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veilles, quand ils reçurent du SaintSiège des témoignages flatteurs d'une approbation authentique et solennelle. Benoît XIV les félicita par un bref du 9 avril 1755. Clément XIII adressa quatre brefs trèshonorables au père Louis de Poix et à ses trois collaborateurs. Le régime de l'ordre de saint François, qui les avait sollicités, se glorifia hautement de cette marque de la bienveillance pontificale. En 1768, parut le fameux Mémoire dans lequel on propose un établissement, qui, sans être à charge à l'État, rendra des services essentiels à l Église, deviendra utile aux savants et aux gens de lettres, et contribuera à la gloire de la nation. Ce Mémoire, rédigé par le P. Louis de Poix, est divisé en sept articles 1°. Les capucins devaient faire des additions très-importantes à la polyglotte d'Angleterre ; 2°. rechercher soigneusement tout ce qui peut intéresser les églises d'Orient; 3o. traiter à fond l'histoire, les coutumes et les religions de tous les peuples de l'Asie; 4°. former des sujets pour les missions étrangères; 5o. le roi est supplié d'autoriser l'établissement, par des lettres-patentes, sous le nom de Société royale des études orientales; 6o. on répond aux difficultés des ennemis de la société ; 7o. on détermine une partie des réglements à suivre par les membres de la société. Nous ne craindrons pas de le dire, la Société Asiatique, fondée à Paris, le 1er. avril 1822, est établie sur le modèle de la société royale des capucins, mais d'après un plan moins vaste, sous quelques rapports, et d'ailleurs plus praticable. La vie d'un religieux, et surtout d'un religieux qui ne sort pas de sa cellule, est peu féconde en

grands événements. Nous savons seulement que le père Louis de Poix mourut dans son couvent de la rue Saint-Honoré, en 1782. Ce religieux, et ses confrères Séraphin de Paris, Jérôme d'Arras, etc., ont publié successivement: I. Prières que Nersès, patriarche des Arméniens, fit à la gloire de Dieu, pour toute ame fidèle à J.-C. (1170), latin-français, réimprimé à la suite du Mé. moire. II. Principes discutés pour faciliter l'intelligence des livres prophétiques, et spécialement des Psaumes, relativement à la langue originale, Paris, 1755-64, 16 vol. in-12On y a inséré plusieurs Dissertations sur les lettres de l'abbé de Villefroy, dans lesquelles il est traité de la conduite de Dieu à l'égard de son Église depuis le commencement du monde. On y trouve aussi les Réponses des capucins à leurs antagonistes. C'est le fruit de plus de vingt années de travail. III. Psalmorum versio nova, ex hebræo fonte; cum argumentis et notis quibus duplex eorum sensus litteralis, imò et moralis, exponuntur, Paris, 1762, in-12. IV. Nouvelle version des Psaumes, faite sur le texte hébreu, Paris, 1762, in-12. Ces deux volumes vont ordinairement avec les Principes discutés, et en font partie essentielle : << La traduction des Psaumes par les » pères capucins, dit l'abbé Ladvo» cat, est édifiante, et conforme à » leurs Principes discutés. Il y a plu >> sieurs endroits traduits avec no» blesse et avec majesté, surtout » ceux qui concernent le Messie et » les grandes vérités de dogme ou » de morale de notre sainte religion. » Mais je ne puis être de leur avis » sur la plupart des sujets qu'ils » donnent aux psaumes, ni sur les >> explications qu'ils mettent en no

>>

»tes, ni enfin sur ce qu'ils appellent énallages, ellipses, termes énig» matiques, ancien et nouvel Is» raël, et autres expressions sem» blables. (Jugement et observa tions sur les traductions des psaumes, par les pères capucins, etc., Paris, 1763, in-12.) Les capucins trouvèrent fort mauvais que l'abbé Ladvocat, qui avait approuvé comme censeur leur traduction des psauines, la critiquât dans un ouvrage ex professo. Ils firent nne Réponse assez aigre au jugement de l'abbé Ladvocat, et la publièrent à la fin du xve. volume des Principes dis cutés. Un ancien mousquetaire du roi, nommé M. de Saint-Paul, zélé partisan des capucins, le prit sur un ton encore plus haut que le leur, et traita fort cavalièrement le docte professeur de Sorbonne. (Voyez l'article LADVOCAT.) V. Réponse à la lettre de M....., insérée dans le Journal de Verdun, pag. 84, vrier 1755, contre les lettres de l'abbé de Villefroy, Paris, 1752, avec les lettres de leur savant instituteur, 2 vol. in-12. VI. Essai sur le livre de Job, Paris, 1768, in-12, 2 vol. Les bons pères ont osé voler de leurs propres ailes, et n'ont pas toujours suivi le sentiment de leur chef: ils témoignent, dans l'Avertissement, une crainte anticipée qu'on ne taxe leur plan d'arbitraire, de systématique, et même de dangereux n'est-ce pas avouer qu'il mérite un peu ces dures qualifications? VII. L'Ecclesiaste de Salomon, traduit de l'hébreu en latin et en français, avec des notes critiques, morales et historiques, Paris, 1771, in-12. Ce volume, enrichi d'une bonne préface et d'une vie de Salomon, est déparé par deux pièces polémiques, contre un chanoine et un

curé, remplies d'une indécente acrimonie. VIII. Traité de la paix intérieure, Paris, 1964, in-12. Ce Traité, de même que les Lettres spirituelles sur la paix de l'ame, le Traité de la joie, et la Vie de sainte Claire, a été réimprimé avec le nom du P. Ambroise de Lombez, mort en 1778; mais ils appartiennent à la société hébraïque. IX. Lettres spirituelles sur lapaix de l'ame, Paris, 1762, in 12. X. Les Prophéties d'Habacuc, traduites de l'hébreu, en latin et en français, précédées d'analyses qui en développent le double sens littéral et moral; et accompagnées de remarques et de notes chronologiques, géographiques, grammaticales et critiques, Paris, 1775, in - 12, 2 volumes On voit, par les approbations de cet ouvrage, que le père Louis de Poix et ses associés étaient de l'académie Clémentine. On y remarque également que, malgré les éloges prodigués par les censeurs de l'ordre aux travaux de capucins, leurs confrères des autres maisons en faisaient si peu de cas, qu'ils dédaignaient de retirer les exemplaires de souscription, et qu'il fallut un ordre exprès du général, du 28 juin 1775, pour les y contraindre. L'Avertissement dirigé contre le système de Kennicott, est plus fort en injures qu'en raisons. XI. Les Prophéties de Jérémie, etc., Paris, 1780, in-12, 6 vol. C'est un des meilleurs ouvrages des capucins. XII. Les Prophéties de Baruch, etc., Paris, 1788, in-12. Cet ouvrage était annoncé sous le titre du précédent; mais il ne parut que huit ans après. La traduction de Baruch est accompagnée d'une Dissertation sur le vœu de Jephté et de Réponses critiques à l'abbé Feller, à l'abbé du Contant de la Mollette, à un

curé du diocèse de Lisieux, etc. XIII. Traité de la joie, Paris, 1768, in-12. XIV. Dictionnaire arménien, latin, italien et francais, manuscrit. M. Cirbied n'en dit presque rien dans la préface de sa Grammaire arméniennè. Outre les ouvrages que nous venons d'indiquer, nous sommes assurés que les capucins en avaient préparé d'autres, que la révolution a sans doute empêché de publier. Un de leurs anciens confrères, curé dans une paroisse de la capitale, nous a plusieurs fois parlé de manuscrits déposés chez un particulier, qu'il ne nous a point nommé; nous ignorons ce qu'ils sont devenus. Quoi qu'il en soit, cette perte n'est peut-être pas très regrettable: quoique les capucins aient fait preuve d'intelligence et de bonne volonté, leur travail est maintenant tombé, en grande partie, dans le discrédit le plus absolu. Personne ne lit leurs écrits, excepté toutefois les trois ouvrages de piété du P. Ambroise. On est étonné, avec l'abbé Feller, que l'assemblée du clergé ait paru approuver un système réellement vain et creux, qui tend à dénaturer l'Écriture sainte, et à asservir l'éternelle parole de Dieu à une hypothèse grammaticale aussi arbitraire qu'éphémère, une idée qui approche du fanatisme; ou, pour parler plus modérément, on est étonné que ces religieux aient fait desi belles promesses, et qu'ils ne les aient pas accomplies. Les contemporains de Louis de Poix ne virent que le bien, et l'encouragèrent; maintenant nous jugeons son travail avec impartialité, et ne considérons que le L-B-E. de succès. POLAILLON. V. LUMAGUE. POLE, ou POOL. Voyez Po

peu

LUS..

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POLÉMON, philosophe académique, était athénien (1). Son père, nommé Philemon, qui jouissait d'u ne grande fortune, favorisa son penchant pour les plaisirs, en le laissant disposer de sommes considérables. Un jour que celui-ci était ivre, il entra par hasard, la tête couronnée de fleurs, dans l'école de Xénocrate. Le philosophe parlait en ce moment à ses élèves des avantages de la tempérance: la brusque apparition de Polémon ne l'empêcha pas de continuer son discours; et il fit un tableau si vrai, si frappant, des suites humiliantes de l'ivrognerie, que Polémon rougit, pour la première fois, de l'état dans lequel il se trouvait. On assure qu'il renonça dès-lors à l'usage du vin. Polémon, admis au nombre des disciples de Xénocrate, mérita l'amitié de son maître, et fut son successeur. Ce philosophe s'était attaché surtout à commander aux mouvements de son ame: quand il assistait aux représentations du théâtre, il était impossible d'apercevoir la moindre émotion sur son visage, et jamais un sourire n'en altérait la constante gravité. On raconte qu'un jour il fut mordu à la jambe par un chien furieux, et que cet accident ne lui causa pas le plus leger trouble. Une autre fois qu'il était assis devant sa porte, un grand bruit s'étant fait entendre, il en demanda la cause : C'est, lui réponditon, une émeute populaire; et il reprit la conversation où il l'avait laissée. Polémon disait que la philosophie ne consiste pas dans la recherche de vaines subtilités, mais dans la pratique de la vertu. C'était en se promenant dans les jardins qui en

(1) Selon Laerce, il était né à Oete, bourg de l'Attique.

touraient sa maison, qu'il interrogeait ses élèves ou répondait à leurs questions, s'attachant moins à les instruire par des discours que par ses exemples. Il avait pris en tout Xénocrate pour modèle; et, par respect pour sa mémoire, il ne voulut rien changer à sa doctrine. Polémon mourut d'étisie, dans un âge avancé, vers l'an 272 avant J.-C. Ses ouvrages étaient déjà vraisemblablement perdus au temps de Laërce, puisqu'il n'en donne pas les titres dans la Vie de ce philosophe. Suivant Laërce, il eut pour disciples, Arcésilas, Cratès, et Zénon fondateur de la secte stoïque.

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POLÉMON Ier., roi de Pont, vivait du temps de l'empereur Auguste. Ce prince ne possédait pas tout le pays qui, sous ce nom, avait formé l'héritage propre des princes de la race du grand Mithridate Eupator: il régnait seulement sur les contrées qui s'étendaient depuis les bords du Thermodon jusqu'aux frontières de la Colchide, et qui prirent depuis le nom de Pont - Polémoniaque. Polémon était fils de Zénon, rhéteur de la ville de Laodicée en Carie. En l'an 40 avant J.-C., Labienus, qui avait été envoyé par Cassius et Brutus, auprès du roi des Parthes Orodes, pour en obtenir des secours, fit une irruption dans l'Asie mineure, pendant que Pacorus, fils du roi des Parthes, se rendait maître de la Syrie. Après la prise d'Antioche et la défaite de Décidius Saxa, lieutenant de MarcAntoine, Labienus s'avança, sans éprouver de résistance, jusqu'aux rives de la mer Égée. Les seules villes de Stratonicée et de Laodicée en Carie, refusèrent de lui ouvrir leurs portes la première avait été excitée à ce refus par l'orateur Hybréas, et la seconde par Zénon, père de

Polémon. Plus heureux qu'Hybréas, il parvint à sauver sa patrie; etil favorisa, par sa courageuse résistance, les succès que Ventidius et Antoine obtinrent en l'an 39 avant J.-C. Après la défaite des Parthes, Antoine récompensa Zénon en la personne de son fils, bien jeune encore. Le triumvir donna à Polémon la souveraineté d'une partie de la Cilicie, en lui conférant le titre de grand-prêtre de Jupiter à Olba : cette ville était la capitale d'une petite principauté, qui avait appartenu autrefois à une famille sacerdotale, issue de Teucer, fondateur de Salamine en Cypre. Polémon fut fait aussi dynaste des Lalasses et des Cennates, peuples voisins d'Olba. Antoine joignit ensuite à ces possessions la ville d'Iconium et son territoire, situés dans le voisinage. Pour lui témoigner sa reconnaissance, le nouveau pontifesouverain prit, sur ses monnaies, le nom de M. Antonius Polémon : c'é

tait une marque de son dévouement pour son bienfaiteur. Polémon ne garda pas plus de deux ans la principauté d'Olba: vers l'an 37 avant J.-C., Antoine lui donna le titre de roi, et lui céda toute la partie orientale de l'ancien royaume du Pont. Quelques années auparavant, Antoine avait déjà donné ce royaume à un fils de Pharnace, appelé Darius. Ce prince était sans doute mort à cette époque nous ne savons, au reste, rien de précis sur ce point; mais il résulte d'un passage de Strabon (liv. XII, p. 560 ), que Polémon dirigea une expédition militaire dans le Pont, contre un puissant dynaste, nommé Arsaces, qui s'était révolté, et qui avait tenté de se faire déclarer roi de Pont, sans le consentement du gouverneur romain. Cet événement dut arriver après la

mort de Darius; et Strabon observe que les fils de Pharnace assiégeaient ce rebelle dans la forteresse de Sagylium, située dans le voisinage d'Amasée, et qui passait pour imprenable. La mort de Darius peut seule expliquer cette révolution. Le siége traînait en longueur, quand Polémon et Lycomèdes, qui régnait dans une autre partie du Pont, vinrent se joindre aux fils de Pharnace. Arsace fut contraint par la famine à se rendre à ses ennemis, qui le mirent à mort. Il est probable que Polémon dut la couronne de Pont à la destruction de ce rebelle. Bientôt après il suivit le triumvir dans son expédition contre les Parthes, dont il partagea tous les revers. Le corps auxiliaire qu'il commandait, faisait partie de l'arrière - garde d'Antoine, demeurée sous les ordres d'Appius Statianus. Marc-Antoine avait pris les devants pour pénétrer plus promptement dans l'intérieur du pays ennemi. Pendant qu'il était occupé au siége de Praaspa, capitale de la Médie Atropatène, Phrahates, roi des Parthes, et Artavasde, roi des Mèdes, attaquèrent Statianus, qui avait déjà traversé toute l'Arménie, et avait passé l'Araxe. Ce gé néral, embarrassé par tous les bagages qu'il avait ordre de conduire à Antoine, et d'ailleurs inférieur en forces à ses adversaires, perdit toute son armée, et, après une vigoureuse résistance, fut entièrement défait les barbares ne firent qu'un trèspetit nombre de prisonniers, parmi lesquels était Polémon, qui ne put recouvrer sa liberté qu'en payant une forte rançon. Cependant la captivité du roi de Pont fut utile à Antoine. En l'an 33 avant J.-C, le roi des Parthes et celui des Mèdes s'étaient brouillés au sujet du partage

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des dépouilles enlevées aux Romains, il en résulta entre eux une violente haine; ce ressentiment fit tourner Artavasde du côté des Romains : il résolut de s'adresser à Antoine qui, honteux des revers qu'il avait éprou vés dans sa campagne contre les Parthes, brûlait d'en tirer une vengeance éclatante. Polémon, qui avait été prisonnier d'Artavasde, fut chargé de cette négociation: elle se termina à la satisfaction des deux parties, par la conclusion d'une alliance offensive et defensive contre les Parthes, entre Antoine et les Mèdes. Antoine fut si content du service que Polémon lui avait rendu dans cette circonstance, qu'il joignit à ses états la possession de la petite Arménie, en l'an 33 avant J.-C. L'histoire nous laisse ignorer ce que Polémon fit depuis cette époque jusqu'en l'an 26, qu'il reçut d'Auguste le titre d'ami et d'allié du peuple Romain. Il est probable que dans la lutte entre les deux puissants rivaux qui se disputaient l'empire du monde, Polémon suivit le parti de son bienfaiteur. Ce fut, sans doute, pour cette raison qu'il n'obtint que si longtemps après la bataille d'Actium, qu'Auguste le confirmât dans la dignité royale qui lui avait été donnée par Antoine. Il existe, dans la collection de M. Allier de Hauteroche, une mé daille unique de Polémon, qui paraît se rapporter à cet espace de temps: on n'y voit point la tête d'Auguste comme sur les monnaies plus récentes; et le roi n'y prend pas le prénom de Marc-Antoine, comme sur les premières médailles de son règne. Il n'y a que sa tête seule, et au revers une étoile avec la légende de BAZIΛΕΩΣ ΠΟΛΕΜΩΝΟΣ ΕΥΣΕΒΟΥΣ.

C'est probablement à l'imitation des rois de Cappadoce, qu'il prit le sur

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