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PLATIÊRE (IMBERT DE LA), plus connu sous le nom de maréchal de Bourdillon, était d'une ancienne maison du Nivernais. Il fit ses premières armes, en 1544, à la bataille de Cerisoles, et fut employé dans les plus importantes affaires du royaume. Henri II le chargea, en 1551, de conduire à Reims le jeune duc de Lorraine, qu'il jugeait à propos de faire élever dans sa cour. Bourdillon sauva le tiers de l'armée et deux piè ces de canou, après la malheureuse défaite de Saint-Quentin. En 1559, l'empereur Ferdinand ayant prié tous les princes chrétiens d'envoyer des ambassadeurs à la diète d'Augsbourg, à l'effet d'y délibérer sur les mesures nécessaires pour arrêter les Turcs, qui menaçaient d'envahir l'Au triche, Bourdillon fut désigné par le roi de France, avec Charles de Marillac, archevêque de Vienne. Ce fut malgré les remontrances réitérées de cet illustre guerrier, que l'on rendit, l'an 1562, au duc de Savoie, par suite des conventions de la paix honteuse de Cateau-Cambresis, le marquisat de Saluces et les places du Piémont, où il commandait avec le titre de lieutenant du roi: encore ne les remit-il, qu'après que le duc eut payé les garnisons, et prété cinquante mille écus au roi de France. De retour dans son pays, il servit au siége du Havre-de-Grâce, en 1563, et reçut le bâton de maréchal, l'année suivante, après la mort du maréchal de Brissac. Il fut témoin de l'entrevue de Charles IX et de Catherine de Médicis, à Baïonne, avec Isabelle de France, reine d'Espagne, en 1565, et mourut à Fontainebleau, le 4 avril 1567. Il était remarquable par son amour du bien public, par beaucoup de courage et de prudence. Quoique marié deux fois, il n'eut point d'en

fauts: on croit que sa famille finit avec lui, son neveu ayant péri, en 1562, à la bataille de Dreux. Cependant il exis tait encore, à la fin du dix-huitième siècle, un Imbert (Sulpice d'), comte de la PLATIÈRE, qui a publié, entre autres ouvrages, une Galerie universelle des Hommes qui se sont illustrés depuis le siècle de Léon X jusqu'à nos jours. Ce livre, dont il a paru au moins dix cahiers in-4°., avec portraits, est écrit sans goût, d'un style ampoulé, et tout-à-fait ridicule. L-P-E.

PLATIÈRE (LA). V. ROLAND. PLATINA (BARTHELEMI DE'SACCHI, plus connu sous le nom de), célèbre historien, était né vers 1421, à Piadena, village du Cremonèse, dont il prit le nom en le latinisant, suivant l'usage de son temps. Dans sa jeunesse, il embrassa la profession des armes, et servit quatre ans avec zèle; mais, désabusé de ses rêves de gloire et de fortune, il sollicita son congé, et se rendit à Mantoue, attiré par la réputation d'Omnibonus Leonicène, qui lui fit faire de rapides progrès dans l'étude (Voy. LEONICENUS). On apprend, par une lettre de Fr. Philelphe, que Platina se trouvait à Milan en 1456: mais son séjour dans cette ville fut de peu de durée; il revint à Mantoue, et s'attacha au cardinal François de Gonzague, qui le conduisit à Rome, où ses talents le signalèrent bientôt d'une manière avantageuse. Les cardinaux Bessarion et Jacques Piccolomini parvinrent à le placer dans le collége des Abbréviateurs, créé par le pape Pie II, pour rédiger les actes publics avec plus de méthode et de clarté. Cet établissement fut supprimé comme inutile par Paul II; et Platina, resté sans ressource, après avoir écrit au

pape pour se plaindre d'une mesure qui le réduisait à la misère, finit par le menacer de dénoncer cet acte de despotisme à toute l'Europe, et de provoquer la convocation d'un concile. Le pape, au lieu de mépriser des menaces que Platina n'avait aucun moyen d'effectuer, l'envoya dans une prison, où il subit, pendant quatre mois, les traitements les plus rigoureux. Le cardinal de Gonzague lui obtint enfin sa liberté, mais avec défense de sortir de Rome. L'étude seule pouvait charmer ses peines il devint membre de l'académie fondée par Pomponius Lætus, dans le but d'encourager la recherche et l'examen des monuments et des ouvrages de l'antiquité. Cette académie fut représentée au pape comme une réunion d'hommes irreligieux, sans cesse occupés de tramer des complots contre l'Église et son chef. L'ordre fut donné de les arrêter (V. POMPONIUS LETUS); et Platina, après avoir été torturé, comme les compagnons de études, pour lui arracher des aveux, fut enfermé au château Saint-Ange. Il eut la consolation de trouver dans le gouverneur (1), un homme compatissant, qui ne négligea rien pour lui faire oublier les maux qu'il avait soufferts, et pour adoucir sa captivité. Cette secoude détention dura un an. Enfin, Sixte IV le consola de toutes ses disgraces; il le nomma, en 1475, garde de la bibliothèque du Vatican, place dans laquelle Platina succédait au savant J. André, évêque d'Aleria (V. ANDRÉ), et qu'il remplit avec beaucoup de zèle. Si l'on en croit le P. Laire, Platina, depuis quelque temps, était correcteur de l'imprime

ses

(1) C'était Rodrigue Sancio, évêque de Calahorra, dont Nicol, Antonio fait un bel éloge dans la Bibl hispans vetus, II, 19

rie de George Laver; et malgré son emploi de bibliothécaire, il exerça les mêmes fonctions dans l'atelier d'Arnold Pannartz (2) (Voy. le Specimen historicum typograph. romanæ). Ce savant mourut en 1481, ct fut inhumé dans l'église de Sainte-Marie-Majeure, où Demetrius de Lucques, son élève, lui fit célébrer un service auquel assista l'académie romaine, présidée par Pomponius Lætus, qui prononça son Oraison funèbre. Par son testament, Platina léguait à Pomponius, une petite maison qu'il avait bâtie sur le mont Quirinal, entourée d'un bosquet de lauriers, où l'on cueillait les couronnes pour l'académie. Ce fut sans contredit l'un des hommes les plus laborieux et les plus instruits de son temps: il donna, l'un des premiers, l'exemple d'une saine critique, en examinant les anciens monuments et en rejetant les erreurs reçues. De tous les ouvrages de Platina, celui qui a le plus de réputation, est son Histoire des papes: In vitas summorum pontificum ad Sixtum IV, pontificem maximum, præclarum opus. « Cette histoire, dit Ginguené, est écrite avec une élégance et une force de style, qui étaient alors très-rares: malgré tous les soins de l'auteur, elle n'est pas exempte d'erreurs, principalement dans l'histoire des premiers siècles; et quoiqu'il parle plus librement des papes que les autres historiens catholiques, on aperçoit faciment que, lors même qu'il voit la vérité, il n'ose pas toujours la dire mais c'est beaucoup qu'il soit aussi éclairé que son siècle, et plus véridique que tout autre peut-être ne l'eût été à sa place. » (Hist. littér. d'I

:

(2) Le P. Laire cite Platina comme l'éditeur de la Traduction latine de l'Histoire de Josèphe, imprimée par Arnold Pannartz, à Rome, en 1475, le) 25 novembre. Voy le Specimen, p. 215.

talie, chap. xx1). On lui a reproché les traits satiriques qu'il s'est permis contre Paul II : ce pontife, on doit en convenir, avait eu à son égard, des torts graves, et ne fit rien pour les réparer; mais Platina serait plus estimable s'il eût su oublier ses justes sujets de plaintes, pour se rappeler qu'il écrivait l'histoire, et que ses lecteurs attendaient dé lui, avant tout, la vérité (Voyez PAUL II et QUERINI). Les Vies des Papes de Platina ont été imprimées pour la première fois à Venise, en 1479, in-fol.; cette édition est fort rare: Ant. Koburger en donna une copie exacte à Nuremberg, en 1481, in-fol. On ne recherche de cet ouvrage, que les éditions du quinzième siècle et celles du seizième dont on n'a pas retranché les passages satiriques. Il a été continué par Onufre Panvinio, et depuis par d'autres écrivains. On en connaît des traductions en français, en italien, en allemand et en flamand. Il existe de l'ancienne trad. française, Paris, 1519, in-fol., des exemplaires sur vélin; celle de Louis Coulon, plus récente, n'est point estimée (V. CouLON, X, 94). Les autres ouvrages de Platina, sont: I. Opusculum de obsoniis, ac honestá voluptate, (Rome, vers 1473), in-fol., sans date ni lieu d'impression; Venise, 1475, in -fol. très-rare; Cività di Friuli, 1480, in-4°., égalem. rare; Bologne, 1499, in-4°. Cet ouvrage a souvent été réimprimé dans le seizième siècle, sous des titres differents (3). Il a été traduit en français, par Didier Christol, sous ce titre : De

(3) Dans l'édition que Gryphe a donnée de cet ouvrage, à Lyon, en 1541, in-80., à la suite d'Apicius, il est intitulé: De tuenda valetudine, natura, rerum et popinæ scientia. Fr. Arisi, dans la Cremona litterata, compte pour trois ouvrages différents de notre auteur les traités De natura rerum; de obsoniis; de honesta voluptate; c'est pourtant le même.

amore,

l'honnête volupté, livre très-necessaire à la vie humaine pour observer bonne santé, Lyon, 1505, in - 8o., et plusieurs fois depuis. Ce n'est point, comme on l'a prétendu, un livre sur la cuisine, mais un Traité d'hygiè ne, qui renferme des observations intéressantes. II. De flosculis quibusdam linguæ latina, Dialogus ad Lud. Agnellum de Venise, 1480, in-12; Milan, 1481, même format : ces deux editions sont citées par Niceron. III. Dialogus de falso et vero bono libri tres;-Dialogus contrà amores (4);— De verá nobilitate dialogus;- De optimo cive libri duo;-Panegyricus in laudem Bessarionis cardinalis ; -Ad Paulum II pont. max. de pace Italiæ confirmanda et bello Turcis indicendo, Paris, 1505, 1530, in-4°.; Lyon, 1512, in-8°. IV. Dé principe viro libri tres, Francfort, 1608, in - 4o. V. Historia inclytæ urbis Mantuæ, in libros sex divisa, Vienne, 1675, in-4°. Cette édition, qui est rare, a été publiée par le savant Lambecius, d'après un manuscrit de la bibliothèque impériale. L'ouvrage est bien écrit et intéressant, quoique un peu trop favorable aux princes de Gonzague; Muratori l'a inséré dans le tome xx des Scriptor. rerum italicar. (5) VI. La Vie du cardinal J.-B. Mellini, publiée par Chacon, dans son Histoire des papes et des cardinaux (V. CHACON). VII. La Vie de Neri Capponi, publiée par Muratori, dans le tome xx des Scriptor., déjà cité. VIII. Celle de Victorin de Feltre, insérée

2

(4) Fr. Sibillet a traduit cet opuscule sous le titre de Dialogue des fausses amours, et l'a publié avec l'Anteros ou le contr'amour de Baptiste Frégose, Paris, 1581, in-4°. ('. FRÉGOSE.)

(5) L'Histoire de Mantoue avait déjà été insérée dans le 4. vol. du Thesaur. antiquit, et histor. Ital, de Grævius et Burmann,

dans les Cremonensium monumenta (Rome, 1778, p. 1), par le père Vairani, dominicain, avec plusieurs Lettres écrites par Platina, pendant sa prison; un Dialogue sur les avantages de la paix ou de la guerre; un Discours à la louange des beaux-arts, et la Traduct. latine du Traité de Plutarque, des Moyens de réprimer la colère. On peut consulter, pour plus de détails, le Dict. de Bayle, avec les Remarques de Joly; la Vie de Platina, par Apostolo Zeno, dans letome 1er. des Dissertaz. Vossiane, dont on trouve un extrait dans le tome VIII des Mémoires de Niceron; et enfin la Storia della letteratura italiana de Tiraboschi, vi, 320 et

suiv.

W-s.

PLATNER (JEAN-ZACHARIE ), médecin et chirurgien-oculiste, naquit à Chemnitz, en Misnie, le 16 août 1694. Son père,, un des commerçants les plus distingués de son pays, lui donna une éducation très-soignée: il voulut qu'il fit ses cours d'humanités et de philosophie, avant de se jeter dans le commerce: mais celuici prit du goût pour l'étude de la médecine; et comme il était d'une assez faible complexion, ses parents consentirent qu'il abandonnât l'état que ses ancêtres avaient cependant cultivé avec succès. Il commença ses études à Leipzig, en 1712, et se rendit, en 1715, à Halle, qui était l'école la plus marquante de son temps. C'est là qu'il reçut les honneurs du doctorat, le 25 septembre 1716: mais il voulut encore se perfectionner par les voyages; et après avoir visité les principales universités de l'Allemagne, il se rendit, par la Suisse et la Savoie, à Lyon et à Paris, et il se voua entièrement à l'étude de l'anatomie et de la chirurgie, plus particulièrement encore à tout ce qui a

rapport aux maladies de l'œil. On ré pandit dans le temps, qu'il avait guéri des maladies qui avaient résisté au talent du célèbre oculiste SaintYves même. Jean-Zacharie visita ensuite les illustres professeurs de Leyde, Boerhaave et Albinus, et revint, en 1719, dans sa ville natale. Mais on l'attira, dès 1720, à l'université de Leipzig; et, l'année suivante, il y fut nommé professeur d'anatomie et de chirurgie. En 1724, il obtint la chaire de physiologie, vacante par la mort de Rivinus; en 1737, il passa à celle de pathologie, et en 1747, à celle de thérapeutique. C'est aussi vers cette époque, qu'on le nomma doyen perpétuel de la faculté, et médecin consultant de la cour de Saxe. Il ne jouit pas longtemps de ces honneurs. Le 19 déc. 1747, il avait visité ses malades et donné sa leçon : l'après-dîner, il ren. tra chez lui, et mourut subitement d'un accès d'asthme. Les ouvrages qu'il a publiés lui-même, se distinguent par une grande érudition et par un goût et une pureté particulière de style et de latinité : ceux qui ont été imprimés après sa mort, se ressentent de toutes les négligences et des additions des éditeurs. I. Les Programmes, Mémoires et Thèses qu'il a mis au jour de 1721 à 1745, ont été réunis en trois volumes, sous ce titre Opusculorum chirurgicorum et anatomicorum dissertatio

nes et prolusiones, Leipzig, 1749, in4°., avec figures. Les Thèses contiennent plusieurs cas intéressants de chirurgie, surtout des maladies de l'œil. II. Institutiones chirurgiæ rationales tùm medicæ tùm manuales, adjectæ icones nonnullorum ferramentorum, aliarumque rerum quæ ad chirurgi officinam pertinent, ib., 1745, in-8°., 1788, in-8°., Venise,

1747, in-8°., Leipzig, 1783, 2 volumes in-8°., avec des notes de Chr. Krause: traduit en allemand, en 1748 et 1770; par J.-B. Boehmer, et en hollandais, en 1764, par Houttuyn. Ce Manuel contient l'historique de toutes les méthodes curatives et des opérations chirurgicales qui ont été connues jusqu'à son temps, accompagné d'excellentes critiques et d'observations et expériences particulières de l'auteur. Il indique aussi le perfectionnement qu'il a donné à quelques instruments. III. Ars medendi singulis morbis accommodata, ibid., 1765; ce traité a été lé gué en manuscrit par Platner, à son disciple, J.-B. Boehmer, sous la condition de ne le jamais rendre public. L'avidité d'un libraire l'a mis au jour, malgré l'opposition du fils, dix-huit ans après la mort de l'au

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PLATNER (ERNEST), médecin et moraliste saxon, fils du précédent, naquit à Leipzig, le 15 janvier 1744. Les événements de sa vie ne nous offrent aucune circonstance remarquable à consigner: ce sont ceux qui se présentent durant le cours paisible d'une activité académique, fort utile aux jeunes gens qui suivaient ses leçons; une série de publications littéraires, ou scientifiques, des témoignages de confiance et d'af fection de la part des élèves ou de l'autorité, et les honneurs qui, dans les universités d'Allemagne, sont ordinairement la récompense de professeurs distingués par leur talent et leurs services. Successivement maître-ès-arts docteur en médecine, professeur dans cette faculté, et son doyen perpétuel, à dater de 1796, il réunit à ces titres académiques, en 1789, celui de decemvir de l'université, et de conseiller aulique de

l'électeur, depuis roi de Saxe. Quoiqu'auteur d'ouvrages estimables sur diverses parties de la médecine et de la chirurgie, c'est uniquement à ses livres élémentaires de philosophie rationnelle et morale, à la précision, à l'élégance, à la grâce de son style, qu'il doit sa célébrité et l'influenco qu'il exerça sur plusieurs branches de la métaphysique et de l'anthropologie. Sa pénétration, son instruction solide et variée, son tact et la finesse de son esprit, lui permirent d'exposer et d'apprécier les doctrines et les opinions des plus subtils et des plus profonds philosophes de l'antiquité et des temps modernes, mieux que ne l'avaient fait la plupart des historiens de la philosophic. Ses écrits, d'ailleurs recommandables par la diction, et par l'influence qu'ils ont eue dans la formation de la prose didactique de l'Allemagne lettrée, furent d'abord consacrés à l'exposition, à la défense et au perfectionnement du système de Leibnitz, puis à l'examen et à la ré. futation des doctrines Kantiennes : mais ils reçurent, à l'une et à l'autre de ces époques, l'empreinte du tour d'esprit naturellement sceptique de leur auteur. Cette tendance se manifesta, dès les commencements de sa carrière littéraire, par une rare impartialité dans l'exposition des idées divergentes des siennes, par un éclecticisme conciliatoire et judicieux, qui s'efforçait d'enter, sur le grand arbre planté par Leibnitz, et cultivé par Wolf, des rameaux détachés des produits du génie philosophique, fruits d'autres temps et d'autres climats. Plus tard, il sentit que les essais pourfaire un choix dans les opinions diverses des chefs d'école, et les efforts tentés pour approprier ce choix aux nouveaux besoins qui se

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