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daise. L'amitié a inspiré à Brouckhusius et à Francius, des vers latins extrêmement flatteurs pour Pluymer.

M-ON.

POCCETTI (BERNARDIN BARBATELLI, surnommé), naquit à Florence, et fut élève de Michel del Ghirlandajo. Son père était potier de terre, et mourut quand son fils était encore an berceau sa mère se remaria, et le laissa livré aux soins de sa grand'mère, qui avait à peine elle-même de quoi vivre; mais quoiqu'âgé de moins de six ans, le jeune Poccetti manifestait déjà les plus rares dispositions pour le dessin. Michel del Ghirlandajo, l'ayant vu tracer un jour des figures sur une mu raille, avec une hardiesse et un goût qu'on ne devait pas attendre de son âge, voulut cultiver le talent qu'il annonçait, l'emmena chez lui, et le traita toujours, par la suite, avec la tendresse d'un père. On rapporte que dans les commencements, son maître lui ayant donné un œil à copier, tandis que lui-même s'occupait à peindre un grand tableau, l'élève, au lieu de faire ce qui lui avait été prescrit, s'amusa à dessiner le tableau, le maître et l'échelle sur laquelle eclui-ci était monté, et init dans ce dessin une telle perfection, qu'on l'aurait eru sorti de la main d'un artiste exercé, et que Ghirlandajo en demeura frappé d'admiration. Poccetti se distingua, sous ce maître, par un tel talent pour peindre les grotesques, qu'il en reçut le nom de Barbatelli de' Grotteschi; bientôt après on lui donna celui delle Facciate, à cause de la manière distinguée avec laquelle il peignit les façades d'un grand nombre de maisons de Florence. Mais, s'étant rendu à Rome, la vue des ouvrages de Raphaël et des autres grands maîtres de l'école

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romaine, lui découvrit une autre route. Il se mit à les étudier de passion; et c'est ainsi qu'il devint un des plus estimables artistes de son époque. Il revint alors à Florence, et s'y montra, dans ses figures, peintre aimable et gracieux, et dans ses compositions, riche et orné. Il déploya une grande fécondité d'invention et de talent, et peignit, avec un égal succès, le paysage, les marines, les fruits, les fleurs: mais il se mit hors de pair pour la pompe des draperies et des étoffes, qu'il imitait d'une manière admirable. Il reste très-peu de ses tableaux à l'huile ou sur toile; mais il est peu de quartiers de Florence où l'on ne trouve de ses fresques; et, dans cette partie de l'art, il le cède à peu de peintres d'Italie. Pietre de Cortone ne pouvait voir sans s'indigner l'indifférence avec laquelle ce peintre était négligé de son temps; et Raphaël Mengs ne venait jamais à Florence, sans recher cher jusqu'au moindre vestige de ses fresques pour pouvoir les étudier. Poccetti travaillait assez souvent de pratique, et les historiens comparent sa facilité à celle des improvisateurs. Néanmoins cette faculté, qui est quelquefois une marque de peu d'études, est au contraire chez lui une qualité rare, qui ne l'empêche point d'avoir un pinceau dont la touche fine et décidée, quoique rapide, ne porte jamais à faux. Aussi le regarde-t-on comme le Paul Véronese de son école. Il lui arrive souvent aussi d'étudier ses tableaux et de finir ses contours avec le même soin qu'une miniature. Pour connaître tout le mérite de cet artiste, il suffit de voir le Miracle du noyé ressuscité, qu'il a peint dans le cloître de la Nunziata à Florence. Cette

peinture, de l'avis de tous les con

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naisseurs, est une des plus belles de cette ville. Ses fresques sont répandues dans toute la Toscane. On cite particulièrement les lunettes qu'il a peintes dans le couvent des Servites, à Pistoie. On peut voir le détail de ses autres ouvrages chez Baldinucci, et surtout dans l'ouvrage intitulé: Serie degli uomini i piu illustri nella pittura, scultura ed architettura, etc., 12 vol. in-4°., Florence, 1773. A un rare talent dans les parties les plus importantes de son art, cet artiste joignait un caractère extrêmement bizarre. La seule société dans laquelle il se plût, était celle des gens de la dernière classe du peuple, avec lesquels il aimait à s'enivrer; et c'est de cette habitude que lui est venu le surnom de Poccetti, sous lequel il est seulement connu aujourd'hui. Cet habile artiste mourut à Florence, le 9 novembre 1612.

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POCCIANTI (MICHEL), biographe, naquit à Florence, embrassa la vie monastique dans la congrégation des Servites, et fut chargé par ses supérieurs de donner des leçons de philosophie et de théologie aux jeunes religieux. Il s'acquitta de cet emploi avec tant de succès, qu'il fut élevé au doctorat, et agrégé à la faculté de théologie de Florence. Obligé de partager son temps entre l'enseignement et la prédication, il trouvait encore le loisir de s'appliquer aux recherches historiques : il essaya de ranimer le goût de l'étude parmi ses confrères, en établissant, dans leur monastère de l'Annonciade, une bibliothèque qu'il enrichit des meilleurs ouvrages. L'assiduité qu'il mettait au travail, faisait conçevoir les plus grandes espérances, quand il fut enlevé par une mort prématurée, le 6 juin 1566, selon Negri (Scrittori fiorentini) ou 1576, suiyant

Ghilini (Teatro d'uomini letterati), à l'âge de quarante-un ans. Outre des Commentaires sur les saintes Écritures, et quelques Opuscules ascétiques, on a de lui: I. Historia seu chronicon ordinis Servorum B. M. V. ab an. 1222, Florence, 1566, in-4°. Negri dit que cet ouvrage venait de paraître quand Poccianti mourut; et que Luc Ferrini, son disciple et son ami, fut l'éditeur des suivants. II. Mysticæ corona B. Mariæ Virginis, numero sexaginta tria miraculorum, ibid., 1569 (1). III. Le vite de sette beati Fiorentini, fundatori del sagro ordine de' Servi, etc., ibid., 1589, in-8°. (Voy. FERRINI, XIV, 443). IV. Catalogus scriptorum Florentinorum omnis generis quorum et memoria extat, atque lucubrationes in litteras relatæ sunt, etc., ibid., 1589, in-4°. ; très-rare. Ce catalogue, quoique corrige et augmenté de 200 articles par le P. Ferrini, n'en est pas moins inexact et incomplet. C'est donc avec raison qu'on préfère à cette compilation la Storia degli scrittori Fiorentini du P. Negri, qui n'a pourtant pas évité tous les défauts de son prédécesseur (Voy. NEGRI, XXXI, 37). Voyez pour plus de détails les Mémoires de Nicéron, tome xvIII.

W-s.

POCH (BERNARD), prêtre génois, cultiva les langues orientales avec beaucoup de succès, et s'y rendit très-habile. Il mourut à Rome, en 1785. C'est tout ce que nous avons pu nous procurer sur ce docte hébraïsant. Il a laissé : I. Del Pentateuco stampato in Napoli l'anno 1491, e saggio di alcune varianti lezioni estratte da esso e da Libri antichi della Sinagoga, Rome, 1780,

(1) C'est la date que Negri donne à cet ouvrage, dont il n'indique pas le format; mais suivant Niceron, il ne fut imprimé qu'en 1596, in-8o.

gio fidei, de Raimond Martin. Ce livre, successivement enrichi de no. tes de la Pause, de Maussac, de Voisin, de Carpzov, d'Esdras Edzard célèbre hébraïsant d'Allemagne, a été perfectionné par les soins de Bernard Poch. Cet orientaliste a revu les remarques d'Edzard, et indiqué chaque édition où se trouvent les passages tirés des auteurs juifs. Il a également vérifié dans les ouvrages imprimés des docteurs de la même nation, quelques autres passages cités par Martin, qui avaient échappé aux recherches d'Edzard. Nous ig norons dans quelle bibliothèque sont déposés les manuscrits, et si on les imprimera. L-B-E.

in-4°. II. Chizzouk Emounah (Bouclier de la foi), en hébreu et en italien. Rabbi Isaac, qui mourut en 1594, avait composé, sous ce titre, un livre contre la religion chrétienne. C'est un des plus pernicieux qui soient sortis de la plume des Juifs, au jugement de tous ceux qui le connaissent, parce que l'auteur est trèssubtil, et que, sous un faux air de modération et d'impartialité, il met en œuvre, avec beaucoup d'art et de méthode, tous les genres de sophisme propres à enlever aux Chrétiens les preuves qu'ils ont coutume de puiser dans l'Ancien-Testament pour confirmer la venue du Messie. Wagenseil le traduisit en latin, et l'inséra avec le texte hébreu, dans sa collection intitulée : Tela ignea Satanæ, etc. Il l'accompagna de quelques notes critiques, mais trop faibles en comparaison des arguments du redoutable caraïte. Wolf découvrit plusieurs additions et variantes de ce dangereux écrit, dans sa Bibliothèque hébraïque; il les donna au public en hébreu et en latin, sans aucune réfutation, indiquant seulement les noms des auteurs qui avaient combattu le Munimen fidei. L'abbé Poch, qui connaissait les travaux de Jean Muller, de Jacques Gousset, de Brandan Henri Gebhard, du duc d'Orléans, et de quelques autres sur cet ouvrage et qui les estimait crut néanmoins devoir s'occuper de le réfuter avec encore plus de force. Il paraît qu'il réussit à son gré, et à la satisfaction des savants. Le père Fabricy, qui était plein d'admiration pour l'érudition rabbinique du prêtre génois, desirait ardemment que son livre fût imprimé ( Voy. Titres primitifs de la Révélation, tom. I, pag. 291). Nous ne croyons cependant pas qu'il l'ait été. III. Pu

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POCHARD (JOSEPH), pieux ecclésiastique, né en 1715, à la Cluse, bailliage de Pontarlier, acheva ses études à l'université de Besançon, d'une manière brillante, et se prépara ensuite, par la retraite et la prière, à recevoir les ordres sacrés. L'étendue de ses connaissances, et la maturité de jugement qu'il avait fait paraître dans ses examens, lui méritèrent la bienveillance de l'archevêque Ant. Pierre II de Grammont; et cet illustre prélat s'empressa de lui offrir une place de directeur de son séminaire. Pochard, à peine âgé de vingt-un ans, sentit toute l'étendue des devoirs qui venaient de lui être imposés, et s'y dévoua avec un zèle infatigable. Chargé de l'enseignement de la théologie, il en composa un cours complet, que sa modestie l'empêcha de publier, mais qu'il expliqua, pendant plus de trente

ans

aux nombreux élèves que sa réputation attirait de toutes les parties de la Franche-Comté, de l'Alsace, de la Suisse et de la Bourgogne, Cette tâche ne suffisait pas à son activité; il présidait aux exercices

intérieurs du séminaire, prêchait dans les retraites, et trouvait encore le loisir d'étudier l'histoire, la jurisprudence, et même les sciences exactes, dans lesquelles il fit d'assez grands progrès. Quelque nombreuses que fus. sent ses occupations, la porte de son cabinet était ouverte aux personnes qui l'avaient choisi pour guide dans la vie spirituelle, et qui venaient le consulter sur des cas épineux: mais c'était à ses élèves qu'il consacrait, avec le plus de joie, tous les instants dont il pouvait disposer; il les avait habitués à voir en lui le meilleur comme le plus indulgent des amis, et il n'usa de l'entière confiance que tous lui accordaient, que pour les diriger avec plus de succès dans la carrière à laquelle ils se destinaient. Les lumières, la douceur et l'éminente piété de Pochard, l'avaient rendu un objet de vénération pour tout le diocèse, quand il fut élevé à la dignité de supérieur du séminaire. Affaibli par l'âge, et par une fièvre lente qui le consumait depuis quelque temps, il n'accepta qu'avec peine une charge qu'il regardait comme au-dessus de ses forces. Il en supporta tout le poids pendant six années, et s'en démit ensuite à raison de ses infirmités. Il ne marchait plus qu'appuyé sur deux bâtons, et l'affaiblissement de sa poitrine l'avait forcé de renoncer à la chaire; mais la vue de cet homme vénérable était aussi éloquente que ses discours. Il supportait, avec une admirable résignation, les douleurs auxquelles il était en proie, consolant les personnes qui l'entouraient, et détournant leur attention de ses souffrances par des récits enjoués. La religion le perdit enfin, le 25 août 1786. Ses restes furent déposés dans le caveau du séminaire qu'il avait illustré par ses talents et

par ses vertus. C'est à Pochard qu'on doit la révision du Missel et du Breviaire du diocèse de Besançon, imprimés par ordre du cardinal de Choiseul, et regardés comme des modèles en ce genre. Il a eu la plus grande part à l'ouvrage intitulé: Méthode pour la direction des ames dans le tribunal de la pénitence, et pour le gouvernement des paroisses (par Urbain Grisot ). Cet ouvrage, imprimé, pour la première fois, à Neufchâteau, en 1772, par ordre de l'évêque de Toul, à l'insu des auteurs, a eu une foule d'éditions qui prouvent son utilité. Celle de Besançon, 1817, 2 vol. in-12, est précédée de l'Éloge historique de Pochard, par M.R... (Louis Rousseau) ancien curé de Lons-le-Saunier, et ornée en outre du portrait très-ressemblant de ce vénérable ecclésiastique, gravé à l'eauforte, par M. Borel, directeur de l'école de dessin de Besançon. Cet Éloge avait été inséré dans le Journal ec clésiastique de l'abbé Barruel, mai 1788.

W-s.

POCOCK (EDOUARD), savant théologien anglais, et l'un des hommes les plus habiles de son siècle dans la connaissance des langues orientales, naquit à Oxford, le 8 novembre 1604. Son père avait été, pendant quelque temps, attaché à l'université d'Oxford, et il était alors vicaire de Chively dans le Berkshire. Au milieu d'une ville toute lettrée, telle qu'Oxford, le jeune Pocock prit, dès sa plus tendre jeunesse, un goût très-vif pour l'étude, et se livra bientôt avec ardeur à celle des langues orientales: Matthieu Pasor lui donnait des soins en particulier, quand il fut reçu bachelier, en novembre 1622, à l'âge de dix-huit ans ; et il avait déjà beaucoup profité des leçons du professeur, lorsqu'en 1626,

il devint maître-ès-arts. Pasor n'ayant plus rien à lui apprendre, Pocock se mit sous la direction d'un maître plus habile: ce fut William Bedwell, vicaire de Tottenham près Londres, l'un de ceux qui avaient le plus contribué à répandre dans l'université l'étude de la langue arabe. Sous un tel professeur, Pocock ne tarda pas à faire de rapides progrès dans une science qui était pour lui un objet de prédilection; et bientôt il fut ce qu'on appellerait à présent un orientaliste. Agrégé peu après, en 1628, au principal college de l'université d'Oxford, il voulut prouver, tout-à-la-fois, qu'il avait acquis une instruction fort étendue dans les langues orientales, et qu'il pouvait en faire une application utile pour l'intelligence de l'Ecriture sainte. Il résolut donc de publier les parties de la version syriaque du NouveauTestament, restées inédites. Un fort beau manuscrit de la bibliothèque bodléienne lui servit pour cet objet: il le transcrivit en caractères hébreux, et y joignit les points, non selon l'usage ordinaire, mais en se conformant aux règles données par les savants Amira et Sionita. Ce travail était achevé; il l'avait accompagné d'une traduction latine, de l'original grec, et de notes savantes; mais son extrême modestie l'empêchait de le faire paraître: il fallut toutes les instances du savant JeanGérard Vossius, pour qu'il se décidât à le mettre au jour; encore ce savant hollandais fut-il obligé de le faire imprimer à Leyde, en 1630, I vol. in-4°. En 1629, Pocock avait été ordonné prêtre, par Corbet, évêque d'Oxford; peu de temps après, il fut nommé chapelain de la factorerie anglaise d'Halep. Il arriva à sa résidence, en octobre 1630.C'était une

mission des plus agréables pour un homme tel que lui; aussi, pendant un séjour de six années en Syrie, trouva-t-il les moyens de perfectionner et d'accroître considérablement ses connaissances dans les langues orientales. Il fit de grands progrès dans le syriaque et l'éthiopien; et il acquit l'usage familier de l'arabe. Il s'occupa aussi beaucoup en Syrie de recherches relatives à l'histoire naturelle des environs d'Halep, et propres à faciliter la parfaite intelligence des textes sacrés, comme aussi de traductions des ouvrages historiques des Orientaux. Ceux qu'il a publiés, prouvent qu'il avait acquis, dans ce genre, une instruction qui n'a jamais été très - commune chez les personnes livrées à l'étude des langues orientales. Sa principale occupation fut la traduction du recueil des Proverbes arabes, rassemblés au douzième siè cle, par Meydany. Cette collection forme un des ouvrages les plus importants pour l'histoire et l'ancienne littérature des Arabes. Pocock en fit une traduction complète en latin, qui est restée manuscrite dans la bibliothèque Bodléienne. Jamais elle n'a été imprimée en entier: ce n'est que long-temps après la mort de son auteur, que Reiske, Schultens le fils, Macbride et Rosenmuller en ont publié quelques parties (Voy. MEYDANY). Pocock ne se borna pas à ce seul travail: il s'occupa encore de bien d'autres entreprises littéraires ; et il chercha surtout à profiter du séjour qu'il fit dans l'Orient, pour se procurer un grand nombre de manuscrits arabes, qu'il envoya en Angleterre. Il quitta Halep en 1636, au grand regret des amis musulmans qu'il avait dans cette ville; et il re

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