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nistration incertaine en précipita au contraire la décadence. Trompée par Aëtius, l'un de ses généraux, jaloux des succès du comte Boniface, son rival, elle força Boniface à livrer l'Afrique aux Vandales; et cette province fut perdue pour l'empire. Elle reconnut, mais trop tard, la perfidie d'Aëtius; elle voulut l'en punir, et se priva du seul général habile qui lui restait (Voy. AETIUS, I, 267). Cette princesse exclut les Juifs et les païens de toutes les charges, bannit les Manichéens et les astrologues, et rétablit les priviléges accordés aux églises : c'est par-là qu'elle a mérité les éloges de quelques historiens contemporains, qui, en affaiblissant les résultats de ses fautes louent beaucoup sa piété et son zèle pour la religion. Placidie mourut à Rome, le 27 novembre 450. D'après ses intentions, ses restes furent transportés à Ravenne, dans une chapelle qu'elle avait édifiée sous l'invocation des SS. Nazaire et Celse, où l'on montrait encore son tombeau aù commencement du xvine. siècle (V. Mabillon, Iter italicum, p. 39 et 40). On a des médaillesde cette princesse en or, en argent, et en bronze, de différents modules. M. Mionnet a indiqué celles dont les revers sont les plus rares, dans son ouvrage sur le degré de rareté et le prix des médailles romaines. Si l'on en croit Beauvais, il existe aussi des médail lons en bronze,portant l'effigie de Placidie; mais il n'indique pas les cabinets qui en possèdent (V. l'Histoire abrégée des empereurs,11,356). Outre Gibbon, déjà cité, on peut consulter sur la vie de Placidie l'Histoire exacte et impartiale de Tillemont, tom. 5 et 6. W-s. PLAN-CARPIN (J. DE). V. CAR

PIN.

,

PLANCHE (LOUIS REGNIER DE LA), gentilhomme parisien, calviniste, et confident du maréchal de Montmorenci, a composé l'Histoire de l'état de France, tant de la république que de la religion, sous le règne de François II, 1574 et 1576, in-8°. Cet auteur est grave, sérieux, souvent théologien, et plus souvent encore moraliste. Il parle toujours par sentences; mais il ne prêche la modération ni de paroles, ni d'exemple. Peu d'auteurs ont écrit avec autant de passion. Il est cependant croyable sur les faits, parce qu'il était très-honnête homme, et qu'il a été lui-même employé dans les affaires dont il parle.

TD.

PLANCHER (DOM URBAIN), bénédictin de la congrégation de SaintMaur, né, en 1667, à Chenus, près de Baugé, dans l'Anjou, après avoir terminé ses études, fit profession en 1685 à l'abbaye de Vendôme, et enseigna quelque temps la philosophie et la théologie à ses jeunes confrères. Son talent pour la chaire l'ayant fait connaître, il fut envoyé supérieur en Bourgogne, et profita de son sejour dans cette province pour visiter les archives du parlement, de la chambre des comptes, et des différentes abbayes, dont il tira un grand nombre de chartes et de documents intéressants, restés jusque-là inconnus. Il entreprit alors de travailler à l'histoire de Bourgogne; et s'étant démis de tous ses emplois, il se retira dans l'abbaye de Saint-Benigne de Dijon, où il partagea le reste de sa vie entre l'étude et la prière. Il y mourut, le 22 janvier 1750, à l'âge de quatre-vingt-trois ans, après avoir publié l'Histoire générale et particulière du duché de Bourgogne, avec des Notes, des Dissertations, et les preuves justificatives,

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etc., Dijon, 1739-48, 3 vol. in-fol.
Le troisième volume finit en 1419,
à la mort de Jean-Sans Peur. D.
Plancher avait associé à son travail,
D. Alexis Salazar (de Bourg en Bres-
se), qui mourut en 1766, laissant en
mauuscrit la continuation de l'His-
toire de Bourgogne, jusqu'à la réu-
nion définitive de cette province à
la couronne: mais les censeurs, char-
gés d'examiner ce travail, avant de
le livrer à l'impression, le trouvè-
rent trop diffus; et il fut question de
refondre l'ouvrage en entier (Voy. la
Bibl.histor.de la France, n.35878).
D. Merle fut enfin chargé par ses
supérieurs de terminer l'Histoire de
Bourgogne, et il en publia le qua-
trième volume en 1781. Cette his-
toire est écrite avec peu d'agrément;
elle renferme bien des détails minu-
tieux; mais elle est exacte elle est
ornée de gravures d'autant plus pré-
cieuses que la plupart des monuments
qu'elles représentent ont été détruits
dans les dernières années du xvIII.
siècle.
W- --S.
PLANCIADES. V. FULGENCE,
XVI, 164.

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nius et contre les partisans de celui-ci, qui se firent connaître sous le nom de Remontrants. Plancius figura, en 1619, au fameux synode de Dordrecht, et s'y vit revêtu de l'honorable commission de réviseur de la nouvelle Traduction hollandaise de l'ancien Testament, dans la Bible dite des Etats. Mais ce qui, bien plus que son intolérante orthodoxie, recommande à la postérité, et spécialement à la reconnaissance des Hollandais, le nom de Pierre Plancius, cc sont les services qu'il a'rendus au commerce batave par ses connaissances astronomiques et nautiques. Il fut un des premiers moteurs des expéditions tentées par les Hollandais dans les deux Indes, en 1594, 1595 et 1596. Son nom s'associe, dans ces nobles entreprises, à ceux des célèbres navigateurs Barentz, Heemskerk, Linschoten, Houtman et Lemaire. Plancius paraît leur avoir dressé des cartes de route. L'historien hollandais Wagenaar lui rend cette justice dans son Histoire de Hollande,tomerx, p. 140 et suiv., ainsi que dans son Histoire d'Amsterdam, tom. 1, p. 407, et tom. 1, p. 219. Les Mémoires du président Jeannin prouvent qu'en 1608 cet illustre négociateur consulta Plancius, dans l'intérêt de la France, sur le même sujet (1). Il mourut à Ams.

(1) Dans une dépêche de Jeannin à Villeroi, en date du 14 mars, il est question d'une entrevue qu'il avait eue avec Isaac Le Maire et avec Plancius.

PLANCIUS (PIERRE), théologien hollandais, né en 1552, à Drenoutre, en Flandre, se vona au ministère de l'Église réformée. Après avoir étudié en Allemagne et en Angleterre, il prêcha sous la croix (comme on disait alors), dans son pays natal, et fut appelé pasteur à Bruxelles, en 1578. Mais, en 1585, le duc de Parme s'étant emparé de cette ville, il qualifie ce dernier de « grand cosmographe, fort Plancius en sortit, déguisé en soldat; et il chercha un refuge en Hollande. Il ne tarda à être nommé paspas teur de l'église d'Amsterdam. IÎ signala son zèle pour la doctrine de Calvin par l'acharnement qu'il témoigna, en différentes occasions contre les Luthériens, contre Armi

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a

>> versé dans la connaissance des Indes, tant d'Orient
>> que d'Occident, pour la communication particu-
>> lière qu'il a eue avec les marchands, pilotes et ma-
>>telots qui ont fait les voyages, etc. »> W. Delfius
gravé un bon portrait de Plancius; il porte, à côté
de son nom, les titres de Theologus et mathemati-
cus insignis. Au bas du portrait, on lit dix vers la-
tins du genevois Lafaye, où il félicite les Hollan-
dais d'avoir un tel guide sur les ondes, sur la terre
et vers les cieux. Voici les deux derniers:

Undis, et terris, coeloque Batavia felix
Monstratas à te si scit inire vias!

terdam, le 25 mai 1622; et, contre l'usage hollandais, il ne voulut pas être enterré dans une église. Il vit cinq de ses fils se consacrer, à l'exem. ple de leur père, au ministère évan. gélique.

M-ON.

PLANCUS (LUCIUS-MUNATIUS), regardé généralement comme le fondateur de la ville de Lyon, était né vers l'an de Roine 680 (73 avant J.-G.) Disciple de Cicéron, qui avait été l'ami de son père, il fut luimême un orateur habile. Il avait fait ses premières armes sous Gésar, d'abord en Afrique, dans la guerre contre Scipion, beau-père de Pompée, et le roi Juba; puis dans les Gaules. Après avoir été tribun du peuple, en 708, il feignit, lors de l'assassinat de César, de prendre le parti de la république. Cicéron ne négligea rien pour réveiller en lui des sentiments généreux; et Plancus proteste souvent de son dévouement à la bonne cause. Mais sa 'foi douteuse, comme dit Velléius Paterculus, se trahit au milieu de ses belles démonstrations, et surtout dans sa lettre au sénat (la 8e. du xe. livre des Epîtres de Cicéron). Il avait été désigné consul pour l'année 712, avec D. Brutus. Ayant appris que son futur collègue était assiégé dans Modène par Antoine, il fit, après quelques hésitations, marcher des troupes au secours de Brutus, qui, pendant qu'elles étaient en route, fut délivré par celles d'Octave (Voy. BRUTUS, VI, 173). Alors il ne crai gnit pas de donner à Antoine fugitif le nom de brigand abject et perdu, perditus abjectusque latro (Voy. Lettres de Cicéron, x, 15). Il se mit en chemin pour se réunir à Lépide, et aller ensemble combattre Antoine; mais Lépide avait traité avec Antoine : tous deux marchèrent

contre Plancus, qui se retira devant eux. Le sénat, redoutant la défection de ses légions, ordonna de les désarmer, et en même temps de bâtir une ville pour les Viennois qui, chassés par les Allobroges, s'étaient réfugiés au confluent du Rhône et de la Saone. Plancus établit des habitations sur la rive droite de la Saone. Mais n'ayant fait qu'obéir aux ordres du sénat, mérite-t-il le titre de fondateur de Lyon, que lui donnent les auteurs et une inscription qui se lit à Gaëte? Le confluent n'était-il pas déjà habité, quand les Viennois s'y réfugièrent? et ne doiton pas se borner à dire que l'histoire de Lyon ne commence qu'au temps de Plancus, mais que son existence est plus ancienne? Au reste Plancus ne tenait pas plus à cette ville qu'à sa patrie: il abandonna bientôt l'une et l'autre, d'abord en se réunissant à Lépide et Antoine, puis en occupant en 712, avec le premier, la place des consuls. Plancus obtint, des triumvirs, que l'on mît sur les listes de proscription son frère Plotius Plancus; et comme Lépide y avait laissé inscrire le sien, les Romains, indignés, disaient: De Germanis, non de Gallis, duo triumphant consules (Voy. ci-après). Dans les divisions qui éclatèrent entre Antoine et Octave, il prit le parti du premier, le suivit en Egypte, y fut son courtisan et même son bouffon. Mais dès que la fortune se montra contraire à Antoine, Plancus, perfide et traître par instinct (morbo proditor, dit Velleius Paterculus), se jeta dans le parti d'Octave, implora sa clémence, et se porta le dénonciateur d'Antoine. Lorsqu'Octave, devenu maître du monde, voulut prendre le titre d'Auguste, ce fut Plancus, qui, sans doute d'accord avec lui, pro

posa au sénat de le lui conférer. Quelques années après, cn 730 ou 732, Auguste fit nommer Plancus l'un des censeurs. Loin d'être propre à cette place, celui-ci devait redouter de la remplir sa conduite, malgré son âge, était telle, qu'il n'avait pas le droit de reprocher aux autres leurs déréglements. Aussi L. Domitius, simple édile, l'ayant un jour rencontré, força le censeur de lui céder le haut du pavé. Ce mépris général, qu'il avait encouru, ne l'empêcha pas d'être une seconde fois consul, en l'année 765, la dernière du règne d'Auguste. Il était alors très-âgé, et ne dut pas vivre beaucoup au-delà. Tous ces honneurs ne le mirent pas à l'abri du chagrin : il en avait sans doute, lorsqu'Horace lui adressa une ode (la 7o. du livre 1er.) qui commence par ces mots: Laudabunt alii. Horace l'appelle sage, sapiens; c'est une preuve de plus que l'on ne doit pas prendre à la lettre les paroles des poètes. Sénèque donne une opinion moins bonne et plus juste du caractère de Plancus, en rapportant ses maximes sur la flatterie: Il ne faut pas, disait-il, tant de mystère et de dissimulation dans la flatterie : l'adulation est perdue lorsqu'elle n'est point aperçue le flatteur gagne beaucoup à être pris sur le fait, et plus encore à étre réprimandé et à rougir. On a quatorze lettres de Cicéron à Plancus ; l'une dans le 13. livre, les autres dans le dixième, où l'on trouve aussi onze lettres de Plancus. C. Plotius PLANCUS, frère de Munatius, et proscrit sur sa demande, demeura caché quelque temps dans le territoire de Salerne. Il y menait une vie très-recherchée. Valère Maxime raconte que l'odenr des parfums dont il usait continuellement,

donna l'idée que quelque personnage considérable logeait dans sa maison. Ses domestiques, mis à la torture, refusèrent de découvrir leur maître. Plancus, admirant leur constance et leur dévouement, et ne pouvant endurer qu'on les tourmentât pour lui, se présenta lui-même sur-le-champ à ceux qui devaient l'égorger. A. B-T.

PLANCUS (JANUS ). V. BIANCHI, IV, 441.

PLANER (JEAN-JACQUES), médecin et botaniste allemand, né à Erfurt en 1743, cut à lutter, dans sa jeunesse, contre l'adversité qui se plut à contrarier son goût pour l'étude. Heureusement il trouva des hommes généreux qui vinrent au secours de sa pauvreté, et grâce à leur protection, il put étudier les sciences naturelles, à Berlin et Leipzig. Ce fut surtout dans la botanique, l'anatomie et la météorologie, qu'il fit les progrès les plus rapides. Cependant, sa ville natale le vit retomber dans l'indigence; et les privations auxquelles il fut exposé au milieu de ses travaux, l'éloignèrent de la société, et affaiblirent tellement en lui le système nerveux, qu'il s'en ressentit toute sa vie. Ce fut pourtant à cette époque qu'il publia son Essai d'une nomenclature allemande de la botanique, et sa traduction du Système de Linné. Quand le baron Dalberg fut nommé coadjuteur d'Erfurt, des jours plus heureux commencèrent enfin à luire pour l'infortuné botaniste. En 1773, il fut nommé prosecteur à l'amphithéâtre d'anatomie. A la réorganisation de l'académie d'Erfurt, en 1776, il en devint membre : les sociétés des sciences naturelles de Berlin, Manheim et Vienne, le mirent au nombre de leurs correspondants; ce qui le déter

mina à composer plusieurs Dissertations académiques. En 1779, il obtint une chaire de médecine; et, quelques années après, il fut appelé à professer la chimie et la botanique. S'étant adonné aussi à la pratique de la médecine, il eut une clien telle considérable, dans laquelle on comptait le coadjuteur, et quelquesunes des principales familles d'Erfurt. Planer s'acquittait de ses devoirs de médecin avec une conscience scrupuleuse. Il tenait un journal de l'état de ses malades, et se pénétrait entièrement de l'histoire de la maladie, avant d'adopter un traite ment qu'il cherchait toujours à simplifier le plus possible. Après la mort de son collègue, le professeur et chimiste Tromsdorf, dont il épousa la veuve, il se chargea du traitement des indigents soutenus par l'hospice, sans discontinuer la méthode d'inscrire, le soir, dans son journal, des notes sur les malades traités dans la journée. On dit qu'il a laissé des notices sur six mille cas de maladies, dont il avait suivi les progrès. Indépendamment de ce soin assidu, il s'appliquait avec un zèle infatigable à sa science favorite, la botanique mais une fièvre nerveuse le mit au tombeau, le 10 décembre 1789. Son biographe Reinhard loue sa probité et sa modestie. Sur le monument que ses amis lui ont érigéà Erfurt, on rappelle avec reconnaissance les soins gratuits qu'il avait donnés aux pauvres. Voici ses principaux ouvrages: 1. Essai d'une nomenclature allemande des genres de Linné, Erfurt, 1771, in-8°. II. Traduction du Système de Linné, d'après la 6. édition, Gotha, 1774, in-8°. III. Dissertation sur la méthode d'étamer

:

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fectionner la poterie, 1776, avec une suite publiée l'année suivante. V. Moyen de tirer le meilleur parti possible des productions naturelles d'Erfurt, 1776. VI. Remarques sur la culture du bois dans le territoire d'Erfurt, 1778. VII. Recherches sur le bleu et la garance, 1779, avec une suite. VIII. Observations météorologiques, faites à Erfurt, jusqu'en 1781 et 1782, Erfurt, 1782, in - 8o., 1782, in S., et 1783, in 4o. IX. De l'influence de l'électricité sur l'état barométrique, 1782. X. Revue générale de la marche des maladies à Erfurt, depuis 1781 jusqu'en 1785. Il n'a pas achevé un grand ouvrage entomologique auquel il travaillait. Il a donné l'analyse des eaux minérales de Windisch, Holzhausen et Cyriacsburg, et essayé sans succès de répéter l'expérience de M. Sage, sur la prétendue reproduction de l'or par le moyen de la cendre des plantes. La Notice sur la vie de Planer, par Reinhard, a paru à Erfurt, en 1790, in-4°., et dans les Mém. de l'acad. d'Erfurt, 1790 et 1791. D—G.

PLANQUE (FRANÇOIS), médecin, naquit, en 1696, dans la ville d'Amiens, où il acheva ses premières études. Incertain sur le choix d'un état, il vint à Paris, et se chargea de l'éducation du fils de Guérin, chirurgien éclairé. Ce furent sans doute ses conversations avec le père de son élève, qui le décidèrent à cultiver la médecine. Mais, après avoir achevé ses cours, il négligea la pratique, partie la plus difficile et la plus brillante de l'art, pour se livrer uniquement à la théorie; et il passa plusieurs années dans la retraite, occupé de faire des extraits de ses lectures. Il avait plus de cinquante ans quand il prit le doctorat à la fa

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