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Louis qu'il fut sursis pendant trois jours à l'exécution du jugement.

Séance du 21. Le conseil exécutif adresse à la Conven→ tion nationale le procès verbal de l'exécution de Louis. On allait en faire lecture...

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Lamarque. Lorsque le tyran n'est plus ses crimes sont expiés. Faisons la guerre à la tyrannie, et oublions les tyrans!

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La Convention passe à l'ordre du jour sans entendre ce procès verbal.

Ici se termine le procès de Louis XVI; ce qu'on a lu peut se réduire à ces mots :

Tous l'ont reconnu coupable.

Les uns voulaient l'absoudre; mais pour y parvenir ils lui out infligé une peine.

La question réduite au choix de la peine, la majorité a prononcé la mort.

Desèze a dit que la postérité jugerait le jugement de la Convention la postérité aussi jugera toutes les classes de votans; elle appréciera ou leur erreur ou leur franchise, ou leur malheur ou leur faiblesse; elle fera à tous la part des circonstances.

La postérité enfin jugera les non votans. (1)

Nous avons rapporté ou mentionné toutes les opinions prononcées à la tribune dans le procès de Louis XVI. Les députés, en grand nombre, qui n'ont point porté la parole se sont bornés à faire imprimer séparément leurs discours ou projets, aux frais de la République, conformément au décret de la Convention qui leur accordait cette faculté: mais ces opinions (2),

(1) Le nombre des volans était de 721; majorité absolue, 361 : la mort sans condition a réuni cette majorité voulue. Si les 5 non votans (on veut bien ne pas parler des 8 malades), si les 5 non votans, pénétrés des conséquences de leur refus, se fussent comptés parmi les votans, le nombre de ces derniers eût été de 726, et la majorité absolue de 364 au lieu de 361. Mais, dira-t-on, les vingt-cinq votes conformes à celui de Maithe seraient toujours venus former une grande majorité pour la mort... D'accord: mais peut-être aussi que dans une telle occurence on eût fait de ces votes l'objet d'une discussion; et cela est ci probable qu'il y eut même quelques réclamations à ce sujet; ellesn'eurent aucune suite; les votes selon Mailhe étaient inutiles; la majo rité absolue de 361 existait.

(2) Elles ont été recueillies, avec les pièces du procès, en neuf Telumes in-8°.

m'étant point lues, appréciées en temps opportun, n'eurent aucune influence sur les délibérations; les votes de leurs auteurs suffisent au surplus pour en faire connaître le but: nous les passons donc sous silence; elles ne peuvent être considérées que comme des ouvrages particuliers.

Mais nous ajouterons ici quelques pièces qui se rattachent à ce grand événement historique,

Rapport de l'exécution de Louis Capet, fait à la commune de Paris, le méme jour 21 janvier 1793, an 2 de la République. (Extrait des registres de la commune.)

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Jacques Roux, prêtre, l'un des commissaires nommés par la commune pour assister à l'exécution de Louis, prend la parole:

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« Nous venons rendre compte de la mission dont nous étions chargés. Nous nous sommes transportés au Temple; là nous avons annoncé au tyran que l'heure du supplice était » arrivée.

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» Il a demandé d'être quelques minutes seul avec son confesseur. Il a voulu nous charger d'un paquet (son Testament) pour vous remettre; nous lui avons fait observer que nous n'étions chargés que de le conduire à l'échafaud. Il a répondu : » C'est juste. Il a remis ce paquet à un de nos collègues, et a » recommandé sa famille, et demandé que Cléry, son valet de > chambre, fût celui de la reine; avec précipitation il a dit sa femme. De plus il a demandé que ses anciens serviteurs de » Versailles ne fussent pas oubliés. Il a dit à Santerre : Mar» chons.

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» Il a traversé une cour à pied, et monté en voiture dans la » seconde. Pendant la route le plus grand silence a régné.

» Il n'est arrivé aucun événement. Nous sommes montés dans » les bureaux de la maríne pour dresser procès verbal de l'exé>>cution; nous n'avons pas quitté Capet des yeux jusqu'à la guillotine. Il est arrivé à dix heures dix minutes; il a été » trois minutes à descendre de la voiture. Il a voulu parler au peuple; Santerre s'y est opposé; sa tête est tombée, »

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Santerre. « On vient de vous rendre un compte exact de ce } qui s'est passé. Je n'ai qu'à me louer de la force armée, qui a été on ne peut pas plus obéissante. Louis Capet a voulu parler de commisération au peuple; mais je l'en ai empê-ché pour que la loi reçût son exécution, »>

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Extrait du Moniteur, N° du 23 janvier 1793.

« Lundi 21 janvier était le jour fixé pour l'exécution du décret de mort prononcé contre Louis Capet. A peine lui avaiton signifié la proclamation du conseil exécutif provisoire relative à son supplice, qu'il a demandé à parler à sa famille : les commissaires, lui ayant montré leur embarras, lui proposèrent de faire venir sa famille dans son appartement, ce qu'il accepta. Sa femme, ses enfans et sa sœur vinrent le voir; ils conférèrent ensemble dans la chambre où il avait coutume de manger; l'entrevue a été de deux heures et demie...

» Sa famille l'avait prié de lui permettre de le voir le matin : il se débarrassa de cette question en ne répondant ni oui ni

non...

>> Louis criait dans sa chambre : les bourreaux! les bourreaux!

» En adressant la parole à son fils Marie-Antoinette lui dit : Apprenez par les malheurs de votre père à ne pas vous venger de sa mort!

» Le matin de sa mort Louis avait demandé des ciseaux pour se couper les cheveux: ils lui furent refusés.

Lorsqu'on lui ôta son couteau il dit: Me croirait-on assez láche pour me détruire?.....

(Ici viennent quelques détails qui se trouvent déjà dans le rapport de Jacques Roux.)

» Il est monté dans une voiture où étaient son confesseur et deux officiers de gendarmeric. Le cortége a suivi les boulevarts jusqu'au lieu du supplice; le plus grand silence régnait le long du chemin. Louis lisait les prières des agonisans.

» Il est arrivé à dix heures dix minutes à la place de la Révolution. Il s'est déshabillé, est monté d'un pas assuré, et, se portant vers l'extrémité gauche de l'échafaud, il a dit d'une voix assez ferme Français, je meurs innocent! Je pardonne à tous mes ennemis, et souhaite que ma mort soit utile au peuple... Il paraissait vouloir parler encore; le commandant général ordonne à l'exécuteur de faire son devoir.

» La tête de Louis est tombée à dix heures vingt minutes du matin. Elle a été montrée au peuple; aussitôt mille cris: vive la nation! vive la République française! se sont fait entendre. Le cadavre a été transporté sur le champ et déposé dans l'église de la Madeleine... (1)

(1) A l'ouverture de la séance du lundi 21 janvier un secrétaire donna lecture d'une lettre de Leduc, tailleur de Louis XVI, qui priait la Convention de lui faire délivrer le corps de l'infortuné moparque, et de lui accorder la permission de le transporter à Sens pour

» Sa fosse avait douze pieds de profondeur et six de largeur; elle a été remplie de chaux.

» Deux heures après rien n'annonçait dans Paris que celui qui naguère était le chef de la nation venait de subir le supplice des criminels. La tranquillité publique n'a pas été troublée un

'instant.

(Après quelques réflexions sur le testament de Louis le Moniteur ajoute :)

» Mais laissons Louis sous le crêpe; il appartient désormais à l'histoire. »

TESTAMENT DE Louis, tel qu'il a été envoyé par la commune au conseil exécutif.

« Au nom de la très-sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

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Aujourd'hui vingt-cinquième jour de décembre 1792, moi Louis, XVIe du nom, roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la tour du Temple, à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le io du courant avec ma famille, de plus impliqué dans un procès dont il est impossible de prévoir l'issue, à cause des passions des hommes et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante; n'ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, auquel je puisse m'adresser, je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentimens.

et

>> Je laisse mon âme à Dieu, mon créateur ; je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d'après ses mérites, mais par ceux de notre Seigneur Jésus-Christ, qui s'est offert en sacrifice à Dieu son père pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.

» Je meurs dans l'union de notre sainte mère l'Eglise catholique, apostolique et romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de saint Pierre, auquel Jésus-Christ les avait confiés.

>> Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenų le faire inhumer à ses frais auprès de celui du dauphin, fils de Louis XV, et père de Louis XVI.

« La Convention passe à l'ordre du jour sur la demande de Leduc, et, sur la proposition d'un de ses membres (Chabot), elle décrète que le conseil exécutif provisoire est chargé de faire inhumer le corps de Louis Capet dans le lieu ordinaire destiné aux inhumations de la section dans l'étendue de laquelle il sera supplicié. (Extrait du procès verbal.)

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dans le symbole, les commandemens de Dieu et de l'Eglise, les sacremens et les mystères, tels que l'Eglise catholique les enseigne et les a toujours enseignés. Je n'ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d'expliquer les dogmes qui déchirent l'Eglise de Jésus-Christ; mais je m'en suis rapporté et m'en rapporterai toujours, si Dieu n'accorde vie, aux décisions que les supérieurs ecclésiastiques, unis à la sainte église catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l'Eglise suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l'erreur; mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ, suivant ce que la charité chrétienne nous enseigne. Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés. J'ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester, et à m'humilier en sa présence. Ne pouvant me servir du ministère d'un prêtre catholique, je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom, quoique cela fût contre ma volonté, à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l'église catholique, à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis s'il m'accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du ministère d'un prêtre catholique pour m'accuser de tous mes péchés, et recevoir le sacrement de pénitence.

» Je prie tous ceux que je pourrais avoir offenses par inadvertance, car je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment aucune offense à personne, ou ceux à qui j'aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou du scandale, de me pardonner le mal que je peux leur avoir fait.

» Je prie tous ceux qui ont de la charité d'unir leurs prières aux miennes pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.

ma

» Je pardonne de tout mon coeur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet ; et je prie Dieu de leur pardonner, de même qu'à ceux qui, par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m'ont fait beaucoup de mal. » Je recommande à Dieu ma femme et mes enfans, sœur et mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang ou par quelque'autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfans et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s'ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable.

» Je recommande mes enfans à ma femme: je n'ai jamais

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