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1791, in-8°., revue par Berthollet et Desmarets. Poerner a traduit du français, avec des notes, les Principes généraux de la chimie, par ordre alphabétique, Leipzig, 1768-69,3 vol. in-8°., et ajouté des notes à la Dissertation de Baumé sur l'argile, ibid., 1771, in-8°. Dans le Nouveau Spectacle de la nature, Leipzig, 1775-81, les articles de minéralogie sont de Poerner. Il mourut le 13 avril 1796. D-G.

POGGIANI (JULES), littérateur, né en 1522, à Suna, diocèse de Novarre, sur le lac Majeur, s'appliqua, dès sa plus tendre jeunesse, à l'étude, et fit les progrès les plus rapides dans la langue grecque. A son arrivée à Rome, où sa réputation l'avait précédé, il fut chargé de l'éducation du jenne Robert de Nobili, que le pape Jules III, son oncle, fit cardinal à treize ans, et qui mourut à dix-sept. Il fut ensuite attaché, comme secrétaire, à différents prélats, et enfin au cardinal Ch. Borromée, dont il mérita la confiance. Poggiani remplit les fonctions de secrétaire de la congrégation nommée par le souverain pontife pour expliquer la doctrine du concile de Trente. Il suivit le cardinal Borromée à Milan, et mourut, en cette ville, d'une fièvre ardente, le 5 novembre 1568, à l'âge de quarante six ans, au moment où le pape Pie V venait de le rappeler pour le mettre à la tête du secrétariat des brefs. Poggiani revit et corrigea le texte du Catéchisme appelé com munément ad Parochos rédigé par plusieurs savants théologiens du concile de Trente (1). C'est à lui qu'on doit l'édition du Breviai.

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re publié sous le nom du pape Pie V, Rome, 1568, in - fol.; rare. Il a mis en latin les Actes du premier concile de Milan. Outre la tra duction, plus élégante que fidèle, du traité de saint Chrysostome, De Virginitate, Rome, P. Manuce, 1562, il a laissé celle d'une Harangue et de quatre Lettres d'Eschine, restées inédites. Le savant évêque d'Amelia, Graziani, avait rassemblé les Lettres et les Harangues de Poggiani. Cette collection, attendue avec impatience par tous les amateurs de la bonne latinité, a été enfin publiée par le P. Lagomarsini ( Epistolæ et Orationes olim à Gratiano collecta), Rome, 1756 - 62, 4 vol. in-4°., avec un grand nombre de notes (V. LAGOMARSINI, XXIII, 151). L'éditeur a fait précéder le premier volume, d'une lettre de Graziani au cardinal Commendon, qui contient des détails sur la vic de Poggiani. Parmi ses Discours, tous 1 remarquables par l'élégance et la pureté du style, on distingue l'Oraison funèbre du pape Marcel II, celle de François, duc de Guise, tué par Poltrot, devant Orléans; et une Harangue prononcée par Poggiani, devant les cardinaux assemblés après la mort de Pie IV, pour l'élection de son successeur.

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de l'emploi qui l'aidait à subsister: ce fut dans l'étude qu'il chercha des consolations et des ressources. Il voulut apprendre l'hébreu mais il prit un maître inhabile, dont l'ignorance ne tarda pointa le dégoûter pour toujours de cette langue. Alors les eaux de Bade, en Suisse, attiraient une foule de grands seigneurs : Poggio, dans l'espoir de trouver des Mécènes, s'y rendit au printemps de l'année 1416. La description qu'il a faite de ce séjour, dans une lettre à Nicolo Niccoli, est l'un de ses plus heureux essais littéraires. De retour à Constance, il fut témoin du jugement et du supplice de Jérôme de Prague, qui venait d'accourir volontairement du fond de la Bohème, pour partager le sort de son maître, Jean Huss. Une Épître du Pogge à Léonardo d'Arezzo nous instruit, mieux qu'aucune autre relation, de toutes les circonstances de ce procès mémorable. Léonard jugeant cette lettre beaucoup trop libre, trembla de l'avoir reçue, et engagea son amià être désormais plus circonspect. C'était en ce même temps que le Pogge obtenait des droits à l'éternelle reconnaissance des hommes de lettres, par la découverte d'un grand nombre de manuscrits précieux. Il retrouvait douze Comédies de Plaute, plusieurs Discours de Cicéron, Asconius - Pedianus, Silius Italicus, ValeriusFlaccus, Ammien-Marcellin, les trois grammairiens Caper, Eutychius et Probus (1). Cependant le concile al

tune. Il essuya des malheurs, et, à demi ruiné, fut obligé de prendre la fuite. Poggio étudiait alors à Florence, où Jean de Ravenne enseignait la langue latine, et Emanuel Chrysolo. ras les lettres grecques. La célébrité de ces deux maîtres se répandit sur leurs élèves, à tel point que, lorsque Poggio, âgé de vingt-deux ans, quitta Florence et vint à Rome, on l'y accueillit comme un homme de lettres déjà distingué. A ce titre, il ne tarda pas d'obtenir de Boniface IX un emploi de secrétaire apostolique, qu'il a continué de remplir sous sept autres papes. Il eut assez de crédit pour faire appeler à une fonction du même genre, peu après l'installation d'Innocent VII, Léonardo Bruni d'Arezzo, avec lequel il avait contracté, dès l'enfance, une amitié qui est restée inalterable. Le schisme d'Occident déchirait l'Eglise depuis 1378: Grégoire XII, successeur d'Innocent VII, et Benoît XIII, qui remplaçait Clément VII, ayant refusé d'accomplir la promesse qu'ils avaient faite d'abdiquer en même temps le pontificat, le concile de Pise les déposa tous les deux, et créa un troisième pape, qui prit le nom d'Alexandre V. Au sein de ces discordes, la plupart des officiers de la cour de Rome, ne sachant à quel maître ils appartenaient, se retirèrent; et Poggio revint à Flooù l'attendait un de ses meilleurs amis, Nicolo Niccoli, savant la borieux, qui lui inspira le goût de la recherche des chefs-d'œuvre de l'antiquité. En 1414, le Pogge suivit, au concile de Constance, en qualité de secrétaire intime, le successeur d'Alexandre V, Jean XXIII, qui, bientôt pressé d'abdiquer la tiare, s'évada, déguisé en postillon. La déposition de ce pontife, prononcée en 1415, priva encore une fois le Pogge que avait sous les yeux un manuscrit des Institutions

rence,

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(1) M. Ginguené ajoute Lucrèce, Manilius, Frontin, Nonnius-Marcellus et Quintilien; mais il y a lieu de croire que durant tout le moyen âge, on avait conservé et connu en France au moins quelques parties des écrits de ces cinq auteurs. Loup de Ferrière avait un Quintilien, en 850; et ce rhéteur reparaît quatre cents ans plus tard entre les mains de Vincent de Beauvais, ainsi que l'a remarqué M. Petit-Radel, dans ses Recherches sur les Bibliothèques. Nous ajouterons avec Bayle, que plus tard encore, Pétrar

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lait finir; et le Pogge, rappelé à Constance par le soin de ses propres intérêts, eut la doulenr d'y perdre le cardinal Zabarella, son protecteur, dont il prononça l'oraison funèbre devant les prélats. Deux ans auparavant, il avait rendu un hommage non moins solennel et plus désintéressé, à la mémoire de son maître, Émanuel Chrysoloras, mort aussi pendant le concile. Martin V, élu pape au sein de cette assemblée, la congédia, en 1418, sortit de Constance, et vint tenir sa cour à Milan, puis à Mantoue. Poggio le suivit jusque dans cette dernière ville, se flattant de rentrer bientôt dans la chancellerie romaine; mais, las d'attendre en vain, ou craignant peut-être des persécutions, à cause de la sincérité avec laquelle il s'était exprimé sur quelques actes du concile, il partit tout-à-coup, sans prendre congé de ses amis, traversa la France, et se rendit en Angleterre, auprès de Beaufort, évêque de Winchester. Il reçut de ce prélat un accueil flatteur et des promesses magnifiques; mais ce fut tout, sauf un mince bénéfice, qui le laissait dans une pénurie extrême. N'espérant aucun fruit de ses travaux littéraires, au milieu d'un peuple plongé encore dans une épaisse ignorance, il profita des bons offices du cardinal de Saint-Eusèbe pour reprendre enfin, près de Martin V, les fonctions qu'il avait exercées sous les pontifes précédents. Rentré à Ro

Leonardo d'Arezzo et Nicolo Niccoli, que des rivalités divisaient depuis quelque temps. Cinq années après la clôture de l'assemblée de Constance, il devait s'en ouvrir une autre, qui fut en effet convoquée à Pavie, mais dissoute presque aussitôt. Le schisme sembleéteint: la considération personnelle dont jouissait Martin V, rendait de l'éclat, de l'ascendant à l'autorité pontificale; et le calme qui se rétablissait dans l'Église, laissait au Pogge le temps de se livrer à ses goûts. Il publia un Dialogue sur l'avari

ce,

et des Satires contre les moines et les prédicateurs de son siècle. C'est un sujet sur lequel on le voit revenir toujours volontiers, dans ses Lettres, dans ses Facéties, dans ses autres Opuscules. Ses sarcasmes n'épargnaient ni les évêques, ni les membres du sacré collége. Il aimait mieux s'exposer à quelque disgrace

que

de perdre l'occasion de dire un bon mot.En 1434, lorsqu'Eugène IV, tourmentéet humilié par le concile de Bâle, venait de déserter Rome, et que la cour pontificale se transportait en Toscane, Poggio, interrompu encore dans ses fonctions de secrétaire apostolique, se mit en chemin pour retourner dans sa patrie: mais à peine il sortait des ne il sortait des portes de Rome, qu'il tomba entre les mains d'une de ces bandes de brigands qui ont si souvent infesté les environs de cette ville. Comptant obtenir de lui une rançon considérable, les malfaiteurs le retinrent prisonnier : en vain ses amis, instruits de sa position, s'efforcèrent de le délivrer; il lui fallut, pour recouvrer sa liberté, la racheter d'une grosse somme d'argent. Enfin il gagna Florence, où il avait, depuis 1414, le droit de bourgeoisie. L'homme sur qui reposaient ses plus chères pas même, dit-il, voulu jeter des condamnés à mort. espérances, Côme de Médicis, venait

il renoua ses correspondances avec la plupart des hommes de lettres de cette époque. Il eut le bonheur de réconcilier ses deux amis,

oratoires, mais informe et incomplet. Le mérite du
Pogge est d'en avoir découvert un bien meilleur,
enseveli dans l'abbaye de Saint-Gall, sous la
siere, au fond d'une sorte de cachot, où l'on n'eût

pons

d'être banni de cette république, qu'avaient alarmée son crédit et ses richesses. Poggio lui adressa des consolations, et prit sa défense, surtout contre l'un de ses violents ennemis, François Philelphe, littérateur justement célèbre, qui, ayant rassemblé, dans l'Orient, les écrits d'Aristote, de Démosthène, d'Euripide, avait communiqué ces trésors aux Toscans, et leur en faisait sentir tout le prix dans ses leçons publiques. Philelphe avait obtenu ainsi une renommée éclatante, qu'il acceptait sans modestie, et qu'il ne voulait partager avec aucun de ses contemporains. Tant d'orgueil et de mérite irritait les lettres florentins; et cette jalousie s'associait aux ressentiments politiques, chez les partisans de la famille Médicis. Aussi, dès que Côme rentra dans Florence, Philelphe se vit obligé de s'enfuir précipitamment à Sienne, où le poursuivirent les invectives de tous ceux qu'il avait blessés. Le Pogge lança contre lui une satire en prose, où sont entassées les personnalités les plus dégoûtantes. Philelphe lui répondit en vers; et, quoiqu'avec des armes plus légères, il le surpassa en violence. Le champion des Médicis, dans l'accès de sa colère, répliqua par une nouvelle invective, où Philelphe est appelé bouc puant, monstre cornu, boute - feu, exécrable et écrasable. « Si tu ne » peux, lui dit Poggio, t'empêcher » de vomir des outrages, que n'en » accables-tu ceux qui courtisent ta » femme, et qui parent si dignement »ta tête impure? » Telles étaient les aménités littéraires du quinzième siècle. Durant ces querelles, Eugène IV en avait de plus sérieuses avec les Romains et avec le concile de Bâle. En de si tristes conjonctures, Poggio, dont le sort redevenait

toujours incertain, acheta, dit-on, du prix d'un Tite-Live écrit de sa main, une petite maison à Valdarno. Ayant obtenu de la seigneurie de Florence l'affranchissement de tout impôt pour lui et pour ses enfants, il embellit sa demeure d'un grand nombre de statues et d'autres monuments antiques, à la recherche desquels il se livrait avec le même zèle qu'il avait apporté, quelques années auparavant, à découvrir d'anciens manuscrits. Non content de recueillir des morceaux de sculpture, trouvés en Italie, il s'en faisait promettre par les voyageurs qui allaient parcourir la Grèce, et en demandait à un Rhodien nommé Suffretus, possesseur d'une collection de marbres fort estimés. Beaucoup de pierres gravées et de médailles enrichissaient aussi le séjour du Pogge; et, pour ajouter encore au bonheur dont il jouissait, las enfin du célibat et d'une vie fort peu régulière, il épousa, en 1435, Vaggia ou Selvaggia, fille de Ghino Manente de Buondelmonti. Il avait déjà plusieurs enfants; on en porte le nombre à quatorze, douze garçons et deux filles : comme il portait l'habit ecclésiastique, ses ennemis et ses amis lui reprochaient cette paternité (2). Au moment de son mariage avec Vaggia, il entrait dans sa cinquante-cinquième année : mais ce n'était pas sans y avoir bien refléchi qu'il se déterminait à prendre une épouse jeune et belle. A cette occasion, il composa un petit Dialogue, où il discutait les avantages et les inconvénients d'une telle réso

(2) Il écrivait au cardinal Julien de Saint-Ange: Asseris me habere filios, quod clerico non licet; et sine uxore, quod laicum non decet. Possum respondere habere me filios, quod laïcis expedit; et sine uxore, qui est mos clericorum ab orbis exordio observatus: sed nolo errata mea ulla excusatione

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lution. Ce morceau, qui avait pour titre : An seni sit uxor ducenda? n'est point parvenu jusqu'à nous; mais des lettres du Pogge et de quelques-uns de ses amis, attestent qu'il n'eut point à se plaindre de son changement d'état: Vaggia lui donna cinq fils et une fille. Sa réputation littéraire, déjà très-brillante en Italie, s'accrut par la publication qu'il fit, en 1437, d'un choix de ses Lettres. Nicolo Niccoli, auquel il en avait adressé un très-grand nombre mourut vers le même temps. Poggio fit luimême son Oraison funèbre, et y célébra les services éminents que Niccoli avait rendus aux lettres par ses connaissances profondes et variées. Trois ans après, le Pogge paya un pareil tribut à la mémoire d'un Laurent de Médicis, qui, trop éclipsé par son frère Côme, n'est guère connu que par ce panégyrique, et par un Dialogue sur la noblesse, où Poggio le fait figurer comme l'un des interlocuteurs. Ce Dialogue, de nouvelles disputes avec Philelphe, tout aussi déplorables que les premières; un livre plein de vues neuves et hardies, sur le malheu des princes; une Oraison fu nèbre d'Albergato, cardinal de Sainte-Croix, et quelques autres compositions, occupèrent le Pogge, depuis 1440 jusqu'en 1444. A cette époque, il eut la douleur de perdre son ancien compagnon d'études, Leonardo Bruni d'Arezzo, chancelier de la république florentine. On fit à Léonard des funérailles pompeuses; mais le discours qu'y prononça Manetti ne satisfit personne, et mécontenta surtout Poggio, qui se hâta d'en composer un autre, demeuréinédit, et qui s'est conservé parmi les manuscrits de Baluze, no. 159. En 1447, un homme de lettres, Thomas de Sarzane, monta, sous le nom

de Nicolas V, sur la chaire de saint Pierre, et l'honora par une conduite sage et par des encouragements judicieusement accordés à la littérature. Le Pogge vint reprendre auprès de lui ses anciennes fonctions de secrétairc apostolique. Il avait jadis dédié à Thomas de Sarzane le Traité du malheur des princes: en adressant des félicitations à Nicolas V, il y joignit des conseils; et le pontife, loin de s'offenser de cette franchise familière, la récompensa par des bienfaits. Pog. gio composa, sous les auspices de ce pape, trois livres sur les vicissitudes de la fortune, et un Traité fort satirique sur l'hypocrisie. Peut-être le souverain pontife exigea-t-il, de la reconnaissance de l'écrivain, la composition d'une invective contre l'antipape Félix, qui s'obstinait à réclamer la tiare. Dans ce siècle de querelles et de schismes, les foudres de l'Église avaient perdu de leur puissance; et il n'était pas superflu d'accompagner de satires les excommunications. Des travaux plus dignes du savant florentin lui furent, bientôt après, demandés par son bienfaiteur : il entreprit, pour lui complaire, des versions latines des cinq premiers livres de Diodore de Sicile, et de la Cyropédie de Xénophon : la traduction de ce dernier ouvrage est restée manuscrite; mais elle a tenu lieu de texte à l'un des fils du Pogge, pour traduire la Cyropédie en italien. Quant à la version latine de Diodore, elle a été imprimée à Bologne, en 1472, puis à Venise, en 1476, 81, 93; et, avec des corrections par Barthélemi Merula, en 1496 (3). Les

(3) Leland, Chalmers, et les autres bibliographes anglais prétendent que cette traduction de Diodore de Sicile appartient à John Freas (en latin Phraa), savant anglais, mort à Rome, en 1465, avant d'avoir pris possession de l'évêché de Bath, auquel il venait d'être nommé; et ils accusent Poggio de

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