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avec le père Vavasseur, d'avoir écarté des morceaux obscènes; mais il en produit qui le sont davantage, et il ensupprime qui ne le sont pas du tout, Brunck lui fait ces deux reproches, et n'hésite point à dire que cette in forme compila.ion a été préjudiciable au progrès des bonnes études. D'importantes additions y ont été faites par Henri Estienne, Saumaise, et d'autres savants on a d'ailleurs retrouvé à Heidelberg l'Anthologie de Céphalas, que Planude avait tant mutilée. Par ces moyens, les éditions de l'Anthologie grecque se sont successivement améliorées. La première est de 1494, à Florence, in-4°., en lettres capitales; c'est le Recueil de Planude, revu par J. Lascaris. Ce même Recueil fut réimprimé in-8°. par les Aldes, en 1503, 1514, 1550; par les Juntes, en 1519; et in-folio, en 1566, par Henri Estienne, avec des notes qui se retrouvent, ainsi que celles de Brodeau et de V. Opsopæus, dans l'édition donnée à Francfort en 1600.L'Anthologie de Céphalas parut ȧRotterdam, en 1742; puis, avec une version latine et les notes de Reiske, à Leipzig, en 1754. Brunck, en 1774, publia ses Analecta veterum poëtarum græcorum, à Strasbourg, en 3 vol. in-8°., recueil disposé dans un nouvel ordre, et plus riche que les précédents. On doit à M. Jacobs une Anthologie grecque, d'après le travail de Brunck (5 vol. in-8°.); des remarques sur les pièces contenues dans cette collection (8 vol. in-8°. ), et enfin 4 vol. ( du même format), intitulés: Anthologia græca ad fidem codicis olim palatini nunc primùm edita, cum supplementis Anthologiæ Planudeæ. Les septlivres de Planude ont été réimprimés à Naples avec une version italienne de Gaetano Carcani, 7 vol.in-4°., 1788-96;

et à Utrecht, par les soins de M. de Bosch, avec des Appendices et l'excellente traduction en vers latins, de Hugues Grotius, 5 vol. in - 4°., dont le dernier vient de paraître en 1822. Planude, outre cette compilation fameuse, outre les Fables et la Vie d'Esope, a laissé beaucoup d'écrits, dont les uns sont de simples versions de livres latins en langue grecque, et les autres des compositions originales. On connaissait, depuis 1495, sa traduction, en vers grecs, des Distiques moraux de Caton, souvent réimprimée jusqu'en 1754 et 1759; mais les Métamor phoses d'Ovide, traduites par Planude, en prose grecque, viennent d'être publiés pour la première fois en 1822, enrichies d'une Préface et de Notes savantes, par M. Boissonade, en un vol. in-8°., qui fait partie de la collection des classiques latins de M. Le Maire. M. Boissonade ne dissimule point les défauts de cette version Planude n'ayant qu'une mauvaise copie du texte latin, ne l'a pas toujours bien entendu. Un Fragment de Cicéron, sur la mémoire, traduit par lui en grec, a été imprimé en 1810; mais on a jusqu'ici laissé manuscrites les versions, qu'il a pareillement faites des Héroïdes d'Ovide, du Songe de Scipion, de la Guerre des Gaules de Jules-César (1), de la Consolation de Boèce, de la Grammaire de Donat, de la Cité de Dieu de saint Augustin, et des quinze livres du même docteur sur la Trinité. On cite de plus, un traité d'Aristote sur les plantes, remis en grec par l'infatigable moine, d'après une version orientale. Les ouvrages dont il est l'auteur original peuvent

:

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se diviser en trois classes, selon qu'ils appartiennent à la théologie, aux sciences, ou aux belles-lettres; car il a cultivé presque tous les genres de connaissances. Comme théologien, il a composé trois livres sur la Procession du Saint-Esprit, contre la doctrine de l'Église latine. Il s'était d'abord montré partisan de cette doctrine, ce qui avait fort déplu à l'empereur, qui, dit-on, le fit alors jeter dans un cachot. Pour recouvrer sa liberté et rentrer en grâce, il se mit à réfuter ce qu'il avait professé, et ne sut employer que des arguments d'une faiblesse extrême, ainsi qu'il arrive ordinairement en pareil cas : c'était du moins le jugement qu'en portait le cardinal Bessarion, dans le siècle suivant; Raphaël Maffei de Volterra nous apprend ces détails. Arcudius n'en a pas moins inséré cet ouvrage théologique de Planude, dans un Recueil publié en 1630, in-4°. On a imprimé aussi son Sermon sur saint Pierre et saint Paul, parmi les OEuvres de saint Grégoire de Nysse, et une version latine de son Discours sur le Tombeau de J.-C., au tom. XXVII de la Bibliothèque des Pères:ses autres prédications concernaient la Prière, la Vérité, les vertus de quelques martyrs; elles sont restées manuscrites, ainsi que plusieurs inscriptions pieuses, une vie d'Arsène, patriarche de Constantinople, et un Recueil de Canons. C'est dans le Panégyrique du martyr Diomède, que Planude se dit né à dit né à Nicomédie, ainsi que M. Boissonade l'a remarqué le premier. Dans les sciences, sou plus important travail consistait, à ce qu'il semble, en scholies sur l'arithmétique de Diophante; ce sont probablement celles qui ont été publiées avec le texte du inathématicien grec,

et qui ne s'appliquent qu'aux deux premiers livres. Elles contiennent beaucoup d'inepties, comme l'ont montré Xylander et Meziriac. On ne saurait accorder une pleine confiance à ce que Planude rapporte des calculs usités chez les Indiens; mais il a passé, quoique fort mal-à-propos, pour le premier qui ait fait, en Europe, usage des chiffres arabes ; ils avaient été introduits, dès l'an 1202, en Italie, par Léonard de Pise (V. FIBONACCI, tom. xiv, p. 481). C'est sans doute à cette science, ou à d'autres branches des mathématiques, que tiennent ses problèmes manuscrits. Il paraît s'être occupé aussi, et des figures du soleil et de la lune, et des couleurs, et des noms des animaux. Ses Opuscules sur ces matières, sont à peine indiqués dans les Catalogues des bibliothèques manuscrites. Il en est de même de la plupart de ses livres de grammaire et de littérature. La bibliothèque du Roi, à Paris, possède son Dialogue intitulé: Neophron et Palatimus, indiqué par Villoison, et roulant sur des questions grammaticales. Ailleurs, on a de lui une Grammaire abrégée; ailleurs, un Commentaire sur la Rhétorique d'Hermogène. On lui attribue encore des Énigmes, une Comparaison de l'hiver et du printemps, une Paraphrase des Caractères de Théophraste, des Remarques sur l'histoire de la guerre de Troie, par Dictys de Crète; des Additions à la bibliothèque de Photius, et trois centuries d'Adages. Enfin, Lambecius (Biblioth. Cæsar., lib. IV) indique un manuscrit contenant soixante-douze Épîtres de Planude : la première est celle dont

(2) La figure des chiffres de Flanude est gravée dans l'Hist. des mathématiques de Montucla.

nous avons fait mention au commencement de cet article. Tous ces travaux supposent une laborieuse activité, une facilité peu commune, une instruction variée, et sinon profonde, du moins assez étendue. Dans cette longue liste de productions, il n'y a pas un seul bon ouvrage. Planude ne perfectionne rien; toujours pressé de finir, il n'apporte nulle part d'exactitude. S'il rencontre des difficultés, il les élude par des omissions, ainsi que l'a remarqué Brunck, par rapport à l'Anthologie: Quùm ea (Carmina) è libro parim emendato describeret,omnia, que legendi difficultate festinanti moram injiciebant, prætermittebat, consutis hiulcis et incohærentibus distichis. Peu d'auteurs, même au moyen âge, ont montré moins de discernement et de critique; il n'a ni goût, ni véritable talent, pas même autant qu'il en faut aux compilateurs: et néanmoins, deux de ses Recueils, son Anthologie, et ses Fables d'Ésope, ont acquis, au renouvellement des lettres, une vogue qu'ils n'ont pas encore perdue. Il est vrai que son nom est demeuré assez obscur: on n'a fait aucune recherche sur les circonstances de sa vie; et Possevin les a si mal connues, qu'il le fait vivre au temps du concile de Bâle : l'erreur est à-peu-près d'un siècle. D-N-U. PLAT ou PLAET (JOSSE LE).

V. LEPLAT.

PLATEL. V. NORBERT. PLATEN (DUBISLAV - FRÉDÉRIC DE), fils d'un colonel qui avait servi en Prusse avec beaucoup de distinc tion, naquit en 1714: il n'avait pas encore dix ans, lorsqu'en considéra. tion des services du père, le roi le fit cornette, suivant les prérogatives qu'avait alors la noblesse prussieune. En 1729, il était déjà lieutenant:

en

en 1736, il eut une compagnie dans un régiment de cuirassiers, et fut créé chevalier de Saint-Jean, probablement aussi par égard pour le père; car Platen le fils n'avait encore rien fait qui méritât cette distinction. Co fut seulement en 1741 qu'eut lieu sa première campagne, en Silésie; au combat de Gotusitz, il gagna l'ordre du Mérite et le grade de major: trois ans après il fit la campagne de Bohème et de la Haute - Silésie, et fut nommé ensuite lieutenant - colonel et commandant en second des dragons de Norrmann, puis commandant des dragons de Langermann; et, après avoir aidé à repousser les Autrichiens auprès de Friedland, en Bohème, il devint, 1757, major-général, et commanda son régiment à la bataille de GrossJægerndorf. Envoyé depuis contre les Suédois en Pomeranie, il prit part au blocus de Stralsund. De là, il se tourna contre les Russes, et se battit contre cux à Zorndorf, avec ses deux fils, dont l'un fut tué, et l'autre blessé grièvement. Il délogea ensuite les Russes de plusieurs postes, tels que Galnow et Greiffenberg: revenant aux Suédois, il leur prit Prenzlow, Pasewalk, et contribua à la prise de Demmin. Nommé lieutenantgénéral, il fut chargé du commandement de la cavalerie, à l'armée du prince Henri, en Saxe. Il occupa Bamberg, et prit part à la bataille de Kunnersdorf. En 1760, il fit par tie du corps d'armée envoyé du côté de la Prusse, pour empêcher les incursions des Russes. Puis, repassant à l'armée du prince Henri, il couvrit la Silésie, et combattit à Torgau,

sous les yeux du roi. Chargé, par ce prince, de traverser l'Oder, pour détruire, en Pologne, les magasins russes, il exécuta cet ordre

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avec une célérité et une audace surprenantes, enlevant, au couvent de Gostin un convoi de cinq mille charettes, faisant prisonniers deux mille hommes, après en avoir tué cinq cents; brûlant un grand magasin à Gostin même, et un autre à Posen. Il délogea ensuite l'ennemi de Landsberg, et s'empara de la tête du pont de la Persante, à Koslin; de là il passa un défilé auprès du village de Spie, malgré la canonnade des Russes; traversa tout le village incendié, et opéra sa jonction avec le duc de Würtemberg, qui avait le plus grand besoin de secours. En 1762, il fit la campagne de Saxe, dans l'armée du prince Henri, mais sans avoir occasion de se distinguer. Dans la guerre de la succession de Bavière, il commanda, sous le même prince, un corps de Prussiens et de Saxons, avec lequel il pénétra jusqu'aux environs de Prague, répandant la terreur sur son passage. Ce fut la fin de ses exploits militaires. Il fut laissé sans nouvelle destination, jusqu'à l'avénement de Frédéric-Guillaume, qui lui présenta la décoration de l'Aigle-rouge, en disant que c'était s'y prendre tard, mais que du moins il prouvait qu'il savait apprécier le mérite. Le nouveau roi le nomma aussi gouverneur de Koenigsberg, et le fit, en 1787, général de la cavalerie: Platen mourut un mois après sa nomination, ayant servi pendant soixante-cinq ans. Il avait épousé, en 1738, la fille de Cocceii, grand-chancelier de Frédéric II.

D-G.

PLATER (FÉLIX), médecin, né à Bâle, en 1536, fils du recteur du gymnase de cette ville, s'appliqua, dès sa première jeunesse, à l'étude de l'art de guérir, avec tant de succès, qu'il fut admis au doctorat à

l'âge de vingt ans. Il se rendit ensuite à Montpellier, parcourut la France et une partie de l'Allemagne, et revint, en 1560, à Bâle, riche d'une foule de connaissances acquises dans ses voyages. Nommé archiâtre et professeur de médecine pratique, il remplit cette double charge, avec succès, pendant cinquante-quatre ans. Sa réputation attirait à ses leçons une foule d'élèves des pays étrangers; et, malgré les soins qu'il donnait à l'enseignement, il trouvait encore le loisir de répondre aux consultations qu'on lui adressait de toutes parts. Plusieurs personnes du plus haut rang, à qui ses conseils avaient été utiles dans des maladies dangereuses, cherchèrent à l'attirer par des offres avantageuses à sa fortune. Mais son désintéressement le fit résister à toutes les sollicitations; et il vécut tranquille et considéré, au milieu de ses concitoyens, auxquels il avait eu le bonheur de rendre d'importants services, surtout à l'époque des fièvres pestilentielles qui désolèrent une partie de la Suisse, en 1564 et en 1610. Plater mourut dans sa patrie, le 28 juillet 1614, sans laisser d'enfants d'un mariage qu'il avait contracté dans sa jeunesse, et qui l'avait rendu constamment heureux. Il avait établi à Bâle un jardin botanique, dont il abandonnait la disposition à ses élèves; et il avait formé un riche cabinet d'histoire naturelle, qui a subsisté jusqu'à l'extinction de sa famille. Ón à de lui plusieurs ouvrages, dont on peut voir les titres dans le Dictionnaire de médecine d'Eloy, et dans l'Athene raurice, p. 182. Les principaux sont: I. De corporis humani structura et usu libri tres, Bâle, 1583, in-fol.;ibidem, 1603, même format.

La plupart des planches qui décorent ce volume, sont tirées de Vésale et de Coiter; celles qui concernent l'organe de l'ouie et de la vue, sont les seules qui appartiennent à Plater. II. De mulierum partibus genitalibus, ibid., 1586, in - 4°.; Strasbourg, 1597, in-fol. III. Praxeos medica tomi tres, Bâle, 1602, in-8°. Cette Pratique a souvent été réimprimée: la meilleure édition est celle qu'Emanuel Koenig a donnée, en 1736, in-4°., avec une Préface. IV. Obser vationum libri tres, ibid., 1614, in-8°.; réimprimé, avec des additions, en 1641 et en 1680, même format. Ce Recueil contient des remarques utiles, et qui confirment que l'auteur était un excellent praticien ; mais on regrette d'y lire un grand nombre de formules qui ne peuvent plus être d'aucun usage. Sa Vie, écrite par lui-même, avec un très-grand détail, se conserve en manuscrit, et se trouvait, en 1785, dans la bibliothèque du docteur Passavant, de Bâle, l'un de ses descendants. -PLATER (Thomas), frère du précédent, né en 1574, était en bas âge, qnand son père mourut. Félix, son frère, prit soin de son éducation, et le regarda toujours comme son fils. Après avoir achevé ses études médicales avec succès, il se livra particulièrement à l'histoire naturelle, donnant à cette science tous les moments qu'il pouvait dérober à ses occupations. Nommé, en 1614, professeur d'anatomie et de botanique à l'académie de Bâle, il obtint, en 1625, la chaire de médecine pratique, et mourut le 1er. décembre 1628. On lui doit une édition du Traité de pratique de son frère (Bâle, 1625, in - 8o.), avec quelques corrections et additions, résultat de sa propre expérience. On

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conserve encore le manuscrit du Jour. nal de ses voyages; ouvrage curieux, rempli de dessins, de cartes et de plans tracés de sa main. PLATER (Félix II), fils du précédent (1), naquit en 1605: après avoir fait ses études et reçu le grade de docteur en philosophie, il résolut, à l'exemple de son oncle et de son père, de cultiver la médecine. Il visita les plus célèbres universités de France, d'Angleterre et de Hollande, et, de retour à Bâle, en 1629, y prit le bonnet de docteur. Cependant il accepta, l'année suivante, la chaire de logique, et, trois ans après, celle de physique. Mais il ne tarda pas de renoncer à l'enseignement pour se livrer tout entier à la pratique médicale. En 1656, il fut nommé archiâtre de la ville de Bâle; et, en 1664, il fut reçu sénateur. Ce médecin n'employait la saignée que très-rarement; et il ne prescrivait jamais à ses malades que des remèdes faciles à préparer : aussi remarque-t-on qu'il ne fut aimé ni des chirurgiens ni des apothicaires. Il mourut le 3 juin 1671. On a de lui une Centurie de questions médicales, et un grand nombre de Thèses, dont on trouvera les titres dans les Athena rauricæ, p. 339.-PLATER (François), le plus jeune des fils du précédent, et le dernier rejeton d'une famille recommandable, mourut à Bâle, le 17 novembre 1711, après avoir exercé la médecine, pendant quarante-ans, avec beaucoup de succès. PLATER (Félix III), lieutenant-colonel au service de France, a laissé, manuscrits, des Mémoires de sa vie, en un vol. in-4°., que Haller dit être fort curieux. W-s.

(1) La conformité des noms du père et des enfants a tellement fatigué le médecin Eloy, qu'il n'a jamais pu établir d'une manière claire la généalogie de cette famille. Voy. le Dict. de médec. au mot Plater

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