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avait entendu dire que la glace se formait dans cette grotte pendant l'été et se fondait en hiver; mais M. de Chantrans a démontré que la glace s'y forme en hiver, et que le phénomène consiste en ce qu'elle s'y conserve en partie durant l'été (Voy. le Journal des mines, tome Iv).

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W-s. POISSON (NICOLAS-JOSEPH), fils d'un marchand de Paris, entra dans la congrégation de l'Oratoire, en 1660, à l'âge de vingt-trois ans, après avoir fait ses trois cours de théologie en Sorbonne. Il commença à se faire connaître par une lettre insérée, en 1668, dans le Journal des savants, où il soutint contre Auzout de l'académie des sciences, que l'ouïe n'a aucun avantage sur les autres sens, et qu'on ne peut pas juger de combien de degrés une lumière est plus grande qu'une autre, comme l'on juge de combien de tons, un son est plus aigu qu'un autre son. Il mit au jour, la même année, le Traité de la méchanique de Descartes, suivi de l'Abrégé de musique du même auteur, traduit du latin en français, avec des Éclaircissements et des Notes, Paris, 1668, in-4°. Trois ans après, parut son Commentaire ou Remarques sur la Méthode du même philosophe, Vendôme, 1671, in-8°. Ce n'était-là qu'un essai du Commentaire général qu'il se proposait de faire sur toutes les œuvres de Descartes; et ses essais en ce genre prouvent qu'il était très capable d'exécuter une pareille entreprise: mais il y renonça par la crainte de compromettre sa congrégation, alors en butte à la persécution des péripatéticiens, à cause dú zèle de ses

463-77; et par Cossigny, dans une Lettre à Réau

mur,

insérée dans le tome 1er, des Mémoires des savants étrangers.

professeurs pour la nouvelle philosophie (V. Bern. LAMI). Ce fut par la même raison, qu'il résista aux sollicitations de Clerselier et de la reine Christine, qui voulaient l'engager à écrire la vie de Descartes. Alors le P. Poisson se jeta dans une autre carrière, où il éprouva des tracasseries bien plus fatales encore à son repos. Il fit, en 1677, un voyage à Rome, sous divers prétextes, mais avec la mission secrète des évêques d'Arras et de Saint-Pons, pour présenter à Innocent XI un mémoire, composé par Nicole, afin d'obtenir de ce pape la condamnation de plusieurs propositions de morale relâchée, qui avaient cours dans les écoles, et qui furent effectivement condamnées, en 1679, au nombre de 65. Il était de plus chargé d'agir auprès du même pontife en faveur de M. de Caulet, évêque de Pamiers, dans l'affaire de la Regale. Les rapports fréquents que ces deux commissions lui donnaient avec le pape et avec les cardinaux, causèrent de l'ombrage aux émissaires de la cour de France: le secret de sa mission fut absolument découvert par un Espagnol qu'il avait pris pour transcrire les pièces de sa négociation. Le P. Lachaise, et M. de Harlay, archevêque de Paris, sur lequel il s'était exprimé assez légèrement, obligèrent les supérieurs de la congrégation de le rappeler. Il obéit, malgré les offres que lui fit le pape, pour l'attacher à sa cour, et partit pour Lyon, après avoir passé un an en Italie. Ayant voulu se rendre secrètement à Paris, dans le dessein de s'y justifier, il trouva sur la route une lettre de cachet qui le reléguait à Nevers. M. Valot, évêque de cette ville, le fit son grand-vicaire, lui confia le gouvernement de son séminaire,

se l'adjoignit dans toutes ses visites, et l'employa utilement dans les missions, où il réussit à ramener grand nombre de protestants à l'Église. Après la mort de ce prélat, en 1705, le P. Poisson se retira dans la maison de l'Oratoire de Lyon, où il mourut, le 3 mai 1710, d'une maladie que lui avait causée sa trop grande application au travail. Outre les ouvrages déja cités, on a de lui: I, Acta ecclesiæ Mediolanensis sub sancto Carolo, Lyon, 2 vol. in-fo., 1681 et 83; ouvrage curieux par un grand nombre de pièces que l'éditeur avait traduites de l'italien en latin : cette publication devait être suivie de celle de plusieurs pièces inédites du même saint; mais le P. Lachaise l'en empêcha, à cause de certaines lettres qui pouvaient déplaire aux Jésuites; elles ont été publiées depuis. II. Delectus actorum Ecclesiæ universalis, Lyon, 1706, 2 vol. in-fo, Get abrégé, destiné à l'usage de ceux qui n'ont pas la facilité de lire les grandes collections, est le plus ample qu'on ait en ce genre. Les notes de l'éditeur, qui remplissent près de la moitié du second volume, sont savantes et pleines d'intérêt. On voit, par la correspondance inédite du P. Poisson, qu'il était en commerce de lettres avec un grand nombre de savants, surtout de France et d'Italie. La relation manuscrite de son voyage dans ce dernier pays, contient beaucoup d'anecdotes curieuses, sur les hommes de lettres de cette contrée. L'abbé Goujet en a tiré un grand parti dans son supplément de Moreri. Parmi les autres manuscrits de Poisson, on trouve une vie de Charlotte de Harlay-Sancy, dégagée des détails minutieux qui déparent souvent ces sortes d'ouvrages;-différentes Dissertations, pour prouver

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que l'opinion de Descartes sur l'essence de la matière, porte atteinte au mystère de l'Eucharistie; que la défense faite par le roi, d'enseigner la philosophie de ce grand homme, était sujette à beaucoup d'inconvépients; sur la comparaison des armes des Romains avec celles des modernes;-un Traité des bénéfices; un des Cérémonies de l'Église; une Description de Rome moderne; des Miscellanea. T-D. POISSON (RAIMOND'), fils d'un habile mathématicien, perdit son père fort jeune. Le duc de Créqui, gouverneur de Paris, voulut prendre soin de sa fortune; mais, entraîné par son goût pour la comédie, Poisson abandonna son protecteur, et s'enrôla dans une troupe de province. Louis XIV, dans un de ses voyages, ayant assisté à la représentation d'une pièce où jouait Poisson, fut si satisfait de son talent, qu'il le nomma l'un de ses comédiens, et prit la peine de le réconcilier avec le duc de Créqui. Colbert fut le parrain d'un des enfants de Poisson. Celui-ci adressait quelquefois au ministre, et même au roi, des demandes en vers, où il y avait aussi peu de dignité que de talent la difficulté de soutenir une nombreuse famille pouvait faire excuser en lui ce tort, qui lui était commun avec beaucoup de poètes du temps. Il a laissé au théâtre la réputation d'un acteur inimitable par le naturel. On a souvent répété que ce fut lui qui imagina le personnage de Crispin; qu'il l'introduisit dans ses pièces, et le joua lui-même : mais la comédie de Crispin musicien, par Hauteroche, était antérieure aux principales pièces de Raimond Poisson. Il est aussi de tradition qu'il avait donné des bottines à ce personnage, pour dissimuler la

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maigreur de ses jambes: d'autres disent qu'il n'avait fait en cela qu'imi ter le costume des valets d'alors, qui ne pouvaient faire leurs courses qu'en bottines, attendu que la plupart des rues de Paris n'étaient point encore pavées. Auteur en même temps que comédien, il a donné au théâtre : Lu bin, ou le Sot vengé, en un acte et en vers de quatre pieds; le Baron de la Crasse; le Fou de qualité; l'Après-souper des auberges; les Faux Moscovites; le Poète basque; les Femmes coquettes; la Hollande malade; et les Fous divertissants, d'où Dancourt à tiré un acte qu'il a fait jouer sons le titre du Bon soldat, et dont le sujet a été traité depuis aux Italiens par Anseaume, dans le Soldat magicien. On attribue encore à Poisson l'Académie burlesque, et le Cocu battu et content. Ses autres pièces forment 2 vol. in-12, Paris, 1687, 1743 : l'invention en est faible; mais il y a une certaine verve comique dans l'exécution: il règne dans le dialogue un genre de gaîté dont le goût du public actuel ne s'accommoderait guè re. Le Baron de la Crasse est resté long-temps au théâtre. Poisson, né à Paris, y mourut en 1690. Paul POISSON, fils du précédent, né à Paris, en 1658, et qui avait été quelque temps porte-manteau de MONSIEUR, frère de Louis XIV, succéda, en mars 1686, dans l'emploi des Crispins, à son père, retiré du théâtre; mais il ue composa pas de comédies. Après avoir fait, comme acteur, les délices du parterre, il abandonna la scène, le 1er. août 1724, et alla s'établir à Saint-Germain avec sa femme, née GassandDucroisi, qui avait été comédienne jusqu'en 1694. Il mourut le 28 dé cembre 1735, à l'âge de soixante

dix-sept ans, laissant plusieurs enfants. A-G-R.

POISSON (PHILIPPE ), fils du précédent et petit-fils du comédien Raimond Poisson, naquit à Paris, au mois de février 1682. Après avoir joué pendant cinq ou six ans, avec succès, dans le tragique et surtout dans le haut comique il se retira à Saint-Germain, où il mourut le 4 août 1743, âgé de 60 ans. On a de lui dix comédies: le Procureur arbitre, la Boîte de Pandore, Alcibiade, l'Impromptu de campagne, le Réveil d'Epimenide, le Mariage par lettre de change, les Ruses d'amour, l'Amour secret, l'Amour musicien et l'Actrice nouvelle. Ces pièces, suivies de quelques poésies fugitives très-médiocres, forment 2 vol. in-12, Paris, 1741, et, réunies aux œuvres de Raimond Poisson, 4 vol. in-12, 1743. Le Procureur arbitre et l' Impromptu de

campagne sont restés au théâtre. Le premier de ces ouvrages est une pièce épisodique, où tous les personnages ne sont pas également heureux; mais celui du Procureur plaît par la droiture et la noblesse de ses sentiments. L'intrigue de l'Impromptu de campagne est extrêmement légère, mais l'idée en est gaie, et le dialogue facile et naturel; on en a retenu quelques vers: on y desirerait plus d'élégance et de correction. L'Actrice nouvelle ne fut point jouée, parce qu'une fameuse comé dienne du temps crut se reconnaître dans la peinture un peu satirique du principal personnage. Voisenon nous apprend que Poisson était le bel-esprit de la maison de madame de Carignan; et il ajoute que ses comédies, quoique froides, étaient plus amusantes que lui. Madame de Gomez était sa sœur, et François. Ar

noult Poisson de Roinville, son frère. Ce dernier débuta, le 21 mai 1722, par le rôle de Sosie, dans Amphitryon; il fut reçu au mois de juillet 1723, et mourut le 24 août 1753. C'était malgré son père, qu'il avait pris l'état de comédien. Paul Poisson l'avait mis au service, en lui faisant obtenir une compagnie de cavalerie: mais il la quitta, s'embarqua pour les Grandes-Indes, et, revenu en France, suivit quelques troupes d'acteurs de province. Quand il se crut en état de remplir les rôles de son père, et de son grand-père, il se rendit secrètement à Paris en 1722, et sollicita, sous main, un ordre de début. Le père, en ayant eu connaissance, employa tous les moyens possibles pour s'opposer à ce début, craignant de voir déshonorer devenu célèbre au théâtre. François Poisson ne perdit pas courage; il alla trouver un ami de Paul, et fit demander à celui-ci la permission de jouer devant lui tel rôle que lui-même choisirait. Celui de Sosie dans Amphitryon ayant été désigné, le jeune Poisson se tira si bien de cette épreuve, que son père, l'embrassant avec des larmes de joie, reconnut son sang, et alla solliciter en personne la réception d'un aussi bon comédien. Outre les Crispins, François Poisson se chargea des marquis ridicules et des rôles de caractère outrés. Grimm, dans sa Correspondance (première partie, tome 1), donne les plus grands éloges à cet acteur, le dernier de sa race.

un nom,

A-G-R.

POISSON. Voyez MARIGNY et POMPADOUR.

POISSONNIER (PIERRE-ISAAC), médecin et chimiste, naquit à Dijon, le 5 juillet 1720, d'une famille trèsancienne de cette ville. Ses premières

études furent dirigées par un père éclairé, qui était pharmacien ; il alla les continuer à Paris, et ne négligea rien pour s'instruire de tout ce qui est relatif à la pharmacie : mais c'était l'état de médecin qu'il voulait embrasser. Presque dès le moment de son agrégation à la faculté, il eut la vogue dans l'exercice de l'art de guérir. Il obtint, en 1746, le grade de docteur; et trois ans après il eut l'agrément du Gonvernement pour remplacer, moyennant finance, dans sa chaire, Dubois, professeur de chimie au college de France. Il garda cette chaire jusqu'en 1777. Peu de matières scientifiques lui étaient étrangères, et il parlait sur toutes avec autant de correction que de facilité. Helvétius, père de l'auteur du livre de l'Esprit, ne pouvant plus en raison de son grand âge et de ses infirmités, se livrer à ses fonctions d'inspecteur des hôpitaux militaires, le

choisit en 1754 (peu de temps avant sa mort), pour son suppléant. Poissonnier fit, en 1758, un changement assez important dans les formules latines des médicaments pour les hôpitaux, et fournit celles qui manquaient. Ayant appris tout ce qui, théoriquement, est relatif aux maladies, trop communes dans les camps et dans les armées, il voulut acquérir la pratique: il demanda donc, et on lui accorda la place de premier médecin des cent mille hommes qui servaient en Allemagne, en 1757 et 1758. Vers la fin de cette dernière année, il reçut du Gouvernement l'ordre d'aller en Russie, pour contribuer, disait-on alors, au rétablissement de la santé de l'impératrice Élisabeth; mais, en réalité, la cour de Versailles desirait avoir un homme qui pût s'occuper avec cette princesse, ou à portée d'elle, de négo

ciations secrètes. Elle accueillit Poissonnier de la manière la plus flatteuse. L'étiquette ne permettait pas que la czarine admît à sa table ceux qui n'étaient pas révêtus du titre de lieutenant-général de ses armées. Il fallut bien le donner au médecin français, et il en porta les marques distinctives. Alors Poissonnier eut presque tous les jours l'honneur d'être le convive d'Elisabeth. Il profita de l'estime et des égards qu'elle lui témoignait pour remplir la mission dont il était chargé, et la remplit avec succès. Mais fatigué, au bout de quelque temps, du rôle qu'il jouait, et craignant les orages de cour dans lesquels il pouvait être précipité; enfin, déterminé principalement par l'amour du pays, il sollicita son retour en France. L'impératrice ne négligea rien pour le retenir; tout fut inutile. Il partit comblé de dons et de témoignages de regrets. Arrivé à Paris, en 1761, il descendit chez le duc de Choiseul. Ce ministre avait seul reçu les dépêches de Poissonnier, qu'il mettait, aussitôt sous les yeux de Louis XV: ce monarque les lisait avec le plus grand intérêt. M. de Choiseul voulut persuader au docteur de consacrer le reste de sa vie à la diplomatie; celui-ci s'en tint à demander le titre honorifique de conseiller d'état, qui lui fut donné sans fonctions et sans appointements. On y joignit une pension de 12 mille livres; mais Poissonnier renonça dès-lors aux 9 mille livres attachées annuellement à la place de médecin consultant du roi, dont il avait été gratifié en 1758. En partant pour Pétersbourg, il avait sacrifié son état et une clientelle aussi brillante que nombreuse. N'ayant plus les mêmes avantages à espérer, il tourna ses vues

vers des occupations analogues. La place d'inspecteur et de directeurgénéral de la médecine, de la chirurgie et de la pharmacie des hôpitaux, dans les ports de France et dans les colonies, manquait encore à la marine: il n'eut pas de peine à prouver la nécessité de la créer, et il en fut le premier titulaire. Il conserva cette place jusqu'à ce qu'elle fût supprimée en 1791, et même long-temps après, quoiqu'il n'en touchât plus les honoraires, qui se montaient à quatorze mille francs. Il avait établi, en 1768, des cours d'anatomie, de chirurgie et de botanique, et institué des concours dont il était le juge. Jamais la marine n'a eu des officiers de santé aussi instruits que pendant le temps que Poissonnier dirigeait cette partie du service militaire. Il fut surtout utile, en 1779, lorsqu'une épidémie exerça ses ravages sur les flottes combinées de France et d'Espagne, qui ne purent se dispenser de rentrer dans le port de Brest. Poissonnier fut enfermé, pendant le règne de la terreur, dans la prison de Saint-Lazare, avec sa femme et son fils. La chute de Robespierre lui fit recouvrer sa liberté. Ses écrits sont en petit nombre. Elie Col de Vilars, membre de la faculté de médecine de Paris, avait publié un Cours de chirurgie incomplet: Poissonnier le termina, en 1742, par un cinquième volume, qui traite des luxations et des fractures; et par un sixième volume, publié en 1760, qui est un Dictionnaire français-latin des termes de médecine et de chirurgie. Il imprima encore, en 1783, un Abrégé d'anatomie à l'usage des élèves en chirurgie dans les écoles de la marine. Get abrégé n'est que la rédaction des leçons de Courcelles, premier médecin de la marine à Brest. Poissonnier leur donna le complé

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