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il a été traduit de l'italien en allemand, Francfort, 1648. IX. La Cleopatra, tragedia, Venise, 1635, in-12. C'est le plus connu des ouvrages dramatiques de Pona, et le seul dont Maffei fasse mention. Les autres sont la Passion du Sauveur, la Parthenie, l'Angélique, la Virgilienne, et le Jugement de Páris (favola musicale). X. La Galeria delle Donne celebri, Rome, 1641, in-12. XI. Trattato de' veleni e la cura, Vérone, 1743, in-4o. XII. Plantarum juxta humani corporis dissectionem historia anatomica. XIII. Cardiomorphoseos sive ex corde desumpta emblemata sacra, ibid., 1645, in-4°., fig. XIV. Acas demico-medica Saturnalia, ibid., 1652, in-8°. C'est un Recueil de dix morceaux académiques, dont la plupart avaient été imprimés séparément. Outre les auteurs déjà cités, on peut consulter sur Pona, Le Glorie degli incogniti, p. 157. W-s. PONCE PILATE, qui succéda en l'an 27 de J.-C., à Valérius Gratus dans le gouvernement de la Judée, ne serait guère connu que par ses exactions et ses actes de rigueur envers les Juifs, si l'ordre qu'il donna de mettre à exécution l'arrêt de condamnation à mort porté par le grand-prêtre des Juifs contre Jésus-Christ, ne l'avait rendu fameux. Ponce Pilate, appelé, dit-on, ainsi d'une île Pontia, et qu'une tradition fait naître en Espagne, ayant été nommé procurateur ou gouverneur de la Judée pour les Romains, envoya de Césarée à Jérusalem, des troupes, dont les drapeaux offraient l'image de l'empereur, et il les fit entrer avec ces enseignes dans la ville sainte; ce qui était contraire à la loi judaïque. Les Juifs ayant réclamé contre cette in

fraction, il les menaça d'user de violence; et ce ne fut qu'après qu'ils eurent, plutôt que de céder, tendu la gorge à ses soldats, qu'il ordonna de retirer les drapeaux. Il voulut ensuite, dit Josèphe, tirer par force, du trésor sacré du temple, l'argent qu'il demandait pour les frais de construction d'aqueducs. Le peuple s'opposant à cette nouvelle violation, la troupe se porta sur la multitude rassemblée, et fit des victimes. Mais ce qui acheva d'exciter l'animosité entre les Juifs et leur gouverneur, ce fut le sang de plusieurs Galiléens, répandu par son ordre dans le temple, avec celui des sacrifices, parce que, d'après les rites de la secte de Judas, qui ne reconnaissait d'autre maître que Jehovah, ils avaient refusé, suivant saint Cyrille, de faire des oblations pour l'empereur romain. Lorsque cet acte du gouverneur fut rapporté dans la suite à Jésus ( Luc, XIII), il ne blâma point directement Pilate; et en déclarant que ces Galiléens n'étaient pas les plus grands pécheurs, il ne dit pas qu'ils fussent innocents. Mais Hérode, tétrarque de Galilée, avait désapprouvé l'acte d'autorité exercé envers ses justiciables; et ce fut peut-être par représailles, que la mort de Jean-Baptiste, arrêté dans la Judée, eut lieu, sans qu'il en eût référé au gouverneur. Cependant Jésus-Christ, en continuant sa mission dans la Galilée, conseillait à ses disciples de se garder des Pharisiens et du levain d'Hérode, qui, le prenant pour JeanBaptiste ressuscité, cherchait à l'attirer par un perfide appât. Mais Jésus s'étant retiré dans la Judée, et sa doctrine élevée, qui manifestait le Messie annoncé par son précurseur, ayant excité la haine des Herodiens, ceux-ci se réunirent aux

Sadducéens et aux Pharisiens; et il fut traduit devant le grand-prêtre Caiphe et le conseil des prêtres, qui, après l'avoir condamné à mort comme s'étant dit le fils de Dieu, le livrèrent entre les mains de Ponce Pilate, pour la prononciation et l'exécution du jugement. Pilate, ne le regardant point comme coupable d'un délit qui concernait leur loi, et qu'il n'était que trop porté à imputer à leur jalousie, voulut le renvoyer absous. Mais, sur l'accusation de s'être fait roi des Juifs, titre qui avait été supprimé par les Romains depuis la déposition d'Archélaus, Pilate, intéressé dans sa propre cause, l'interrogea; et il en reçut (Voy. Jésus ) la réponse si connue, qui provoqua cette nouvelle demande: Qu'est-ce que la Vérité (à laquelle Jésus annonçait être venu rendre témoignage en se déclarant roi)? Selon saint Augustin, d'après un passage de l'Evangile des Nazaréens, qui semble être le complément de ce lui de saint Jean, Jésus-Christ aurait répondu que la Vérité, comme le royaume dont il parlait, était du ciel et non de la terre: ce que Pilate ne pouvait comprendre, mais ce qui le persuada que c'était par envie pour une semblable doctrine qu'ils accusaient Jésus de s'être fait un parti en Galilée. Dans cette perplexité, il l'envoya comme Galiléen à Hérode, afin de se tirer d'embarras, et faire en même temps sa paix avec le tétrarque. Celui-ci le lui renvoya, sans le condamner; et dès-lors ils devinrent bons amis. Pilate, voulant tirer avantage du renvoi de Jésus pour faire va loir l'innocence de l'accusé, proposa aux Juifs, à l'occasion de la délivrance accoutumée d'un prisonnier à la fête de Pâques, de choisir entre Barabbas, fameux par ses crimes,

et Jésus, renommé seulement à cause de sa doctrine. Ce motif-là même leur ayant fait préférer Barabbas, il crut émouvoir leur compassion et apaiser leur haine, en faisant flageller Jésus; et il le leur présenta sanglant et couronné d'épines, ronné d'épines, en disant aux princes des prêtres, et au peuple : Voilà l'homme; et, après s'être assis sur son tribunal: Voilà votre roi. « Otez-le, s'écrièrent-ils; crucifiezle. Crucifierai-je votre roi ? — Nous n'avons point d'autre roi que César. » Pilate, pressé entre la voix de sa conscience et les clameurs des Juifs, entre les terreurs de sa femme tourmentée d'un songe, et la crainte d'encourir la disgrace de l'empereur, ne voulut pas néanmoins prendre sur lui la condamnation de l'innocent. Il se lava les mains devant tout le peu ple, en rendant les Juifs responsables du sang du juste qu'ils allaient verser ; et il le leur abandonna pour être crucifié. Cependant, comme il l'avait solennellement appelé leur roi, l'inscription qu'il fit mettre sur la croix en grec, en latin et en hébreu, donnait à Jésus la qualification expresse de roi des Juifs; ce titre ayant excité les réclamations des pontifes, il leur répondit: Ce que j'ai écrit, est écrit. Il permit aussi à Joseph d'Arimathie de détacher de la croix et d'ensevelir le corps de Jésus, qui ne fut point rompu comme celui des larrons exécutés en même temps; et d'un autre côté, il autorisa les Juifs à mettre des gardes au tombeau, et à en sceller l'entrée. Vaine précaution contre l'événement qui confondit ces mêmes Juifs, et acheva d'étonner Pilate! C'était la coutume des magistrats romains d'adresser à l'empereur des procès-verbaux de ce qui était arrivé de plus remarquable dans leur province. Eusèbe témoigne que

Ponce Pilate informa Tibère des circonstances relatives à la vie, à la Passion, et au bruit éclatant de la résurrection de Jésus-Christ, regardé comme un Dieu par un grand nombre de Gentils et de Juifs. Si les honneurs demandés au sénat pour le Christ, ne furent point décernés, la paix du moins paraît avoir été laissée aux Chrétiens, par Tibère. C'était cette même faveur que Tertullien et Justin réclamaient en invoquant le rapport de Pilate et les faits consignés dans les archives du sénat. L'au. thenticité de ces actes a été défendue par l'évêque anglican même, Pearson, contre Tannegui Lefèvre, professeur de Saumur, qui, d'après de faux actes de Pilate, que nous avons sous le titre d'Evangile de Nicodème (V. ce nom), révoquait en doute la vérité des faits attestés par les anciens auteurs, et distingués des relations apocryphes par saint Epiphane. La faveur qui avait été accordée aux Chrétiens, et la conduite opposée de leurs ennemis, qui fit chasser ceux-ci de Rome par l'empereur, purent ensuite porter Pilate (plutôt en haine des Juifs, dit Philon, qu'en l'honneur de Tibère), à lui consa

crer,

à Jérusalem, des boucliers dorés, dans le palais d'Hérode; ce qui était contraire aux anciens rites. La réclamation des Juifs, repoussée par Pilate, fut adressée à l'empereur même, par l'ordre duquel ces boucliers furent placés à Césarée, dans le temple dédié à Auguste. Pilate se rendit également odieux aux Samaritains. Ils s'étaient rassemblés en armes sur le mont Garizim, qui passait chez eux pour un lieu saint. Pilate fit occuper la montagne par ses troupes, dispersa les mutins, et mit à mort plusieurs habitants de Samarie. Mais, suivant Josèphe, les plus

sui

qualifiés d'entre eux, prétextant qu'ils n'avaient pris les armes que pour résister aux violences de Pilate, portèrent leurs plaintes au consul Vitellius, préfet de Syric. Ce préfet, brouillé alors avec le tétrarque de Galilée, accueillit leur dénonciation contre l'ami d'Hérode. Il enjoignit à Pilate d'aller se justifier devant l'empereur. Pilate, dépossédé, en l'an 37, de son gouvernement, fut, vant une tradition, relégué dans les Gaules, par Caligula, qui avait succédé à Tibère. La tradition nomme, pour le lieu de son exil, Vienne en Dauphiné, où il se tua, dit-on, de désespoir, en l'an 40. Cependant, on montre dans cette ville la ruine antique d'un édifice qu'on nomme vulgairement le Prétoire de Pilate; ce qui ne serait pas plus vraisemblable que l'existence d'une prétendue maison dite de Pilate à Rome, et qui est celle de Crescenzio, du neuvième ou dixième siècle. Suivant une autre tradition, la Scala Santa, près l'église de Sainte-Croix, y présenterait les vingt-huit degrés de marbre du palais de Pilate, qu'aurait montés le Sauveur, et sur lesquels les fidèles, par dévotion, rampent à genoux. On croit conserver aussi, dans l'église voisine, l'inscription de la croix en trois langues, tracée au minium sur bois de cèdre, et que des antiquaires jugent être fort ancienne; caractère qui est bien éloigné d'être celui d'une prétendue sentence de Pilate, trouvée écrite en hébreu sur parchemin à Aquila, et qui aurait été traduite en italien, et publiée en français à Paris, dans le seizième siècle. G-CE.

PONCE (JEAN), surnommé DE LÉON, d'après sa province natale, fut un des capitaines espagnols qui passèrent à Espagnola (Saint-Do

mingue), peu de temps après la découverte de cette île. Ayant rendu de grands services pour la réduction du Higuey, province du sud-est, il en fut nommé commandant par Ovando. Ponce résidait à Salvaleon, ville située sur le bord de la mer. Comme les Indiens de ces cantons entretenaient de fréquentes relations avec ceux de Boriquen (Porto-Rico), il apprit de ceux-ci qu'il y avait beaucoup d'or dans leur île. Aussitôt il en informa Ovando, en lui de mandant la permission d'aller la visiter l'ayant obtenue, il arma, en 1508, une caravelle. Très-bien accueilli par Agyeybaua, un des caciques de Boriquen, il prit des échantillons de toutes les mines qu'il visita, et regagna San-Domingo, à la hâte, pour instruire Ovando du succès de son voyage. C'en était assez pour faire résoudre la conquête de l'île. Ponce en fut chargé il rejoignit ses gens, qu'il y avait laissés. La bonne intelligence qui avait constamment régné entre eux et les naturels, lui fit penser qu'il ne serait pas nécessaire de combattre ces peuples pour les soumettre; et il se flatta d'avoir le gouvernement de l'île mais, à son retour à San-Domingo pour prendre des arrangements avec Ovando, il le trouva rappelé. Diego Colomb le remplaçait : le roi avait nommé un gouverneur pour PortoRico. Celui-ci n'en fut pas mis en possession; Colomby plaça un autre gouverneur avec un lieutenant. Sur ces entrefaites, Ovando, apprenant ce qui se passait dans les Indes, sollicita le gouvernement pour Ponce, qui en prit possession en 150g: il fit arrêter, sous quelque prétexte, les créatures de Colomb, les envoya prisonniers en Espagne, et choisit pour son lieutenant le protégé de la cour. Ge

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pendant Ponce trouva la tâche de subjuguer l'île plus difficile qu'il ne l'avait supposé; Agyeybana était mort. Son frère, en succédant à son pouvoir, n'avait pas hérité deson affection pour les Espagnols: il fallut faire la guerre aux Indiens, qui se défendirent vaillamment, et appelèrent les Caraïbes à leur secours. Ponce, avec ses troupes composées de vieux soldats, finit par venir à bout d'hommes dépourvus d'armes à feu. Toutefois, disent les historiens, aucun d'eux ne contribua autant à la victoire, qu'un grand chien dont Herrera fait un éloge singulier. Les malheureux Indiens ayant succombé, furent employés aux travaux des mines, où ils périrent presque tous. Mais Ponce ne jouit pas long-temps de ses succès : les deux officiers qu'il avait renvoyés en Espagne, furent réintégrés dans leur place par l'ordre exprès du roi. Quoique Ponce eût amassé de grands biens, il voulut les augmenter; son loisir lui permettait d'aller faire des découvertes: il espérait fonder un établissement avantageux, dans une île de Bimini, située assez loin au nord d'Espagnola, et dans laquelle les Indiens de Cuba racontaient qu'il existait une fontaine dont les eaux avaient la vertu de rajeunir les vieillards qui s'y baignaient. Certes, cette fontaine devait être une source intarissable de fortune. On ne peut trop s'étonner de la crédulité de ces aventuriers espagnols, qui coururent après nne telle chimère. Il y en eut beaucoup qui avancèrent le terme de leurs jours en cherchant cette prétendue fontaine de Jouvence. Ponce ne fut pas le dernier à se laisser bercer d'une rêverie qui flattait si convenablement sa soif des richesses. Il partit du port de Saint-Ger

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main, (dans l'île de Porto-Rico,) le jer. mars 1512, avec deux navires équipés à ses frais arrivé au milieu des Lucayes, il s'informa partout de la fontaine merveilleuse. Les historiens racontent que, de crainte de la manquer, il goûtait de toutes les eaux douces qu'il rencontrait, même des plus bourbeuses. Enfin, dans la semaine de Pâques fleuries, il aborda un continent, où, ayant vu toute la campagne semée de fleurs, cette coincidence de circonstances le lui fit nommer Floride. Sa découverte inespérée le consola un peu de n'avoir pas trouvé la fontaine de Jouvence. Du reste on ignore sur quel point du pays Ponce débarqua: on sait seulement qu'il reconnut une bonne partie de la côte occidentale, et qu'il donna aux îles des Martyrs et des Tortues, au sud de la côte de la Floride, les noms qu'elles portent encore aujourd'hui ; que, partout où il voulut effectuer une descente, il rencontra des sauvages fort résolus à s'y opposer, qui lui tuèrent des soldats et les mangèrent; enfin, qu'il eut une connaissance assez distincte du canal nommé Nouveau canal de Bahama ou golfe de la Floride. Ponce courut encore assezlong-temps après son île, jusqu'au 28. degré nord, et regagna Porto-Rico, assez mal en ordre et fort chagrin. « Il y » essuya beaucoup de railleries, dit » Charlevoix, de ce qu'on le voyait » revenir plus vieux qu'il n'était » parti. » Il ne laissa pas néanmoins d'aller en Espagne donner avis de sa découverte. Ferdinand le reçut bien, et lui permit de bâtir des forts, et de fonder une colonie dans la Floride. On ne peut deviner pourquoi Ponce, au lieu de profiter sur-le-champ de la faveur du roi, resta en Espa

gne : il y était encore à la fin de 1514. Alors Ferdinand lui ordonna d'aller faire la guerre aux Caraïbes, qui désolaient Porto-Rico. Il retourna donc dans cette île, d'où il ne sortit point avant 1521. Ponce ignorait si la côte de la Floride qu'il avait vue faisait partie d'un continent ou d'une ile: dans le diplôme du roi d'Espagne, elle est qualifiée d'île. Ponce découvrit aussi le port de Matanza, dans l'île de Cuba, qu'il prit pour celui d'une petite île; tant la géographie était peu avancée à cette époque! Sa route est d'autant plus curieuse, qu'il traversa toute l'étendue des Lucayes dans leur intérieur, de l'est à l'ouest. Avant de rebrousser chemin, il détacha un de ses vaisseaux pour chercher Bimini. Le capitaine, plus heureux que lui, trouva un groupe d'îles de ce nom. La plus grande est couverte d'arbres; le sol en est bon, et l'on y voit des sources d'eau excellente: mais point de fontaine de Jouvence. E-s.

PONCE (PIERRE DE), moine bénédictin, à Oña en Espagne, mort en 1584, est le premier inventeur connu de l'art d'instruire les sourdsmuets. Il n'a rien publié à cet égard : mais un de ses amis, François Vallès, auteur d'une Philosophie sacrée, imprimée à Salamanca, en 1588, et l'historien Moralès, contemporain de Ponce, dans ses Antiquites d'Espagne, ont fait connaître le mérite de leur compatriote, qui n'a été imité qu'après un long intervalle par les Pereyre, et les abbes de l'Épée et Sicard. Plusieurs ont réclamé l'honneur de la découverte d'instruire les sourds - muets; mais Ponce est antérieur à tous, ce qui n'empêche pas que d'autres ne puissent avoir trouvé après lui, des mé

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