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du conseil littéraire de Voltaire, et formait, avec son frère d'Argental et Thieriot (plus connu sous le nom de Thiriot, parce que Voltaire écrivait son nom Tiriot), ce que le grand homme appelait son triumvirat. Ce triumvirat examinait, avant leur publication, les ouvrages de Voltaire. Dans le vol. des Pièces inédites, publiées (par M. Jacobsen), en 1820, in8°.etin-12, on trouve un Discours de Voltaire, en réponse aux invectives et outrages de ses détracteurs, avec les observations du triumvirat et les répliques de Voltaire. La signature apposée au bas de cette pièce, porte PONT DE VEYLE, qui est aussi le nom d'une ville du département de l'Ain. C'est donc à tort que très-souvent, et entre autres, en tête du Catalogue de sa bibliothèque, on a écrit Pont de Vesle. Il s'était composé une bibliothèque riche en pièces de théâtre. Après avoir appartenu au duc d'Orléans, puis à Mme. de Montesson sa veuve, et au général Valence (mort en février 1822), elle a été, sauf quelques articles, réunie à l'im. mense et précieuse collection de M. de Soleinne. Le Catalogue des livres, etc., de Pont de Vesle, 1774, in-8°., est divisé en deux parties. La seconde partie, contenant 837 articles, fut vendue en détail. La première, composée de 1569 articles de théâtre, fut achetée 12,000 fr., par le duc d'Orléans. La table de cette première partie, est très-ample et très commode, puisqu'elle embrasse, par ordre alphabétique, les noms de tous les auteurs et les titres de toutes les pièces; malheureusement il y a des erreurs et des omissions. On croit que Pont de Veyle a eu part aux Mémoires du comte de Comminge, ainsi qu'au Siége de Calais, romans de Mme. de Tencin, sa tante, et dont

le premier est parfois attribué à d'Ar
gental (Voy. ARGENTAL, II, 412).
Ce qui est certain, c'est qu'on a de
Pont de Veyle quelques pièces de
théâtre, savoir: I. Le Complaisant,
comédie en cinq actes et en prose,
1733, in-8°., pièce froide et sans
intrigue, dit Laharpe; le principal
caractère est outré jusqu'à l'excès; le
dialogue n'est que de l'esprit apprê-
té. Cette pièce, jouée pour la première
fois le 29 décembre 1732, reprise
le 2 mars 1734, et encore le 24 sep-
tembre 1754, a été aussi attribuée à
Delaunay, né en 1695, mort en 1751.
La reprise, qui eut lieu trois ans
après sa mort, peut faire pencher
pour l'opinion qui la donne à Pont
de Veyle. Il paraît s'y être souvenu
de son aventure chez le procureur-
général. II. Le Fat puni, comédie en
un acte et en prose, 1738, in-8°.: le
sujet est tiré du Gascon puni, conte
de La Fontaine. Ce fut Mlle. Qui-
nault qui, après avoir proposé ce
sujet à La Chaussée, l'indiqua, sur
son refus, à Pont de Veyle. Laharpe
reconnaît qu'il fallait de l'adresse
pour adapter ce conte au théâtre,
y observant les bienséances; mais il y
reproche l'invraisemblance. Voltaire
écrivit à l'auteur :

Du fat que si bien l'on punit,
Le portrait n'est pas ordinaire;
Et le Rigaud qui le peignit

Me paraît en tout son contraire.

en

III. Le Somnambule, comédie en un acte et en prose, 1739, in-8°., jolie pièce que Laharpe assure être de Sallé et du comte de Caylus. Il paraît cependant que Pont de Veyle y eut beaucoup de part. Il avait laissé en manuscrit le Comte de Mareille, comédie en un acte et en prose; et la première partie d'un roman tiré de l'histoire d'Angleterre. Le Nécrologe des hommes célèbres

de France, tome x de la collection, année 1775, contient un Eloge de Pont de Veyle: son portrait anonyme, qui y est transcrit, est de Mme. Du Deffand. A. B-T.

PONTE (FRANÇOIS DA ). Voy. BASSAN.

PONTE (LOUIS DE), écrivain ascétique, connu en France sous le nom de Du Pont (1), né d'une famille noble, à Valladolid, en 1554, se distingua dès sa jeunesse, non moins par sa piété,que par la rapidité de ses progrès dans les lettres et les sciences. Résolu de sacrifier, pour se consacrer à Dieu, tous les avantages que le monde pouvait lui présenter, il embrassa, après quelques hésitations, l'institut de saint Ignace, et prononça ses vœux à l'âge de vingt ans. La carrière de la prédication semblait lui promettre des succès; mais ses supérieurs, qui le destinaient à l'enseignement, l'engagèrent à s'appliquer à l'étude de la philosophie et de la théologie, et lui firent professer ces deux sciences dans différents colléges. L'affaiblissement de sa santé, naturellement délicate, l'obligea de se démettre des fonctions qui lui avaient été confiées; et dès lors il employa ses loisirs à la rédaction d'ouvrages aussi solides que pieux, qui étendirent sa réputation dans toute l'Europe. L'humble religieux n'en continua pas moins de passer ses jours dans l'obscurité du cloître, partageant son temps entre la prière, l'étude, et la pratique de bonnes œuvres. Il mourut, en odeur de sainteté, dans sa ville na

(1) Le nouveau Dictionnaire hist. crit. et bibliogr. lui a consacré deux articles, l'un sous le nom de

Pont, et l'autre sous celui de Ponte. On sent que les doubles emplois de ce genre doivent être fréquents dans une compilation où l'on a pris de toutes mains

et sans choix dans les dictionnaires français et étran

gers: nous en avertissons une fois pour toutes, ne voulant pas prendre l'engagement de signaler toutes les bévues de cette espèce, chaque fois qu'elles se présenteront.

tale, le 17 février 1624. On trouvera, dans la Bibl. societ. Jesu, les titres de ses ouvrages, dont la plupart ont été traduits en latin par le P. Melch. Trevinnia, son confrère. Les principaux sont: I. Expositio moralis et mystica in Canticum canticorum, Cologne, 1622, 2 vol. infol. ; cet ouvrage est un de ceux que l'auteur avait écrits en latin, langue qu'il possédait parfaitement, mais à laquelle il préférait l'espagnol, dans la vue d'être plus utile à ses compatriotes. II. Traité de la perfection chrétienne. III. Le Directeur spirituel. IV. La Guide spirituelle, trad. en français par le P. Brignon, Paris, 1685, 2 vol. in-8°. V. Les Méditations sur les mystères de la foi; c'est de tous les ouvrages du P. De Ponte, celui qui a eu le plus de succès, et qui à le plus contribué à le faire connaître hors de l'Espagne : il a été traduit en français par Du Rosset et Gauthier; ces deux versions, dont le style a vieilli, ont été remplacées par celle du P. J. Brignon, Paris, 1683, 3 vol. in- 4°., réimprimée plusieurs fois, de ce format ou in-12. Il en existe un abrégé par le P. d'Orléans, 2 vol. in-12, et un autre plus estimé, par le P. Frison, 3 vol. in-12. Les Méditations de Du Pont, ainsi que son traité du Sacerdoce, et celui de l'Episcopat, ont été traduits en arabe, par le P. Fromage (Voy. l'article Fromage dans le Dict. de Moréri); mais on ne peut affirmer que ces traductions aient été imprimées. La Vie du P. De Ponte a été publiée, en espagnol, par son confrère le P. Cachupin. W-s.

PONTEDERA (JULES), botaniste italien, naquit à Vicence, en 1688. Son oncle, grand amateur de botanique, lui inspira le goût de cette

science, et lui laissa, en mourant, un jardin des plantes. Il étudia la medecine et l'anatomie à Padoue, sous le célèbre Morgagni, et fit en même temps de si grands progrès dans la littérature ancienne, qu'ayant concouru pour les sujets de prix proposés par l'académie des inscriptions à Paris, il fut couronné trois fois. Après avoir pris ses degrés de docteur en médecine, il fit des excursions de botanique dans l'Italie Cisalpine, et rapporta de ses voyages deux cent soixante-douze plantes non encore observées. En 1719, sa réputation était déjà si bien établie, qu'on lui offrit la direction du jardin des plantes et la chaire de botanique à l'université de Padoue; et l'on porta successivement son salaire de deux cents à quatorze cents florins. Il est vrai qu'il mettait un grand zèle dans l'enseignement, et qu'il enrichissait sans cesse le jardin. Il avait un procédé pour conserver si bien les plantes, qu'il pouvait, en hiver même, les montrer à ses élèves sous leurs formes et avec leurs couleurs naturelles. Il disséquait très-habilement les tiges, les fleurs et les graines. Cependant, antagoniste du système sexuel de Linné, il s'en tenait aux genres établis par Tournefort. Il cultivait lui-même beaucoup de plantes dans sa terre de Lonigo, où il avait plus de soixante-dix variétés de céréales. Il y mourut, le 3 septembre 1757, ne laissant qu'une fille de son mariage avec la fille du marquis Poleni. Les ouvrages qu'il a publiés, ont presque tous rapport à la botanique. Ce sont : I. Compendium tabularum botanicarum, in quo plantæ 272 ab eo in Italia nuper detecta recensentur, Padoue, 1718. Pontedera prend, à la tête de cet ouvrage, le surnom de Pisan,

parce que sa famille était originaire de Pise. L'ouvrage est terminé par une lettre au botaniste anglais Gherard. II. Anthologia, sive de floris natura libri 111, plurimis inventis, observationibusque ac æneis tabulis ornati, Padoue, 1720. III. Antiquitatum latinarumgræcarumque enarrationes, præcipuè ad veteris anni rationem attinentes, epistolis 68 comprehensa, Padoue, 1740. IV. Epistolæ ac Dissertationes; opus posthumum in duos tomos distributum, præfatione et notis auctum à Jos.-Ant. Bonato, Padoue, 1791, 2 vol. in-4°. A la tête de ce Recueil posthume de Lettres familières et de Dissertations sur la botanique, l'agriculture, la philosophie et l'érudition classique, l'éditeur a placé la Notice consacrée par Fabroni à Pontedera, dans le douzième volume de ses Vitæ Italorum. On trouve deux Lettres de celui-ci, sur le jardin des plantes de Padoue, dans l'Histoire du gymnase de cette ville, par Papadopoli, Venise, 1726; d'autres Lettres sur diverses plantes, dans le Catalogue des plantes du jardin de Pise, par Tilli, Florence, 1727; des Observations de botanique, dans les Nouvelles de la république des lettres, année 1751; une Dissertation sur l'astronomie de Manilius, et sur l'année céleste, dans l'édition faite à Padoue, 1743, de l'Astronomicon Marci Manilii; enfin Notæ et emendationes variæ in Catonem, Varronem, etc., ainsi que, Epistolæ tres ad auctores Rei rusticæ pertinentes, dans l'édition que Gesner donna, en 1735, des Scriptores Reirusticæ veteres latini. Pontedera avait eu l'intention de publier une édition de ces auteurs; et il avait fait collationner, à cet effet, les divers textes par Lagomarsini, professeur à Florence. Ca

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PONTIER (GEDEON), mort, en 1709, dans un âge avancé, fut l'ami du président Cousin. Élevé dans la religion protestante, il l'abandonna, embrassa l'état ecclésiastique, et fut protonotaire du Saint-Siége. On a de lui: I. Le Cabinet des grands, 3 vol. in-12, dont les deux premiers parurent en 1680, et le troisième, en 1689, sous ce titre : La continuation du Cabinet des grands; suivi, en 1690, d'une addition intitulée: Choses remarquables, etc. C'est à l'occasion de cet ouvrage, que La Bruyère fit le portrait de Dioscore, nom sous lequel il peint Pontier. Pour prouver la nullité et le peu d'intérêt des ouvrages de cet auteur, le Théophraste moderne dit : « Il » écrirait volontiers la Seine » coule à Paris, qu'il y a sept jours » dans la semaine, ou que le temps » est à la pluie. » II. Les Questions de la princesse Henriette de La Gui

que

che, duchesse d'Angoulême et comtesse d'Alais, sur toutes sortes de sujets, avec les réponses, 1687. III. Lettre à François, chevalier de Saulx, premier évêque d'Alais, 1696, in-12. IV. Dix autres Lettres, Harangues, etc., publiées en diverses occasions, dont on peut voir l'analyse dans le Journal des savants de 1693 à 1701, ou dans la Table de ce recueil par Declaustre. A. B-T.

PONTIER (PIERRE ), né à Aix en Provence, le 10 février 1711, fut un des meilleurs chirurgiens de son temps. Il étudiait, à seize ans, sous les plus habiles maîtres, les éléments de l'art auquel il se consacra, et il y fit des progrès rapides. Il eut, en 1735, le titre de chirurgien aidemajor dans le régiment de RoyalEtranger, et en 1739, il fut agrégé au college de chirurgie d'Aix, et nommé successeur de Jacques Henricy (1) à la place de démonstrateur du cours d'anatomie que professait alors Lieutaud. Ce dernier ayant été appelé à la cour, en 1750, Pontier cumula les fonctions de démonstrateur et de professeur d'anatomie, et prit le grade de docteur médecin, dans une université voisine. Syndic du college de chirurgie en 1740, lieutenant du premier chirurgien du roi, en 1742, il remporta le prix proposé, en 1743, par l'académie de chirurgie, sur la natu re des remèdes résolutifs. Lorsque le college de chirurgie eut été séparé de l'université, il devint un des plus zélés soutiens de son corps, et obtint de l'amitié du marquis de Vauvenar

(1) Jacques Henricy, né au Puget-Theniers, dans le comté de Nice, vers l'an 1680, mort à Aix, en 1749,

avait été pourvu de cette charge, par arrêt du conseil-d'état, attendu qu'il avait pris soin des pestiférés, pendant tout le temps que la contagion avai ravagé la ville d'Aix, en 1720, avec toute l'écono

mie, le bon ordre, l'assiduité, la capacité et le suc cès possible. Il a laissé quelques manuscrits inédita

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gues, alors consul d'Aix, l'établis sement d'une école de chirurgie dont il fit, en 1768, les premiers frais et l'ouverture, en qualité de premier professeur. Il acquit, surtout dans l'art des accouchements, une réputation extraordinaire; mais son coupd'œil, son jugement et sa main n'étaient pas moins sûrs dans toutes les parties de son art. Dans le long cours de sa pratique médico-chirurgicale, il n'eut ni ennemis, ni rivaux; fut considéré des grands, et vénéré des pauvres qu'il soulageait dans leurs maladies, et qu'il aidait de sa bourse. Il mourut d'une goutte remontée, le 18 février 1789, universellement regretté, et âgé de soixante-dix-huit ans. Pontier laissa deux fils, l'un reçu docteur en médecine, en 1775, et aujourd'hui membre de l'académie d'Aix; le second, minéralogiste, auquel les sciences sont redevables de la découverte du chromate de fer, qu'il a reconnu le premier en France, près de Gasdans le département du Var.

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A-T.

PONTIS (LOUIS DE), gentilhomme provençal, naquit, en 1583, au château de Pontis (1), ou, peutêtre, à Digne (Voyez l'Essai sur l'Histoire de Provence, par Bouche, tom. 1): il embrassa, dès l'âge de seize ans, la profession des armes; fut admis comme soldat, dans l'un des régiments d'infanterie de la maison du roi, et sut mériter l'affection de ses supérieurs par son attachement à ses devoirs. Il fut fait lieutenant des gardes par Louis XIII, obtint une compagnie dans le régiment de Bresse; et, si l'on en croit le rédacteur de ses Mémoires, signa

(1) Le tableau du royaume de France, par Duisy (V. ce nom), imprimé en 1753, porte le village de Pontis comme n'ayant qu'un seul feu.

la, dans une infinité d'occasions, sa bravoure, sa prudence et sa délicatesse. Le roi le récompensa en lui donnant son agrément pour l'acquisition de la charge de commissaire général des Suisses. On ajoute que le cardinal de Richelieu, devenu ministre, voulut s'attacher Pontis, dont il appréciait les talents et les qualités; mais, que n'ayant pu réussir dans ce projet, il le contraignit de quitter la cour. Employé successivement dans la Guienne, la Normandie, le Languedoc, les PaysBas et l'Allemagne, Pontis parvint aux principales charges dans les premiers régiments d'infanterie, et fut enfin créé maréchal de bataille. Des revers de fortune, et la mort imprévue d'un de ses plus chers amis, le détachèrent tout-à-coup du monde. Après cinquante - quatre ans d'une honorable activité, il se démit de ses emplois pour entrer dans la maison de Port-Royal-desChamps, où il se distingua par la pratique des exercices d'une vie laborieuse et pénitente. A l'époque des troubles de Port Royal, Pontis revint à Paris, où il continua de vivre dans la retraite, distribuant ses revenus aux pauvres, et partageant son temps entre la prière et la méditation. Il mourut, le 14 juin 1670, âgé de quatre-vingt-sept ans, et fut inhumé devant la grille du chœur des religieuses de Port-Royal, avec une épitaphe rapportée dans le Nécrologe de cette maison, p. 237. Pendant le séjour qu'il avait fait à PortRoyal, Pontis s'était attaché à quelques solitaires, qui prenaient plaisir à l'entendre raconter les événe

ments dont sa vie avait été semée à la cour ou dans les camps. Ce fut d'après ses récits, que Thomas Du Fossé rédigea les Mémoires de Pon

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