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le commencement du dix-septième siècle. Il paraît qu'il se fit protestant; car il a eu Daillé pour disciple, et il a écrit, contre Bellarmin, deux in4°., publiés l'un et l'autre à Amberg, en 1604, sous les titres de Philosophia eucharistica, et de Sophistica eucharistica. IV. Antoine Laurentin POLITIEN, qui, après avoir été professeur de logique à Pise, vint à Padoue, en 1604, et publia un dialogue De Risu, un traité De cœlis eorumque motibus, et un livre De natura logica. Sa mère était de la famille de sainte Agnès, pour laquelle, dit Bayle, les habitants de Monte-Pulciano ont beaucoup de dévotion.

D-N- U.

POLIZIANO, en latin de Polluciis (JEAN-MARIE), religieux carme, était de la famille des Poluzzi de Bologne, et né dans cette ville, bien que quelques-uns aient écrit qu'il avait pris naissance à Novellara (1) dans l'état de Modène. Il était savant théologien, et florissait vers 1490; il est auteur des ouvrages suivants: I. Vita del B. Alberto da Trapani e i suoi miracoli, etc. Surius l'a publiée dans ses Vies des saints, à la date du 16 août. II. Constitutiones Carmelitarum, Venise, 1499. III. Vexillum et mare magnum ordinis carmeliti. IV. Orationes, epistolæ, sermones qua. dragesimales, etc.

L-Y.

POLLAIUOLO (ANTOINE), peintre, sculpteur et orfèvre, naquit, à Florence, en 1426. Son père, dépourvu de fortune, mais voyant en lui d'heureuses dispositions, le plaça chez Bartoluccio Ghiberti, orfèvre renommé dans la ville à cette époque; et le jeune An

(1) Le Dict. hist., crit. et bibliog. dit à Novarella; mais on sait qu'il n'y a point de ville de ce nom.

toine ne tarda pas d'acquérir une grande habileté dans sa nouvelle profession. Bientôt nul ne sut mieux que lui monter les pierres précieuses et travailler les émaux. Laurent Ghiberti s'occupait alors des fameuses portes du baptistère de Saint-Jean; il jeta les yeux sur Pollaiuolo, pour l'aider dans cet important ouvrage : il lui confia l'exécution d'un des festons auxquels il travaillait. Le jeune artiste y cisela une caille avec une telle perfection, qu'elle fit l'admiration de tous ceux qui la virent. Il n'était occupé que depuis peu de jours à cette sculpture, qu'il passait déjà pour un des plus habiles d'entre les jeunes gens qui aidaient Ghiberti. Encouragé par les éloges qu'il recevait, il quitta Bartoluccio et Laurent, et ouvrit une boutique d'orfèvre, qui fut de suite extrêmement fréquentée. Il s'adonna, pendant plusieurs années, à cette profession, ne cessant de dessiner et de composer de petits reliefs en cire, qui surpassaient en ce genre ce qu'on avait vu jusqu'alors. C'est vers ce temps que Maso Finiguerra s'était rendu célèbre par les vases d'argent ciselés qu'il avait exécutés pour l'église de Saint-Jean. Antoine résolut de rivaliser avec lui; et il exécuta quelques sujets où il l'égalait pour le fini du travail, et le surpassait de beaucoup pour le dessin. Les consuls de l'art des marchands, à la vue de tant de perfection, lui confièfièrent le travail de plusieurs basreliefs en argent, destinés à embellir l'autel de Saint-Jean. Pollaiuolo s'en acquitta d'une manière supérieure: il fit, pour les satisfaire, le Repas d'Herode, la Danse d'Herodiade, et le beau Saint Jean qui décore le milieu de l'autel. Cet ouvrage, entièrement ciselé, réunit tous les suffrages. Les patènes en

or et en émail qu'il exécuta, et dont le pinceau n'aurait pas su mieux fondre et assortir les couleurs, ornent la plupart des églises de Florence: on en voit à Rome et dans d'autres villes d'Italie, où on les conserve comme des chefs-d'œuvre de l'art. Antoine avait un frère nommé Pierre, plus jeune que lui, et que leur père avait placé auprès d'André del Castagno, pour étudier la peinture. Séduit par les charmes de ce bel art, et dégoûté de sa profession d'orfèvre, Antoine pria son frère de lui enseigner l'emploi des couleurs; et, en peu de temps, il devint un peintre habile. Les deux frères, depuis ce moment, travaillèrent toujours ensemble; et ils furent des premiers à se servir du procédé de la peinture à l'huile, que Pierre tenait d'André del Castagno. Outre leurs travaux en commun, dont on peut voir l'énumération dans Vasari, Antoine fit, d'après nature, le portrait du Poggio, alors secrétaire de la république de Florence, et le tableau de SaintSébastien, dans la chapelle des Pucci. Ce tableau, que l'on regarde comme le chef-d'œuvre de l'artiste, est remarquable par la beauté des chevaux, la science du nu, et l'expression du saint martyr: on y admire surtout une figure d'archer qui se courbe avec effort pour tendre son arc. Lanzi dit que c'est une des meilleures productions du quinzième siècle. Le coloris n'en est point parfait mais la composition s'élève au-dessus de celles de ce temps; et le dessin du nu montre quel grand progrès l'artiste avait fait dans l'anatomie. Il termina ce bel ouvrage en 1475. Encouragé par le succès qu'il avait obtenu, il peignit, entre les deux tours de San-Miniato, et en dehors de la porte, une figure de

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y

Saint Christophe, de sept brasses de haut, que Michel-Ange trouvait si belle, qu'il la prit pour modèle de sa statue colossale de David, en marbre blanc, qui est placée à l'entrée du Palais-Vieux. Cette peinture ayant été endommagée, elle fut restaurée avec peu de précaution, il n'y a pas beaucoup d'années : on voulut remédier plus tard, en la retouchant entièrement; mais celui qu'on chargea de ce travail s'en acquitta si mal, que l'on ne peut plus désormais en faire le moindre cas. C'était, au rapport de Vasari, la plus belle figure de grande proportion que l'on eût exécutée jusqu'à cette époque. On trouve, dans le même historien, le détail des autres peintures de Pollaiuolo, dont le dessin se rapproche du goût moderne, plus que celui d'aucun de ses contemporains. Il fit une étude particulière de l'anatomie, sur les cadavres mêmes. Lorsque le pape Sixte IV mourut, Innocent VIII, qui lui succéda, emmena Pollaiuolo à Rome, et le chargea du mausolée en bronze de son prédécesseur. Ce monument, qui coûta des sommes considérables, n'a dû sa grande célébrité qu'à la comparaison qu'on en faisait avec ceux de ses contempo rains: les artistes du siècle suivant le surpassèrent infiniment. Pollaiulo ne se borna pas à la peinture et à la sculpture; il fut aussi un des premiers à cultiver et perfectionner la gravure au burin, qui venait à peine d'être inventée. On connaît de lui les pièces suivantes: 1. Hercule étouffant Antée, in-8°. II. Hercule emportant une colonne, in-8°. III. Une Sainte-Famille, grand in-fol. IV. Combat de dix hommes nus à l'épée le fond représente une forêt. Cette pièce, d'une très-grande

:

dimension en travers, jouit d'une grande célébrité, et on la connaît particulièrement sous le nom de gli Ignudi. Pollaiuolo grava aussi avec talent, plusieurs médailles de papes et autres. La plus remarquable est celle qu'il fit à l'occasion de la conjuration des Pazzi, et dont l'une des faces représente les effigies de Laurent et de Julien de Médicis, et le revers, l'église de Santa-Maria del Fiore. On lui attribue en outre les plans du palais du Belvédère, que fit élever à Rome le pape Innocent VIII. Il mourut en 1498, âgé de soixantedouze ans. Pierre, dont toute la réputation est renfermée, pour ainsi dire, dans celle de son frère Antoine, quoiqu'il ne fût pas lui-même sans talent, ne tarda pas à le suivre au tombeau : il mourut en 1498, et fut enseveli près de lui dans l'église de Saint-Pierre in Vincoli, P-s. POLLAIUOLO (SIMON). Voy. CRONACA.

POLLICH (JEAN-ADAM), naturaliste allemand, naquit, en 1740, à Lautern, dans le Palatinat. Après avoir étudié, à Strasbourg, les sciences médicales et l'histoire naturelle, il y reçut le bonnet de docteur, et cxerça la médecine dans sa ville natale; mais, au bout de quel que temps, il y renonça pour s'adonner exclusivement à l'histoire naturelle. Il s'occupa d'abord de botanique, et consacra dix années à courir le Palatinat, pour recueillir tous les éléments d'une Flore de ce pays. Cet ouvrage parut en 1776, sous le titre de: Historia plantarum in Palatinatu electorali spontè nascentium, etc., Manheim, 3 vol. in 8°., 3 planches représentant 5 plantes. Beaucoup de Flores ont été publiées 'epuis celle-ci; très-peu remplissent

par

ssi bien leur objet sous les rapports

essentiels : seulement quelques descriptions offrent une grande surabondance de détails. Ce travail est disposé selon le système de Linné, dont l'auteur emprunte les phrases spécifiques. On y trouve quelques espèces nouvelles. Le nombre total est d'environ 1200; ce qui est peu considérable pour un pays aussi varié. Mais les recherches postérieures ont sûrement fait connaître une grande quantité de plantes nouvelles ; et l'on peut avancer que le nombre des cryptogames, par exemple, est plus que double de celui que donne l'ouvrage de Pollich. Les planches qui l'accompagnent sont d'une exécution médiocre. En tout, cette Flore est, depuis celle dans laquelle Linné a tracé le premier modèle de ce genre d'ouvrages, une des meilleures que l'on connaisse, et devra toujours être consultée par ceux qui feront des herborisations dans cette contrée. Pollich s'occupait aussi d'entomologie; ct nous avons de lui: I. Beschreibung einiger Insekten etc., ou Description de quelques insectes non décrits par Linné, et qui se trouvent dans les environs de Weilbourg (dans les Mémoires de la soc. écon. du Palatinat pour 1779). II. Descriptio insectorum Palatinorum (Nouv. Actes de l'acad. des curieux de la nat., t. VII). Il est à regretter qu'un homme aussi zélé pour les progrès des sciences ait été enlevé aussi promptement: Pollich mourut, le 24 février 1780, âgé de quarante ans. La Pollichia, qui lui a été consacrée par Aiton, est une plante monandrique du cap de Bonne-Espérance, que M. de Jussieu a laissée dans les plantes incerta sedis. D--U.

POLLINI (JÉRÔME), religieux de l'ordre de Saint-Dominique, né à Florence, prononça ses vœux dans

le couvent de Santa-Maria Novella de cette ville. Il était, en 1596, prieur du couvent de Saint-Geminien, et avait, pendant long-temps, professé la théologie. On a de lui: I. Istoria ecclesiastica della rivoluzione d'Inghilterra, in quattro libri, ne quali si tratta di quello ch'e avvenuto in quell'isola da che Arrigo ottavo comminciò a pensare di repudiar Caterina, sualegitima moglie, infino a quelli ultimi anni di Lizabeta, ultima sua figliuola; raccolta da gravissimi scrittori,ne meno di quella nazione che d'altre, Rome, 1594, un vol. in-4°. La reine Elisabeth fit brûler cet ouvrage, où la vérité l'offensait. Il y en cut une seconde édition, à Bologne, aussi in-4°. II. Vita della B. Margherita di Castello, suora del terzo ordine di san Domenico, Perouse, 1601, in-8°. Le père Pollini avait composé cette Vie, d'après des documents conservés dans les archives du couvent qu'il habitait. Les éditeurs des Acta sanctorum l'ont traduite en latin, et insérée dans leur deuxième tome d'avril, au 13 de ce mois. Pollini mourut en 1601.

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POLLION (CAIUS-ASINIUS), l'un des plus célèbres orateurs de l'ancienne Rome, parut, dès sa jeunesse, au barreau, avec beaucoup d'éclat. Attaché, par suite de ses principes, à la cause de la république, il se déclara pour Pompée; mais la nécessité le jeta, contre son inclination, dans le parti de César, qui, fermant les yeux sur la conduite qu'il avait tenue jusqu'alors, le traita comme un de ses anciens amis. Pollion se trouvait avec César au passage du Rubicon, et il le suivit dans les champs de Pharsale, où fut anéantie la liberté romaine. Il

procon

remplissait les fonctions de
sul dans l'Espagne ultérieure, quand

César fut assassiné. Pollion aurait de

siré que le sénat s'occupât de reta-
blir le gouvernement républicain:
« S'il s'agit, écrivait-il à Cicéron, de
retomber sous l'autorité d'un maî-
tre, quel qu'il soit, je suis son enne-
mi; mais il n'est aucun danger que
je ne sois prêt à courir pour la li-
berté » (Lettres famil., x,31). La
lutte qui s'était engagée entre une
portion des sénateurs et les parti-
sans de César, se décida sans Pollion;
et pour ne pas se perdre inutilement,
il fut obligé de se ranger sous les
drapeaux d'Antoine. Nommé, par le
triumvir, commandant des légions
stationnées dans les environs de Man-
toue, il eut le bonheur de sauver
Virgile de la fureur des soldats; ce
fut lui qui fit connaître ce grand poète
à Mécène, et qui contribua à le faire
rétablir dans les biens dont il avait
été dépouillé. Pollion fut désigné
consul, dans le même temps que
son beau-père était proscrit : il prit
possession de cette charge, l'an de
Rome 714 ( 40 ans avant J.-C.);
mais les consuls n'avaient plus l'au-
torité dont ils avaient joui: nommés
par les triumvirs, ils n'étaient plus
que les exécuteurs de leurs volontés;
et en obéissant à l'ordre d'un de ces
farouches proscripteurs, ils cou-
raient le risque de déplaire aux au-
tres. Pollion fut contraint d'abdi-
quer, ainsi que son collègue, avant
l'expiration de l'année. Pendant son
consulat, il était parvenu, non à
réconcilier Octave et Antoine, mais
à leur faire signer un traité qui sus-
pendit quelque temps l'effusion du
sang. Le zèle qu'il montra pour An-
toine dans cette circonstance, déplut
à Octave, qui lui décocha quelques
épigrammes; les amis de Pollion i

conseillèrent d'y répondre : « Je m'en garderai bien, leur dit-il ; il est trop dangereux d'écrire contre un homme qui peut proscrire.»> Envoyé par Antoine contre les Dalmates révoltés, il leur enleva la ville de Salone; et, à son retour, il obtint les honneurs du triomphe (1). Bientôt, rebuté par les folies d'Antoine, il cessa de prendre part aux affaires publiques. C'est vraisemblablement alors qu'il résolut d'écrire l'histoire des guerres civiles, dont il avait été le malheureux témoin; mais Horace, son ami, tenta de le détourner d'un dessein si dangereux, en lui adressant une Ode, regardée comme un des chefs-d'œuvre du lyrique romain (c'est la re, du second livre). Si Pollion ne suivit pas le sage conseil de son ami, du moins il eut la prudence de ne point rendre public un ouvrage fait pour l'exposer au ressentiment de tous ceux qui avaient exercé le pouvoir dans ces temps déplorables. Pollion resta tout-à-fait étranger aux dissensions qui ne tardèrent pas à amener une rupture entre Octave et Antoine; il refusa d'accompagner Octave dans l'expédition qu'il projetait contre son compétiteur: « J'ai, lui dit-il, plus fait pour Antoine, qu'il n'a fait pour moi; mais ses bienfaits sont plus connus, et je ne veux pas paraître ingrat: je serai la proie du vainqueur.» Auguste, devenu seul maître de l'empire, employa peu Pollion, qu'il estimait plus qu'il ne l'aimait, et dont la fierté ne pouvait pas s'abaisser au rôle de cour

(1) Quelques critiques pensent que Pollion fut

honoré deux fois du triomphe; la première, avant son consulat, pour ses succès sur les Dalmates; et la

seconde, après son consulat, pour avoir soumis les Parthinéens: mais ces peuples habitaient la Dalmatie, et ne doivent point être distingués des Dalma es, que Pollion défit en quittant son consulat, présément à l'époque où quelques historiens l'envoient Macédoine avec une armée.

se

c'est

tisan. Pollion recommença; quoique
dans un
dans un âge avancé, à fréquenter le
barreau: il se chargea de l'éducation
de son petit-fils; et, pour le former
de bonne heure à l'art de parler en
public, il ouvrit dans sa maison une
école de déclamation, ne dédai-
gnant pas de mêler lui-même aux
jeunes athlètes, et de leur donner des
leçons que fortifiaient le souvenir de
ses succès à la tribune et l'autorité
de son exemple. Le premier, il éta-
blit dans Rome une bibliothèque ou-
verte à tous ceux qui pouvaient en
profiter; il la décora des chefs-
d'œuvre des artistes grecs, et des
statues des grands hommes; mais, ce
qu'on ne peut trop admirer,
qu'il y plaça cellede Varron, son rival
en érudition, croyant inutile d'atten-
dre le jugement de la postérité pour
rendre un juste hommage au savant
dont les travaux avaient tant contri-
bué à jeter de l'éclat sur les lettres
romaines (Voy. VARRON ). Pollion
mourut, dans sa maison de campagne
de Tusculum, vers l'an 756 ( la 3o.
année dep. J.-C.), à l'âge de quatre-
vingts ans. Il était non-seulement ora-
teur et poète, mais encore philolo-
gue érudit et critique délicat. On
sait qu'il ne trouvait pas irrépro-
chable le style des Commentaires
de César ; et ce fut lui qui remarqua
le premier la patavinité de Tite-
Live, défaut sur lequel les modernes
ne sont pas d'accord, puisqu'il con-
siste, suivant les uns, dans l'emploi
de locutions particulières aux ha-
bitans de Padoue; et selon d'au-
tres, dans la coupe des phrases et la
longueur des périodes (Voy. TITE-
LIVE). Outre l'Histoire des guerres
civiles de Rome, en 27 livres,
Pol-
lion avait composé un grand nombre
de Harangues, des Tragédies, et un
Livre contre l'historien Salluste,à qui

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