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culté de Reims. Déjà connu par quel ques ouvrages estimables, il pouvait espérer de se faire bientôt un nom parmi les praticiens de Paris. Cependant il persista dans le dessein de n'employer ses talents que pour quelques amis, et continua de partager son temps entre la lecture et l'étude. Planque mourut à Paris, le 19 septembre 1765. De tous ses ouvrages, celui qui a le plus contribué à sa réputation, est la Bibliothèque choisie de médecine, tirée des ouvrages périodiques, tant français qu'étrangers, Paris, 1748 70, 10 vol. in-4°., ou 31 vol. in 12. Les matières y sont rangées dans l'ordre alphabétique, et le choix en est fait avec beaucoup de sagacité : ce Recueil a été terminé par Goulin, qui a mis en tête du dernier volume, uue Vie de l'auteur (V. GOULIN). Avant de travailler à cette utile compilation, Planque avait eu le projet de publier une Bibliographie médicale, sous le titre de Thesaurus medicinæ patens, dont on croit que la Bibliotheca medica de Lipenius lui avait inspiré l'idée. Il en fit même imprimer les soixante-dix-huit premiè res feuilles, que l'on conserve encore dans les cabinets de quelques curienx (1); mais, selon Goulin, on ne doit pas regretter qu'il ait abandonné ce projet. Outre une édition du Tableau de l'amour conjugal, avec des notes (V. VENETTE), on a encore de Planque: I. Chirurgie complète suivant le système des modernes, Paris, 1744, 2 vol. in-12. Cet ouvrage, regardé long-temps comme un des meilleurs Traités élémentaires, a été réimprimé, en 1757, avec

(1) Goulin nous apprend dans la Vie de Planque,

qu'il déposa des exemplaires de ces Fragments daus les bibliothèques du Roi, de Sainte-Geneviève, et des Augustins de la rue Notre-Dame-des-Victoires.

des

augmentations considérables. II. Observations sur la pratique des accouchements, par Cosme Viardel, ibid., 1748, in-8°. Planque y a joint des Notes. III. Observations anatomiques et chirurgiques, trad. du latin de Vander-Wiel, ibid., 1758, 2 vol. in - 12. IV. Traité complet des accouchements, par de La Motte, ibid., 1765, 2 vol. in-8°. Cette édition, oubliée à l'article LAMOTTE (XXX, 283), est enrichie, selon Goulin, de notes curieuses et intéressantes. W-s.

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PLANT (JEAN-TRAUGOTT), littérateur de Dresde, où il naquit, en 1758, a laissé plusieurs ouvrages principalement sur la géographie politique. Sa vie est peu connue, et paraît n'avoir offert aucun événement important. Après avoir été instituteur à Stettin, il fut secrétaire de la légation prussienne, à Hambourg: il se retira, en 1791, à Leipzig, et, deux ans après, à Géra, où il mourut, le 26 octobre 1794. Il ne reste qu'à faire l'énumération de ses travaux: I. Plan chronologique, biographique et critique de la poésie allemande, tome 1, Stettin, 1782. Dans ce volume, l'auteur conduit l'histoire de la poésie jusqu'au règne de Maximilien Ier. Il n'en a pas donné la suite: d'autres ont traité habilement et plus en détail le même sujet. Cependant l'ouvrage de Plant, qui est plus qu'une simple esquisse, mé. rite encore d'être lu, à cause des développements que l'auteur donne à l'influence morale et littéraire de la poésie sur la nation, ainsi qu'à l'histoire des Minnesinger de Suabe. II. Poésies gaies, tendres et morales, Stettin, 1782, in-8°. III. Revue politique des formes de gouverne

ment de tous les états de la terre, Berlin, 1787, petit in - fol.

IV. Dictionnaire politique turc, où Explication de toutes les charges de la cour et de l'état de Turquie, avec d'autres détails concernant la religion, les lois, les monnaies, les arts, etc. de la Turquie, pour les lecteurs de gazettes et amateurs de la géographie, Hambourg, 1789, in-8°. V. Tableau impartial de la constitution de l'empire Turc, Berlin, 1790, in8°. VI. Birghilu risale, ou Livre élémentaire de la doctrine mahométane, traduit de l'arabe de Nedjmeddin Omar Nessely; Stamboul et Genève, 1790, in-8°. VII. Manuel d'une géographie et histoire complète de la Polynésie, ou la 5o. partie du monde, Leipzig, 1793, tome 1, comprenant la Polynésie occidentale, pour laquelle l'auteur avait consulté, outre les sources connues, les Notes manuscrites de deux marchands sur les îles Moluques. La suite de cet ouvrage n'a point paru. VIII. Nouveau tableau des souverains de l'Europe, pour l'année 1795, Leipzig, 1794, in-fol. D-G. PLANTAVIT. V. PAUSE et MAR

GON.

:

PLANTIN (CHRISTOPHE), l'un des plus célèbres imprimeurs du seizième siècle, était né, en 1514, à Mont-Louis, dans la Touraine, de parents pauvres et obscurs. Il vint fort jeune à Paris, où il travailla quelque temps de l'état de relieur il apprit ensuite les éléments de l'art typographique, chez Robert Macé, imprimeur à Caen; et après s'être perfectionné, en visitant les principaux ateliers de France, et notamment ceux de Lyon, il revint à Paris, dans l'intention de s'y établir. Les troubles que commençaient à occasionner les disputes religieule décidèrent à passer dans les Pays-Bas il s'y maria peu après,

ses,

et

que

vint demeurer à Anvers, où l'on sait qu'il exerçait son art en 1555. La correction et la beauté des ouvrages sortis de ses presses, étendirent bientôt sa réputation; et il acquit, en peu de temps, une fortune considérable. Plantin en fit le plus noble usage: sa maison, comme celle des Aldes à Venise et des Estiennes à Paris, devint l'asile de tous les savants; il en avait toujours plusieurs à sa table: il venait an secours de ceux qui se trouvaient dans le besoin, et cherchait à se les attacher en leur offrant un traitement honorable: aussi eut - il constamment dans son imprimerie, pour correcteurs, des hommes d'un rare mérite, tels Corneille Kilian, Théodore Pulman, Victor Giselin, François Raphelengius, etc. (V. ces noms.) Cependant, si l'ou en croit Malinkrot (De ortu typograph., Plantin, à l'exemple de Robert Estienne, exposait devant sa porte ses épreuves, en promettant une récompense à ceux qui y découvriraient quelques fautes. Sur le compte qui lui fut rendu des talents de Plantin, le roi d'Espagne, Philippe II, le nomma son premier imprimeur (Archi-typographus), et le chargea de donner une nouvelle édition de la Bible Polyglotte d'Alcalà ( V. XIMENÈS), dont les exemplaires commençaient à devenir rares. Cette édition, regardée comme le chef-d'œuvre de Plantin, parut de 1569 à 1572, en huit vol. gr. in-fol. (1). Il avait fait venir de Paris, le fameux Guillaume Lebé (V. ce nom), afin de fondre les caractères destinés à l'impression; et Philippe II envoya d'Espagne le savant Arias Montanus (V. ARIAS),

(1) Il existe de cette Bible un exemplaire sur vélin à la bibliothèque du Roi.

pour diriger cette importante entreprise. En ajoutant à la réputation de Plantin, ce magnifique ouvrage faillit être la cause de sa ruine, par l'excessive rigueur avec laquelle les ministres espagnols poursuivirent le remboursement des sommes qui lui avaient été prêtées par le trésor royal. Notre célèbre De Thou, passant à Anvers, en 1576, alla visiter les ateliers de Plantin, où il vit encore dix-sept presses roulantes, quoique, ajoute-t-il, ce fameux imprimeur fût embarrassé dans ses affaires. A force de soins et de travail, Plantin vint à bout de rétablir sa fortune. Il mourut le 1er. juillet 1589, et fut enterré dans la cathédrale d'Anvers, avec une épitaphe honorable, rapportée par différents auteurs, entre autres par Foppens (Bibl. Belgica). Outre son imprimerie d'Anvers, il en possédait deux autres, l'une à Leyde, et l'autre à Paris; elles furent partagées entre ses trois filles l'aînée, mariée à Fr. Raphelengius, dont on a parlé, eut l'imprimerie de Leyde; celle dePa ris échut à la cadette, qui avait épousé Gilles Béys; enfin, l'imprimerie d'An. vers fut dévolue à la seconde des filles de Plantin, mariée à Jean Moretus, qui continua de la faire rouler en société avec sa belle-mère: elle était placée dans une vaste maison, que Guichardin regardait comme l'un des principaux ornements de cette ville (Voyez sa Description des Pays-Bas), et qui, après plus de deux siècles, appartient encore aux descendants et aux successeurs de Plantin (2). Conrad Zeltner (Thea

(2) La maison de Plantin appartient toujours aux Morelu, ses descendants et ses successeurs; on y imprime encore: la cour est ornée des bustes de Juste Lipse, et d'autres savants qui soutinrent l'honneur de cette maison. Voy. le Voyage de Camus dans les départements réunis, et le Catal de la biblioth. d'un amateur.

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que

trum virorum eruditorum ) dit cet imprimeur avait des caractères d'argent, et que tous les instruments dont il se servait, étaient d'ivoire; mais on avait déjà dit àpeu près la même chose de Robert Estienne, et avec aussi peu de fondement. La marque typographique de Plantin, est une main qui tient un compas ouvert, autour duquel on lit ces mots Labore et constantia. Elle a été religieusement conservée par les Moretus et les Raphelengius, qui auraient eu de la peine à en choisir une meilleure. Le Catalogue des ouvrages sortis des presses de Plantin et de ses successeurs, à été publié en 1615, in-8°., et plusieurs fois depuis. Balzac a prétendu que Plantin n'avait qu'une connaissance très - imparfaite de la langue latine, si répandue à cette époque: « A la vérité, dit-il, il faisait » semblant de la savoir; et son ami, » Juste-Lipse, lui garda fidèlement » le secret jusqu'à sa mort. Il lui » écrivait des lettres en latin : mais » dans le même paquet, il lui en en» voyait l'explication en flamand (Lettres à Chapelain, 1, 27). » Il est bien difficile de croire que Juste Lipse fût l'auteur des Préfaces et des Lettres latines que Plantin a mises à la tête de plusieurs ouvrages. Il n'égalait certainement en érudition ni les Aldes, ni les Estiennes ; mais on n'en doit pas conclure qu'il fut sans instruction. Il avait fait une étude particulière de l'histoire naturelle, et surtout de la botanique; il encouragea Lobel dans ses travaux, et fit graver, pour ses différents ouvrages, des planches, qu'il rassembla dans les Icones stirpium; recueil précieux que Van'der Linden et Mercklin lui ont attribué, parce qu'il en a sigué la dédicace, mais qu'il est juste de restituer à Lobel

(Voy. cê nom). Plantin a eu beau coup de part au Thesaurus teutonicæ linguæ (V.Corn. KILIAN, XXII, 410); et enfin il est auteur de Dialogues français et flamands, 1579, in-8°., ouvrage dans lequel il a décrit fort exactement les machines et les procédés de l'imprimerie (c'est dans le neuvième Dialogue). Le por trait de Plantin a été gravé par E. Boulenois; on le trouve dans l'Académie des hommes illustres de Bullart, et dans la Bibl. Belgica de Foppens. Un grand nombre d'auteurs ont parlé de Plantin; mais personne n'a recueilli plus de détails sur ce célèbre imprimeur et ses successeurs, que Maittaire, dans le tome 1 des Annales typographiques. W―s.

PLANTIN (JEAN-BAPTISTE), historien estimable, mais trop peu connu, né à Lausanne, vers 1625, après avoir terminé ses études à l'académie de cette ville, fut admis au saint ministère, et nommé desservant du château d'Oyes. Il profita des loisirs que lui laissaient ses fonctions pour s'appliquer à l'histoire, et mourut après l'année 1678. On a de lui: I. Helvetia antiqua et nova, Berne, 1656, in-8°. de 357 pag. Cet ouvrage, que Haller trouve excellent, a été inséré par Fuesli dans le Thesaurus histor. Helvetia, et réimprimé à Zurich, en 1737, in-8°. L'auteur a beaucoup puisé dans les recueils de Simler, de Tschudi, et et dans les Mémoires d'Eman. Hermann, bon antiquaire. II. Abrégé de l'Histoire générale des Suisses, avec une description particulière de leur pays, Genève, 1666, in-8°. de 814 pag. Ce n'est point, comme l'ont cru plusieurs bibliographes, une traduction de l'ouvrage précédent; c'est la première Histoire de la Suisse qui ait été publiée en français; elle est

d'ailleurs peu estimée: la re, partie, contenant l'Histoire de la Suisse jusqu'à l'an 1634, est tirée de Simler, Munster, Guilliman, Stettler, et autres auteurs, dont Plantin a souvent mal compris le latin, surtout dans les noms-propres : dans la deuxième partie, qui traite principalement de la topographie, il rapporte des inscriptions qui n'ont jamais existé, selon Haller( Bibl. hist. de Suisse, iv, n°.447). III. Lausana restituta, sive brevis oratio de reformatione Lausana, A. D. 1536, in - 12 de 16 pag. Ce discours fut prononcé par Nic. Tscharner, qui n'avait alors que quinze ans. IV. Dictionnaire francais et latin, Lausanne, 1667, in-8°. V. Petite Chronique de la ville de Berne, Lausanne, 1678, in-12 de 184 pag. Quoique rempli de fautes d'impression, ce livre, devenu rare, peut encore être utile. VI. Une Chronique de Lausanne, et une Chronique du pays de Vaud, conservées en manuscrit dans diverses bibliothèques de la Suisse. W-s.

PLANUDE (MAXIME), né à Nicomédie, ainsi qu'il le dit lui-même dans un de ses Opuscules, était moine à Constantinople au quatorzième siècle. L'empereur Andronic le chargea d'une mission auprès de la république de Venise, en 1327; c'est à-peu-près tout ce qu'on sait de sa vie. On a de lui une Lettre adressée à l'empereur Jean Paléologue, qui ne monta sur le trône qu'en 134f; Planude a donc vécu au moins jusqu'à cette époque. D'Orville place sa mort en 1353, mais sans prouver cette date par aucun monument, ni par aucun témoignage. Génébrard et Vossius le font vivre jusqu'en 1370; et Fontanini, jusque sous le pontificat d'Urbain VI, de 1378 à 1389. Apostolo Zeno combat cette dernière

1

:

suppose.

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hypothèse, en observant que Planude devait être déjà d'un âge mûr en 1327, lorsqu'il remplissait à Venise une mission importante. Mais il aurait pu n'avoir alors que vingt-sept ans; et il n'y aurait rien d'étonnant qu'il en eût vécu soixante-dix-huit ou même quatre-vingt-neuf. Sa vie d'Ésope est si pleine de contes puérils, comme nous le verrons bientôt, qu'il pourrait fort bien ne l'avoir écrite quedans son extrême vieillesse, pendant qu'Urbain VI était pape, ainsi Fontanini le que Il faut se borner à le compter parmi les auteurs grecs du quatorzième siècle, sans chercher de dates précises ni de sa naissance, ni de sa mort il écrivait cent cinquante ans avant Raphaël Maffei de Volterra, qui nous donne lui-même cette indication approximative, au livre XVII de ses Commentaria urbana, et qui, né en 1451, est mort en 1522. Au surplus, on est autorisé par le très-grand nombre des ouvrages de Planude, à lui attribuer une assez longue carrière. Il est surtout connu par son travail sur Ésope, et par son Anthologie. De tous les Recueils des Fables d'Esope, dit M. Clavier (V. ÉSOPE, XIII, 313), le plus mauvais, quoiqu'il ait été souvent réimprimé, est celui qu'a fait Planude, qui y a joint une Vie remplie de contes. Cette Vie est, quant au fond, celle que La Fontaine a placée à la tête de ses propres Apologues, en avouant que la plupart des savants la tiennent pour fabuleuse. « Pour » moi, dit La Fontaine, je n'ai pas » voulu m'engager dans cette criti» que comme Planude vivait dans » un siècle où la mémoire des cho>> ses arrivées à Ésope ne devait pas > être encore éteinte, j'ai cru qu'il sa» vait par tradition ce qu'il a laissé.

>> Dans cette croyance, je l'ai suivi, » sans retrancher de ce qu'il a dit d'Ésope, que ce qui m'a semblé trop

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puéril ou qui s'écartait en quelque » façon de la bienséance. » L'intervalle entre Ésope et Planude, étant de dix huit cents ans au moins, il y a trop de bonhomie à supposer que les souvenirs étaient beaucoup plus vifs, et la tradition plus constante que 300 ans plus tard. Bayle n'a pas manqué de faire cette observation; et il y a joint plusieurs remarques critiques sur les récits de Planude. Celui-ci, par exemple, fait citer par Ésope des vers d'Euripide, qui lui est postérieur d'un siècle et demi. Une bien meilleure Vie d'Ésope a été écrite en moins de pages, par Méziriac, en 1632; elle a été insérée dans le tome 1er des Mémoires de Sallengre plusieurs erreurs grossières de Planude y sont judicieusement relevées. Quant aux apologues recueillis par le moine de Constantinople, il est difficile de les accepter pour ceux d'Ésope: cette compilation en contient plusieurs, dont le fabuliste Phrygien n'a guère pu concevoir l'idée, et il en omet qui lui sont attribués par d'anciens auteurs. Un autre Recueil, dû à Planude, porte le nom d'Anthologie grecque. Méléagre, plus de cent ans avant J.G. (V.MELEAGRE, XXVIII, 189); Philippede Thessalonique, au deuxième siècle de l'ère vulgaire (Voy.t. XXXIV, p. 184); Agathias ( V. I, 280), au sixième; Constantin Céphalas, au dixième, avaient rassemblé des poésies fugitives de diverses époques. Planude s'empara de ces Anthologies, particulièrement de celle de Céphalas, en retrancha beaucoup d'articles, en ajouta d'autres, et en composa ainsi, sans méthode ni discernement, un nouveau recueil en sept livres. On peut lui savoir gré,

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