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VI.

est redevable de la découverte des Commentaires de Donat sur Virgile (Voy. DONAT), et de la Grammaire de Q. Rhemnius Palamon (Fano, 1503, in-4°.); enfin, il a, dit-on, corrigé le texte des poésies de Catulle, défiguré par l'ignorance des copistes. Tiraboschi regrettait beaucoup que l'on eût perdu la Vie de Pontanus que Pierre Summonte, son ami, avait composée, à la prière de Sannazar; cette perte a été réparée par Robert de Sarno, oratorien, qui a donné la Vie de cet écrivain, en latin, Naples, 1761, in-4o. On en trouve une analyse bien faite par Suard, dans le tom. 1er. des Variétés littéraires. On peut encore consulter le Dictionn. de Chaufepié, les Dissertaz. Vossiane, d'Apostolo Zeno, tom. II, et Tiraboschi, Storia della letteratur. italiana, tom. W-s. PONTANUS ou DE PONTE (PIERRE ), grammairien, surnommé l'aveugle de Bruges (cæcus Bru gensis), était né dans cette ville, vers 1480. Il perdit la vue à l'âge de trois ans mais cet accident ne l'empêcha point de cultiver ses dispositions naturelles ; et il fit, dans la langue latine, des progrès très-remarquables à raison des difficultés qu'il avait à vaincre. La nécessité le rendit ingénieux: la méthode qu'il avait employée pour apprendre la grammaire lui servit à l'enseigner aux autres; et, après quelques essais dans différentes villes de Flandre, il vint à Paris. Les talents de l'aveugle de Bruges y excitèrent un vif intérêt. Il ouvrit une école, qui fut très-fréquentée; et, peu de temps après, il obtint en mariage une demoiselle d'une honnête famille, dont les soins adoucirent sa situation. Pontanus était très-laborieux ses leçons lui

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prenaient six heures par jour; et il donnait tout le reste de son temps à l'étude et à la prière. Il était trèspieux et mettait toute sa confiance en Dieu. Cependant il se plaint de l'ingratitude des grands, de qui il n'avait jamais reçu le moindre bienfait, quoiqu'il leur eût souvent dédié des ouvrages, et qu'il leur en eût remis des exemplaires reliés propre ment. Dans la Préface de l'Ars versificatoria, édition de 1520, Pontanus nous apprend qu'il habitait Paris depuis vingt ans, et qu'il avait déjà publié trente volumes. La Bibliothèque du Roi n'en possède que trois ou quatre. D. Liron, dans le tom. In des Singularités historiques, et Foppens, dans la Bibl. Belgica, en citent quelques autres. Voici la liste de ceux dont on a découvert les titres I. Grammaticæ artis pars prima, 1514, in-4°; nouvelle édit. augmentée, 1528, in - 4o. Dans la préface, Pontanus répond à Jean Despautère (V. ce nom), qui l'avait repris sur la quantité d'un mot. Pars secunda, 1529. II. Duplex grammaticæ artis isagoge, 1527, in-4. Pontanus dédia cette grammaire à son fils aîné, nommé Felix. III. Liber figurarum tàm oratoribus quàm poetis, vel grammaticis, necessariarum, 1524, in-4o. ; 2o. édition, cum recriminatione in adversarium, 1527, in-4°. Cet adversaire est encore le fameux Despautère, que Pontanus traite vertement, tout en rendant justice à son érudition. IV. Apologia in litteratores qui pleraque divini sacrificii vocabula usurpant, 1516, in - 4o. V. Salutiferæ Confessionis eruditio in-4°. VI. Ars versificatoria, 1506, in-4°.; 1520-1524, même format; 1529, 1538, 1543, in -8°. On voit que ce traité de prosodic eut

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beaucoup de succès; mais, malgré les éditions multipliées qu'on en a données, il est très-rare. VII. Opera poëtica, 1507, in ., rare. C'est le seul livre de Pontanus qui soit recherché des curieux. VIII. Poëmade laudibus diva Genovefæ, 1512, in-4°.IX. Decem ecloga heca tostiche, 1512, in-4°. On en cite une édition de Gand, 1513, même form. Lamonnoye, dans ses notes sur la Biblioth. de Duverdier (Supplement. epitomes Bibl. Gesneriana) traite fort mal Pontanus, qu'il nomme Pessimus poëta, et lui reproche aigrement d'avoir donné le titre d'Eclogues à ses Bucoliques, au lieu d'Eglogues. X. La Pharsale de Lucain, avec une explication littérale, 1512, in-8°. XI. Poëma de funere Ludovici x11 (1515), in4°. XII.Carmen extemporaneum de invictissimo Francorum rege Francisco I., Paris, 1522, in-4°. XIII. Carmen de abitu et reditu pacis. XIV. Paroemia gallico et latino sermone contextæ, Paris, in 4o. (V. Freytag, Apparatus, 1, 841; II, 1366).

W-s.

PONTANUS (JACQUES ), habile humaniste et laborieux philologue, né, en 1542, à Brugg ou Brück, dans la Bohème (1), fut élevé en Allemagne, et, à vingt-un ans, embrassa l'institut de Saint-Ignace. Destiné par ses supérieurs à l'enseignement des belles-lettres, il professa les langues anciennes et la rhétorique avec le plus grand succès; publia plusieurs ouvrages élémentaires qui, pendant plus d'un siècle, ont été

(1) Son nom de famille était Spanmüller; mais il prit en latin celui de Pontanus, pour désigner l'endroit de sa naissance, comme beaucoup d'autres écrivains ont adopté le même nom latin, parce que leur lieu natal se nommait Ponte, Puente, Brück ou Bridge, en italien, en espagnol, en allemand ou en anglais.

suivis dans la plupart des colléges de l'Europe, et forma un grand nombre d'élèves distingués. Ses infirmités l'ayant obligé de renoncer à des fonctions qu'il remplissait d'une manière si honorable, il continua cependant de se livrer, avec beaucoup d'ardeur, à son goût pour l'étude, donna des versions latines de plusieurs ouvrages, qui n'avaient été jusqu'alors connus que des savants, et mourut à Augsbourg, le 25 novembre 1626, âgé de quatre-vingtquatre ans. Pontanus a traduit en latin l'Histoire de Jean Cantacuzène, celle de Théophylacte Simocatta, la Chronique de George Phranza, qui font partie de la Byzantine (V. ces noms); la Règle. chrétienne, de Philippe le Solitaire; la Vie de Jésus-Christ, par Nicolas Cabasilas; les Instructions spirituelles de Jean Carpathius; les Eloges de saint Basile, de S. Grégoire de Nazianze, et de S. Jean Chrysostome, par Philotée, patriarche de Constantinople; les Discussions théologiques de Michel Glycas, et les Harangues de Siméon le Jeune: ces différentes versions ont été insérées dans la Biblioth. magna Patrum. Cet infatigable traducteur a publié encore quelques autres versions d'opuscules grecs, la plupart áscétiques; et il a traduit de l'allemand l'Histoire de la guerre des Hussites, par Zacharie Théobaldus, Francfort, 1621, in-fol. Outre des Commentaires très-étendus sur Ovide, et un Recueil de sentences extraites de ses ouvrages, on cite encore de Pontanus : I. Progymnasmata latinitatis seu dialogi selecti, quatre tom. (2) in-8°. Cet ouvrage,

(2) La première partie des Progymnasmata, a été imprimée à Venise, par les Aldes, 1590, in-8°.

souvent réimprimé, contient des contient des règles de conduite, et les préceptes de l'art d'écrire, présentés dans un style clair, simple et élégant. L'auteur en rédigea lui-même un Abrégé pour ses élèves. II. Institutiones poëticæ, in-8°. III. Tyrocinium poetices, in-8°. IV. Floridorum libri octo; hoc est carmina sacra, quatrième édition, Ingoldstad, 1602in-8°. Ce recueil n'est point estimé. Pontanus, professeur très-distingué, n'était qu'un médiocre poète. V. Symbolorum librixv11 ex quibus Virgilii opera illustrantur, Lyon, 1604; Augsbourg, 1609, in-fol. On s'est servi des corrections de Pontanus dans la jolie édition de Virgile, publiée à Sedan par J. Jannon, 1625, in - 32, imprimée avec le caractère connu sur le nom de Sédanoise. VI. Colloquiorum sacrorum libri quatuor cum notis, Augsbourg, 1609, in-8°. VII. Attica bellaria, sive litteratorum secundæ mensæ ad animos ex studiorum contentione relaxandos, ibid., 1615-20, trois part. in-8°.; Francfort, 1644, même format. VIII. Philocalia sive excerpta è sacris et profanis auctoribus, ibid., 1626, in-fol. On a de plus de Pontanus quelques opuscules et des ouvrages inédits, dent on trouvera les titres dans la Bibl. des PP. Alégambe et Sotwel. W -S.

PONTANUS (JEAN-ISAAC), historien et philologue, naquit, le 21 janvier 1571, à Elseneur, dans l'île de Seeland, où des affaires avaient conduit ses parents, originaires de Harlem. Après avoir achevé ses études avec succès, il devint un des disciples de Tycho Brahé, et demeura trois ans avec ce grand astronome, dans l'ile de Hveen. Son maître ayant été forcé, en 1597, de quitter le Danemark (V.BRANÉ, V,472), Pon

tanus résolut de s'appliquer à la méde
cine; et, après avoir suivi les cours
de différentes académies, il vint à Bâ-
le, où il reçut, en 1601, le bonnet
de docteur. Il se rendit ensuite à
Montpellier, attiré par la réputation
de son université; visita les provin-
ces méridionales de la France, et
passa dans la Hollande, pour se réu-
nir à ses parents. L'accueil qu'il re-
çut des savants d'Amsterdam le re-
tint quelque temps dans cette ville.
Il fut nommé professeur de physi-
que et de mathématiques au collége
de Harderwick, et remplit cette dou-
ble chaire d'une manière si brillante,
que les curateurs de l'académie tentè-
rent de l'attirer à Groningue, par l'of-
fre d'un traitement considérable; mais
il refusa toutes ces propositions,
et mourut le 6 octobre 1639. Il
était historiographe du roi de Da-
nemark et des états de Gueldre.
Outre quelques Thèses, dont on
trouve les titres dans les Mémoires
de Niceron, tome XIX (1), et
des Notes sur Macrobe, Martial,
Plaute, Florus, Sénèque, Tacite,
Pétrone et Valère-Maxime, on a de
Pontanus: I. Analectorum libri tres,
in quibus ad Plautum, Apuleium,
Senecam ac passim ad historicos
antiquos et poëtas censuræ, Rostock,
1599, in-4o. II. Itinerarium Gal-
lie Narbonensis cum duplici appen-
dice, id est, universæ ferè Galliæ
descriptione philologica et politica;
cui accedit glossarium prisco-galli-
cum, seu de linguá Gallorum veteri
Dissertatio, Leyde, 1606,in-12, rare.
III. Historia urbis et rerum Ams-
telodamensium, Amsterdain, 1611,
in-fol., avec cartes et fig. Cet ouvra-
ge
curieux est divisé en trois livres :

(1) Le même article se trouve répété avec quelques légers changements, dans le tome XXXII.

le premier contient des recherches sur l'origine d'Amsterdam : le second traite du commerce et des navigations des Hollandais; on en a traduit en français le chapitre relatif à la recherche d'un passage dans le nord pour aller aux Indes, qu'on trouve dans le tome 1er. du Recueil des voyages qui ont servi à l'établissement et au progrès de la compagnie des Indes Orientales (V. Constantin de RENNEVILLE): enfin le troisième livre renferme des détails sur les établissements religieux, les hospices, maisons de charité, etc., avec la liste chronologique des bourgmestres. L'au teur a fait suivre cet ouvrage de deux descriptions, alors inédites, de la Batavie: l'une par un anonyme, qui florissait dans le premier siècle de l'ère chrétienne; et l'autre par Corneille Haemrad. Cette histoire a été vivement critiquée par Fr. Sweert, qui reproche à l'auteur ses digressions sur les ordres religieux, sur le cardinal Baronius et divers points de controverse. Pontanus fit à Sweert une réponse (2), que Niceron regarde comme un modèle de politesse.IV. Disceptationes chorographica de Rheni divortiis et ostiis, eorumque accolis populis, in quibus geographi et historici antiqui illustrantur et à pravis Phil. Cluverii interpretationibus vindicantur, ibid., 1614, in8°.; nouvelle éd., augmentée d'une seconde partie, Harderwick, 1617, in-8°. Il y a beaucoup d'érudition dans cet ouvrage; mais l'auteur soutient son sentiment avec trop de vivacité. V. Originum Francicarum libri v1, Harderwick, 1616, in - 4o. Pontanus a pour but de prouver que

(2) Apologia Is. Pontani pro Historia Amstelar damensi, Amsterdam, 1628 et 1634, in-4°. de 18 pag., rare.

les Français et les Germains ont une origine commune. Cet ouvrage fut mis à l'index à Rome, parce que l'auteur avait prétendu faire voir que les dogmes des Francs se rapprochaient beaucoup de ceux des réformés. On en donne une analyse assez étendue dans la Bibl. historique de France, no. 15411. VI. De Pygmæis theoremata, ibid., 1629, in 4. VII. Rerum Danicarum historia, libri x, Amsterdam, 1631, in - fol. Ce premier volume finit en 1448, à l'élévation de la maison d'Oldenbourg sur le trône de Danemark. Le second volume, resté en manuscrit dans la bibliothèque de Copenhague, a été publié par George Krysing, Flensbourg, 1737, in-folio, et inséré par Westphal, chancelier de Holstein, dans le tome 11 des Monumenta inedita rerum Germanicarum, præcipuè Cimbricarum, Leipzig, 1740, infol. Cette histoire est estimée. L'anteur a beaucoup profité de la Chronique de Harald Huitfeld, pour les premiers temps de la monarchie da. noise. VIII. Poëmatum libri v1, ibidem, 1634, in 12. Outre le voyage de l'auteur dans la Gaule Narbonaise, ce recueil contient des Epithalames, des Pièces funèbres (Epicedia) et des Epigrammes. Pontanus est un fort médiocre poète (3). IX. Discussionum historicarum libri duo, Harderwick, 1637, in-8°.; c'est une réfutation du Mare clausum de Selden (V. ce nom). X. His

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(3) Parmi les épigrammes de Poutanus, est une énigme sur un trou, qu'il proposait aux savants:

Die mihi quid majus fiat, quò plurima demas ? Scriverius lui répondit sur-le-champ:

Pontano demas carmina, major erit. On trouve cette anecdote rapportée dans le Menagiana, éd. de 1715, avec des détails ajoutés par La Monnoye.

toriæ Geldricæ libri x1v,ibid.,1639. Cette Histoire a été augmentée et traduite en flamand, par Schlistenhorst, Arnheim, 1654, in-fol. On trouve un article sur Pontanus dans le Dictionnaire de Chaufepié. W-s.

PONTAS JEAN), célèbre casuiste, naquit, le 31 décembre 1638, à Saint-Hilaire du Harcouet, diocèse d'Avranches. Il était encore en bas âge lorsqu'il perdit son père et sa mère. Un oncle maternel (M. d'Arqueville) le recueillit chez lui, et prit soin de son éducation. Le jeune Pontas fit ses premières études sous les yeux de ce parent, et les continna chez les Jésuites de Rennes, puis à Paris, au college de Navarre. Se destinant à l'état ecclésiastique, il prit la tonsure cléricale des mains de M. de Saussay, évêque de Toul. Ce même prélat, en 1663, sur le dimissoire de M. de Boylève, évêque d'Avranches, et avec sa permission, conféra en dix jours, à Pontas, tous les ordres, jusqu'à la prêtrise inclusivement. On ne voit pas trop ce qui donna lieu à ces ordinations précipitées. Pontas avait à peine vingt-quatre ans. Son goût le portait vers l'étude du droit: il s'en occupa avec beaucoup d'application, et reçut, en 1666, le bonnet de docteur en droit canon et civil. Peréfixe, alors archevêque de Paris, le nomma vicaire de la petite paroisse de Sainte-Geneviève-des-Ardents, poste bien médiocre pour un homme de ce mérite. Pontas n'en fit pas même la réflexion: il le remplit pendant vingt-cinq ans avec autant de zèle que si la place eût été plus importante; et il donnait à la composition de divers ouvrages tout le temps que lui laissaient les soins du ministère. Il finit par desirer sa retraite; et M. de Harlay, qui avait

succédé à Peréfixe, le nomma souspénitencier de Notre-Dame. Dans les dernières années de sa vic, Pontas pritun logement près des Petits - Augustins du faubourg Saint-Germain. Il pouvait, sans sortir, communiquer avec ces religieux, pour lesquels il avait conçu beaucoup d'attachement. II mourut entre leurs bras, le 27 avril 1728, dans sa quatre-vingt-dixième année. Ils l'inhumèrent dans leur église, avec une épitaphe honorable. On a de Pontas: I. Exhortations aux malades, sur les attributs de JésusChrist dans l'Eucharistie, Paris, 1690, in-12.II. Exhortations sur le baptême, les fiançailles, le mariage et la bénédiction du lit nuptial, Paris, 1691, un vol. in-12. III. Exhortations sur les évangiles du dimanche, pour la réception du saintviatique et de l'extrême-onction, Paris, 1691, 2 vol. in-12. Ces quatre vol. sont dédiés à Bossuet, par le conseil duquel ils avaient été entrepris. IV. Entretiens spirituels, pour instruire, exhorter et consoler les malades, dans les différents états de leurs maladies, Paris, 1693, 2 vol. in-12; trad. en flamand, par Dierxsens, Anvers, 1963, in-12; V. Sacra Scriptura ubique sibi constans, Paris, 1698, un vol. in-4°., dédié à M. de Noailles. L'auteur y concilie les passages de l'Écriture sainte où elle semble se contredire, et démontre que cette contradiction n'est qu'apparente. Pontas se proposait d'étendre ce travail sur toute l'Écriture sainte. Ce qui en a paru se borne au Pentateuque, et fait regretter que d'autres occupations n'aient pas permis à l'auteur de continuer. VI. Dictionnaire des cas de conscience. C'est le

principal et le plus important des ouvrages de Pontas. Il parut, pour la première fois, en 1715, 2 vol. in

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