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par le P. Chrys. Faucher, Paris, 1777 2 vol. in-12. Son buste a été exécuté par Girardon. L-P-E. POLIGNAC (YOLANDE-MARTINE GABRIELLE DE POLASTRON, duchesse DE), gouvernante des enfants de France, épousa, en 1767, le comte Jules, depuis duc de Polignac, descendant, comme le cardinal dont l'article précède, des anciens vicomtes de ce nom, qui ont long-temps exercé la puissance souveraine dans le Velai. Il y avait un an que la princesse de Lamballe était devenue surintendante de la maison de la reine, lorsque Marie-Antoinette remarqua d'une manière toute particulière, dans les bals et quadrilles de la cour, la comtesse Jules, qui avait été présentée à l'époque de son mariage, mais qui, n'étant pas riche, vivait presque toujours dans la terre de son mari, à Claye en Brie. La reine s'étonnait de ne pas voir habituellement à Versailles unc personne qui avait autant de moyens d'y plaire. L'aveu que fit alors Mme. de Polignac, qu'elle avait même été privée, par son peu de fortune, de paraître aux fêtes des inariages des princes, frères de Louis XVI, vint encore ajouter à l'intérêt qu'elle inspirait. Comment n'aurait-elle pas répondu aux sentiments flatteurs que lui témoignait une grande souveraine! Mais la faveur dont elle devait bientôt devenir l'objet, n'éclata, de manière à fixer l'attention des courtisans et du public, que dans une revue de la plaine des Sablons, où l'on avait dressé une tente pour Marie-Antoinette et pour sa suite. L'ef fet extraordinaire que Mme. de Pognac produisait en ce moment la touchait beaucoup, devait la charmer, et cependant ne l'enivrait pas : elle entrevoyait tout ce qu'il y avait de dan

gereux dans des bontés aussi marquées. La reine, ennemie de la gêne et de l'étiquette, et excitée par de trop faciles conseillers, aurait voulu jouir du bonheur de la vie privée : elle recherchait surtout avec avidité les douceurs de cette amitié qui ne peut long-temps exister dans toute sa pureté, entre une souveraine et une sujette. Mme. de Polignac n'avait nullement brigué son élévation; et son cœur était incapable de nourrir les projets ambitieux qu'on lui a supposés. Quelques contemporains ont dit et écrit qu'elle céda aux conseils de sa famille ou de ses amis, en se prêtant à l'exécution d'un plan dont le but était de rendre plus active la bienveillance, jusqu'alors stérile, de la reine. Elle lui écrivit donc une lettre remplie des expressions de la douleur qu'elle éprouvait d'être forcée de s'éloigner d'une princesse si tendrement, si justement, chérie. Le défaut de moyens suffisants vivre convenablement à la cour, n'était, disait-elle, qu'une raison secondaire la première de toutes était la crainte de voir tôt ou tard s'affaiblir un attachement dont elle sentait tout le prix, et d'être ensuite livrée aux haines redoutables que lui aurait suscitées une préférence aussi honorable. Cette démarche eut l'effet qu'en avaient attendu ceux par qui elle était suggérée. Une reine jeune et vive ne supporte pas long-temps l'idée d'une contradiction. Marie-Antoinette vou. lut, plus que jamais, fixer la comtesse Jules auprès d'elle, en lui assurant un sort qui la mît à l'abri de toute inquiétude; mais elle se borna d'abord à lui donner un trèsbel appartement au haut de l'escalier de marbre du palais de Versailles. Quelque temps après, la pla

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ce de premier écuyer, en survivance du comte de Tessé, qui n'avait pas d'enfants, fut accordée à M. de Polignac. Le traitement attaché à cette place, et les faibles émoluments du régiment dont il était colonel, formaient alors, avec le modique patrimoine des deux époux, peut-être aussi quelques pensions, toute la fortune de la favorite, qui fut long-temps sans tenir un grand état. La famille de Polignac n'étalait donc pas à la cour une splendeur qui pût motiver aucun mécontentement public. Mais on envia moins la valenr réelle des grâces qu'elle avait obtenues, que l'intimité que devaient ame. ner des rapports journaliers existant entre la reine et les membres de cette famille ouleurs clients. On calcula que les places, les honneurs de toute espèseraient distribués dans le salon de Mme. de Polignac, dont le mari reçut bientôt (1780), de la bonté du roi, le titrede duc héréditaire. Cependant, à l'époque dont il est ici question, sa société, tout occupée de se maintenir dans la faveur, ne se mêlait point des affaires sérieuses auxquelles la jeune épouse de Louis XVI était encore étrangère. Le principal intérêt était de lui plaire; et les habitués les plus assidus en possédaient personnellement tous les moyens. Cette princesse s'en tint, pendant quelque temps, à des visites fréquentes chez celle qu'elle appelait son amie, et qui n'en gardait pas moins le ton de ce noble respect que la majesté royale impose meme aux personnes du rang le plus élevé. Quand ces visites eurent lieu à Paris où Marie-Antoinette se rendait tout exprès, et surtout quand elle s'établit au château de la Muette , pour être plus à portée d'aller voir Mnie. de Polignac pendant

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ses couches, on parla, dans le public, de la favorite de la reine plus sévèrement qu'on n'aurait parlé d'un favori du roi. La reine ne prit la résolution de passer une partie de ses journées chez la duchesse, que lorsque celle-ci fut gouvernante des enfants de France, et que son mari eut réuni la surintendance des postes à la charge de premier écuyer. On a prétendu que, souvent l'auguste fille de Marie-Thérèse, heureuse de se trouver avec l'amie de son choix, lui disait « Ici, je » ne suis plus la reine; je suis » moi. » Le Dauphin, né le 22 octobre 1781, avait un an, quand des malheurs de fortune ou des torts de conduite du prince de Rohan-Guémenée, obligèrent la princesse son épouse de quitter les fonctions importantes qui lui avaient été confiées par le roi. Le baron de Besenval dit, dans ses Mémoires posthumes, et on a répété d'après lui que lorsque les idées se fixèrent sur Mme. de Polignac, pour la charger de l'éducation de l'héritier du trône, elle n'était plus aussi bien dans le cœur de la reine. Besenval ajoute que ce fut lui qui parvint à intéresser, dans cette circonstance, jusqu'à l'amour-propre de la souveraine. Il est cependant assez probable que Marie-Antoinette eut, avant tout le monde, l'idée de remplacer ainsi la princesse de Guémenée, et qu'elle vit dans cette nomination la certitude de pouvoir surveiller elle-même le premier âge de ses enfants. D'ailleurs, Mme. Campan le dit positivement dans ses Mémoires, nouvellement publiés. La reine ne se dissimulait pas qu'un assujétissement continuel et une grande responsabilité ne convenaient guère aux goûts simples de la duchesse de Po

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lignac, qui, née calme, paresseuse même, et aimant, plus que tout, une vie tranquille, dont son existence à la cour avait déjà beaucoup dérangé les habitudes, ne devait pas desirer une chaîne plus forte encore, quelque glorieuse qu'elle pût être. Mais Marie Antoinette se disait qu'accepter cet emploi, serait donner la plus grande preuve d'un véritable dévoûment. Son attente ne fut point trompée. Comment résister à tant de grâce et de bonté Dès-lors, elle vint souvent dîner chez la duchesse, après avoir assisté au dîner particulier du roi; et afin qu'un surcroît de dépense ne devînt pas une trop grande charge pour la gouvernante, elle fit ajouter, au traitement de celle-ci, une somme considérable, comme dédommagement. Madame de Polignac avait une figure plutôt charmante que réellement belle, et qui joignait à une expression spirituelle une douceur infinie. On croyait y lire tout ce qu'il y avait de bon, de bienveillant dans son ame, sans la moindre prétention ni affectation. Toujours égale, inaccessible à la jalousie comme à l'ambition, elle semblait, tant qu'elle n'éprouvait point de forte contrainte, être contente de sa situation, de même qu'elle était contente des personnes avec qui elle se trouvait. Seulement on lui reprochait dans le monde une extrême froideur. Peut-être, en effet, ne cachait-elle pas toujours assez l'ennui que lui causaient les visites d'étiquette qui se succédaient chez elle à Versailles tous les dimanches; visites auxquelles n'avaient aucune part les affections du cœur. Le reste de la semaine, Mme. de Polignac menait, dans le palais du roi, une espèce de vie de château, Sa

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société journalière se composait, avec sa famille, d'une douzaine de personnes. Elle aurait fait volontiers le sacrifice de sa fortune nouvelle, et d'une existence si brillante, pour aller jouir, à Paris, d'une douce liberté accompagnée de l'aisance plutôt que de la richesse. Comme tout ce qui tenait à son mari était aussi comblé des bienfaits de la cour elle ne tarda pas d'être en butte non-seulement aux traits de l'envie, mais à ceux de la calomnie. Cependant la vérité est qu'elle n'eût que très-peu profité de son crédit, sansles fréquentes sollicitations de quelques-unes des personnes qui l'entouraient. Elle possédait un jugement sain, et donna souvent d'utiles conseils à Marie-Antoinette. Combien elle fut profondément affectée lorsqu'elle put juger par elle-même qu'elle partageait la censure, poussée jusqu'à l'animadversion la plus injuste, dont cette princesse était devenue l'objet, un peu avant la révolution, et surtout après que ce terrible fléau eût éclaté! Le peuple, endoctriné par d'affreux libelles, attribuait à l'influence qu'elle avait sur l'esprit de la reine, les maux qui pesaient sur la France, au lieu d'en accuser l'impéritie des ministres, et quelques erreurs de jugement, tenant à une excessive bonté, qui partaient de plus haut. (V. MARIE-ANTOINETTE). On alla jusqu'à la comparer à la fameuse Galigaï, elle dont Ï'ame était noble et douce comme son visage. On était même parvenu à inspirer au premier Dauphin, mort peu de temps après l'ouverture des étatsgénéraux, des préventions contre så gouvernante, qui s'étendirent jusqu'à la reine. Ainsi le cœur de la malheureuse princesse fut doublement déchiré. Enfin on accusait la du

chesse de Polignac d'avoir eu sa part de la dilapidation des finances de l'état, tandis qu'elle et son mari n'avaient pu qu'établir la balance entre leurs revenus et leurs dépenses, pour subvenir à ce qu'exigeait d'eux une représentation nécessaire et continue. Mme. de Polignac se vit obligée de se soustraire par la fuite à la fureur populaire. Ce fut dans la nuit du 16 au 17 juillet 1789, qu'elle quitta Versailles, par ordre du roi et de la reine, avec le duc son époux, la duchesse de Guiche sa fille, la comtesse Diane de Polignac sa belle-sœur, en même temps que M. le comte d'Artois, le prince de Condé et leurs enfants. Rien ne fut plus touchant que les adieux de Marie-Antoinette et de son amie. Cette famille entière traversa le royaume au milieu des plus grands périls, et se rendit en Suisse, puis à Vienne. On a recueilli des lettres de Louis XVI à la duchesse de Polignac, écrites en 1791, au palais des Tuileries. Elles prouvent que le roi était de moitié dans l'affection tendre de la reine pour la gouvernante du Dauphin, et pour tout ce qui lui tenait de près. On lit, dans une de ces lettres: « Je ne se>> rai heureux que le jour où je me re>> trouverai avec mes anciens amis. » Le duc de Polignac devint l'agent des princes, frères de Louis XVI, auprès de la cour d'Autriche. La duchesse mourut à Vienne, le 9 décembre 1793, âgée de quarantequatre ans. On a gravé sur sa tombe qu'elle fut consumée par la douleur; et rien n'est plus vrai. La fin déplorable de Louis XVI et de MarieAntoinette lui avait rendu insupportable la dernière année de son existence encore parvint-on à lui cacher parquel coup avait été tranchée la vie de la reine. Tous ceux qui con

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naissaient particulièrement la duchesse de Polignac, donnèrent de vifs regrets à sa mémoire. Le duc passa.bientôt après en Russie, et de là dans l'Ukraine, où il obtint une terre des bienfaits de Catherine II. Il est mort à Pétersbourg le 21 septembre 1817. On a imprimé à Londres des Mémoires de la duchesse de Polignac (un volumein-12). L-P-E. POLINIÈRE (PIERRE ), né le septembre 1671, à Coulonces près Vire, fit ses. Vire, fit ses premières études à l'université de Caen, et se rendit ensuite à Paris, où il suivit le cours de Varignon. Ses progrès furent tels, qu'il fut bientôt en état de composer des Éléments de mathématiques, dont le Journal des savants (1705, 26)-, rend d'ailleurs un compte peu avantageux. Cependant un penchant irrésistible l'entraînait vers l'étude de la physique et des sciences natu→ relles. Il médita les ouvrages qui exis taient sur les diverses branches des connaissances humaines, et ne tarda pas à s'apercevoir du peu de secours que l'on en pouvait tirer. Il résolut de changer entièrement l'étude de la physique, de ramener tout à l'expérience, et de livrer au ridicule les méthodes systématiques en usage depuis Aristote. Polinière, dans cette grande entreprise, suivit les idées de Bacon et de Descartes, qui consistent à reconnaître la nature par la voie de l'expérience. Tout le monde connaît les traits satiriques que Boileau lança contre la philosophie d'Aristote. Ils consternaient tous les péripatéticiens; mais, dans l'arrêt burlesque, il n'était question que de logique et d'astronomie: Polinière y joignit la physique; et, ayant fait imprimer ces deux pièces avec cette addition, il les répandit dans le public. Elles eurent l'effet qu'il en at

tendait; et la physique d'Aristote parut bientôt aussi ridicule que sa logique et son astronomie. Dans le même temps, Polinière ouvrit, au college d'Harcourt, un cours de physique expérimentale; un spectacle aussi nouveau attira tout Paris. Cette manière d'enseigner avait des attraits trop puissants pour manquer de partisans. Les savants donnèrent à l'auteur de justes éloges. Fontenelle, qui lui avait confié l'éducation de son neveu, vanta par-tout et l'excellence de sa méthode, et la profondeur de ses vues. La modestie de Polinière ne put le dérober à la gloire qu'il méritait, et aux honneurs qu'il ne cherchait pas. Il avait à peine publié son Traité de physique, ouvrage absolument neuf, et qu'on desirait même dans le monde savant, que tout ce que la cour avait de plus grand et de plus spirituel, voulut assister à ses leçons. Le duc d'Orléans, régent du royaume, lui demanda un cours d'expériences, dont il fut satisfait; et l'habile physicien eut, peu de temps après, l'honneur de recommencer ce cours devant le jeune roi, qui témoigna plus d'une fois à l'auteur le plaisir qu'il en éprouvait. Estimé à la cour, considéré du premier ministre, Polinière aurait pu prétendre à une haute fortune: mais, en véritable philosophe, il regarda toujours avec indifférence les honneurs et les richesses. Uniquement occupé des progrès de la science, seul objet de ses veilles, il ne pensa jamais à son intérêt particulier. Insensible à ce qui fait le bonheur du commun des hommes, il ne connaissait d'autre plaisir que celui que procurent les sciences et la solitude. Il avait donné, en 1728, une troisième édition de ses expériences de physique, avec des augmenta

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tions considérables: encouragé par les suffrages du public, il se disposait à en donner une quatrième, lorsqu'une mort subite vint terminer sa carrière le 9 février 1734, à l'âge de soixante-trois ans.Polinière ne doit pas être placé parmi les hommes qui ont fait avancer la science, mais parmi ceux qui l'ont le plus utilement servie en la popularisant. Il eut le mérite de bien saisir les idées des autres, et de les traduire en expériences. Il parvint, par ce moyen, à rendre familières les théories les plus abstraites. La physique expérimentale lui doit beaucoup ; et Nollet, dont il fut le prédécesseur, ne lui doit pas moins. La cinquième et dernière édition des Expériences de physique de Polinière, parut en 1741, 2 vol. in-12. L. R-E.

POLITI (LANCELOT). Voy. CATHARIN, et DURAND de Maillane, au supplément.

POLITIEN (ANGE), littérateur célèbre, né, le 14 juillet 1454, à Monte, Pulciano, petite ville de Toscane, a tiré de là le nom de Poliziano; sons lequel il est généralement connul mais son véritable nom, celui qu'itenait de son père, n'est pas très facile à déterminer. Quelques uns disent qu'il s'appelait Bassi, d'autres Cini, d'autres encore Ambrogini; et cette dernière opinion, soutenue par Crescimbeni, dans son Histoire de la poésie vulgaire, s'y trouve appuyée d'un diplôme conservé aux archives de Florence, et qui confère le titre de docteur en droit canon à Ange, prieur séculier, fils du docteur Benoît Ambrogini de MontePulciano. Serassi, le meilleur biographe d'Ange Politien, s'en tient à cette indication, et croit que c'est par abbréviation que certains contemporains d'Angelo Ambrogini, l'ont

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