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la mère Jacquel. Bonette de Blemur, religieuse du Saint-Sacrement, d'après le conseil de quelques personnes pieuses, en retoucha le style, qui avait vieilli, et le publia sous ce titre: Les grandeurs de la mère de Dieu (Voy. BOUETTE, tome V, p., 289). V. La science des saints, ibid., 1638, in-4°. Le P. Poirey avait laissé en manuscrit un Recueil de méditations, que ses confrères publièrent à Tournon, 1641, in-4°.

W-s.

POIRIER (D. GERMAIN) savant bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, né à Paris le 8 janvier 1724, embrassa la vie monastique avant l'âge de quinze ans, et fut bientôt jugé digne, par ses supérieurs, de professer la philosophie et la théologie dans les maisons de son ordre. Nommé secrétaire du visiteurgénéral de la province de France, il se démit de cette place, et accepta celle de garde des archives de l'abbaye de Saint-Denis, qui convenait mieux à ses goûts. Il mit ces archives dans un nouvel ordre, étudia les nombreux monuments qu'elles renfermaient, et acquit ainsi de profondes connaissances dans l'histoire et dans la diplomatique. En 1762, D. Poirier fut choisi pour travailler à la continuation du Recueil des historiens de France (V. D. BOUQUET); aidé de D,Précieux, son confrère, il en publia le ouzième volume qui contient le règne de Henri I.er, et dont la préface est, au jugement de M. Dacier, nn des ouvrages les plus solides que nous ayons sur le gouvernement de la France au commencement de la troisième race de nos rois. D Poirier sortit, en 1765, de sa congrégation par suite des troubles dont elle était agitée ; mais les regrets et le repentir l'y ramenèrent dix

ans après. Ce temps n'avait point été perdu pour ses études favorites. Il fut nommé, vers 1780, garde des archives de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et membre du comité établi par le Gouvernement, pour préparer une collection des diplômes et des chartes du royaume, qui fut pour la France ce que celle de Rymer est pour l'Angleterre (V.RYMER). En 1785, D. Poirier fut admis àl'académie des inscriptions, comme associé libre. Pendant les troubles de la révolution, il fut attaché successivement à la commission des monuments et à la commission temporaire des arts; et l'on dut à son zèle et à son activité la conservation d'un grand nombre de précieux manuscrits. Après l'incendie de la bibliothèque de Saint-Germain-des-Près (20 août 1794), il resta seul au milieu des ruines pour veiller à la garde des manuscrits que les flammes avaient épargnés. En 1796, il fut nommé sons-bibliothécaire à l'arsenal; et en 1800, il remplaça Le Grand d'Aussy à l'Institut. Ce respectable religieux mourut subitement, le 2 février 1803, à l'àge de soixante dix-neuf ans. Nous emprunterons quelques traits à l'Éloge que M. Dacier a publié de son savant confrère, pour faire connaître toutes les qualités de D. Poirier. « Il joignait, dit son éloquent panégyriste, à un savoir devenu très-rare, une modestie qui ne l'était pas moins; il travaillait pour le plaisir de travailler, et pour satisfaire le besoin qu'il avait de s'instruire, sans desirer d'en recueillir d'autre fruit: de là venait sa facilité à communiquer ses recherches aux gens de lettres qui avaient recours à fui, à les leur abandonner même entièrement, sans espoir d'aucun retour. Quelqu'un lui témoignait un

jour sa surprise de ce qu'il n'était pas même nommé dans un ouvrage auquel il avait eu beaucoup de part (l'Art de vérifier les dates): « Je m'y suis opposé, répondit-il; j'ai appris beaucoup de choses que je ne savais pas: j'ai employé mon temps utilement pour les lettres et pour un homme que j'estime : il est mon obligé; je serais le sien s'il avait parlé de moi. » Sa simplicité extérieure annonçait celle de son ame: depuis la destruction des ordres religieux, un habit de l'étoffe la plus grossière était son seul vêtement pour toutes les saisons, et il le portait jusqu'a ce qu'il fût absolument hors d'état de servir. Sa sobriété et sa tempérance n'étaient pas moins remarquables; les légumes les plus communs, cuits

soup

sans assaisonnement et inême sans sel,du pain et de l'eau étaient sa nour. riture. Ceux qui savaient qu'il jouissait depuis long-temps d'un traitement assez considérable pour qu'il vécût d'une toute autre manière, ne lui connaissant d'ailleurs aucun goût dispendieux, l'auraient facilement çonné d'en avoir un tout contraire. Sa mort seule a révélé le secret des vertus qu'il cachait avec autant de soin qu'il en aurait pu mettre à cacher des défauts. Les témoignages de gratitude, et les bénédictions des pauvres avec lesquels il partageait sa fortune, et dont plusieurs étaient d'anciens religieux de son ordre, témoignages écrits, et trouvés, avec quelques pièces de monnaie, dans son secrétaire, étaient tout son trésor: il était mal vêtu pour empêcher qu'ils ne fussent nus; il vivait de privation pour pouvoir les nourrir; il se faisait volontairement pauvre pour soulager leur pauvreté: ses dépenses ne s'élevaient jamais au-dessus de quatre ou cinq cents fr. par an; le

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reste de son revenu appartenait à l'indigence et à l'amitié. D. Poirier, est auteur de plusieurs Mémoires lus dans les séances de l'académie dont il était membre: une Dissertation sur le saurotère des lances grecques et romaines de Nouveaux éclaircissements sur les ouvrages de Guil laume de Nangis et de ses continuateurs, pour servir de suite aux Recherches de Sainte- Palaye sur cet historien (V. SAINTE-PALAYE); Notice des deux manuscrits de la bibliothèque du roi, touchant le procès de Robert d'Artois, etc. - les Circonstances et les véritables causes de la mort de François de Bourbon, comte d'Enghien, à la Rochesur-Yon, en 1546; — Examen des différentes opinions des historiens anciens et modernes, sur l'avènement de Hugues Capet à la couronne de France. Ce dernier Mémoire est imprimé dans le tome 50 du Recueil de l'acad. des inscriptions. Il a publié, avec Vicq d'Azir : Instruction sur la manière d'inventorier et de conserver tous les ob

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aux

jets qui peuvent servir aux arts, sciences et à l'enseignement, Paris, an 2 (1794), in-4°. L'Eloge de D. Poirier, par M. Dacier, imprimé en 1804, in-8°., a été inséré dans le premier volume du Nouveau Recueil des Mémoires de l'acad. des inscriptions. W-s.

POIS (ANTOINE LE), médecin et numismate, naquit en 1525, à Nan-ci, d'une famille qui a produit plusieurs hommes de mérite. Son père, apothicaire du duc de Lorraine, l'envoya faire ses études à Paris, sous le célèbre Jacques Dubois (Sylvius), qui le rendit bientôt fort habile dans la connaissance des langues anciennes, et des différentes parties de l'art de guérir. Après avoir pris

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ses degrés, il revint à Nanci, où sa réputation l'avait précédé, et il ne tarda pas d'obtenir la place de premier médecin du duc Charles III. Dès-lors il partagea son temps entré les devoirs de sa charge et l'étude. des médailles, dont il avait formé une collection intéressante (1). Il mourut en 1578, laissant en manus crit un ouvrage curieux de numisma tique, que Nicol. Le Pois, son frère, dont l'article suit, a publié sous ce titre : Discours sur les médailles et gravures antiques, principalement romaines, etc., Paris, 1579, in-4°. Ce volume, rare et recherché (Voy. le Manuel du libraire, par M. Brunet), est orné du portrait de l'auteur et de vingt planches de médailles, gravées par Pierre Woeriot, orfevre et graveur de Bar-le-Duc. Nicolas LE Pots, en latin Piso, regardé comme l'un des meilleurs médecins du seizième siècle, était né en 1527, à Nanci. Il suivit, avec son frère, les leçons de Jacq. Sylvius, et partagea ses succès dans l'étude des langues et de l'art médical, qu'il cultiva toute sa vie avec une ardeur in fatigable. Il lui succéda dans la charge de premier médecin du duc de Lorraine, et mourut au mois d'août 1587, ne laissant d'autre fortune à ses fils que l'exemple de ses vertus et de son noble désintéressement. Dans l'espoir d'être utile à ses enfants, il avait extrait des meilleurs livres de médecine, la description et le traitement des maladies, et y avait joint le résultat de ses propres observations sur l'invitation de Foës, son ami, il mit au jour cet ouvrage, sous ce titre, De cognoscendis et curan

(1) Ant. Le Pois se flattait de posséder une mé daille en or de Pescennius Niger, et il ne regardait pas cette pièce comme unique (Voy. son Discours a p. 3).

dis præcipuè internis humani corpo. ris morbis, libri tres; et de febribus liber unus, Francfort, 1580, in-fol., 1585, in-8°. Le célèbre Boerhaave en a donné une édition, Leyde, 1736, 2 vol. in-4°., enrichie d'une belle Préface que dom Calmet a traduite en français, et insérée dans la Bibliothèque de Lorraine : il a été réimprimé depuis à Leipzig, 1766, 2 vol. in-8°. W-s.

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POIS (CHARLES LE), en latin Carol. Piso, l'un des meilleurs médecins observateurs qui aient paru depuis la renaissance des arts, naquit à Nanci, en 1563. Son père, Nicolas Le Pois, connaissait tout le prix d'une bonne éducation : aussi l'envoya-t-il, dès l'âge de treize ans, au college de Navarre, Paris; et, malgré sa grande jeunesse, l'élève s'appliqua toujours avec une égale ardeur, à l'étude des langues anciennes, des lettres et de la philosophie. Reçu maîtreès-arts en 1581, il entra, la même année, à l'école de médecine, où il suivit les leçons de Duret, de Piètre et de Marescot, trois des plus savants professeurs de l'université. En 1585, il se rendit à Padoue, pour entendre Alex. Massaria, que ses talents avaient fait connaître dans toute l'Europe Voy. MASSARIA, XXVII, 400). Après avoir terminé son cours, il visita les principales villes d'Italie, et revint, en 1588, à Paris, se présenter pour soutenir ses examens. Le peu de fortune qu'il avait hérité de son père, ne lui permit pas de prendre le doctorat, et il se contenta du grade de licencié. A son retour en Lorraine, il fut accueilli par le duc Charles, qui le nomma son médecin-consultant, et lui marqua toujours depuis une extrême bienveillance. Ce fut à la solli

citation de Le Pois, que ce prince augmenta l'université de Pont-àMousson d'une faculté de médecine, dont il le créa doyen et premier professeur. Avant de prendre possession de sa chaire, Le Pois revint à Paris, recevoir le bonnet de docteur. Il ouvrit ses cours à Pont-àMousson, au mois de novembre 1598; et dès-lors il partagea tous ses instants entre l'enseignement et la pratique de son art. Ennemi du charlatanisme, il le combattit avec zèle, ainsi que les abus qui s'étaient glissés dans la préparation des remèdes il n'en ordonnait jamais que de simples; et, le plus souvent, il se contentait de prescrire à ses malades le repos et la diète. Le Pois était pénétré de vénération pour la doctrine d'Hippocrate; et, à l'exemple de ce grand maître, il ne cessait de recommander à ses élèves l'observation, comme la source la plus sûre de toutes les découvertes, et la base la plus solide de l'art de guérir. Appelé par les magistrats de Nanci, pour donner ses soins aux personnes attaquées d'une fièvre maligne qui causait de grands ravages, il en fut atteint lui-même, et nourut en 1633. Le Pois avait des connaissances très-variées : outre les langues anciennes, il savait l'italien, l'espagnol, l'arabe, l'hébreu ; il était bon mathématicien ; il avait fait une étude aprofondie de tous les ouvrages de philosophie. Indépendamment d'une traduction latine du Traité de Louis Mercato, médecin espagnol : Institutiones ad usum et examen eorum qui artem luxatoriam exercent, Francfort, 1625, in-fól., fig., on a de lui: I. Caroli III macarismos, seu felicitatis et virtutum egregio principe dignarum coronæ, ex sapientiæ hortis lectæ,

congestaque in honorarium ejus tumulum, Pont-à-Mousson, 1609, in-4°. C'est un recueil de vers que Le Pois avait composés à la louange du duc de Lorraine, son bienfaiteur. II. Selectiorum observationum et consiliorum de prætervisis hactenùs morbis, affectibusque præter naturam, ab aquá seu serosa colluvie et, diluvie ortis, liber singularis, etc., ibidem, 1618; Paris, 1633, in-4°. C'est cet ouvrage qui assure à Le Pois la réputation méritée d'un grand et habile médecin : il a été souvent réimprimé; la meilleure édition est celle qu'a donnée Boerhaave, Leyde, 1733, reproduite à Amsterdam, 1768, in-4°., avec une Préface, dans laquelle l'illustre éditeur recommande ce livre à ses élèves, comme un de ceux où ils trouveront le plus à profiter. Bernard Langwedel en a extrait quelques observations choisies, qu'il a publiées sous ce titre Carolus Piso enucleatus, sive Observationes medica Pisonis, Leyde, Elzevier, 1639, petit in-ì2. III. Physicum cometa speculum, Pont-à-Mousson, 1619, in-8°. Dans cet ouvrage, composé à l'occasion de la comète qui avait effrayé une partie de l'Europe l'année précédente, Le Pois soutient, d'après Aristote, que les comètes sont des météores ignés, formés des exhalaisons de la terre; et, d'après cette explication, il cherche à montrer comment elles peuvent présager des maladies pestilentielles, etc. On ne doit pas oublier que Le Pois n'était pas astronome, et qu'à l'époque où il écrivait, la théorie des comètes était peu connue (Voy. Tycho-BRAHE). IV. Discours de la nature, cause et remèdes tant curatifs que préservatifs des maladies populaires, ibid., 1623, in-12. Le Pois a

laissé, en manuscrit, plusieurs ouvrages, entr'autres un Cours pratique de médecine, dont ses amis et ses élèves souhaitaient la publication. On trouvera des détails sur ce médecin, dans la Biblioth. de Lorraine, et dans le Dictionnaire de Chaufepie.

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POISSENOT (PAILIBERT), savant philologue, né à Jouhe, près de Dole, au commencement du seizième siècle, embrassa la vie religieuse dans la congrégation de Cluni, et, après avoir achevé ses études au college de Saint-Jérôme (1), fut reçu docteur en droit canon. Il obtint ensuite de ses supérieurs la permission de visiter l'Allemagne et l'Italie, et recueillit, dans ses voyages, un grand nombre de manuscrits précieux, dont il enrichit la bibliothèque de SaintJérôme. Les talents de Poissenot et son zèle pour propager le goût des let tres dans le comté de Bourgogne, lui méritèrent la bienveillance de l'empereur Charles-Quint, qui lui confia plusieurs commissions honorables, et le récompensa de ses services par le don de riches bénéfices. Il en employa les revenus à soutenir les jeunes gens qui annonçaient des dispositions pour l'étude, et à leur faciliter l'entrée de la carrière à laquelle ils se destinaient. Nommé principal du college dont il avait tant contribué à accroître la réputation, il fut en même temps revêtu du titre de vicechancelier de l'université de Dole, et mourut en cette ville, le 12 août 1556. C'est à Poissenot qu'on est redevable de la publication de l'His

(1) Ce college fut fondé à Dole, en 1494, par Antoine de Roche, grand-prieur de Cluni, qui lai assigna des revenus suffisants pour l'entretien des maitres, et d'un certain nombre de boursiers. Les études faites à Saint-Jérôme servaient pour les grades, comine si elles eussent été faites à l'université; cet établissement a subsisté jusqu'à la révolution.

toire de Guillaume de Tyr, qu'il fit imprimer à Bâle, en 1549, in-fol. (Voy. GUILLAUME, XIX, 146.) II l'a dédiée à Christ. Coquille, grandprieur de Cluni, par une Épître qui contient des détails curieux pour l'histoire littéraire du seizième siècle.-POISSENOT (Bénigne), littérateur, né à Langres, vers l'année 1550, étudia la jurisprudence, visita ensuite l'Italie pour satisfaire sa curiosité, et revint à Paris exercer l'état d'avocat. Il acheva d'y dépenser son patrimoine, et se trouva fort heureux d'accepter une place de régent dans un college. On ignore l'époque de sa mort; mais on peut présumer que le chagrin et la misère abrégèrent ses jours. On a de lui : I. L'Este, contenant trois journées où sont déduits plusieurs histoires et propos récréatifs tenus par trois écoliers; avec un Traité paradoxique fait en dialogue, auquel est montré qu'il vaut mieux être en adversité qu'en prospérité, Paris, 1583, in-16. Ce petit volume est ra re et recherché des curieux. La Monnoie croit que Poissenot intitula sou livre l'Esté, par imitation de Jacques Yver, qui, onze ans auparavant, en avait publié un sous le titre de Printemps d'Yver (V. ce nom). II. Nouvelles histoires tragiques; avec une Lettre à un ami, contenant la description d'une merveille, appelée la Froidière, vue par l'auteur en la Franche Comté de Bourgogne, Paris, 1586, in-16. Cette merveille, dont parle Poissenot, est la glacière naturelle, connue sous le nom de la Chaux, ou de la Grâce-Dieu, située à cinq lieues de Besançon (2). Il

(2) La grotte de la Grâce-Dieu a été décrite par l'abbé Boisot, dans une Lettre imprimée au Journal des savants, année 1686 (V. BOISOT); par Dunod, dans l'Histoire du comte de Bourgogne, II,

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