Page images
PDF
EPUB

vint dans sa patrie. Bientôt après, il fut nommé à une chaire d'arabe, créée exprès pour lui dans l'université d'Oxford. Une partie du discours qu'il prononça, à l'ouverture de son cours, est imprimée à la suite des Notes qui accompagnentl'édition qu'il donna, en 1661, du poème arabe de Tograï. Après avoir professé pendant quelque temps, Pocock se fit remplacer par Th. Greaves, et entreprit un second voyage en Orient. Il alla, cette fois, à Constantinople, où il trouva, dans l'ambassadeur anglais, Pierre Wyche, un zélé protecteur. Pendant son séjour dans la capitale de l'empire Othoman, il fut uniquement occupé du soin de recueillir d'anciens manuscrits. Enfin, il en partit, en 1640, pour retourner en Angleterre. Il passa par la Frarce, et connut, à Paris, le savant maronite Gabriel Sionita. En arrivant dans sa patrie, il trouva tout dans la plus grande confusion : la révolution qui conduisit Charles Ier. à l'échafaud, était dans toute sa violence. Laud, archevêque de Canterbury, son généreux patron, était prisonnier. Pour se distraire des malheurs du temps, Pocock se livra plus que jamais à l'étude. En 1641, il seconda Jean Selden dans la publication de quelques portions des Annales d'Eutychius, qui parurent à cette époque, sous le titre de Origines Alexandrine. L'amitié de ce savant, qui avait beaucoup d'influence dans le parti républicain, fut, pendant quelque temps, utile à Pocock. Lorsqu'en 1642, Oxford devint le théâtre de la guerre, il fut obligé de l'abandonner, et de se réfugier à Childrey, dans le Berkshire. Bientôt après, il éprouva un nouveau malheur l'exécution de l'archevêque Laud entraîna la saisie des

:

revenus de la chaire d'arabe qui avait été fondée par ce prélat. Ce n'est qu'en 1647, que Pocock obtint sa réintégration, et il la dut à la protection de Selden. En 1648, il fut nommé professeur d'hébreu à Oxford; et le roi, qui était prisonnier dans l'île de Wight, joignit à sa place un riche canonicat de l'église du Christ, ce qui fut confirmé par un acte du Parlement. A la fin de 1649, il publia son Specimen historia Arabum, un vol. in-4°. C'est un de ses meilleurs ouvrages, et celui dans lequel il a fait le plus d'usage des vastes connaissances qu'il avait acquises dans la langue et la littérature des Arabes. Ce livre a été réimprimé à Oxford, en un grand vol. in-4°., en 1805. On y a joint, différents Extraits de la partie inédite de la Chronique d'Abou❜lfeda qui ont été fournis à l'éditeur par M. Silvestre de Sacy. Les principes de Pocock, qui étaient bien connus, et l'attachement qu'il avait conservé pour la mémoire et la famille de l'infortuné Charles Ier., l'exposèrent à de continuelles persécutions, pendant toute la durée de la révolution. En 1650, on le dépouilla de son canonicat: on voulut aussi lui ôter ses deux places de professeur. Il fallut une pétition signée par tous les maîtres et étudiants d'Oxford, pour arrêter l'exécution de cette mesure. C'est alors qu'il publia la plus grande partie de ses ouvrages: ce fut sa seule consolation au milieu des vexations sans nombre qu'il éprouva. En 1655, il fit paraître, sous le titre de Porta Mosis, en un vol. in-4°., six discours théologiques et philosophiques du savant rabbin Maïmonides. Ces discours, écrits en arabe, sont imprimés en caractères hébreux, et accompagnés d'une version latine

et d'un grand nombre de notes. C'est le premier livre hebreu qui ait été imprimé aux frais de l'université d'Oxford. L'année suivante, il voulut publier les Expositions sur l'ancien Testament, du rabbin Tanchum: ce projet n'eut pas de suite; et l'ouvrage est resté manuscrit à la bibliothèque Bodleïenne. Ce fut en 1657, que parut la Polyglotte du docteur Walton. Pocock y prit une part très-active, soit par ses travaux personnels, soit par les nombreux manuscrits arabes, persans, syriaques et éthiopiens, qu'il communiqua à l'éditeur. En 1658, Pocock donna, en 2 vol. in-4o, les Annales écrites en arabe par Eutychius, patriarche d'Alexandrie, avec une version latine. La restauration, qui arriva bientôt après, en 1660, le rétablit dans son canonicat. La même année, il fit imprimer une traduction arabe du Traité de la religion chrétienne, par Grotius. L'année suivante, il donna une édition du fameux poème arabe d'Abou-Ismaël Tograï, nommé Lamiatal-Adjem. Cette édition, précédée d'une Préface du savant Samuel Clarke, premier imprimeur de l'université, était accompagnée d'une version latine et d'un ample commentaire grammatical. Une édition arabe et latine de l'Histoire des Dynasties, écrite à la fin du treizième siècle par le patriarche jacobite Grégoire-Abou'lfaradj, parut deux ans après, à Oxford, 2 vol. in-4°., 1663. Ce travail, si important pour l'étude de l'histoire orientale, fut reçu avec assez d'indifférence par le public. Le défaut d'encouragement, l'insouciance du roi Charles II pour les travaux utiles, et la décadence rapide des solides études, qui suivit la restauration, amorti

rent singulièrement le zèle de Pocock. Il ne s'occupa plus que de l'Écriture sainte. En 1677, il mit au jour ses Commentaires sur les prophètes Michée et Malachie, suivis, en 1685 et 1691, de ceux sur Osée et Joël. En 1674, il avait fait imprimer une traduction arabe du catéchisme et de la liturgie de l'Eglise anglicane. Il se préparait à commenter un autre des petits prophètes, quand il mourut à Oxford, le 12 septembre 1691. Pocock avait épousé, en 1646, Marie Bardet, dont il eut neuf enfants, parmi lesquels l'aîné, nommé Edouard comme son père, se livra pareillement à l'étude des lettres orientales. En 1671, il publia, de concert avec son père, en un vol. in-4°., un ouvrage arabe, intitulé: Philosophus autodidactus sive epistola Abu Jaafar Ebn Tophail, de Hai Ebn Yokdhan. En 1711, Simon Ockley donna, sur la version latine de Pocock, une traduction anglaise de cet ouvrage moral; elle parut in-8°., sous le titre : The improvement of human reason, exhibited in the life of Hai Ebn Yokdhan. Pocock le fils avait encore préparé une édition arabe-latine de la relation de l'Égypte, écrite, au milieu du douzième siècle, par le médecin arabe, Abd-Allatif. Cet ouvrage n'était pas achevé quand son père mou. rut. Le refus qu'il éprouva lorsqu'il sollicita la place de professeur d'hébreu que son père avait occupée, l'éloigna pour jamais des études orientales. Le travail de Pocock fils sur Abd-Allatif, resta long-temps dans l'oubli; à la fin, il fixa l'attention du savant professeur White, qui ne voulut publier d'abord que le texte arabe. Après en avoir achevé l'impression, il céda l'édition tout entière à M. Paulus, qui la fit paraître à Tu

bingue; et, peu après, M. Wahl en donna une traduction allemande à Halle. En 1800, White fit réimprimer, à Oxford, le texte arabe, et y joignit la version latine de Pocock le fils, en l'accompagnant de notes, Depuis, M. Silvestre de Sacy a donné une excellente traduction française du même ouvrage, en un vol. in-4°., 1810.-Thomas Pocock, autre fils d'Édouard Ier., est connu par une traduction anglaise du livre De termino vitæ, de Manasses ben Ísrael (V. ce nom, XXVI,443); elle parut sous ce titre: Of the term of life, etc., Londres, 1699, in-12, de 116 pag.

S. M-N.

POCOCKE (RICHARD), célèbre voyageur anglais, naquit à Southampton en 1704. Les obscures et insignifiantes particularités de sa vie ne valent guère la peine d'être rapportées. Ses voyages sont tout ce qu'il importe de savoir de lui. Il les commença en 1737, et revint dans sa patrie en 1742. En 1743, il publia ses Observations, sous ce titre : A description of East, and of some other countries, in-fol. Ce pre mier volume, qui contenait ses Remarques sur l'Egypte et l'Arabie Pétrée, fut suivi en 1745, d'un second, divisé en deux parties, qui forment chacune un volume séparé, aussi considérable que le premier. La première de ces subdivisions con. tient, en quatre livres, la description de la Terre-Sainte, de la Syrie et de la Mésopotamie, de l'île de Cypre, et de celle de Crète. La seconde partie du dernier volume de Pococke, est partagée en six livres, qui présentent le récit des courses de ce Voyageur dans les îles de l'Archipel, dans l'Asie mineure, dont il visita toute la partie maritime depuis la Ca. rie jusqu'à la Troade, dans la Thrace

et à Constantinople. Pour les trois derniers livres, ils ne contiennent que des détails sur l'Italie, l'Allemagne, et les autres pays de l'Europe visités par l'auteur quand il revint en Angleterre. Bientôt après, Pococke joignit à son voyage un Recueil assez considérable d'inscriptions grecques et latines, qu'il avait rassemblées. Ces copies ne sont pas propres à donner une haute idée de l'exactitude ou au moins de l'habileté de ce voyageur dans ce genre de recherches. Plusieurs des monuments qu'il nous fait connaître, sont reproduits avec plus de fidélité dans divers autres voyages: mais ceux qui ne se trouvent que dans le Recueil de Pococke, sont presque inintelligibles. Quant à la relation de ses voyages, elle a conservé une réputation méritéc. Quoique l'auteur ne puisse pas être considéré comme un savant du premier ordre, il est cependant facile de reconnaître qu'il avait un degré d'instruction supérieur qui le met bien au-dessus des autres voyageurs qui ont parcouru les régions orientales, le seul Niebuhr excepté. La géographie ancienne, surtout, lui doit d'utiles renseignements, et il a été d'un grand secours à notre immortel d'Anville. On remarque particulièrement, dans son voyage, un grand nombre de plans qui nous font connaître avec exactitude l'étendue de beaucoup de villes, autrefois très-célèbres. Pococke et Norden ne se rencontrèrent point en Égypte, quoiqu'ils visitassent cette contrée à la même époque : mais le voyage du premier ne s'étendit pas aussi loin s'étant terminé à Philæ. En 1771, parut une traduction française des Voyages de Pococke, en sept volumes in 12: elle est tronquée en plusieurs parties, et ne contient au

[ocr errors]
[ocr errors]

il

cune des 179 planches de l'original. En 1756, Pococke fut nommé archiprêtre d'Ossory, en Irlande : en 1765, il occupa la même place à Elphin, dont il fut bientôt nommé évêque. Il ne tarda pas à être transféré au siége épiscopal de Meath, où il mourut d'apoplexie, dans le mois de septembre de la même année. Outre ses Voyages, on a de lui divers Mémoires dans les Transactions

philosophiq. (t. LII, art. 17), dans l'Archæologia (11, p. 32), et quelques manuscrits conservés au musée Britannique.

S.M-N.

- POCQUET. P. PoQUET.

PODESTA ( JEAN - BAPTISTE ), orientaliste, né à Fazana, dans l'Istrie, avant le milieu du dixseptième siècle; après avoir étudié quelque temps les langues orientales à Rome, sons le savant P. Marracci, fnt envoyé à Constantinople pour s'y perfectionner dans la connaissance de ces langues, et fut nommé à son retour, par l'empereur d'Allemagne, son secrétaire - interprete pour les langues orientales, et professeur d'arabe à Vienne, en 1674. Il nous reste de lui plusieurs petits écrits, qui furent attaqués dans le temps avec une grande violence Meninski (Voyez ce nom). On en jugera par le titre de celui-ci : In quintum, viperinumque Podesta partum, etc. Ailleurs Meninski le qualifie de naturá semiitalus, staturá nanus, cæcutiens, balbus, imo bardus repertus aliisque vitiis ac stultitiis plenus adeòque ad discendas linguas orientales inhabilis. On trouve là toute l'apreté et la grossièreté d'un rival et d'un ennemi. On peut voir, à la tête du premier volume de la nouvelle édition du Thesaurus linguarum orientalium de Meninski,

par

[ocr errors]
[ocr errors]

la liste des ouvrages de Podestà, et des pamphlets que publia Meninski pour les combattre. Le plus ancien est daté de 1669. Dans ce volume ainsi que dans le second, qui est de 1671, l'auteur écrivit à la main les passages des auteurs orientaux qu'il cite, faute de caractères orientaux à son usage. Nous n'indique · rons que le plus considérable qui est en trois volumes in-4°., avec ce titre : Cursus grammaticalis linguarum orientalium, arabicæ scilicet, persica et turcicæ. Chaque volume comprend une langue. Cet ouvrage est très-rare et peu connu ; ce qui nous engage à en donner une description un peu détaillée. Le tome 1er publié en 1687, renfermant une Grammaire arabe, rédigée sur le plan de la Grammaire latine du P. Alvarez, alors la plus répandue en Hongrie: ce volume est de plus de huit cents pages. Le second est daté de l'an 1691, et contient plus de mille pages. L'auteur a placé en tête une fort longue préface, dans laquelle, à propos de l'utilité de la connaissance des langues orientales, et de l'esprit des Orientaux, il rapporte diverses aventures de sa vie, qui, à en croire ce qu'il dit, étaient faites pour flatter sa vanité. Il y a même joint quelques planches où l'on a représenté la manière dont les députations autrichiennes se présentent à l'audience des Sultans Othomans, une manière particulière d'éclairer les mosquées, etc. Ce volume est terminé par un vocabulaire des infinitifs persans. Le troisième, et le plus rare de tous, parut en 1703. La Grammaire turque forme à elle seule treize cent trente- huit pages. On y trouve de plus, 1o. une table par ordre de matières des trois volumes ; 2o. les fables de Locman en Arabe,

telles qu'elles avaient été publiées par Erpenius, et accompagnées d'une traduction persane et d'une version turque. Il paraît que, pendant son séjour à Constantinople, ou dans ses voyages (car le titre de chevalier du saint Sépulcre, qu'il prend quelquefois, semble supposer qu'il avait été au moins jusqu'à la Terre-Sainte), Podestà s'était curieusement informé des langues usitées chez les divers peuples d'origine tartare du moins Leibnitz le re

gardait comme l'homme d'Europe le plus capable de donner à ce sujet des renseignements détaillés : il le consulta plusieurs fois là dessus; et ses questions, avec les réponses de Podesta, ont été recueillies dans les œuvres de ce philosophe (édit. de Dutens, t. vi, p. 228-231): et M. Pougens les a publiées en français, dans son Essai sur les antiquités du Nord, deuxième édit., p. 70-73. On a encore de lui la Traduction d'une chronique turque, publiée à Nuremberg, 1672, in-8°. sous ce titre Turcica chronicæ pars 1a., continens originem ottomanica stirpis, undecim que ejusdem imperatorum gesta juxta traditiones Turcarum (V. Schelhorn, Amonitates litter. XIV. 604). R-D. PODIEBRAD (GEORGE), roi de Bohème, né en 1420, était fils de Victorin de Cunstat, seigneur de Podiebrad, et d'Anne de Wartemberg, comtesse de Glatz. Il était attaché au parti des Hussites, dont les guerres déchiraient alors la Bohème. Albert d'Autriche étant mort en 1439 (V. son article, I, 412), son fils posthume, Ladislas, avait été reconnu roi par les états de Bohème, qui nommèrent deux régents pour administrer pendant sa minorité. Podiebrad, se trouvant en pos

session de la régence, en 1457, époque de la mort de Ladislas, se fit élire par acclamation, le 2 mars 1458. Sa couronne lui fut vivement disputée. Il obtint l'investiture de l'empereur Frédéric III, auquel il avait rendu un service important, mais il persécuta les Catholiques; fut détrôné par son gendre Mathias Corvin, roi de Hongrie (V. CORVIN, X, 23), et mourut au milieu de ces troubles, le 22 mai 1471. Il eut pour successeur Wladislas II, fils du roi de Pologne, auquel Corvin disputa encore l'autorité. Z.

POELENBURG (CORNEILLE), peintre hollandais, naquit à Utrecht en 1586, et fut élève d'Abraham Bloemaert. Il quitta de bonnne heure cette école pour voyager en Italie. Arrivé à Rome, il imita d'abord la manière d'Elzheimer. Un examen plus aprofondi des ouvrages de Raphaël lui ayant découvert de nouvelles perfections, il s'efforça d'acquérir quelques-unes des qualités de ce grand maître; mais il négligea trop la principale, la pureté des formes et la correction du dessin : c'est en effet dans cette partie que ses ouvrages laissent surtout à desirer. Ses tableaux eurent à Rome un véritable succès. Un grand nombre de cardinaux recherchaient sa société, et se plaisaient à le regarder peindre. Malgré la vie agréable qu'il menait en Italie, le desir de revoir sa patrie, le ramena néanmoins à Utrecht. Dans sa route, il passa par Florence, où le grand-duc voulut le retenir; mais les promesses de ce prince et les avantages qu'il lui offrait ne purent le décider à rester. Il ne s'arrêta que le temps nécessaire pour exécuter plusieurs tableaux, que le grand-due plaça dans sa galerie. Arrivé dans sa ville natale, ses ouvra

« PreviousContinue »