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rison. Ce dernier ayant perdu toute voyage de Poncet, ainsi qu'à l'amsa considération, quitta Paris, fort bassade de Murat. L'un et l'autre chagrin, et n'obtint d'autre récom- sont traités d'imposteurs. Maillet acpense que ce qu'il avait reçu au com. cable Poncet d'injures; il lui impute mencement. On le chargea cependant les vices les plus vils, et des actions de porter à Maillet une montre d'or coupables. Mais, comme l'observe et un miroir pour en faire présent à judicieusement Bruce, si Poncet méMurat, dont on cessa, en même ritait les épithètes atroces que Mailtemps, de payer l'entretien, et à qui let lui prodigue, pourquoi celui-ci le on laissa la liberté de s'en retourner choisissait-il pour représenter son en Éthiopie. Poncet fut de retour au souverain? Quant aux erreurs et Caire, en 1702. L'année suivante, aux faussetés que Legrand, Renaudot il partit pour la mer Rouge, avec et d'autres prétendirent avoir découMurat; et le P.Dubernat, jésuite, qui vertes dans la relation de Poncet, et voulait pénétrer en Abissinie, se fit d'après lesquelles ils soutinrent que passer pour le garçon de Poncet. ce médecin n'était pas réellement Jacques Christophe, marchand cy- allé en Ethiopie, elles n'existent pas. priote, se joignit à eux. Cette trou- « Toutes ces critiques oiseuses, dit pe se sépara, dès quelle fut à Djed- » Bruce, ont acquis quelque consisda: Dubernat et Christophe re- >>tance, grâce au mérite seul de vinrent au Caire: Murat et Poncet» l'ouvrage qu'elles attaquent. Quant poursuivirent leur destinée errante; le premier mourut à Mascate. Poncet rebroussa chemin jusqu'à Mokha, où il s'embarqua pour Surate. Il passa en Perse, en 1706, et y mourut peu de temps après. On a de lui: Relation abrégée du voyage que M. Charles-Jacques Poncet fit en Ethiopie, en 1698, 1699 et 1700. Elle se trouve dans le tome Iv, première partie, du Recueil des Lettres édifiantes, et dans le tome III de l'édition de 1786. La traduction de la Relation d'Abissinie de Lobo, publiée par Legrand, contient une lettre de Poncet à Maillet: elle instruit celui-ci des dispositions du peuple d'Abissinie envers les étrangers. Ge fut apparement cette révélation, si contraire aux projets du consul, qui provoqua sa colère contre Poncet. Ses ressentiments furent partagés par Renaudot, Legrand et d'autres savants. Ce dernier inséra, dans son édition de Lobo, une Lettre de Maillet, et trois Mémoires relatifs au

à cet ouvrage, quoique incomplet, >> il sera toujours précieux aux yeux » de tous les lecteurs sensés, par >> les services qu'il a rendus à la géo. >>graphie des contrées inconnues » dont il a parlé..... J'atteste que >> tout ce que Poncet a dit de l'Ethio» pie est vrai. » Bruce relève quelques inexactitudes échappées à ce voyageur, et même des exagérations et des invraisemblances qui se trouvent dans son récit; mais il les attribue à ceux qui ont publié sa relation, et qui ont cru devoir l'embellir. Il ajoute : « Mon intention n'est pas » de critiquer le voyage de Poncet: » on l'a déjà critiqué d'une maniè » re si dure et si injuste, qu'on a » fini par le faire tomber dans le » mépris et l'oubli. J'essaierai de » l'en tirer je veux examiner les » faits, les lieux, les distances dont il » parle; corriger les erreurs, s'il y

>> en a,

et lui rendre enfin la place » qu'il mérite dans l'histoire des dé» couvertes et de la géographie. On

>> trouve, dans cette relation, le pre» mier itinéraire de ces déserts; et >> je conçois que nous serons encore >> long-temps avant d'en avoir un » autre. » M. Salt, qui a visité l'Abissinie depuis Bruce, rend de même justice à Poncet.

E-s.

PONCET DE LA GRAVE (GUILLAUME), littérateur, était né, le 30 novembre 1725, à Carcassonne. Après avoir terminé ses études, il embrassa la profession d'avocat, qu'il exerça quelque temps à Toulou se. Il s'établit ensuite à Paris, acquit la charge de procureur - général au siége de l'amirauté de France, et partagea sa vie entre les devoirs de cette place et la culture des lettres. La ré volution le priva de ses emplois. Il passa dans la retraite la plus abso lue ces temps d'orages, et mourut vers 1800. Poncet était censeur royal pour les ouvrages de jurisprudence maritime, et membre des académies de la Rochelle et de Bordeaux. Outre des Pièces de poésie, insérées dans le Journal de Toulouse, on a de lui: I. Abrégé chronologique de l'histoire de Paris, contenant ce qui s'est passé de plus considérable dans son enceinte ou aux environs, (Mercure de septembre, octobre et novembre 1755). II. Projet des embellissements de la ville et des faubourgs de Paris, 1756, in-12. III. Etat actuel des cours souveraines de France, 1769, in-12. IV. Précis historique de la marine de France, depuis l'origine de la monarchie, 1780, 2 vol. in-12. C'est le seul des ouvrages de Poncet qui semble devoir survivre à l'auteur. V. Mémoires intéressants pour servir à l'histoire de France, ou Tableau historique, civil et militaire des maisons royales, châteaux et parcs des rois de France, 1788-90, 4 vol. in-12. VI. His

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toire générale des descentes faites tant en Angleterre qu'en France, depuis Jules-César, avec des notes historiques, politiques et critiques, 1799, 2 vol. in-8°.

W.

-S.

PONCHER (ÉTIENNE), d'une famille honorable de Tours, s'éleva, par son mérite, aux premières dignités. Il fut successivement évêque de Paris, en 1503, archevêque de Sens, en 1519; président aux enquêtes, en 1498, et garde-dessceaux en 1512. Les rois Louis XII et François Ier. l'admirent dans leur conseil, et l'employèrent dans plusieurs négociations importantes. Il eut le courage de combattre la colère aveugle de Louis XII contre les Vénitiens, et de s'opposer à la ligue de Cambrai. François Ier. le chargea d'attirer en France les savants étrangers. Poncher méritait cette commission honorable, par son amour éclairé pour les lettres, et par son zèle à seconder leur renouvellement. Il mourut, en 1524, âgé de soixante-dix-huit ans, regretté comme un prélat respectable, qui savait unir les vertus de son état aux talents de ses places. On estime ses Constitutions synodales, de 1514, surtout pour la matière des sacrements. François PONCHER, indigne neveu, indigne successeur du précédent à l'archevêché de Sens, s'était d'abord fait connaître comme un simoniaque scandaleux, en employant jusqu'à des falsifications de titres pour se procurer l'abbaye de SaintBenoît-sur-Loire, qu'il n'eut point, parce que le chancelier Duprat était son concurrent. Il devint ensuite criminel d'état : par ses intrigues en Espagne, il avait cherché à prolonger la prison du roi; et, par ses cabales, il avait tâché de faire ôter la régence à la duchesse d'Angoulême. Ses tra

ans.

-

mes odieuses étaient si bien cachées, qu'elles ne furent pleinement découvertes qu'en 1529. Il fut enfermé au château de Vincennes, où il mourut en 1532, pendant que la cour disputait avec Rome sur la qualité de ceux qui devaient le juger. On a de lui des Commentaires sur le droit civil. Cette famille s'est éteinte dans la personne de Claude PONCIER mort doyen des maîtres des requêtes, en 1770, à quatre-vingt-deux T-D. PONÇOL (HENRI - SIMON - JoSEPH ANSQUER DE), né à QuimperCorentin, en 1730, entra dans l'ordre des Jésuites. Après la destruction de cette société, il se retira au château de Bardy, près de Pithiviers, où il mourut le 13 janvier 1783. On a de lui: I. Analyse des Traités des Bienfaits et de la Clémence de Sénèque, précédée d'une Vie de ce philosophe, 1776, in-12. Naigeon, dans une note sur le no. 103 du liv. I de l'Essai sur les règnes de Claude et de Néron, cite quelques phrases de l'abbé Ponçol, et ajoute que tout ce qu'il dit pour la défense de Sénèque contre Quintilien, mérite d'être lu. II. Code de la raison, ou Principes de morale, 1778; ouvrage composé sur la demande du comte de Saint-Germain. L'abbé Ponçol avait consacré douze ans à une traduction en prose de Martial. Il avait collationné le texte sur plusieurs manuscrits anciens, avait noté les diverses leçons, rédigé ses notes et sa traduction, classé tout son travail, en reportant les notes à la fin de chaque livre, et en séparant les épigrammes libres il avait recueilli les meilleures traductions et imitations en vers français. Le libraire Lacombe avait déjà obtenu l'approbation, et avait même commencé l'impression, lors

:

que le dérangement de ses affaires le fit renoncer à cette entreprise. Le manuscrit fut rendu à l'abbé de Ponçol, qui n'avait touché que douze cents francs, le tiers du prix convenu. Ce manuscrit, formant six volumes in - folio, est, entre les mains de M. Eloi Johanneau, qui en a donné une description dans divers journaux, entre autres dans le Moniteur, et qui se proposait de le publier. Les deux Traductions de Martial, publiées en 1806 et 1819, font regretter que celle qu'avait achevée Ponçol, n'ait pas vu le jour; et en même temps elles seront peutêtre cause qu'aucun libraire n'osera entreprendre de la publier.-L'abbé de Ponçol avait un frère, qui lui a survécu, Théophile-Ignace ANSQUER DE LONDRES, né en 1728, lequel est auteur des Variétés philosophiques et littéraires, 1762, et éditeur des Sermons du P. Le Chapelain (V. CHAPELAIN, VIII, 57). La France littéraire de 1778 lui attribue une Lettre sur le conclave, 1774, in8°. Nous pensons qu'on a voulu désigner sous ce titre, la Description historique de la tenue du conclave, qui a pour auteur P. A. Alletz.

A. B-T.

PONIATOWA (CHRISTINE), fameuse visionnaire, naquit, en 1610, à Lessen, petite ville de Prusse, où son père, noble Polonais et moine défroqué, s'était réfugié, après s'être fait protestant. Ses parents, obligés de chercher un autre asile, passèrent, bientôt après, en Bohème. Le père de Christine y fut d'abord pasteur à Duchnick; puis, devenu veuf, il accepta la place de bibliothécaire d'un grand seigneur, et confia sa fille aux soins de la baronne de Zelking, que le sort de la jeune orpheline avait intéressée. Elle était depuis peu

de jours chez cette dame, quand, le 12 novembre 1627, Christine éprouva de vives douleurs, qui fu rent suivies d'une sorte d'extase, pendant laquelle elle se flatta d'avoir vu et entendu des choses cxtraordinaires. Cette scène se renouvela plusieurs fois dans le courant de l'année 1628; et, comme elle durait toute une journée, la baronne de Zelking avait le temps d'avertir les pasteurs du voisinage, qui s'empressaient de venir près de Christine, et de recueillir de sa bouche le récit de ses visions toutes avaient rapport aux persécutions de l'Église évangélique et à son triomphe prochain. Enfin elletomba, le 27 janvier 1629, dans une lethargie si profonde, qu'on la crut morte. En revenant à la vie, elle déclara que sa mission était finie, et qu'elle n'aurait plus de visions. Quelque temps après, elle épousa Daniel Veter, ministre protestant à Lissa ou Lesna, dans la Pomeranie. De ce mariage, elle eut cinq enfants. Le chagrin qu'elle éprouva de voir l'événement démentir ses prédictions, la conduisit au tombeau, le 6 décembre 1644, à l'âge de trente-quatre ans. Elle avait écrit ses révélåtions, d'après l'ordre qu'elle disait en avoir reçu du ciel même.J. Amos Comenius les a traduites en latin (V. COMENIUS, IX, 344), et publiées avec celles de Christophe Kotter et de Nicolas Drabicius, sous ce titre: Lux in tenebris, hoc est, prophetiæ donum quo Deus Ecclesiam evangelicam (in regno Bohemia) ornare ac paternè solari dignatus est, sans date, 1657, in-4o.; rare. (V., pour plus de détails sur ce Recueil, DRABICIUS, XII, 1.)

W-s.

PONIATOWSKI (STANISLAS, comte DE), castellan de Cracovie, et père du roi Stanislas-Auguste de Po

logne, était né en 1678. Sa famille, après avoir brillé sous les règnes de Sigismond Ier, et de SigismondAuguste, avait été éclipsée par d'autres magnats polonais. Le comte Sta nislas lui rendit son ancien lustre. S'étant attaché de bonne heure au parti suédois, qui, dans sa patrie cherchait à déjouer les intrigues du parti russe, il accompagna le roi de Suède, Charles XII, dans ses expéditions aventureuses : il développa bientôt à son tour le goût et l'esprit d'aventure, et parut n'attendre que des événements extraordinaires pour montrer la fertilité et les ressources de son génie. Sans avoir de commandement, il était presque toujours auprès du héros suédois, et partageait avec lui toutes les fatigues et les privations. Lorsque Charles XII cut perdu la bataille de Pultawa, ce fut le comte de Poniatowski, son majorgénéral, qui lui fraya la route d'Oczakow, pour faciliter sa retraite. Ce fut lui qui fit mettre le roi blessé sur un cheval, afin qu'il pût échapper aux ennemis. Ce fut encore lui qui rassembla cinq cents cavaliers fugitifs, prêts à se battre contre dix régiments russes, pour ouvrir un passage à Charles XII jusqu'aux bagages de son armée. Ce prince ne put le récompenser que par le titre de général. Dans les déserts qu'avaient à traver ser le roi et ses soldats fugitifs, la chaleur brûlante des sables aurait achevé de consumer leurs forces, si Poniatowski, dont le courage ne s'abattait pas plus que celui de son maître, ne fût allé à la recherche d'une source, et si, avec une sagacité extraordinaire, il n'en eût trouvé une là où d'autres auraient inutilement cherché. Mais ce fut surtout à Constantinople, où il se rendit auprès de l'ambassadeur de Suè

de, qu'il fut infatigable et inépuisable en ressources pour le salut de son maître. Quoiqu'il n'y arrivât que pour solliciter, il sut bientôt se procurer, à la cour la plus despotique et naturellement ennemie des Chrétiens, un ascendant qui aurait pu exciter la jalousie des grands du sérail. Vêtu en turc, il allait partout, négociait, pressait, et plaidait pour Charles XII. Il arracha au grandvisir la promesse d'accompagner le roi de Suède, avec 200,000 hommes, jusqu'à Moscou. Le sulthan Achmet III lui fit présenter une bourse avec mille ducats. Cependant le grandvisir, loin de marcher sur Moscou, se laissa séduire par le czar. Lorsque Poniatowski se fut aperçu de ce contre-temps, il eut la témérité de dresser un mémoire contre le ministre, de demander sa destitution, et de faire parvenir cet écrit, par un Grec, dans les mains de sa hautesse. Cette audace aurait pu lui coûter la vie : elle lui réussit complètement. Ali-Pacha fut exilé, et remplacé par Kiuperli, auquel succéda, au bout de quelques mois, Baltagi-Mehemet, qui favorisait la Suède. Celle-ci trouvait d'ailleurs un appui dans la sultane validé. Poniatowski vit enfin les Turcs marcher au secours des Suédois contre les Russes, et les bloquer sur le Pruth. C'en était fait du czar sans Catherine, qui sacrifia, comme on sait, ses bijoux, et gagna le grand-visir, commandant de l'armée turque. Poniatowski pressa inutilement celui-ci de profiter de sa position avantageuse, et de consommer la ruine du czar: il ne put obtenir que l'insertion d'une clause du traité, pour stipuler la libre retraite du roi de Suède et le commencement des négociations de paix. Mais il fut vengé du refus du grand - visir, par la des

titution de ce ministre, à laquelle il n'était peut-être pas étranger. Youssouf, qui remplaça Baltagi-Mehemet, fut aussi destitué par les intrigues de la Suède. Cependant, comme ces destitutions n'amélioraient pas la situation de Charles XII à Bender, Poniatowski lui conseilla lui - même de

retourner en Suède. Il suivit son maître, et fut chargé, en Allemagne, du gouvernement du duché de DeuxPonts. Il y trouva le roi Stanislas encore plus malheureux que CharlesXII, et vécut avec lui dans une sorte d'intimité, jusqu'à la mort du roi de Suède. Cet événement ayant détruit toutes les espérances des partisans de Leczinski, le comte de Poniatowski, qui était de ce nombre, ne songea plus, malgré son intimité avec le roi de Pologne détrôné, qu'à faire sa soumission au roi de Pologne régnant. Celui-ci lui permit non-seulement de rentrer en Pologne, mais il lui restitua ses biens de famille, le nom. ma grand-trésorier du duché de Lithuanie, général des gardes du corps, feld-maréchal, et enfin palatin de Mazovie. Après la mort du roi, il se ressouvint de Leczinski; et, cette fois, il employa toute l'influence que lui donnaient ses dignités et ses talents, à faire élire ce prince: il ceda même le commandement en chef au palatin de Kief, afin de gagner le primat, frère de ce palatin, pour le parti de Stanislas. Sans les intrigues de l'étranger, il eût probablement réussi. Le choix des magnats, dicté ou payé par des puissances voisines, tomba sur l'électeur de Saxe, qui prit le nom d'Auguste III; et les soldats prussiens envahirent la Pologne afin de soutenir cette élection contestée. Poniatowski, de concert avec le prince Czartoriski, voulut défendre Dantzig con

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