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cle, si celles qui attaquent l'auteur pelle Le Frane de Pompignan « un des Poésies sacrées, ont plus porté homme qui mériterait d'être châtié coup que les autres, c'est précisé- ⚫ pour son insolence....; enivré par ment parce que cet écrivain avait, et l'excès de sa vanité, de sa préqu'il méritait d'avoir, beaucoup de » somption, de son ambition....... réputation. Jamais Pompignan n'a » ajoutant à l'arrogance d'un seigneur nommé Voltaire dans aucun de ses » de paroisse l'orgueil d'un président Ouvrages seulement il a cherché à » de cour supérieure....., ce qui for. le désigner; et l'indignation l'a quel mait un personnage ridicule sur quefois rendu poète contre ce terri- » tous les points. » Collé, qui n'éble adversaire. Il le mit en scène, tait point membre de l'académie dans un Opéra; et c'est peut-être la française, laisse voir dans son Jourpremière fois que la satire est entrée nal, qu'il partageait les préventions dans une composition de ce genre. injurieuses des deux auteurs cités. Le patron de la philosophie moder- Mais, en n'envisageant que comme ne y est représenté sous le nom de littérateur l'homme célèbre dont il Promethée, qui a enseigné les arts s'agit ici, on peut s'en tenir à la conaux hommes, mais les a corrompus clusion du résumé de Laharpe, que en leur apprenant à mépriser les nous avons rappelée tout-à-l'heure: dieux. Il y a, dans ce drame, beau- Malgré tout ce qui a manqué à Pomcoup d'imitations d'Eschyle. Pom-pignan, il conservera, en plus d'un pignan avait encore fait cinq ou six Opéras, presque tous très-froids. CeJui qui est intitulé Héro et Léandre, fut représenté en 1750. Il avait aus si composé quelques tragédies, entre autres, Zoraide, dont Voltaire s'est moqué, comme de tout le reste. Jamais elles n'ont été jouées; et, soit qu'il les eût condamnées lui-même, soit qu'il voulût seulement ne pas les laisser imprimer de son vivant, elles ne figurent point dans le recueil de ses OEuvres imprimées en 1784, Paris, 6 vol. in-8°. Laharpe, juste pour Pom pignan, dans son Cours de littératu

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»genre, l'estime de la postérité. » L'Eloge de Jean-Jacques Lefrane, marquis de Pompignan, par M. de Reganhac le fils, fut couronné, en 1787, par l'académie des belleslettres de Montauban. Cet auteur eut pour concurrent Bertrand Barère. P

Éloge composé par celui-ci renferme beaucoup de détails intéressants. Il est de plus rédigé dans un si bon esprit, qu'on a quelque peine à y reconnaître le député qui fut, depuis, si malheureusement fameux à la Convention. Si, comme on l'a dit, ce fut Le Franc Pompignan qui donna lui-même l'édition de ses eeuvres publiée l'année de sa mort, cr 6 vol. in-8°; il est étonnant qu'il n'y ait pas inséré son Discours de réception à l'académie française. Indépendamment de ce que contient ce Recueil, on a de lui:1. Mélanges de traductions de différents ouvrages de morale, italiens et anglais, Paris, 1779, in-16, de 299 pages; ils sont précédés d'un avertissement,

ses.

en 24 pages, dans lequel l'auteur rend compte de ce que comprend ce volume, savoir: 1o., Maximes spirituelles, tirées des ouvrages latins du P. Nieremberg, jésuite, publiées originairement en espagnol, et traduites ensuite en italien. Il en avait paru deux versions françaises (en 1714 et 1751), d'après l'espagnol. Pompignan a composé la sien ne sur le texte italien de la quatrième édition, imprimée à Naples en 1679. Ces Maximes ont 92 pages. A la suite viennent 26 pages de Prières qui ne se trouvent pas dans les deux Traductions françai2o. De la difficulté de se connaître soi-même, Sermon traduit de l'anglais. 3. Considéra tions choisies, trad. des Méditations du docteur Challoner, evêque catholique de Londres. Les Maximes sont mystiques, et, de même que les Prières, n'ont qu'un mérite ordinaire. Le Sermon et les Considérations offrent quelque chose de plus substantiel; mais nous pouvions nous passer de cette acquisition, ayant déjà dans ce genre tant de livres excellents. II. Eloge historique de Mgr. le duc de Bourgogne, imprimerie royale, 1761, in-8°., de 88 pag. Cet Eloge d'un prince agé seu lement de dix ans, avait été demandé à Pompignan par le Dauphin et la Dauphine. On a lieu de s'étonner, qu'il l'ait exclus, comme son Discours de réception à l'académie, de la collection de ses œuvres.

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dans cette dernière maison, qu'il prit l'esprit de piété et Fattachement à ses devoirs, qui formèrent la base de sa conduite. On le voit, fort jeune encore, paraître à l'assemblée du clergé, de 1740: il n'était que sous diacre, et fut député par la province de Vienne, à raison d'une pe tite chapelle qu'il possédait dans le diocèse de Grenoble. Lié avec le père Tournemine, il acheva et publia la seconde partie de la Dissertation de ce savant jésuite, sur le fameux passage de l'historien Josèphe, touchant Jésus-Christ. La France littéraire cite de lui un Essai critique sur l'état présent de la république des lettres, 1744, in-4°.; 1764, in-12. Cet ouvrage ne serait-il pas plutôt de son frère aîné? L'abbé Couturier, supérieur de Saint-Sulpice, qui avait apprécié Pompignan, l'indiqua comme un des sujets les plus dignes de l'épiscopat; et le cardinal de Fleury le nomma, presqu'au sortir de la licence, évêque du Puy. Le jeune prélat ne fut point ébloui de l'éclat de sa nouvelle dignité; avant de partir pour son diocèse, il alla passer trois semaines chez M. de La Motte, évêque d'Amiens, afin de se former aux soins de son ministère, par les exemples et les entretiens d'un si digne pasteur. Arrivé au Puy, un des premiers fruits de son zèle fut de procurer une mission au diocèse. Le père Brydaine, célèbre missionnaire de ce temps-là, fut appelé avec plusieurs de ses coopérateurs ; et l'évêque ouvrit lui-même la mission par un discours, donna plusieurs con férences, et prit part aux exercices avec un zèle qui contribua au succès des prédications. Son clergé fut l'ob jet principal de sa sollicitude; il veitfait sur son seminaire, présidait aux examens, réunissait ses curés dans

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des retraites ecclésiastiques, et leur adressait lui-même des exhortations. Le travail du cabinet ne l'empêchait point de remplir les devoirs extérieurs de son ministère: il visita plusieurs fois tout son diocèse ; et dans ses courses il ne s'occupait pas seulement du spirituel; il écoutait les demandes des malheureux, pourvoyait à leurs besoins, excitait l'industrie, terminait les différends. Sa bonté, sa modestie, sa charité, lui gagnaient tous les cœurs. Il ne sortait de son évêché, que pour des motifs d'utilité publique. Député à l'assemblée du clergé, de 1755, il y prononca le discours d'ouvertufut nommé membre du bureau de juridiction, et présenta un mémoire contre les mauvais livres. On sait qu'il y eut dans cette assemblée un partage d'opinions sur différentes matières alors agitées : les uns, suivant le sentiment de M. Boyer, ancien évêque de Mirepoix, étaient appelés, à cause de lui, Théatins; les autres furent nommés Feuillants, parce qu'ils adoptaient les principes du cardinal de La Rochefoucauld, nouveau ministre de la feuille. Pompignan se rangea de ce côté; mais on peut croire que le desir de la faveur n'influa point sur sa détermination. Ce fut lui qui fut chargé d'écrire au pape, en lui envoyant les articles dres sés de part et d'autre. Dans l'assemblée de 1760, dont ce prélat fit également partie, il rédigea des Remontrances au roi en faveur des ecclésiastiques bannis par le parlement, et prononça la harangue de clôture. Il fut un des premiers évêques qui adhérèrent aux actes de l'assemblée de 1765, et il en prit la défense par un écrit exprès. Les autres ouvrages qu'il composa successivement, soit contre les mœurs de son temps, soit

contre l'incrédulité, l'avaient placé. parmi les membres les plus distingués du clergé de France; mais, en même temps, ils lui attirèrent des ennemis. Voltaire, entre autres, dirigea contre lui quelques-unes des nombreuses facéties qu'enfantait sa plume facile. L'évêque ne parut point, s'apercevoir de ces attaques et de ce persiflage; il continua ses travaux pour le bien de l'Eglise et de son diocèse. Le roi le nomma, en 1774, à l'archevêché de Vienne, et unit à ce siége l'abbaye de Saint-Chafre, que ce prélat possédait depuis 1747. M. de Pompignan montra, dans ce nouveau poste, le même zèle et les mêmes vertus; il parut avec honneur à l'assemblée du clergé de 1775, et rédigea l'Avertissement aux fidèles, que l'assemblée publia, pour exposer les avantages de la religion et les pernicieux effets de l'incrédulité. Parmi les actes de son épiscopat à Vienne, nous ne remarquerons que le Caté-, chisme qu'il publia en 1777, son Mandement du 31 mai 1781, touchant l'édition qui se préparait des OEuvres de Voltaire, et celui du 3 août suivant, contre la lecture des OEuvres de Rousseau et de Raynal, 32 pages in-4°. On ne se serait pas attendu, d'après cela, à le voir loué dans cette même édition de Voltaire. Condorcet, dans sa Vie du philosophe de Ferney, donne à l'archevêque de Vienne des éloges que ce prélat eût sans doute repoussés (1), «M. de Pompignan, dit-il, vient d'effacer, par une conduite noble et patriotique, les taches que ses délations épiscopales avaient répandues sur sa vie : on le voit adopter aujourd'hui avec courage les principes de liberté que,

· (1) Vie de Voltaire, édit. de Kehl, t. 70. in-8°., page 162.

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pas jouir long-temps: trois évêques seulement furent nommés sous son ministère; et ces choix firent honneur à sa sagesse. Bientôt les progrès de la révolution vinrent lui ôter les moyens d'être utile; les évêchés supprimés, les abbayes détruites, les biens ecclésiastiques envahis, ne lui laissaient presque aucune fonction. Les malheurs de l'Église et de l'état l'abreuvèrent d'amertumes. La constitution civile du clergé mena

dans ses ouvrages, il reprochait avec amertume aux philosophes. >> L'académicien fait ici allusion à la conduite de M. de Pompignan dans les états du Dauphiné; et il est vrai que le prélat parut, dans cette circonstance, favoriser un parti dont il n'apercevait pas l'esprit et le but. appuya les prétentions du tiersétat. Les trois ordres assemblés à Vizille préludaient par leurs délibérations à la révolution qui allait écla ter, et excitaient par lettres les au-çait la France d'un schisme. Pie VI tres provinces à suivre leur exemple. (V. MOUNIER.) En rappelant la part que l'archevêque prit à ces démar. ches, nous sommes bien éloignés de vouloir accuser sa mémoire. Čomme tant d'autres, à l'origine de nos troubles, il fut trompé par la pureté de ses intentions, et ne soupçonna pas les projets des factieux bien peu d'hommes eurent alors le bonheur de lire dans l'avenir; et il n'est pas bien étonnant qu'un prélat du caractère de Pompignan ait été ébloui par de spécieuses apparences. Député aux états généraux, il y suivit d'abord la même conduite. Le 22 juin 1789, cent-quarante-neuf membres du clergé allèrent se réunir au tiers : ils avaient à leur tête, les archevêques de Vienne et de Bordeaux, et les évêques de Chartres, de Coutances et de Rodez. Cette démarche valut à M. de Pompignan d'être nommé, l'un des premiers, président de l'assemblée nationale. Le 4 août suivant, le roi l'appela dans son conseil, et le fit ministre de la feuille. Le prélat montra, dans cette occasion, son attachement aux règles de l'Eglise ne pouvant plus résider dans son diocèse, il donna sa démission de son siége; il eut en échange l'abbaye de Buzai, qui était affectée aux économats, et dont il ne devait

adressa, le 10 juillet 1790, à l'ancien archevêque de Vienne, une bulle où il blamait fortement les nouveaux décrets, et où il l'exhortait à détourner le roi d'y apposer sa sanction. Le pape avait écrit, le même jour et dans le même sens, à Louis XVI, et à M. de Cicé, archevêque de Bordeaux. Ces brefs n'empêchèrent pas le monarque de donner, le 24 août, sa sanction, à la constitution civile du clergé. On a voulu en faire un sujet de reproche à M. de Pompignan; et l'abbé Barruel le gourmande un peu durement à ce sujet dans son Journal ecclésiastique, février, 1791, page 280, et dans son Histoire du clergé. L'évêque de Blois, M. de Thémines, dans son Ordonnance de 1791, et M. l'abbé N. S. Guillon, dans la Collection des Brefs dusaint siege, tome premier, p. 38, parlent aussi de l'archevêque de Vienne avec quelque sévérité. Feu l'abbé Emery a repoussé leurs reproches, dans une Notice qui se trouve à la tête des Lettres à un évêque par M. de Pompignan. Le prélat répondit en effet au pape le 29 juillet, et promit de faire tout ce qui était en lui pour seconder les vues du pontife. S'il ne publia point le bref de Pie VI, ce dont l'abbé Barruel lui fait un crime, il est possible que cette réserve lui

fût commandée par les circonstances: peut-être le roi exigea-t-il de lui qu'il gardât le silence. L'abbé Barruel est surpris que l'archevêque n'ait pas détourné Louis XVI de faire examiner la Constitution civile du clergé; mais un rapprochement de dates détruit cette accusation. C'est le 24 août 1790, que le roi donna sa sanction. Dès le 17 août, M. de Pompignan était tombé malade, et avait cessé d'assister au conseil: il ne sortit plus de son appartement jusqu'à sa mort, arrivée le 29 décembre suivant. Ce prélat est un de ceux qui ont fait le plus d'honneur à l'Eglise dans ces derniers temps. S'il eut quelques torts en politique, il fut, comme évêque, aussi éclairé et aussi laborieux que pieux et édifiant; et ses écrits honorent à-la-fois son zèle et son talent. On a de lui: I. Une Instruction pastorale aux nouveaux convertis de son diocèse, Montauban, 1751; c'est un ouvrage de controverse, court, mais solide. II. Questions sur l'incrédulité, 1753, in-12. L'auteur y traite cinq questions. Cet ouvrage, un des premiers qui parurent contre la philosophie naissante, est plein de sens et de modération. III. Le Véritable usage de l'autorité séculière dans les matières qui concernent la religion, 1753, in-12. C'est une défense des droits de l'Eglise contre les entreprises du parlement, IV, La Dévotion réconciliée avec l'esprit, 1754, in-12, souvent réimprimée. V. Controverse pacifique sur l'autorité de l'Eglise, ou Lettres de M. D. C. à M. l'évêque du Puy, avec les Reponses de ce prélat, 1757, in - 12. Cette controverse fut provoquée par les Questions sur l'incredulité. Il y a deux lettres sous le nom d'un minis. tre protestant, avec les deux répon

ses du prélat. Grillet nous apprend
que l'ouvrage est du chanoine Favre,
d'Anneci, sous le nom du ministre
des Certolz. VI. L'Incrédulité con-
vaincue par les prophéties, 1759, 3
vol. in 12. VII, Instruction pas-
torale sur la prétendue philosophie
des incrédules modernes, 1764, 2
vol. in-12. VIII. Instruction pasto-
rale sur l'hérésie, 1766, in - 4o. Il
y eut une Lettre à l'évêque du Puy
sur cette Instruction; cette Lettre,
1766, 80 pages in - 12, est une ré
clamation en faveur des appelants.
IX. Défense des actes du clergé,
concernant la religion, 1769. C'est
une réponse au réquisitoire violent
de M. de Castillon, avocat - général
à Aix. X. La Religion vengée de l'in
crédulité, par l'incrédulité elle-mé-
me, 1772, in - 12. XI. Les Lettres
à un évêque sur divers points de mo-
rale et de discipline, 1802, 2. v. in-
8°. Cet ouvrage posthume a été pa-
blié par le sage abbé Émery, qui y a
joint une Notice sur la vie du prélat:
cette Notice nous a été fort utile. L'é-
diteur annonce qu'il existe, en ma-
nuscrit, un Traité dogmatique et mo
ral sur le jugement dernier et la ré-
surrection des morts, et un assez
grand ouvrage sur les Jésuites. M. de
Pompignan avait écrit au roi, le 16
avril 1762, une lettre en faveur de ces
religieux. On pourrait y joindre des
discours prononcés en différentes oc-
casions: par exemple, les Oraisons
funèbres de la Dauphine, en 1747,
et de la reine Marie Leczinska, en
1768;

des Mandements, outre ceux que nous avons cités, et des Rapports faits dans les assemblées du clergé.

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POMPONACE ou POMPONAZZI (PIERRE ), né à Mantoue, d'une famille noble, le 16 septembre 1462, reçu docteur en médecine et en phi

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