lui envoya, en 1708, le diplôme de peintre de la cour de Dusseldorf. Sa lettre était accompagnée d'une toilette complète et de six flambeaux en argent; et il lui promit en même temps d'être le parrain de son premier enfant. Tous les ouvrages de Rachel furent désormais destinés à son protecteur; et toutes les fois qu'elle fit le voyage de Dusseldorf, elle y fut reçue avec la plus flatteuse distinction. Son talent ne se

ressentit point du déclin de l'âge; et les tableaux qu'elle a peints à quatre-vingts ans sont d'une aussi grande beauté, d'un fini aussi précieux que ceux qu'elle avait faits à trente. Malgré son assiduité au travail, elle avait tellement la perfection en vue, qu'elle peignait avec une extrême lenteur, et qu'elle n'a produit qu'un petit nombre d'ouvrages, comparativement au long temps pendant lequel elle a exercé son art. Ce qui distingue éminemment ses productions, c'est la force et la vérité de son coloris, unies à une heureuse disposition des objets, et au fini le plus achevé. Ses Fleurs, ses Fruits, ses Plantes et ses Insectes, semblent la nature elle-même; et le contraste savant qu'elle sait mettre entre les différents objets, ajoute encore à l'effet de ses tableaux. Elle mourut le 12 octobre 1750.-Juriaen Van POOL, son mari, né à Amsterdam, en 1666, avait un véritable talent pour le portrait, et obtint aussi la protection de l'électeur palatin. Il fut tellement affligé de la mort de ce prince, arrivée en 1716, qu'il prit dès-lors la résolution de renoncer à la peinture; et au grand regret des amateurs, il s'occupa exclusivement du commerce des dentelles. Il mourut en 1745. — Mathys ou Matthieu PooL, dessinateur et graveur, naquit à Amsterdam, en 1670. On ne dit pas s'il était de la même famille que le précédent. C'est en France, qu'il vint étudier la gravure. Il y exécuta un grand nombre de pièces, d'après différents maîtres. Il paraîtrait, d'après le style de ses ouvrages, qu'il fut élève de Bernard Picart: c'est du moins cet artiste qu'il semble avoir eu en vue d'imiter. De retour dans sa patrie, il y épousa la fille de Barent Graat, peintre de talent, et grava beaucoup d'après

:

son beau père. Ses principaux ouvrages sont: I. Différentes vues, en dix-huit feuilles, de la rivière d'Amstel, depuis Amsterdam jusqu'au village d'Ouderkerk. II. Une Suite de douze sujets, d'après Rembrandt. III. Une suite de 103 planches portant pour titre Cabinet de l'art de la sculpture de Van Bossuet, d'après les dessins de B. Graat, 1727, in folio. IV. Les Trois grandes représentations burlesques des Cérémonies qui se pratiquent à Rome, par les peintres hollandais, lors de la reception d'un membre de la société nommée Schilderbent, d'après les tableaux de Van Wynen, et les dessins de B. Graat. P―s.

POOL. Voy. POLUS.

POOT ( Hubert, fils de Corneille), poète hollandais, naquit au hameau d'Abtswoude, près Delft, le 20 janvier 1689, de bons paysans, qui, selon la portée de leur état, soignèrent son éducation, en lui faisant apprendre à lire, à écrire, à chiffrer, et ne lui destinaient pas dans le monde une condition différente de la leur. Mais la nature l'avait créé poète, et il remplit sa destinée. Adolescent, il cultivait son talent naturel par de faibles essais, par des lectures assorties, et il s'affilia bientôt à une chambre de rhétoriciens, établie dans un village voisin. Le poète contemporain Antonidès Van der Goes (V. ANTONIDES), était plus digne de lui servir de modèle ; et Poot se le proposa comme objet d'émulation : mais il reconnut que le style d'Antonidès, habituellement trop tendu et parfois un peu enflé, ne convenait pas à son génie. Il se mit à étudier les pères de la poésie hollandaise, Vondel et Hoofft; et il imita surtout ce dernier, dans ses poésies anacréontiques.

Ge genre est celui où Poot s'est éminemment distingué à côté de la bêche et du rateau qu'il ne quitta point, on est étonné de lui trouver une lyre qui rend des sons dignes du chantre de Téos. Le premier Recueil de poésies de Poot, publié à Rotterdam, en 1716, sous le titre de Mélanges, fixa sur l'auteur l'attention et l'estime des connaisseurs : il lui valut des éloges et des encouragements mérités. On fut frappé de cette imagination riante et féconde, de cette pureté de diction, de cette concision et de cette clarté de style. Une nouvelle édition, soigneusement retouchée, et fort enrichie, parut en 1722. L'année suivante, Poot abandonna son village, et vint s'établir à Delft; mais n'y étant pas tombé dans la meilleure compagnie, il s'en repentit bientôt, et retourna au hameau natal. En 1727 il donna un second volume de ses poésies; il se maria en 1732, et, à l'occasion de son mariage, tablit son domicile à Delft, où, désormais plus sage sous les auspices de l'expérience et de l'hymen, il mourut néanmoins à l'âge de quarante-cinq ans, le 31 déc. 1733, également regretté sous le double rapport de son caractère et de son talent. Ses poésies posthumes forment le troisième volume de son recueil. On y a réuni un grand nombre d'épitaphes et de complaintes sur sa mort prématurée. La bonne édition des OEuvres de Poot se compose de trois volumes in-4°. (Delft, 1726, 1728 et 1735), enrichis de son portrait, de vignettes et de fleurons. La collection est composée de poesies bibliques, de mélanges, de Poésies érotiques, d'Epithalames, de Complaintes funèbres, d'Idylles, etc. Ses Poésies érotiques au nom

bre de vingt-une ne sont pas le moindre ornement du Recueil. Poot aimait à imiter les anciens, bien qu'il ne les connût que par des traductions. Il tire un grand parti de la mythologie, dont il paraît avoir fait une étude particulière. Il a encore prêté sa plume et les charmes de sa muse à un vaste Recueil d'Emblèmes et d'Allégories, compilé dans César Ripa et autres, intitulé: Grand Théatre physique et moral, ov Vocabulaire d'anciens emblèmes et allégories, d'Egypte, de Grèce et de Rome, Delft, 1743, 3 volumes in-fol. M. de Vries, dans son Hist. anthologique de la poésie hollandaise, a rendu à Poot une justice éclatante, tom. II, p. 35-56.

M -ON. POPE (Sir THOMAS), fondateur du college de la Trinité, à Oxford, était né vers 1508, à Dedington en Oxfordshire, d'une famille peu opulente. Il passa du college d'Éton à l'école de droit de Gray's inn. Ses succès au barreau eurent assez d'éclat pour attirer sur lui l'attention de son souverain, Henri VIII; et, dès 1533, il était secrétaire des brefs de la chambre étoilée, séant à Westminster, et secrétaire de la couronne à la chancellerie. Il fut garde de la monnaie et des médailles à la Tour de Londres, en 1535; et créé chevalier en 1536. Trois ans après, le roi lui donna un emploi bien plus important, et qui fut la source de sa grande fortune, en le nommant trésorier de la cour des augmentations, récemment établie par un acte du parlement. Les

attributions de cette cour étaient d'estimer les terres des monastères détruits, réunies à la couronne, d'en toucher les revenus, et de vendre les possessions monastiques au

profit du roi ; et c'est de l'accroissemeut qu'en recevait le revenu royal, qu'elle avait pris son nom. Le poste du trésorier n'était pas seulement très-lucratif : celui qui l'occupait, prenait rang parmi les principaux officiers de l'état. Sir Thomas le garda cinq années, et, dans cet intervalle, il fut désigné trésorier du cabinet desjoyaux (jewel-house) de la Tour. En 1546, un nouvel établissement sur un plan moins étendu ayant remplacé la cour des augmentations, il fut nommé maître des forêts royales, en-deçà de la rivière de Trent, et membre du conseilprivé. Il fit partie de la commission formée pour la suppression des maisons religieuses, et s'y montra trèsmodéré c'est à son crédit auprès du roi, que l'on dut la conservation de l'église de Saint-Albans. Il était riche alors, et avait cessé d'exercer la profession de jurisconsulte: dès avant 1556, on lui connaissait en propriété plus de trente manoirs en diverses provinces, sans y comprendre d'autres biens considérables. Plusieurs de ces possessions lui venaient de la libéralité de Henri VIII; mais il en avait acheté la plus grande partie lorsqu'il était à la cour des augmentations. Sous Édouard VI, sir Thomas, n'ayant pas adopté la réforme, n'eut ni emploi, ni faveur; à l'avénement de Marie, il redevint conseil-. ler-privé; fut nommé trésorier de la maison de la reine, et fut employé dans des commissions importantes, notamment pour l'extirpation de l'hérésie. La princesse (depuis reine) Élisabeth, à sa sortie du château de Woodstock, où elle était prisonnière, ayant obtenu de sa sœur la permission de se retirer au palais de Hatfield, en Hertfordshire, sous la surveillan

ce de sir Thomas Pope, éprouva de lui tous les égards que pouvait comporter la nature de cette fonction délicate. Lorsque, quatre ans après (1558), Élisabeth monta sur le trône, il cessa de prendre part aux affaires publiques : sa mort suivit de près cet événement; elle eut lieu le 29 janvier 1559. Il avait été marié trois fois. Sir Thomas Pope se distingua surtout par une grande habileté dans le maniement des affaires. On a vanté sa fidélité à ses principes, remarquable dans un temps où la versatilité fut si commune, et la modération avec laquelle il usa des pouvoirs discrétionnaires qu'il tenait de la reine Marie. « Si on peut l'ac>>cuser d'avoir accumulé des riches»ses, il faut se rappeler, dit War>>ton son historien, qu'il en con» sacra une partie au service de son » pays; et cela, non au milieu des ter>> reurs de l'agonie, ni même dans >> le radotage de la vieillesse, mais » dans la force de l'âge et du juge»ment. » Ce fut en 1554, qu'après avoir fait l'acquisition d'un emplacement convenable, il obtint de Philippe et de Marie une licence et une charte royale pour fonder, à l'université d'Oxford, un college sous le titre de la Sainte Trinité. La société devait se composer d'un président, un prêtre, douze membres, ayant une riche dotation: la même charte l'autorisait à fonder et doter une école à Hokenorton en Oxfordshire, sous le nom d'école de Jésus, et à donner des statuts à ces deux établissements. La société prit posses sion du collége, le 28 mars 1555: Pope ajouta encore depuis à la dotation et aux avantages de sa fondation; et, en décembre 1557, il annonça l'intention de construire à Garsington, près d'Oxford, une mai

son où la société pourrait se retirer dans les temps de peste. Cette maison fut bâtie après sa mort; et l'université s'y réfugia plusieurs fois. Sa veuve, remariée à sir H. Pawlett, fut considérée comme fondatrice du college, dont elle continua de nommer les membres et les élèves. Pope avait été lié avec sir Thomas More ; et il eut, sous le règne d'Henri VIII, la triste commission d'annoncer à cet ancien ami, son protecteur, le moment fixé pour son exécution.

L.

POPE (WALTER), écrivain anglais, né à Fawsley, dans le comté de Northampton, avait, en 1658, un emploi dans l'université d'Oxford. Il s'y éleva alors une controverse au sujet des capuchons, ou chaperons, que le parti dominant voulait supprimer comme des restes de ce qu'on appelait papisme. Walter combattit ce projet avec une vigueur contre laquelle échoua la puissance des républicains; et ces objets d'habillement continuèrent d'être portés jusqu'à la restauration. Dans sa Vie du docteur Ward, il a donné un ample détail de cette affaire, qu'il regarde, dit-il, comme l'action la plus glorieuse qu'il ait faite. Il était, en 1660, doyen du collége Wadham, à Oxford, et fut nommé, la même année, professeur d'astronomie du collége Gresham, et reçu docteur en médecine. En 1663, il fut un des premiers membres qui composèrent la société Royale; en 1668, le docteur Wilkins, son parent, élevé à l'évêché de Chester, le fitgreffier (registrar) de son diocèse. Il mourut dans un âge très-avancé, en juin 1714. W. Pope avait beaucoup d'instruction, et un tour d'esprit piquant et satirique: il était versé dans plusieurs langues étrangères;

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