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>> des Polonais; toute autre distinc» tion n'est rien à mes yeux. » Le 18 d'octobre, il se battit toute la journée. Ayant été chargé de protéger la retraite de l'armée française, n'ayant avec lui que sept cents hommes à pied et soixante cuirassiers il contint les colonnes ennemies qui s'avançaient en force. Il suivait la route qui conduit à Pegau: apprenant que l'on avait coupé tous les ponts, sans attendre son arrivée, et se voyant sacrifié avec ses braves, il leur dit en polonais, en agitant son sabre: « Mourons comme il con>> vient à des Polonais; mais vendons » chèrement notre vie. » Se jetant sur une colonne prussienne qui le pressait, il en repoussa les premiers rangs.;Déjà blessé pendant la journée, il reçut à cette dernière charge un coup de feu à l'épaule gauche. Ses soldats l'entourent, le conjurant de laisser le commandement à un de ses ofciers, et de se conserver à la Pologne pour des jours plus heureux. Il s'y refuse, en disant d'une voix forte: << Dieu m'a confié l'honneur des Polonais; je veux le remettre entre » ses mains.» Ayant reçu une seconde blessure, il parvint cependant à passer la Pleisse à la nage. Arrivé sur les bords de l'Elster, il vit que cette rivière était beaucoup plus profonde, et que les flots emportaient avec eux les débris de la journée: il hésita un instant. L'ennemi lui criait de se rendre se trouvant trop faible pour pouvoir se battre, il se jeta dans le fleuve, et disparut (180ctobre 1813). Les Polonais avaient à pleurer de grandes pertes publiques et particulières; leur deuil fut général lorsqu'ils apprirent qu'il n'était plus, ce prince qu'ils appelaient aussi le chevalier sans peur et sans reproche. Joseph Poniatowski n'avait

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pas été marié. On a retrouvé dans son testament toute la bonté de son cœur, toute la noblesse de ses sentiments. Ses principales dispositions étaient en faveur de ses compagnons d'armes. G-Y.

PONINSKI (ANTOINE LODZIA ), poète polonais, mort le 8 juillet 1742, était référe.daire du royaume de Pologne, et palatiu de Posnanie. On a de lui: I. Un poème en latin sur le mariage d'Auguste 1, intitulé: Augustissimus hymenæus, Dresde, 1720, et traduit en polonais par le comte de Walowicz. II. Opera heroica, 1739, in-4°., tiré à trèspetit nombre. III. Sarmatides seu Satyra, 1741, in-4°. IV. Une traduction en vers polonais des Quatrains ou Maximes du chevalier de Solignac pour l'éducation des gentilshommes de Pologne: ils furent imprimés en Allemagne, en 1724, dans les Acta erudit. Lipsiens.

C-AU.

PONS (JEAN-FRANÇOIS DE), né à Marli, en 1683, d'une ancienne famille de Champagne, fit ses études à Chaumont en Bassigni. Il vint à Paris en 1699, et entra au séminaire de Saint-Magloire, d'où il suivit, pendant deux ou trois années, l'école de la Sorbonne. Dès sa quinzième année, on s'était aperçu d'un déplacement peu sensible d'une de ses vertèbres. Le jeune Pons se figura qu'un rouleau de bois poussé le long de son échine avec force età plusieurs reprises, rétablirait les parties dans leur état naturel. Il se fit donc secrètement torturer par un chirurgien: opération aussi bizarre que violente, qui, vraisemblablement augmenta le mal au lieu de le diminuer. Il fut, en 1706, pourvu d'un canonicat de l'église collégiale de Chaumont; ce qui lui occasionna un

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procès avec un nommé Denys, qui avait été son concurrent. Pons fut lui-même son avocat, gagna son procès en 1709, et, peu de temps après, donna une démission volontaire de son canonicat. Son goût pour les lettres, ses relations avec quelques personnes qui les cultivaient, l'attirèrent à Paris : il y demeura jusqu'en 1727, époque à laquelie sa santé s'affaiblit tellement, qu'il prit le parti de se retirer dans sa famille, à Chaumont; et c'est là qu'il mourut en 1733. Il avait publié divers Opuscules qui ont été réimprimés avec quelques autres inédits, sous le titre de: OEuvres de M. l'abbé de Pons, 1738, in-12, contenant: Réflexions sur l'éloquence; Nouveau système d'éducation; Dissertation sur le poème épique contre la doctrine de M. D. (madame Dacier); Dissertation sur les langues en général et première ment sur la langue françoise en particulier; Lettre à M. Dufresny sur sa comédie du Fat suppose; Factum et réponse contre EdmeFrançois Denys (son adversaire dans le procès mentionné ci-dessus); Lettres sur l'Iliade de La Motte; Idées des Arabes sur l'origine des ames; Observations sur divers points concernant la traduction d'Homère (de La Motte). La Notice qui est en tête du volume est de J.F. Melon, qui devait en être (mais qui n'en fut pas) l'éditeur, étant mort le 24 janvier 1738. Nous croyons que l'éditeur ne fut pas d'Alençon, comme on le croit communément, mais l'abbé Prévost; c'est ce que donne à penser cette phrase du Pour et contre (tome xv, pag. 41): « Je » me servirai des termes que j'ai » déjà employés dans l'Avertisse»ment qui est à la tête des OEuvres

» de M. l'abbé de Pons. » D'où l'on doit conclure, ou ce que nous avons dit, ou que d'Alençon a été collaborateur au Pour et contre; ce dont on ne se doutait pas jusqu'à ce jour. Mais d'Alençon peut avoir recueilli les ouvrages de Pons. A. B-T.

PONT (LOUIS DU ). V. PONTE. PONTANUS (JEAN-JOVIEN PONTANO, ou, comme on l'appelle en latin) (1), l'écrivain le plus élégant et le plus fécond du quinzieme siècle, naquit, au mois de décembre 1426, à Cerreto, dans l'Ombrie, ou, selon d'autres (Jacobilli, Biblioth. Umbria, pag. 166), et plus probablement, au château de Ponte, voisin de cette ville duquel il a pris son nom. Ce malheureux pays était alors partagé en deux factions, qui se livraient tour-à-tour aux plus déplorables excès. Jean vit massacrer son père dans une émeute; lui-même ne dut la vie qu'à la vigilance de sa mère, qui parvint à le soustraire aux recherches des assassins, et le conduisit à Perouse. Cette femme vertueuse lui inspira de nobles sentiments et l'amour de l'étude. Après avoir été mis sous la direction de trois grammairiens plus ignorants l'un que l'autre, il fut enfin confié à d'habiles instituteurs, et ses progrès dans les lettres et les sciences furent rapides. Il revint à Cerreto réclamer l'héritage de ses parents: mais, obligé bientôt de fuir une ville toujours en proie à la fureur des partis, il se réfugia dans le camp d'Alphonse, roi de Naples, qui venait de déclarer la guerre aux Florentins. Il suivit ce prince à Naples, où il fut accueilli par Ant. Panormita, qui, charmé de

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son esprit, le traita comme son fils, gea de la calomnie qu'en redoublant et lui fit avoir une place dans les bude zèle pour le service du prince qui reaux de la chancellerie royale. Pon- l'honorait de sa confiance. « Je n'ai tanus remplit les devoirs de son non- » rien à craindre de mes ennemis, vel emploi avec un succès qu'on » dit-il un jour à Ferdinand; car je n'obtient pas toujours de la plus » conserve à la cour un puissant délongue expérience. Mais il ne né- »fenseur.Et quel est-il, demangligea pas la culture des lettres; et » da le prince?-C'est ma pauvreté, une foule de compositions ingénieu- répondit Pontanus; voilà le garant ses, en attestant sa facilité, ajou- » de mon innocence et le témoin qui tèrent à sa réputation. Ferdinand déposera toujours en ma faveur. » Ier., en arrivant au trône, choisit En vain ses amis le pressaient de Pontanus pour secrétaire, et lui confia suivre l'exemple de ses prédécesseurs, l'éducation de son fils Alphonse duc et de s'occuper enfin de sa fortune: de Calabre. Pontanus accompagna « Je redoute également, leur disaitFerdinand dans la guerre contre le duc »>il, la pauvreté et l'opulence.» Ferd'Anjou, dont il écrivit l'histoire; il dinand fut obligé de vaincre son démontra dans différentes occasions sintéressement; il lui fit épouser une l'habileté d'un général et la bravou- riche héritière, lui assigna des penre d'un soldat, et fut fait plusieurs sions sur le trésor royal, et ajouta fois prisonnier mais, dès qu'il se deux emplois lucratifs à ceux dont nommait, il était comblé d'éloges et il était déjà revêtu. Pontanus jouisescorté jusqu'au camp de Ferdinand. sait d'une juste célébrité. Il était aimé C'est Pontanus qui a pris soin de tendrement de sa femme : rien ne nous conserver ces particularités; manquait à sa gloire ni à son bonmais on regrette qu'il n'ait pas jugé heur. En 1482, il avait pacifié, par convenable de donner plus de dé- sa sagesse, l'Italie, troublée par les tails sur les faits qui lui sont person- débats du duc de Ferrare, gendre de nels. Un jour, étant entré dans la Ferdinand, avec les Vénitiens. Quatente où le duc Alphonse était avec tre ans après, il fut député vers le ses officiers, ce prince se leva sur- pape Innocent VIII, pour apaiser le-champ par respect, et, faisant fai- les différends survenus entre la re silence, dit: Voici le Maître (De cour de Rome et celle de Naples. Sermone, lib. v1, p. 89). Les ta- Le succès de cette négociation le lents que Pontanus avait développés dédommagea des ennuis et des fapendant la guerre contre le duc d'An- tigues du voyage. Les articles du jou lui méritèrent de plus en plus la traité étaient dressés quand le pape bienveillance du roi Ferdinand, qui fut averti de ne pas trop se fier à le combla d'honneurs. Mais les courFerdinand. « Mais, répondit le pontisans ne purent lui pardonner son » tife, c'est avec Pontanus que je élévation; et il eut la douleur de trou. » traite : il ne me trompera point; ver, parmi ses ennemis, le duc de >> la bonne-foi et la vérité ne l'abanCalabre, son élève (2). Il ne se ven- » donneront pas, lui qui ne les a ja» mais abandonnées (De Sermon. » lib. 11, 30). » A son retour à Naples, l'habile négociateur fut élevé à la place de premier ministre, dont

(2) C'est probablement à cette époque que Pontanus composa son dialogue de l'Ingratitude, dans lequel il introduit un ane qui, nourri délicatement par son maître, ne l'en remercie qu'à coups de pied,

Ant. Petrucio s'était rendu indigne par ses perfidies; et il la remplit en homme dont la fortune ne saurait changer ni les mœurs ni les principes. Ferdinand mourut en 1494; et son fils Alphonse, en montant sur le trône, perdit les préventions défavorables qu'on lui avait inspirées contre Poutanus; il le combla d'honneurs, lui confia toute son autorité, et lui fit ériger une statue de bronze dans un de ses palais. « Je ne puis trop l'honorer, disait ce prince, c'est un grand homme, et il fut mon maître.» Fatigué du poids de la couronne, Alphonse la céda bientôt à son fils, Ferdinand II, qui maintint Pontanus dans tous ses emplois; mais à peine ce prince étaitil assis sur le trône, que ses états sont envahis par les Français : et Pontanus, oubliant les devoirs que lui imposaient la reconnaissance et la fidélité, livre à Charles VIII les clefs de la ville de Naples, et prononce, devant tout le peuple, un discours dans lequel il ne rougit pas d'insulter bassement au roi son maître et son bienfaiteur. Ferdinand, rentré dans ses états, se contenta de le dépouiller de ses emplois : mais il faut avouer que Pontanus supporta sa disgrace comme s'il ne l'eût pas méritée. « Je ne vis donc plus » pour les rois, écrivait-il, mais » pour moi-même; enfin je dispose » de ma pensée. Ambitieux! connais» sez le véritable bonheur. » Quand Louis XII se fut emparé de nouveau du royaume de Naples (1501), il offrit à Pontanus de le rétablir dans toutes ses dignités : le savant répondit qu'il ne cherchait pas à rendre sa vieillesse plus riche, mais plus occupée. Il mourut en 1503, et fut inhumé dans l'église qu'il avait fait construire, où l'on voit encore

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son tombeau décoré d'une épitaphe composée par lui-même. On ne peut nier qu'il ne fût doué des qualités les plus brillantes mais elles furent déparées par son excessive ambition; et sa trahison envers son souverain est une tache que ne peuvent effacer ses vertus ni ses talents. Il avait été marié deux fois; il eut la douleur de survivre à ses deux épouses et à tous ses enfants, excepté deux filles qu'il dota richement. Pontanus a rendu d'immenses services à la philosophie et aux lettres: il doit être regardé comme le véritable fondateur de l'académie qu'Ant. Panormita (Voy.ce nom) établit à Naples, d'après l'ordre du roi Alphonse; ce fut lui qui rédigea les statuts de cette société, dont les premiers membres le déclarèrent le chef par acclamation, et qui fut connue sous le nom d'Académie de Pontanus (3). Les élèves accoururent en foule dans ce nouveau lycée; et le grand Pontano, (dit Tiraboschi), à qui l'on peut justement attribuer la gloire d'avoir le premier reproduit dans ses ouvrages l'élégance et la grâce des anciens poètes, leur traça, par ses leçons et par sou exemple, la route qu'ils devaient suivre. Outre le mérite d'un style élégant et naturel, les ouvrages philosophiques de Pontanus offrent le premier exemple d'une manière de philosopher libre et dégagée des préjugés, qui ne suit d'autres lumières que celles de la raison et de la vérité. L'abbé Draghetti dit que Pontanus est le premier parmi les modernes, qui ait placé le bonheur dans un égal éloignement des extrêmes; et

(3) Ce nom d'Académie Pontanienne lui a été conservé lors de son renouvellement, en 1809. Voy. les Annales encyclopédiq. de 1817, 11, 99, On peut consulter aussi, sur cette société, les Ricerche appartenenti all' accademia del Pontano (par le P. Caballero, jésuite ), Rome, Bombelli, 1798.

que, dans ses Traités de physique, il semble avoir aperçu la loi célèbre de la continuité, méconnue jusqu'à lui (V.Physiol. Specimen, 1,37). Bailly (Hist. del'astron, modern.,1,603), et avantlui, Weidler (Hist. astron., 325), ont remarqué que Pontanus paraît être le premier qui ait renou. velé l'opinion de Démocrite, qui attribuait la lumière de la voie lactée à un nombre infini de petites étoiles. Mais c'est comme poète surtout que Pontanus jouit d'une réputation incontestable : dans toutes ses compositions, il est également spirituel, élégant et gracieux, digne en un mot de tous les éloges dont l'ont honoré ses contemporains, qu'il surpassa par sa fécondité, la pureté de son style et la variété de ses connaissances. Cependant on lui reproche avec raison de n'avoir pas moins imité l'obscénité des anciens, dans ses poé sies amoureuses, que leur élégance (4). Outre des Épitaphes, des Epigrammes, des Hendecasyllabes, des Eglogues, des Hymnes et des vers lyriques, on a de lui un Poème en cinq livres sur l'astronomie (Urania); un autre sur les Météores; et un troisième sur la culture des oranges et des citrons (De hortis Hesperidum). Les Poésies de Pontanus ont été publiées par les Aldes, à Venise, 1505-1518, 2 vol. in-8°.: le premier volume a été réimprimé en 1513 et en 1533; mais le second n'a été imprimé qu'une seule fois. (Voy. les Annales des Aldes, par M. Renouard) (5). Les Giunti de

(4) On trouve des vers de Pentanus dans le recueil intitulé: Quinque illustrium poëtarum lusus in Venerem, Paris, apud Pistrinum in vico suavi (chez Molini rue Mignon), 1791, in-8°. Les autres poètes dont on trouve des pièces dans ce volume sout: Ant. Panormita; Ramusius; Pacificus Maximus et Jean Second.

(5), Alde, pour grossir le second volume, y a inséré les Eglogues de Calpurnius et celles de Nemesien.

Florence en ont donné une seconde édition, en 1514, 2 vol. in-8°; elle est peu commune, mais moins complète que celle des Aldes. Ses Ouvrages en prose ont été publiés par les mêmes imprimeurs, Venise, 151819, 3 vol. pet. in-4°., rare ; et Florence, 1520, 4 vol. pet. in-8°. Tous les ouvrages de Pontanus ont été imprimés à Naples, de 1505 à 1512, 6 vol. in-fol. La bibliothèque de Besançon en possédait un exemplaire sur vélin, qui est aujourd'hui dans la bibliothèque royale de Paris. Il en existe une édition de Bâle, 1556, 4 vol. in-8°. Cette édition, quoique la plus complète, est peu recherchée. On trouvera, dans le tome vin des Mémoires de Niceron, les titres des ouvrages dont elle se compose. On doit se borner à citer ici les principaux: De Obedientiâ libri v ; et De Principe liber unus. De Fortitudine libri duo: c'est un des meilleurs ouvrages de Pontanus. De Liberalitate. - De Splendore

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De Aspiratione libri duo (6). De Sermone libri vi. Il composa ces ouvrages à l'âge de soixantetreize ans. Cinq Dialogues remplis d'obscénités et de traits satiriques contre les ecclésiastiques. Belli quod Ferdinandus senior Neapolitanorum rex, cum Joanne Andegavensi duce gessit, libri v1. Cette histoire est écrite avec autant d'élégance que d'impartialité (7): elle a été traduite en italien par un anonyme, Venise, 1524, in-8°. et par Jacques Mauro, Naples, 1590, in - 4°. C'est à Pontanus que l'on

(6) Ces différents ouvrages ont été imprimés séparément à Naples, dans le Xve. siècle; mais on ne recherche que les exemplaires sur véliu. Voy. l'Index du P. Laire, et le Manuel de M. Brunet.

(7) Elle a été imprimée plusieurs fois séparément, et insérée dans le tome IX du Thesaurus antiquit. Italia, par Grævius et Burmann.

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