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gouvernemens espagnol et anglais une généreuse émulation se manifeste de toute part: les ports, les villes maritimes vont briguer l'honneur de bien mériter de la patrie en lui offrant l'usage de leurs vaisseaux ; et tous leurs marins vont s'empresser de défendre le pavillon de la liberté. C'est des bords de la Méditerranée et de l'Océan que partiront les plus grands exemples: le commerce français, qui sent les avantages d'une guerre très active, vous attend avec des richesses qu'il a recueillies dans des temps prospères; et ses vaisseaux, occupés naguère des paisibles spéculations de l'industrie, vont être armés pour les terribles opérations de la guerre.

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Quel est donc le citoyen qui ne voudrait pas coopérer avec nous à la défense de la République ? C'est ici la cause de tous les Français, c'est la cause du genre humain !

>> En assistant aux funérailles de Michel Lepelletier nous avons tous juré sur le tombeau de ce martyr de l'opinion républicaine de sauver la patrie, et la patrie sera sauvée ! C'est là que nous venons de déposer, par une réunion juste et nécessaire, toutes les rivalités et toutes les défiances réciproques! C'est là que nous venons de promettre solcanellement à la République de lui donner dans peu de jours une Constitution élevée sur les droits imprescriptibles des hommes, une Constitution aussi libre que le peuple, aussi égale que la justice, aussi sage que la raison, et qui portera avec elle tous les moyens de réparer ses imperfections par les mains de l'expérience.

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Non, il n'est plus possible d'assigner des bornes à la prospérité et aux grandes destinées de la France alors que l'anarchie sera partout comprimée, que les ennemis de l'ordre seront partout combattus, que le respect des lois sera maintenu par les autorités constituées, que le patriotisme des armées sera égalé par celui des escadres, que les représentans du peuple ne verront plus dans la réunion de leurs volontés que la fidélité à leurs mandats!

» Non, la République ne manquera pas de défenseurs! Si à Rome un ami de César parvint à exciter le peuple en agitant devant lui la robe ensanglantée du tyran, que ne doit pas attendre la Convention nationale pour la défense de la patrie en découvrant devant le peuple français la blessure sanglante et mortelle d'un de ses représentans!

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Citoyens, quand vous irez remplir les flottes et les armées de la République; quand vous volerez au combat contre les esclaves des rois, rappelez-vous la fermeté héroïque de Michel Lepelletier à son dernier moment; songez qu'il n'est pas un de vos représentans qui ne soit déterminé à suivre son exemple. » Signé VERGNIAUD, président; BANCAL, GORSAS, SALLES, LESAGE, DUFRICHE-VALAZÉ, secrétaires. »

Addition aux pages 56 à 62.

Le 27 octobre 1792 la Convention nationale avait décrété, sur la motion de Gensonné, « qu'aucun de ses membres ne pourrait accepter et remplir aucune fonction publique que six ans après l'établissement de la nouvelle Constitution. >> On a vu qu'aussitôt que ce décret fut rendu un assez grand nombre de membres en sollicitèrent le rapport: plusieurs fois depuis il avait encore été attaqué, et chaque fois la demande de sa suppression avait été ajournée. Le 22 janvier 1793 la lettre ci-après du ministre de la marine remit à l'ordre du jour cette question, qui fut enfin décidée en quelques minutes, sans discussion, et avec la même unanimité de suffrages qui avait fait adopter par acclamation la motion de Gensonné.

Lettre du ministre de la marine à la Convention nationale.

( 22 janvier 1793.)

« Au moment où je m'occupe d'organiser le corps de la marine militaire, et d'assigner à chacun son rang et son grade suivant la nature et l'ancienneté de ses services, je dois vous demander une explication sur la loi du 27 octobre 1792, par laquelle vous avez décrété que les députés à la Convention nationale ne pourront accepter ni remplir aucune fonction publique pendant l'espace de six années.

Parmi les députés de la Convention nationale il y a plu sieurs officiers de la marine qui sont dans le cas d'obtenir des avancemens en grade par l'ancienneté de leurs services; je prie en conséquence la Convention nationale de vouloir bien me tracer la conduite que je dois tenir relativement à ces députés.

» La Convention nationale a-t-elle regardé le service militaire comme une des fonctions publiques qu'elle ne veut pas que ses membres puissent exercer avant le terme révolu de six années?

» J'attendrai, pour régler le räng que les officiers de marine nommés à la Convention devront occuper dans l'organisation définitive, jusqu'à ce que la Convention nationale ait bien voulu elle-même résoudre cette difficulté. »

Cambacérès. « Le décret du 27 octobre est impolitique, contraire à la liberté, et il a excité plusieurs réclamations. Depuis trois mois Barrère est chargé, au nom des comités de constitution et de législation réunis, de vous en proposer le rapport; il n'a jamais été possible de lui procurer la parole, quoiqu'elle lui eût été accordée sur ma proposition sous la pré

sidence de Grégoire et de Hérault. Je demande que le décret du 27 octobre soit rapporté, ou que Barrère soit entendu à jour fixe. »

Bréard. « J'appuie cette proposition, et j'observe qu'un tel décret n'a pas pu être rendu par vous; vous n'en avez pas le droit. Tous les citoyens qui peuvent être utiles à la patrie lui appartiennent. »

Thuriot. « Je demande expressément le rapport du décret du 27 octobre, qui est chargé d'inconvéniens. Les droits du peuple ne peuvent recevoir aucune limite. Si les membres de la Convention ne peuvent pas remplir à l'avenir des fonctions politiques ils ne sont pas dignes de celles qu'ils exercent. »

Quelques membres désirent qu'un jour soit fixé pour la discussion; la majorité regarde comme inutile tout examen ultérieur; elle appuie la suppression demandée sans ajournement, et le décret suivant est rendu :

« La Convention nationale rapporte son décret du 27 octobre dernier, qui déclare que ses membres ne pourront exercer aucune fonction publique que six ans après l'établissement de la Constitution; ordonne qué son décret demeurera sans effet. »

(1) Présidens de la Convention nationale depuis son ouverture jusqu'au 24 janvier 1793.

Les Citoyens

Pétion.

J.-P. Lacroix.
Guadet..
Hérault-Séchelles.

Grégoire.
Barrère.
Defermon.

Treilhard.

Defermon.

Vergniaud.

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du 21 septembre au 5 octobre. du 5 octobre au 19.

du

19 octobre au 1er novembre. du rer novembre au 16.

du 16 novembre au 30.

du 30 novembre au 14 décembre. du 14 décembre au 28.

du 28 décembre au 11 janvier.

du 14 décembre au 11 janvier. . du 1 janvier au 24.

(1) Les présidens de la Convention, ainsi que les secrétaires, étaient nommés à haute voix, par appel nominal, et à la majorité absolue. (Réglement de la Convention nationale, décrété les 26 et 27 septembre 1792.) C'était dans les bureaux, et à la majorité relative, que deux premières assemblées procédaient à cette opération.

FIN DU DIXIÈME VOLUME.

les

AVIS.

PLUSIEURS honorables membres de nos Assemblées nationales ont eu l'obligeance de nous adresser des discours et autres pièces qui pourront à leur date enrichir notre recueil : qu'ils veulent bien nous permettre d'en accuser ici la réception, et de leur offrir l'assurance d'une gratitude sincère.

Nous recevrons toujours avec une égale reconnaissance les envois qu'on aura la bonté de nous faire, de quelque côté qu'ils nous viennent : ce n'est, comme on l'a dit, que du choc des opinions que jaillit la lumière; l'opposition des sentimens doit donc être admise dans le monument national que nous élevons, puisqu'il est destiné à donner aux générations l'exemple du combat des vrais principes contre les maximes fausses, du triomphe de la liberté sur le despotisme.

G. N. LALLEMENT.

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