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mé plusieurs fois sous le titre de Dictionnaire royal, parce que la première édition avait été dédiée au Dauphin: il a été effacé par le Dictionnaire du P. Joubert (V. ce nom). V. Flos latinitatis, ibid., 1665, in-12: par une allusion puérile à son nom, le P. Pomey avait d'abord intitulé cet ouvrage, Pomarium ou Po. mariolum. C'est, selon le P. Colonia, un assez bon extrait du Thesaurus de Robert Estienne. VI. Indiculus universalis ou l'Univers en abrégé, ibid., 1667, in-12. Ce petit répertoire français-latin des mots les plus usuels, rangés par ordre de matières, était un manuel commode pour les élèves des Jésuites, qui voulaient que dans leurs colleges on ne parlât que latin. Le Nomenclator de Junius offrait le même résultat, d'une manière plus complète; et le Janua linguarum de Comenius avait, de plus, l'avantage de présenter des phrases entières, et non des mots isolés : mais on jugea que ces deux ouvrages d'auteurs protestants ne devaient être mis entre les mains des écoliers catholiques. L'Indiculus a été publié en quatre langues, par G. M. König, Nuremberg, 1671, 1698, 1709, in-8°. Ce livre peut encore avoir son utilité; il a été adopté, dans divers colléges d'Italie et d'Allemagne : l'abbé Dinouart l'a refondu, et en a donné une édition corrigéc et augmentée, Paris, 1756, in-12 (V. DINOUART). VII. Colloquia scholastica et moralia, Lyon, 1668, in-12. VIII. Novus rhetorices candidatus, ibid., 1668, 1736, in-12. Ce traité de rhétorique est très-médiocre; le P. Jouvanci en a vainement donné une édition augmentée, Paris, 1712 : il est abandonné depuis long-temps. On a cncore du P. Pomey un Catéchisme

pas

théologique, traduit en italien ( Venise, 1752), avec le texte français; et quelques ouvrages ascétiques, dont on trouvera les titres dans la Biblioth. soc. Jesu. W-s.

POMIS (DAVID DE), écrivain hébreu, né à Spolète, en 1525, nous apprend dans une préface, qu'il était de la célèbre famille de Pomi, de la tribu de Juda, l'une des quatre qui échurent en partage à l'empereur Titus, et qui furent amenées captives à Rome. Il reçut de son père et d'Ézéchiel Alatino, fameux médecin de Todi, les éléments de l'art de guérir. En 1545, il alla se perfectionner à Pérouse, sous un habile professeur, et y prit le degré de docteur en philosophie et en médecine. Brûlant du desir d'exercer son état, il s'établit à Magliano, capitale de la Sabine, durant cinq années. Il servit aussi, pendant cinq ans, le comte Nicolas Orsini, et le prince Sforze pendant trois. Il partit ensuite pour Rome, où il fut bien accueilli du pape Pie IV, auquel il adressa un discours latin, devant un nombreux auditoire, composé de princes et de cardinaux. Malheureusement pour Pomis, ce pontife mourut au bout de huit jours, et fut remplacé par Pie V, qui renouvela les décrets de Paul IV contre les Juifs, et contraignit David de Pomis de se

retirer à Ancone. De nouveaux malheurs l'obligèrent de chercher un asile à Venise. Il y fit imprimer ses ouvrages, et mourut dans les environs, en 1587, avec la réputation d'un prodige d'érudition rabbinique On a de cet écrivain: I. Tzemach David (Germe de David), Venise, 1587, in-fol., dédié à Sixte Quint.. Ce Dictionnaire, dit Richard Simon, a cela de commode, qu'il est rangé sur deux colonnes, dont la

première représente les mots hébreux de la Bible, avec leur signification en latin et en italien; dans l'autre colonne, sont les mots de l'hébreu des rabbins, auxquels mots il a donné le nom de dictions étrangères, pour les distinguer de ceux qui sont purement hébreux : ce qu'il a aussi accompagné d'une interprétation écrite premièrement en hébreu de rabbin, puis en latin et en italien; de sorte que, par le moyen de ce Dictionnaire, on peut apprendre bien plus aisément le langage des rabbins qu'avec le grand Dictionnaire talmudique - rabbinique de Buxtorf, bien que ce dernier ait plus d'étendue (Supplément aux cérémonies des Juifs, chapitre xv). II. Enarratio brevis de senum affectibus præca vendis atque curandis, Venise, 1588, in-4°. Ce livre est si rare, que Bartolocci a douté de son existence. Du reste, il renferme des préceptes excellents pour prévenir les incommodités de la vieillesse, et pour les soulager. III. De medico hebræo enarratio apologetica, Venise, 1588, in-4°. L'auteur ne se borne point à faire l'apologie du médecin hébreu; il écrit encore celle de toute sa nation, d'une manière diffuse, mais intéressante. C'est le plus rare des ouvrages de David de Pomis. L'abbé de Rossi en parle longuement, dans sa Bibliotheca giudaica anticristiana, pag. 93, et dans son Dizionario. IV. L'Ecclesiaste di Salo mone nuovamente dal testo hebreo tradotto, Venise, 1571, in-8°. Le texte est accompagné de notes trèssavantes. V. Discorso intorno a l'hu mana miseria, Venise, 1572, in-8°. David de Pomis a cherché, dans ce Discours, à se distraire des malheurs domestiques auxquels il était en proie, et à se rendre utile à ceux qui, com

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me lui, auraient à se plaindre des rigueurs de la fortune. VI. Brevi discorsi et efficacissimi ricordi per liberare ogni città oppressa dal mal contagioso, Venise, 1577, in 4o. VII. Espositioni sopra Job e sopra Daniele. L'auteur parle du premier de ces ouvrages, dans la Préface italienne du Tzemach David, et du second, dans le Discours préliminaire de l'Ecclesiaste; mais ils n'ont jamais été publiés. Basnage attribue à David de Pomis un Traité à la louange de la république de Venise, qui lui avait donné un asile dans ses persécutions, lequel porte pour titre: Che constituzioni Veneziane sono divine, e promesse da Iddio per bocca del profeta di conservare tal santa republica (Histoire des Juifs, tome 1x, pag. 880). Ce savant hébreu était capable d'avoir fait un éloge aussi emphatique de la constitution Vénitienne, lui qui ne manquait jamais de dédier ses ouvrages à des personnages importants, et de célé brer leurs louanges dans les termes les plus serviles. L-B-E.

POMMERAYE (JEAN-FRANçors), bénédictin de la congrégation de Saint-Maur', né à Rouen, en 1617, aimait tellement l'étude, qu'il sacrifia tout à ses goûts, et renonça aux charges de son ordre auxquelles il pouvait aspirer. Il mourut d'apoplexie, en 1687, chez le savant Bulteau, auquel il faisait une visite. Toute sa vie fut occupée des recherches les plus laborieuses: on en trouve la preuve dans ses ouvrages, où l'on remarque plus d'érudition que d'élégance et de critique; en voici les titres: I. Histoire de l'abbaye de Saint-Ouen de Rouen, de Saint-Amand et de Sainte-Ca therine de la même ville, in-fol., 1662. II. Histoire des archevêques

ой

de Rouen, in fol. ; 1667, elle parut anonyme ainsi que la précédente, mais elle est plus recherchée et plus utile. III. Histoire de la cathedra le de Rouen, in-4°. IV. Recueil des conciles et des synodes de Rouen, 1677, in-4o: collection qui a été effacée par le bon ouvrage des bénédictins Bellaise et Bessin (1717, in-fol.) V. Pratique journalière de l'aumône, en 1 vol. in - 12; moins connu que ses ouvrages historiques.

D-B-S.

POMMEREUL (FRANÇOIS-RENÉ JEAN DE), né à Fougères en Bretagne, le 12 décembre 1745, d'une famille noble mais sans fortune, entra dès sa jeunesse, comme officier, dans l'artillerie, où il était colonel en 1785. Il fut, vers ce temps-là, un des examinateurs de Napoléon Buonaparte, à sa réception dans ce corps. Ce fut en 1787 que le ministère l'envoya à Naples pour y organiser l'arme å la quelle il appartenait. Il se trouvait dans ce royaume au moment de la révolution française, et fut inscrit sur laliste des émigrés; sa femme et son fils aîné furent incarcérés, et ses biens vendus. Le roi de Naples voulait le retenir à son service; mais il s'y refusa. Ne pouvant rentrer en France, il alla, en 1796, à Florence, faire quelques réclamations auprès de l'envoyé de la république française. Pendant son séjour dans cette ville, Buonaparte y vint aussi, et lui offrit du service dans son armée mais Pommereul, qui ne fut jamais d'une humeur très-belliqueuse, quoique, dans la suite, il soit parvenu au grade de général de division, ne crut pas devoir accepter; et ayant obtenu sa radiation de la liste des émigrés, il se rendit à Paris, où il fut employé au comité central d'artillerie. Mis à la réforme, en

1798, il y resta jusqu'au retour de Buonaparte, d'Égypte. A cette époque il fut nommé préfet du département d'Indre-et-Loire; et ce fut dans cet emploi, que, manifestant avec la dernière indécence sa haine pour la religion, il fit circuler, au moment même où son protecteur rétablissait les autels, un Almanach dans lequel tous les noms des saints avaient été remplacés par ceux des philosophes du paganisme et par les figures emblématiques de leurs systèmes. Il affichait, en même temps, le plus honteux cynisme, et faisait lui-même circuler les listes d'athées

publiées par Lalande, sur lesquelles il se glorifiait d'être un des premiers inscrits; il y avait même fait porter le cardinal de Boisgelin qui était alors archevêque de Tours. On conçoit combien un pareil scandale, de la part du premier magistrat d'un département, dut causer de rumeur. Le prélat demanda, à plusieurs reprises, qu'on éloignât un tel préfet de son diocèse; mais il ne put y réussir. Ce ne fut qu'après la mort du cardinal, que les plaintes des habitants, relatives à une somme considérable que le préfet avait dûem. ployer à la réparation des routes, amenèrent enfin le déplacement de Pommereul. Ce changement, loin d'être une disgrace, lui valut au contraire une place meilleure, celle de préfet du département du Nord. Il reçut même, quelques années après, le titre de conseiller-d'état, celui de baron; et, dans le mois de janvier 1811, la direction - générale de la librairie. On sait que M. Portalis avait perdu cet emploi pour avoir montré quelque zèle en faveur du pape. Buonaparte n'avait assurément rien de pareil à redouter de la part du successeur qu'il lui donnait aussi celui-ci a-t-il

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dit souvent que c'était par antithèse qu'on l'avait mis à la place de M. Portalis. Il s'attendait en conséquence à la quitter lorsque son maître se réconcilierait avec le pape; mais, comme le pontife ne cessa pas d'être persécuté tant que dura la puissance de Buonaparte, Pommereul fut directeur-général de la librairie jusqu'à la chute du gouvernement impérial; et, pendant trois ans, il dirigea cette partie importante de l'administration au grand déplaisir de tous les libraires, de la plupart des gens de lettres, et de ceux-là mêmes qui, plus tard, ont fait de lui de fausses et ridicules apologies. Chacun sait que pendant toute la durée de son pouvoir, il ne manqua aucune occasion d'exercer le plus odieux arbitraire, et de faire peser sur une branche de commerce alors trèssouffrante une fiscalité sans mesure, et qui ne tourna pas toujours au profit de l'état. On avait établi, en faveur de son administration, un impôt sur la réimpression des anciens ouvrages; et ce fut principale ment aux livres de piété et de saine morale qu'il en fit supporter le poids. Enfin il exerça souvent, contre les gens les plus honnêtes et les plus paisibles, des vexations inutiles, et que ne lui prescrivait pas le despotisme même de Buonaparte. Lorsque la régence, fuyant devant les armées de la coalition, s'éloigna de Paris en mars 1814, Pommereul se réfugia en Bretagne. Remis bientôt de sa première frayeur, il vint à Paris, et se présenta au gouvernement provisoire, pour recouvrer son emploi; mais il ne put l'obtenir, et resta sans fonctions sous le gouvernement royal. Après le 20 mars, il se flatta d'être plus heureux; ses espérances furent encore

déçues, par la décision du ministre Carnot, qui, ayant résolu de rendre la presse absolument libre, n'avait pas besoin du plus intolérant inquiteur qu'elle eût jamais trouvé en France. Buonaparte n'abandonna pourtant pas son protégé : Pommereul rentra au conseil-d'état ; et il y fut un des signataires de la fameuse délibération du 25 mars, destinée à exclure les Bourbons du trône. Il ne prit guère d'autre part aux événements de cette époque; il fut cependant compris, après le second retour du roi, dans l'ordonnance du 24 juillet et se vit ensuite obligé de quitter la France par suite de la loi du 12 janvier 1816. Réfugié d'abord à Bruxelles, il fut autorisé à rentrer dans sa patrie en 1819. Il est mort à Paris, le 5 janvier 1823. On s'est étonné qu'un tel homme ait conservé si long-temps des emplois d'une grande importance, sous un gouvernement dont les principes étaient tout-à-fait contraires aux siens; et l'on a attribué la durée de cette faveur à des éloges de la famille de Buonaparte, que le hasard lui avait fait autrefois consigner dans son Histoire de Corse. Sans nier que cette considération ait pu contribuer à la persévérance que Napoléon mit à le protéger, nous pensons qu'une cause plus réelle de cette étonnante faveur fut sa soumission absolue aux ordres du maître, et la connaissance parfaite qu'il avait du caractère de ce dernier. Un seul trait fera juger de ce genre de sagacité. A la fin de 1812, des plaintes multipliées étant parvenues à l'empereur, sur les entraves que le directeur de la librairie mettait à la liberté de la presse, il lui envoya, de Moscou, l'ordre d'être moins sévère. Un, secrétaire de Pommereul, ayant lu cette dépê

che, lui demanda s'il fallait s'y conformer: «< Gardez-vous en bien, » répondit-il; nous perdrions notre >> place avant un mois : c'est une piè » ce destinée au public, et non pas à »> nous. » Pommereul a mis au jour un grand nombre de compilations et de traductions oubliées depuis long-temps, et quelques ouvrages de circonstance, qui ne méritent guère plus d'être consultés. Voici la liste des uns et des autres: I. Histoire de l'île de Corse, 1779. II. Recherches sur l'origine de l'esclavage religieux et politique du peuple en France, 1781. III. Des chemins, et des moyens les moins onéreux au peuple et à l'état, de les construire et de les entretenir, 1781. IV. Manuel d'Epictète, précédé de réflexions sur ce philosophe et sur la morale des stoïciens, 1783; seconde édition, 1823. V. Réflexions sur l'Histoire de Russie, par M. Lévesque, 1783, in-12. VI. Etrennes au clergé de France, ou Explication d'un des plus grands mystères de l'Eglise, 1786. VII. Essais minéralogiques sur la solfatare de Pouzzoles, traduits de l'italien de Breislak, 1792. VIII. Observations sur le droit de passe, proposé pour subvenir à la confection des chemins, 1796, in-8°. IX. Vues générales sur l'Italie et Malte, dans leurs rapports politiques avec la république française, et sur les limites de la France à la rive droite du Rhin, 1797. X. Campagne du géné ral Buonaparte en Italie, 1797, in80., ou 2 vol. in-12. XI. L'Art de voir dans les beaux-arts, traduit de l'italien de Milizia, 1798, in-8°. XII. Voyages physiques et lithologiques dans la Campanie, par Scipion Breislak, traduits du manuscrit italien, et accompagnés de

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notes, 1801, 2 vol, in-8°., fig. XIII. Mémoire sur les funérailles et les sépultures, 1801. XIV. Essai sur l'histoire de l'architecture, précédé d'observations sur le beau, le goût et les beaux-arts, extraits et traduits de Milizia, la Haye, 1819, 3 vol. in-8°. Enfin il a fait tirer à vingt-cinq exemplaires des Imitations de Martial. Il a coopéré à l'Art de vérifier les dates, au Dictionnaire géographique et historique de Bretagne (V. OGÉE), au Dictionnaire des sciences morales, économiques et diplomatiques; à l'Encyclopédie méthodique; à la Clef du cabinet des souverains, etc. M. Barbier lui attribue : Lettre sur la littérature et la poésie italienne, traduite de Bettinelli, 1778, in 8o. (V. BETTINelli.) M-Dj.

peu

POMPADOUR (JEANNE-ANTOINETTE POISSON, marquise DE ), naquit en 1722. On a souvent répété ce que dit Voltaire, qu'elle était fille d'un fermier de la Ferté sous-Jouarre, qui avait amassé quelque argent à vendre du blé aux entrepreneurs des vivres; mais on lit aussi, dans une foule d'ouvrages du temps, que cette favorite avait pour père le boucher des Invalides, circonstance qu'elle, son frère et ses amis, vent bien avoir cherché à dissimuler. Quoi qu'il en soit, le mari de Mme. Poisson, sa mère, accusé de malversations, fut condamné, et obligé de prendre la fuite. Celle-ci était belle et galante, ce qui a donné lieu à différentes opinions sur la véritable origine de sa fille; elle avait de l'ambition, l'esprit d'intrigue : elle spécula sur la jolie figure de Mlle. Poisson, et soigna beaucoup son éducation, mais lui inspira surtout le goût des arts qui font le plus briller dans le monde. Elle semblait devoir se

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