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les aime pas assez. Avec une vie en apparence réglée, on peut être extrêmement faible. On embellit sa maison, mais on ne la fonde pas. Tout y plait, et rien n'y est ferme et solide. L'important est de s'asseoir où est Jésus-Christ, et de se mettre à ses pieds pour l'écouter. On est plus quand on est bien

près de sa bouche, quand on bas, parce qu'il s'abaisse lui-même pour parler aux humbles; et ce serait même très inutilement qu'il nous parlerait, si nous n'en devenions plus humbles. Il commence alors à nous faire sentir combien nous sommes vains, légers, infidèles, présomptueux, aveugles et pauvres. Cette voix pénètre dans notre coeur, à proportion de ce que nous en sortons. Nous passons de là à comprendre quel trésor c'est pour nous que Jésus-Christ; quelle ressource que sa mort, sa justice, sa sagesse, sa sainteté,

IL

LETTRE IV.e

Il y a si loin de l'esprit à notre cœur, et nous sommes si précipités et si prompts que notre foi ne sait rien saisir, rien goû ter. Tout lui échappe, parce qu'elle se contente de voir, et que ce n'est pas posséder quelque chose que de la voir. Nous ressemblons à ceux qui contemplent de leurs fenêtres de belles campagnes ; ils n'en sont pas moins pauvres, parce que rien de ce qu'ils ont vu n'est à eux. C'est ainsi, Madame, que tous nos biens s'évanouissent, parce que nous souffrons qu'ils soient toujours hors de nous. Il faut les faire entrer dans notre coeur, en faire notre consolation et notre joie, les sentir, les estimer ce qu'ils valent, et s'affliger de ce qu'on ne

les aime pas assez. Avec une vie en apparence réglée, on peut être extrêmement faible. On embellit sa maison, mais on ne

la fonde pas. Tout y plait, et rien n'y est ferme et solide. L'important est de s'asseoir où est Jésus--Christ, et de se mettre à ses pieds pour l'écouter. On est plus près de sa bouche, quand on est bien bas, parce qu'il s'abaisse lui-même pour parler aux humbles; et ce serait même très inutilement qu'il nous parlerait, si nous n'en devenions plus humbles. Il commence alors à nous faire sentir combien nous sommes vains, légers, infidèles, présomptueux, aveugles et pauvres. Cette voix pénètre dans notre cœur, à proportion de ce que nous en sortons. Nous passons de là à comprendre quel trésor c'est pour nous que Jésus-Christ; quelle ressource que sa mort, sa justice, sa sagesse, sa sainteté,

car tout cela est à nous; quel asile que sa miséricorde, dont son incarnation et sa croix sont des preuves si étonnantes. On s'applique tout ce qu'il a dit, tout ce qu'il a fait ; on croit qu'il n'est occupé qu'à nous instruire; on ne voit que lui et soi-même dans l'Ecriture; on l'écoute comme un enfant, comme l'un de ces petits à qui il dit tout; on s'afflige de se trouver encore une sorte de mauvaise capacité qui nous sépare de lui; et l'on voudrait descendre encore plus bas, et disparaître, si l'on pouvait, à ses propres yeux.

LETTRE V.

Je me servirai librement de la permission que me donne votre amie de lui dire tout. Elle vit au milieu de tant de personnes qui la louent, et elle est elle-même si offensée de ces louanges qu'elle croit s'attirer par une espèce d'hypocrisie, qu'elle me saura sans doute bou gré de ce que je lui parle d'une manière et plus utile et plus sincère.

Elle avoue qu'elle est coupable de tiédeur. Elle croit pouvoir en sortir à force de se la reprocher, ou en se remplissant la tête de considérations vives et capables de remuer l'imagination; mais ces secours ne sont pas les plus efficaces. Il faut que l'Esprit de Dieu nous échauffe et nous anime; et il n'y a que sa divine chaleur qui puisse résoudre la du

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