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ils décernèrent à Poleni une statue, qui fut l'un des premiers ouvrages de Canova. Une médaille a aussi été consacrée à sa mémoire par ordre du sénat de Venise. Les talents de Poleni l'avaient fait admettre dans toutes les sociétés littéraires d'Italie: il était, en outre, membre des académies des sciences de France, d'Angleterre, de Prusse, de Russie, etc. Sa douceur, sa modestie et son extrême obligeance lui avaient procuré de nombreux amis: il avait beaucoup d'élevation dans l'esprit, de constance de fermeté, de franchise dans le caractère; et il était plein de candeur et de piété. On a de Poleni I. Miscellanea de barometris et thermometris; de machiná quádam arithmetica; de sectionibus conicis in horologiis solaribus describendis, Padoue, 1709, in-4°. Ce Recueil contient une Dissertation sur les baromètres (3) et les thermomètres, dans laquelle il propose plusieurs moyens de les construire et de les graduer pour éviter les défauts qu'il y avait remarqués; une méthode de décrire les sections coniques qui représentent les arcs des signes dans les cadrans; et la description d'une machine arithmétique qu'il avait imaginée, sur ce qu'il avait ouï dire de celles de Pascal et de Leibnitz. Mais, ajoute Grandjean de Fouchy, quoique cette machine fût très-simple, et d'un usage facile, il n'eût pas plutôt entendu parler de celle que Brauer, célèbre mécanicien de Vienne, avait présentée à

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l'empereur, qu'il brisa la sienne, et ne la voulut plus jamais rétablir. II. Dialogus de vorticibus cœlestibus, ibid., 1712, in-4°. C'est un traité des tourbillons. Il essaie d'y donner, par le moyen de cette hypothèse, une explication satisfaisante des phénomènes astronomiques, non dans la prétention d'assurer la vérité ou la fausseté de l'hypothèse, mais pour ouvrir la voie à la recherche de la vérité. Il avait retouché depuis cet ouvrage, et il se proposait d'en donner une nouvelle édition; mais ses occupations l'obligèrent de renoncer à ce projet. III. De Physices in rebus mathematicis utilitate oratio, ibid., 1716, in-4o.; réimprimée avec des Observations sur l'éclipse de lune de 1720, ibid. ; et insérée par J. Erhard Kapp, dans les Clariss. virorum orationes selectæ, Leipzig, 1722. IV. De motu aquæ mixto libri duo; quibus nonnulla nova pertinentia ad æstuaria, ad portus atque flumina continentur ibid., 1717, in-4°. Cet ouvrage, dit Grandjean de Fouchy, fut un grand pas vers la perfection de la science des eaux. V. De castellis per quæ derivantur aquæ fluviorum, etc., ibid., 1718, in-4°. L'auteur rapporte, dans cet ouvrage, un grand nombre d'expériences intéressantes sur le mouvement des eaux. Montucla en a cité quelques-unes dans l'Hist. des Mathématiques, i11, 684 et suiv. VI. Prælectio de Mathesis utilitate, ibid., 1720, in-4o. VII. L. Jul. Frontini de aquæductibus urbis Romæ Commentarius restitutus atque explicatus, ibid., 1722,

(3) Poleni donna, en 1711. dans le Journal littéraire d'Italie, une seconde Dissertation sur le ba-in-4°., avec 15 pl. Les corrections romètre. Ce journal, ainsi que les Acta Lipsensia, de Poleni sur le traité de Frontin, ont été reproduites par Adler, dans l'édition qu'il en a donnée, Altona, 1792, in-8°.; et M. Rondelet en a

les Mém, de l'académie de Pétersbourg, et les Transactions philosophiques contiennent d'autres morceaux de Poleni, dont on ne donne pas les titres, parce qu'il suffit d'indiquer aux curieux les ouvrages où ils pourront les trouver.

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adopté plusieurs dans sa traduction du Commentaire sur les aqueducs de Rome, Paris, 1820, in-4°., avec atlas (V. FRONTIN ). VIII. Ad abbatem Grandum (Grandi) epistolæ duæ de telluris formá; observatio eclipsis lunaris Patavii anno 1723; et de causá motús musculorum, Padoue, 1724, in-4°. IX. Ad Joan. Jacob. Marinonum epistola in quá agitur de solis defectu anno 1724, Patavii observato, Vienne, 1725, in - 40.; inséré dans les Acta eruditor. Lipsensium, même année. X. Epistolarum mathematicarum fasciculus, Padoue, 1728, in-4°. Polenijoignit à ce Recueil un petit traité devenu très-rare, de la Mesure des eaux, par Jean Buteo. XI. Utrius que Thesauri antiquitatum Romanarum Græcarumque supplementa, Venise, 1735, 5 vol. in-fol. Ce Recueil, qui fait suite à ceux de Grævius et de Gronovius, est assez rare en France. Sur 66 pièces qu'il renferme, les tomes iv et v en contiennent plusieurs qui étaient inédites. XII. Exercitationes Vitruvianæ, seu commen. tarius criticus de Vitruvii architecturá, ibid., 1739, in-fol. min. (V. VITRUVE.) XIII. Dissertazione sopra il tempio di Diana di Efeso, dans le Recueil de l'académie de Cortone, Vienne, 1742, tome 1, part. II. Cette savante Dissertation éprouva quelques critiques de la part d'un anonyme; mais on lui répondit solidement dans le Journal des Savants, juillet, 1748. XIV. Memorie istoriche della gran cuppola del tempio Vaticano, Padoue, 1748, gr. in-fol. avec 25 pl. C'est le récit des moyens employés par Poleni pour prévenir la dégradation du dô. me de Saint Pierre. On peut consulter, pour plus de détails sur ce savant: Memorie per la vita, gli studj e

costumi del signor Giov. Poleni, Padoue, 1762, in-4°. ; et son Eloge, par Grandjean de Fouchy, dans le Recueil de l'acad. des sciences, année 1763, et par Fabroni, Vito Italorum, XII, 2. W-s.

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POLENTA (GUIDO NOVELLO DE), souverain de Ravenne, depuis l'an 1375, appartenait à une illustre maison de cette ville, qui, élevée par la faveur du parti Gibelin, y avait acquis de bonne heure une haute considération. Elle avait eu pour chef, pendant le règne de Frédéric II, un Guido l'Ancien, rival de Paul Traversari, qui fut tour-à-tour à la tête du gouvernement, ou à la tête des exilés, durant la première moitié du treizième siècle. Guido Novello conserva, près de cinquante ans, l'autorité suprême : illa partageait avec ses deux fils, Ostasio et Rambert. Il avait marié sa fille Françoise à Jean Malatesti, l'un des seigneurs de Rimini. Cette princesse séduite par son beau-frère, fut poignardée par son mari (V. Malatestino MALATESTI, XXVI, 322). Le Dante l'a rendue à jamais célèbre sous le nom de Françoise de Rimini, en peignant, avec un charme inimitable, son amour et ses malheurs, qu'il lui fait raconter à elle-même. Ce poète s'était retiré à la cour de Guido de Polenta : il y mourut, en 1321; et Guido ne lui survécut pas long-temps. Il fut capitaine du peuple à Bologne, en 1322, et mourut l'année suivante. Il cultivait lui-même la poésie; et l'on trouve de ses rime dans le recueil d'Allatius, dans la Poetica de Trissin, etc. Voyez les Scrittori Ravennati de Ginanni, t. 2. pag. 212 et suiv.

S.S-I.

POLENTA (OSTASIO Ier.) fut seigneur de Ravenne et de Cervia, de 1322 à 1346. Guido Novello, son

père, lui avait laissé la seigneurie de Cervia, ordonnant que celle de Ravenne fût partagée entre les deux fils de Rambert, Guido le Jeune, et Renaud, dont le dernier avait été nommé, cette même année, archevêque de Ravenne. Mais Ostasio ne voulut point se contenter de ce partage: il profita de l'absence du jeune Guido, alors podestat à Bologne, pour rendre visite à son neveu Renaud; et, au milieu des fêtes que celui-ci avait ordonnées pour sa réception, il le poignarda, et s'empara de la souveraineté. Le règne des seigneurs de Ravenne ne présente guère d'autres événements que les conspirations et les trahisons par lesquelles ils s'enlevèrent successivement la couronne. Ostasio de Polenta, reconnu par l'Église comme prince feudataire du Saint-Siége, fut un des seigneurs de Romagne faits prisonniers devant Ferrare, le 14 avril 1333, lorsque l'armée du légat Bertrand Du Pouget fut défaite par les marquis d'Este. Peu de temps après, ces marquis le remi rent en liberté sans rançon; et il en profita pour faire révolter contre l'Église, au mois d'octobre de la même année, Ravenne, Cervia et Bertinoro. Son indépendance fut assurée par les revers qu'éprouva le légat du pape. Il demeura l'allié des marquis d'Este, et l'ennemi de l'Église, jusqu'au 14 novembre 1346, qu'il mourut étouffé par la vapeur des charbons allumés dans son appartement.

S. S-I. POLENTA (BERNARDINO), fils et successeur d'Ostasio Ier., fut seigneur de Ravenne, de 1346 à 1359. Ostasio Jer, de Polenta avait laissé trois fils: à l'aîné Bernardino, il avait assigné le gouvernement de Ravenne; à Pandolfe celui de Cervia; et Lambert,

XXXV.

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; on

le troisième, était resté sans apanage. Les deux derniers, mécontents de ce partage, conjurèrent contre leur frère aîné. Lambert le fit avertir de se rendre en toute hâte à Cervia pour y recevoir les derniers soupirs de Pandolfe, qu'il assurait être à toute extrémité. Bernardino accourut, le 3 avril 1347. A son arrivée, il fut jeté dans un cachot; et ses frères n'eurent alors pas de peine à se faire ouvrir les portes de Ravenne, où ils furent proclamés seigneurs. Cependant les autres princes de Romagne s'entremirent pour les réconcilier rendit la liberté à Bernardino, le 24 juin, et il jura d'oublier cette injure. Mais Bernardino n'observa ce serment que jusqu'au 7 septembre suivant, où il fit arrêter ses deux frères, qui furent jetés dans les cachots de Cervia où il avait été détenu: au bout de peu de temps, ils furent mis à mort. Tout le règne de Bernardino répondit à ces odieux commencements. Il accabla ses sujets d'impôts inconnus jusqu'à lui; il donna l'exemple de la plus scandaleuse débauche, et attira sur ses états, par son incontinence, les dévastations de l'armée d'aventuturiers allemands qu'on nommait la grande compagnie: elle vengeait la mort d'une comtesse allemande, qui, passant à Ravenne en pélerine pour se rendre au jubilé de Rome en 1350, avait été enlevée par le tyran, et n'avait pu se dérober à ses entreprises que par une mort volontaire. La cruauté de Bernardino égalait sa dépravation. Des sentences d'exil et de, proscription frappaient successivement tout ce qu'il comptait de distingué dans ses états; et le reste de 'Italie était plein de malheureux qu'il avait chassés, après avoir envoyé au supplice les chefs de leurs fa

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à la tête de la traduction du Traité des bienfaits, par Benoît Varchi, Florence, 1574, in-8°.;-la Vie de Pétrarque, publiée par Tomasini, dans le Petrarcha redivivus; et celle d'Albert Mussato, insérée, par Muratori, dans le tome x des Scriptor. rerum italicarum. Les autres ouvrages de Polentone les plus remarquables, sont: I. Vita sive legenda mirabilis sancti Antonii de Padud, confessoris Christi (Padoue), 1476, in -4°., très rare (Voy. le Cat. de Gaignat, 2794). II. Argumenta aliquot orationum Ciceronis, imprimé à la suite des Commentaires d'Asconius Pedianus sur les discours de Cicéron, Venise, 1477 (éd. princeps); et Lyon,1554, in-fol. III. Catinia a Giacomo Badoaro Perugino, comedia, scritta in prosa volgare, Trente, 1482, in4°., très-rare. Polentone avait composé cette pièce en latin, et l'avait, dit-on, intitulée : Lusus ebriorum. Elle a été traduite, par l'un de ses fils, dans un dialecte qui tient du vénitien et du padouan. Catinio est le nom du principal personnage. Cet ouvrage, dans lequel on n'aperçoit aucune division d'actes ni de scènes, est, selon Apostolo Zeno, la plus ancienne comédie en prose italienne, qui ait été imprimée (Voy. les Notes d'Apostolo Zeno sur la Biblioth. de Fontanini, 1, 358). On cite encore de Polentone différents ouvrages restés en manuscrit : Exemplorum memorabilium libri vi; un Traité de la Confession; un Livre contre les joueurs, etc. On peut consulter, pour plus de détails, l'Historia gym. nas. Patavini de Papadopoli, et la Bibl. media et infimæ latinitatis de Fabricius. Jean Erard Kapp, dont on a déjà parlé, a publié, à Leipzig, 1733, in-4°., une Dissertation sur

la vie et les ouvrages de Polentone, chancelier de Padoue, et le restaurateur de l'histoire littéraire en Italie. Mehus a relevé beaucoup d'erreurs dans cette pièce ( Voyez ses Notes sur Polentone, dans l'édition qu'il a donnée des Lettres d'Ambroise le Camaldule). W-s.

pour

POLHEM (CHRISTOPHE), mécanicien suédois, naquit, en 1661, à Visby, en Gotland. Après avoir lutté long-temps contre les obstacles qui s'opposaient à ses efforts développer le talent dont la nature l'avait doué, il parvint à faire des études, et à fixer l'attention du gouvernement. Charles XI le fit voyager; il parcourut plusieurs pays, et s'arrêta quelque temps à Paris, où il travailla à une pendule très - artistement composée, et qui devait être envoyée au sultan de Constantinople. Plusieurs incidents l'empêchèrent d'achever cette pendule, dont il fit ensuite passer le modèle de Suède, après son retour dans ce pays. Le roi d'Angleterre, George Ier., l'ayant appelé dans ses états d'Hanovre, pour perfectionner les établissements des mines du Hartz, il s'y rendit, et parvint à exécuter plusieurs travaux importants. On voulut l'engager à se fixer en Allemagne; mais il retourna en Suède, et préféra de servir sa patrie. Un grand nombre d'inventions, aussi ingénieuses qu'utiles pour la construction des hauts fourneaux et pour celle des aqueducs, pour l'extraction du minérai, pour le défrichement des marais et des bois, pour l'entretien des digues et des ports, furent les fruits des savantes méditations et des combinaisons profondes de Polhem. Il signala surtout la hardiesse de son génie et l'étendue de ses conceptions, dans le plan qu'il donna pour la construction du canal

de Trollhaetta et du bassin de réparation de Garlscrona. Les travaux du canal ne furent pas conduits dans leur ensemble avec assez de précaution; et la violence des eaux trompa les calculs du mécanicien: mais le bassin fut achevé, et fait encore l'admiration de ceux qui l'examinent. Polhem fut comblé de distinctions par le gouvernement de son pays. Il obtint des lettres de noblesse, le titre de conseiller de commerce, et fut créé commandeur de l'ordre de l'Etoile polaire. L'académie des sciences de Stockholm le plaça parmi ses membres, et reçut de lui plusieurs Mémoires intéressants. Il parvint à l'âge de quatre-vingt- neuf ans, et mourut le 31 août 1751. Son Eloge fut prononcé à l'académie, par le savant mathématicien Samuel Klingenstierna.

C-AU.

POLICLÈTE. V. POLYCLÈTE. POLIDORE. V. CARAVAGE. POLIER (ANTOINE-LOUIS-HENRI DE), colonel dans l'Inde, membre de la société asiatique de Calcutta, naquit à Lausanne en février 1741, d'une famille noble de France, naturalisée depuis long-temps en Suisse. Le desir de voir l'Asie le fit profiter, en 1756, d'une occasion de passer en Angleterre, où il s'embarqua l'année suivante pour l'Inde. Il y allait réjoindre un de ses oncles, commandant à Calcutta; mais en arrivant dans cette ville, en 1758, il apprit que cet oncle avait été tué peu de temps auparavant en défendant la place. Alors Polier entra comme cadet au service de la compagnie anglaise; fit d'abord la guerre contre les Français, sur la côte d'Orixa, puis marcha dans le Bengale, pour combattre les radjahs. Ses connaissances en mathématiques lui valurent ensuite une place d'ingé

nieur dans le corps qui s'avançait contre le nabab. Au retour de la campagne, il fut chargé de l'inspection des travaux auxquels on em. ployait les troupes inactives, et, postérieurement, de ceux de Calcutta : il parvint, en 1762, au rang d'ingénieur en chef. Get emploi lui fut enlevé deux après, par un officier anglais, nouvellement arrivé d'Europe. Ce passe-droit ne diminua rien du zèle de Polier, qui fit la campagne contre Souja-oul-Doula, et contre les Marattes, accompagna, comme major, l'armée de Clive, y commanda un corps de cipayes, et s'acquit si bien la confiance de ce général, qu'il fut de nouveau ingénieur en chef de Calcutta, et commandant des troupes de la garnison. Mais en Europe, les services de Polier n'étaient pas appréciés comme en Asie. Au lieu de lui expédier le brevet de lieutenant-colonel, qu'il attendait, les directeurs de la compagnie envoyèrent un ordre de retarder son avancement, sous le prétexte qu'il n'était pas né anglais. Il sentit vivement cette injustice, malgré les adoucissements dont on l'enveloppa; et, profitant de la bonne volonté du gouverneur-général Hastings, qui, avec le conseil du Bengale, avait fait les plus fortes représentations en sa faveur, il accepta la place d'architecte et d'ingénieur en chef de Souja-oulDoula, devenu l'allié des Anglais. Polier, s'étant établi à Feizabad, y adopta les coutumes et les usages des Indous, avec lesquels il vivait, ce qui lui gagna entièrement leur affection. Souja-oul-Doula était d'une humeur guerrière. Il prit Polier avec lui dans ses expéditions contre d'autres princes du pays. Un de ses alliés, auquel il avait fourni des troupes, faisait inutilement le siége d'A

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