fol. Il en fut donné, en 1718, un Supplément, refondu dans une édition imprimée en 1724, avec des additions et trois tables chronologiques et historiques; l'une des conciles, l'autre des papes, la troisième des auteurs cités dans l'ouvrage. D'autres éditions eurent lieu en 1728 et 1730: la plus complète est celle de 1741, 3 vol. in-fol. Cet ouvrage qui aurait dû être écrit en latin plutôt qu'en langue vulgaire (comme l'observe judicieusement un écrivain), à cause de la délicatesse de certaines matières, a été traduit deux fois dans la première de ces langues; d'abord, en 1731 et 1732, à Genève, 3 vol. in-fol., avec des notes du traducteur, pour expliquer ou rectifier quelques décisions de l'auteur : l'autre traduction latine parut à Augsbourg, en 1733, et fut réimprimée à Venise, en 1758, par les soins du P. Concina, qui y ajouta une préface et un examen critique des notes de l'édition d'Augsbourg. En général, les décisions de Pontas sont sages, appuyées d'autorités imposantes, et tiennent un juste milieu entre un rigorisme désespérant, et les complaisances d'une morale relâchée. On a de Lamet et Fromageau, docteurs de la maison et société de Sorbonne, un Supplément au Dictionnaire des cas de conscience, Paris, 1733, 2 vol. in fol., mis en ordre, et revu par Simon Michel Treuvé, théologal de Meaux sous Bossuet, et publié par l'abbé Goujet. On le joint aux trois volumes de Pontas. Collet, prêtre de la mission, a donné un Abrégé de ce dictionnaire, 1764 et 1770, 2 vol. in-8°. (Voy. LAMET, XXIII, 283; FROMAGEAU, XVI, 110; COLLET, IX, 259; et le Dictionnaire des anonymes, tom. I, pag. 154.) VII. Des péchés qui XXXV. se commettent en chaque état, Paris, 1728, un vol. in-12. L-y. PONTAULT. V. BEAULIEU. PONTBRIANT (RENE-FRANÇOIS DU BREUIL DE), sinon fondateur de l'œuvre des Petits Savoyards, au moins l'un de ses plus zélés promoteurs, était abbé commendataire de Saint-Marien d'Auxerre. L'oeuvre avait eu lieu avant lui, quoique, peut-être, moins étendue, et moins solidement organisée. Dès 1665 ou 66, Etienne Joly, né à Dijon, en 1644, vint à Paris pour ses études et y faisait alors sa licence; doué d'une grande piété et d'une rare charité pour les indigents, il avait réuni de pauvres artisans, et surtout des Savoyards, à qui il donnait des instructions, et qu'il attirait à ses catéchismes par d'abondantes aumônes. Il allait les chercher par les rues, les protégeait, distribuait du pain et de l'argent à ceux qui en avaient besoin, ou leur procurait des places et du travail. Ce pieux établissement ne dura, du moins à Paris, que quelques années. L'abbé Joly était pourvu d'un canonicat de Dijon. L'obligation de la résidence le rappela, en 1672, dans cette ville; mais, vers le même temps, un autre personnage, également zélé et charitable, reprenait l'œuvre que Joly avait été obligé d'abandonner. « Claude Hélyot, homme pieux, conseiller à la cour des aides de Paris, faisait, vers 1670, venir chez lui, dit l'abbé Goujet, quantité de jeunes gens qui sont occupés, à Paris, à ramoner les cheminées, ou à d'autres emplois ; et après leur avoir fait la charité corporelle, il leur en faisait une spirituelle, en leur enseignant la doctrine chrétienne (1). » Helyot mourut, en (1) Biblioth eccl. du XVIII. siècle, 1, 549. 24 1686. Il paraît qu'après sa mort, l'établissement qu'il avait formé ne se soutint point. Ce ne fut que vers 1737, que l'abbé de Pontbriant, touché de l'abandon où se trouvaient ces pauvres enfants, vint à leur secours. De cette époque à 1743, il fit paraître quatre petits écrits pour engager les personnes charitables à prendre en considération leur misère et leur délaissement. Il y consacra son temps, ses soins et sa fortuné : il les instruisait lui-même, inculquait dans ces ames neuves, des principes religieux, cherchait à placer ceux que leur âge rendait susceptibles de quelque emploi, surveillait la conduite de tous, et leur fournissait, soit de ses deniers, soit du produit des aumônes que son zèle actif sollicitait près des ames charitables, les sécours dont ils avaient besoin. Il continua cette bonne œuvre jusqu'à sa mort. Les Savoyards l'appelaient leur père, et il l'était en effet. Il ne laissa pas ces infortunés tout-à-fait orphelins: on sait que l'abbé de Fénélon qui, en 1794, périt sous le couteau révolutionnaire (2), et que ne purent sauver les larmes et les instances touchantes des ramoneurs repoussés im pitoyablement par l'inexorable Convention, avait pris la direction de cet intéressant établissement, continué encore aujourd'hui avec le même zèle et la même charité. On a de l'abbé de Pontbriant: I. Projet d'un établissement pour élever dans la piété les Savoyards qui sont dans Paris, 1751 et suiv., quatre parties in-8°. II. Pélerinage du Calvaire sur le mont Valerien, 1751, in-18. III. L'Incrédule détrompé, et le Chrétien affermi dans la foi, 1752, in-8°. (2) Voyez son article, tome XIV, pag. 304. res, L'abbé de Pontbriant avait deux frètous deux ecclésiastiques : l'un fut sacré évêque de Quebec, en 1741, et mourut à Montréal, dans l'Amérique septentrionale, le 29 juin 1760, pendant le siége de cette ville. L'autre, chanoine et grand-chantre de la cathédrale de Rennes, était aussi abbé commendataire de Lanvau. On a de lui: I. Un Poème sur l'abus de la poésie, couronné aux jeux floraux, en 1722. II. Sermon sur le sacre du roi, 1722, in- 4°. III. Essai de grammaire française, 1754, in-8°. L'un des deux frères mourut en 1767. Le nouveau Dictionn. hist. crit. et bibliogr., qui manque rarement de copier les erreurs des compilateurs qui l'ont précédé, confond le chanoiue de Rennes avec l'abbé de Saint - Marien, et lui attribue des Nouvelles vues sur le système de l'univers, Paris, 1751, in-8°. L-Y. il PONTCHARTRAIN (PAUL PHÉLYPEAUX, seigneur DE ), secrétaired'état, naquit, en 1569, à Blois, d'une famille qui a produit un grand nombre de magistrats et plusieurs ministres. Une excellente éducation développa rapidement ses dispositions naturelles. A dix-huit ans, fut admis dans les bureaux de Villeroi, et se distingua bientôt par son intelligence et sa capacité. Nommé secrétaire des commandements de la reine Marie de Médicis, il mérita, par son zèle, la confiance de cette princesse, qui lui fit obtenir, en 1610, la place de secrétaire-d'état. Dans les temps orageux qui suivirent la mort de Henri IV, Pontchartrain aida la régente de ses conseils, et eut part aux affaires les plus importantes. Il parvint à calmer le ressentiment du prince de Condé; et, en 1616, il fut député à la conférence de Loudun dans laquelle on régla les intérêts des protestants. Il n'abandonna point, dans l'adversité, la reine, que des intrigues de cour avaient brouillée avec son fils, et rédigea les articles de la réconciliation de 1619 (V. MARIE DE MÉDICIS, XXVII, 67). La trop grande application de Pontchartrain au travail affaiblit sa santé : il tomba malade au siége de Montauban, où il avait accompagné le roi; il se fit transporter à Castel-Sarrazin, ety mourut, le 21 octobre 1621, à l'âge de cinquante-deux ans. Ses restes furent ramenés à Paris, où sa veuve lui fit ériger un tombeau, dans l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois. Portchartrain est auteur des Mémoires concernant les affaires de France sous le règne de Marie de Médicis, avec un Journal des conférences de Loudun, la Haye, 1720, 2 vol. pet. in-8°.; ils sont intéressants et exacts. Son Portrait, gravé par Edelinck, précède son Eloge, dans les Hommes illustres de France, par Perrault. W-s. PONTCHARTRAIN (LOUISPHÉLYPEAUX, comte DE), chancelier de France, petit-fils du précédent, naquit en 1643. A l'âge de dix-sept ans, il fut reçu conseiller au parlement de Paris, et, en 1667, appelé à la première présidence du parlement de Bretagne. Il contribua beaucoup à pacifier cette province, par sa douceur, son esprit conciliant, et se fit généralement aimer et considérer. Le contrôleurgénéral Peletier, ayant apprécié ses talents, le fit nommer, en 1687, intendant des finances; et, ȧu moment de quitter le ministère, le désigna pour son successeur (V. PELETIER, XXXIII, 272). Pontchartrain, quoique pauvre, dit Saint-Siétait un si honnête homme, mon, qu'il fallut le forcer d'accepter une place qui lui donnait le pouvoir, la faveur et les richesses. Il fut fait secrétaire - d'état, après la mort de Seignelay, et conserva, dans l'autorité même dont cet emploi l'investissait, un inviolable attachement aux lois et aux formes de la justice. Le commerce était détruit; les finances épuisées, et l'économie la plus sévère ne suffisait plus aux besoins de l'état. Il fallait, entre autres nécessités, soutenir la marine, et la faire respecter. Pontchartrain spécula sur l'intarissable fonds de la vanité française, par des créations de charges nouvelles, dont il était le premier à sentir le vice et le ridicule: aussi di sait-on que la malignité de son sourire était plus à craindre que la mauvaise humeur de Colbert. En 1696, il vendit des lettres de noblesse sur le pied de deux mille écus; cinq cents particuliers en achetèrent: mais la ressource fut passagère et la honte durable. On obligea tous les nobles anciens et nouveaux de faire enregistrer leurs armoiries, et de payer la permission de cacheter leurs lettres avec leurs armes. Des maltotiers traitèrent de cette affaire, et avancérent de l'argent. On regrettait que le ministère n'eût recours qu'à de si pctits moyens, dans un pays où l'on cût pu en employer de plus nobles et de meilleurs (Voy. Siècle de Louis XIV, art. Finances ). En 1699, le roi nomma Pontchartrain chancelier. En recevant son serment, ce prince lui dit : « Monsieur, je vou»drais avoir une place encore plus » éminente à vous donner, pour vous » marquer mon estime de vos talents >> et ma reconnaissance de vos servi>>ces. >> Pontchartrain, né avec beaucoup d'esprit, avait, pour la littératu re, un goût que les affaires n'avaient point affaibli. Il encouragea les savants et les artistes; il fit adopter un nouveau réglement pour l'académie des inscriptions, qui portait auparavant le titred'académie des Médailles, et il contribua beaucoup à lui donner plus d'éclat (V. l'Hist. de cette académie, par de Boze, tome 1er.) Resté l'ami de Boileau, que l'âge avait éloigné de la cour, il le visitait souvent à Auteuil. Il prit la défense de J.-B. Rousseau, inculpé dans la trop fameuse affaire des couplets, et n'épargna rien pour empêcher l'arrêt qui bannit ce grand poète (V. J.-B. ROUSSEAU). Au milieu de ses occupations, Pontchartrain ne négligeait pas le vertueux Le Peletier, avec qui le liait non seulement la reconnaissance, mais une étonnante conformité de principes et de caractère. Il le consultait sur toutes les affaires épineuses, et se fortifiait, par son exemple et par ses conseils, contre l'entraînement de la cour. Après avoir servi l'état avec zèle, pendant quinze dans la charge de chancelier, il donna sa démission. Le roi ne l'accepta qu'avec peine, et lui conserva tous les honneurs attachés à cette dignité. Voisin fut son successeur (V. VOISIN). Pontchartrain prit un appartement à l'institution de l'Oratoire, en 1714, et partagea dès-lors son temps entre la prière, la lecture et la méditation. Il distribuait d'abondantes aumônes, et faisait beaucoup de bonnes oeuvres. « Il fut plus grand encore, dit le président Hénault, par sa généreuse retraite, que par les importants emplois qu'il remplit avec des talents supérieurs. » Louis XIV l'honora d'une visite dans cette solitude. Sur la fin de sa vie, les soins qu'exigeait sa santé le déterminèrent à se faire transporter dans son château de ans, Pontchartrain. Il y mourut entre les bras de son fils, le 22 décembre 1727, à l'âge de quatre - vingtcinq ans, et fut inhumé sans pompe, comme il l'avait exigé, dans le caveau de ses ancêtres, à Saint- Germain-l'Auxerrois. Saint-Simon, malgré son esprit satirique, n'a pu s'empêcher de rendre justice aux qualités de , Pontchartrain. « C'était, dit-il, un très-petit homme, maigre, bien pris dans sa taille, avec une physionomie d'où sortaient sans cesse des étincelles de feu et d'esprit, et qui tenait encore plus qu'elle ne promettait. Jamais tant de promptitude à comprendre, tant de légèreté et d'agrément dans la conversation, tant de justesse et de vivacité dans les reparties, tant de facilité et de solidité dans le travail, tant d'expédition tant de subite connaissance des hommes, ni plus de tour à les prendre. Avec ces qualités, une simplicité éclairée et une sage gaîté surnageaient à tout, et le rendaient charmant en riens et en affaires, etc. » Le portrait de ce chancelier a été gravé plusieurs fois. Jérôme, comte de PONTCHARTRAIN, son fils unique, dont il est aussi question dans Saint-Simon, fut le père du ministre comte de Maurepas (V. ce nom). W-s. PONT DE VEYLE (ANTOINE de FERRIOL, comte DE ), frère aîné du comte d'Argental ( V. ce nom, II, 411), naquit le 1er. octobre 1697. Elevé jusqu'à l'âge de dix ans dans la maison paternelle, il eut un précepteur dont le caractère et les manières pédantesques lui inspirèrent du dégoût pour l'étude. Envoyé, en 1797, au collége des Jésuites, à Paris, il n'y fut qu'un écolier médiocre, mais ne tarda pas à annoncer beaucoup de dispositions pour faire des chansons. Il en composa contre le rudiment, contre Despautère, contre les Racines grecques. Sorti du college, il parodiait les airs sur lesquels il paraissait le plus difficile de composer des paroles. Cependant son père, président à mortier au parlement de Metz, voulut que son fils fût au moins conseiller. Lors qu'il fit sa première visite au procureur-général, il attendait dans une chambre voisine du cabinet du magistrat. Pont de Veyle, pour se désennuyer, se mit à répéter la danse du Chinois dans l'opéra d'Issé, et l'accompagnait d'attitudes grotesques, lorsque le procureur - général sort et aperçoit le jeune candidat en exercice. Cette circonstance du moins décida Pont de Veyle à renoncer à la magistrature. Ses parents lui achetèrent la charge de lecteur du roi, qui, tout-à-la-fois, le laissait libre et lui donnait un titre dans le monde. Le comte de Maurepas, qui l'aimait beaucoup, le nomma, en 1740, intendant-général des classes de la marine; et Pont de Veyle occupa cette place jusqu'à l'époque de la disgrace du ministre, en 1749.Lorsqu'il cessa ses fonctions, il les regretta peu, si toutefois il les regretta. Il se livra, suivant ses goûts, aux lettres et à la société; mais l'ennui le poursuivait partout, et n'en faisait pas un homme aimable. Son extérieur était froid; ses manières étaient peu empressées. Il ne vivait uniquement que pour lui, ne cherchant qu'à s'étourdir, s'amuser, et, comme cela arrive toujours, n'y parvenant pas. A l'âge de vingt-deux ans, en 1719, il avait fait la connaissance de Mme. Du Deffand; et cette connaissance, dit cette dame elle-même, était devenue une liaison intime, nonobstant le président Hénault. Grimm, daus sa correspondance ( x, 272), voulant Au coin de votre cheminée. -Couché les pieds sur les chenets, comme on est chez ses amis? Oui, Madame.-Il faut convenir qu'il est peu de liaisons aussi anciennes que la nôtre. Cela est vrai. Il y a cinquante ans. Oui, cinquante ans passés. - Et dans ce long intervalle, aucun nuage, pas même l'apparence d'une brouillerie. C'est ce que j'ai toujours admiré. Mais, Pont de Veyle, cela ne viendrait-il point de ce qu'au fond nous avons toujours été fort indifférents l'un à l'autre? Cela se pourrait bien, Madame. » On conviendra que cette conversation, vraie ou supposée, ne donne pas trèsbonne opinion des deux vieux amants. Dans les derniers jours de la vie de Pont de Veyle, Mllé. Sommery, allant voir Mme. Du Deffand, fut tout étonnée que cette dame ne pût lui donner des nouvelles de son ami de cinquantecinq ans. Mme. Du Deffand sonne sa femme de chambre.-Mlle., comment va-t-il ?- Je n'en sais rien. Madame.. Comment! vous n'en savez rien ! il faut y aller tout de suite. >> Un instant après la femme de chambre rentre.« Il va fort bien, Madame. 2 Ah! tant mieux! - Il était couché sur un canapé, et m'a reconnue. -Bon.-Oui, Madame; sitôt qu'il m'a aperçue, il a remué la queue.— Comment! qu'est-ce que vous dites là? - Mais, Madame, ne m'avezvous pas envoyée savoir des nouvelles de Médor? »>Cette femme de chambre ne se doutait pas que sa maîtresse eût voulu lui parler de Pont de Veyle, et ne s'était aperçue en rien que sa maîtresses'en occupât. Pont de Veyle mourut le 3 septembre 1774.Il était |